lundi 2 novembre 2015

Chronique d'humeur du 2 novembre 2015

        Que ce monde me pèse !         


 

IL ne me reste plus beaucoup de temps pour écrire tout ce que je pense et tenter de faire œuvre utile, apporter ma petite pierre à l’humanité. Mon dos –entre autre- est fragile car sinon, croyez-le, ce sont des montagnes que j’aurais déplacées.  
Il me reste peu de de temps et je le regrette, car il est tout de même jouissif de se lever le matin et d’éplucher ses mails en constatant que la chronique de la veille, a suscité un éveil, une approbation. Et que si elle en a irrité dix, elle a fait du bien à un type … pas trop mal non plus.

Il est presque là, le temps où je vais devoir me taire. Mais soyez sans crainte, ce n’est pas la fin. S’il ne se perd pas dans une tourmente entre Saint-Urcize et Nasbinals, il reviendra le Jaco…

Il est bientôt temps de ranger cette plume acerbe et vigilante, pour servir d’autres causes et de se jeter dans un combat –moins altruiste- d’une autre nature. Dans la nature, le grand air et l’immensité du silence, je m’en régale à l’avance. Je vais revivre…

Alors j’en profite pour pousser mes derniers cris indignés à l’égard d’un monde qui se complait à ne plus tourner dans le bon sens. D’une humanité qui semble prendre un plaisir malin à se flageller. Que dis-je, se flageller ? A s’écarteler. Se dépecer.

Je ne suis certes pas un fin tacticien et moins encore un géopoliticien avisé. Mais tout de même. Qu’une partie de la planète qui se prétend –ou devrait se prétendre- civilisée, soutienne Bachar, le boucher de Damas, constitue une perversion de l’esprit,  une offense au sens commun, une violation de la morale.

Avec sa tête de nœud, cet abominable dictateur gaze,  viole, suicide, trucide, génocide son peuple et on ne trouve à peu près que la France, timidement  l’Angleterre et le reste de l’Europe pour s’insurger, tandis que la grande Amérique et son prix Nobel de la Paix tergiversent piteusement jusqu’à perdre pied diplomatiquement. Ce qui est un comble pour l’ancien gendarme du monde qui a gaillardement napalmé le Japon, le Vietnam, l’Afganistan, l’Irak et j’en ignore sans doute.

La table des négociations était pipée, elle est maintenant ravagée depuis que la deuxième plus belle dictature du siècle, la grande Russie, s’est mise en tête de venir soutenir le tueur en Syrie.

En réalité il n’y a, entre un tyran du 3e Reich, un tsar haineux et un émir sanguinaire, quasiment aucune nuance : ce sont des mégalomanes psychopathes . Leurs desseins sont  identiques : formater un monde à leur botte, sans autre idéal ni partage qu’un règne intégral.

Il est clair qu’El Assad n’a strictement rien à faire de Daech. D’ailleurs les islamistes défendent l’Islam et en cela, qu’ils le veuillent ou non, ont des intérêts communs. Son seul ennemi, c’est ce peuple, le sien, qu’il martyrise puisqu’il estime posséder sur lui, droit de vie et de mort. 



Poutine lui, ce qu’il souhaite, c’est se débarrasser une fois pour toutes des barbus qui peuplent la région, car ils constituent une menace directe à sa domination sans partage sur l’ancienne Union Soviétique. L’ objectif étant, non plus, vous l’aurez compris, de hisser le drapeau rouge, mais de faire flotter une bannière noire de l’Asie aux portes de l’Europe de l’ouest. Avant d’y frapper, dès que ce sera possible.

Cette conquête passe par l’éradication des activistes musulmans qui poursuivent à quelques nuances près les mêmes visées expansionnistes. Or donc, Bachar et Poutine se sont mis d’accord. Les avions russes balancent la purée, un coup sur les uns, un coup sur les autres. Et tout le monde est content ! Enfin, ceux qui sont dessous à un degré moindre …

Jusque-là tout ça me heurte et me dérange, je dois bien être un des seuls –en tous les cas à l’écrire- mais à présent cela me fait terriblement honte. Car figurez-vous qu’il se trouve des voix en France pour approuver la tyrannie et l’abomination. Un qui n’hésite pas à aller toucher les couilles de Poutine et le féliciter de les avoir si grosses.

Eh oui, vous l’avez reconnu, c’est le fameux typhus de Neuilly, l’empereur de la talonnette, le « nabot léon » du « gagner plus », le champion toutes catégories du chômage  et du déficit budgétaire en l’espace de cinq malheureuses années, la terreur des  juges, l’écorcheur de la langue française, j’en passe et d’aussi bonnes.

Ce que fait cet homme, dont on nous affubla de la sinistre présidence, est une véritable  insulte à l’égard de son pays. Inviter, le 14 juillet 2008 à la tribune de la République française un sanguinaire tel que  Bachar ne manquait déjà pas d’incongruité. Ni de vision !

Car il ne s’est pas passé deux ans avant que l’ancien passant de l’Elysée,  ne soit invité à réclamer la tête de son ami, afin de ne pas décevoir les Etats-Unis.

Idem pour son vieux pote Kadafi à qui il déroula un interminable tapis qu’il avait  tissé lui-même de ses petites mains, avant d’être contraint de lui couper carrément le sifflet  quelque part dans le désert lybien… Et dont la justice semble toujours avoir autant de peine à établir les causes de cet empressement trucidaire.

Certains seraient entrés dans leur grotte définitivement ou, pour les moins scrupuleux, auraient laissé couler un peu d’eau sous les ponts de l’Euphrate. Mais non, il lui fallait vite ramener sa fraise. Tellement supérieure. Indispensable.

Et le maître absolu, le modèle virginal, c’est Vladi. Un intime. Ils sont à tue (surtout Poutine quand même !) et à toi. Il ne manque, au milieu, pour la traduction et le raffinement, que Depardieu. Tout ceci est ubuesque, ce serait même négligeable, méprisable, si en jouant sur les peurs de l’islam qui semblent avoir colonisé une quantité affolante de cerveaux en France, un ancien Président ne manipulait si dangereusement le jugement des plus faibles.

Exactement les mêmes que ceux  qui grossissent le jabot de la Bouffe du Nord. Radicalisation qui pourrait aussi bien déboucher sur une entente tacite, une collusion, une collaboration désastreuse.

Car s’il n’a qu’une chance infime de revenir au pouvoir, ce type dont on ne voudrait même pas pour faire une photocopie dans une société respectable,  la défendra jusqu’au bout . Rageusement. Méchamment. 
Jaco





Sauvegarder l’esprit de résistance. Cela n’a l’air de rien lorsqu’on prononce un tel vœu. C’est tout juste si cela ne tombe pas sous le sens. Mais le sens de qui ? De vous Gabrielle, Marianne, Bernard, Gérard (s). Comme l’a proclamé, l’un des deux  –Estragon pour ne pas le dénoncer, lors de l’hommage rendu par l’ANACR à Paul Raybaud- : « ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place… » Mais pour combien de temps ?

Paul Raybaud c’était l’honneur de la France. D’une certaine France qui ne semble plus avoir le vent en poupe, depuis que le libéralisme a totalement décomplexé l’individualisme, l’égoïsme forcené,  l’avidité dépénalisée, le racisme, le populisme. Et nous ne sommes plus très loin, par l’addition de tout,  du fascisme nourri par cette manière d’indifférence, d’inconscience et… de complicité. Préoccupés que nous sommes par l’iPhone, Facebook, McDo et  Wolkswagen, mais jamais par  la souffrance du monde.

Paul Raybaud c’était le grand-père que je n’ai pas connu. Celui qui s’est enfui de son petit confort d’étudiant en médecine pour aller soigner les maquisards et conduire la résistance du haut Var, au Camp Robert des FTP et sur le plateau glacial de Canjuers.

Ce fut la conscience de quelques générations qui se relevèrent douloureusement de la guerre et qui, en foi de quoi, conservèrent des valeurs de tolérance, d’humanité, d’indépendance et donc, de résistance. Chevillées au corps. Tout le contraire de ce peuple de mouton que Paul Raybaud (94 ans) vient de laisser à son triste sort, en trinquant de son dernier pastis et en mettant le feu à son dernier mégot. Il était une conscience politique en éveil jusqu’au dernier souffle, puisque l’une de ses amies racontait samedi –au crématorium de Cuers- qu’il avait signé –malgré son lourd handicap physique- un manifeste en faveur de la sortie de la France de l’Otan. Ce que nous vous invitons également à faire en sa mémoire en vous rendant sur le site du Comité Valmy.
Paul Raybaud, c’était aussi le toubib. L’anti « libéral » par excellence qui, contrairement aux avocats, notaires et ses collègues de maintenant, ne pensait pas à se gaver de pognon, mais à partager ce qu’il savait pour soulager la douleur et éventuellement la misère. Il n’allait pas au golf et ne roulait pas audi.  Il était l’un des derniers médecins de gauche et du reste avait intégré une structure médico-sociale. Marianne et Gérard Estragon, qui l’ont bien connu, sont intarissables d’anecdotes au sujet de cet homme qui était capable de s’évader de son cabinet par un fenestron, en laissant une salle d’attente comble pendant une heure, mais qui consultait jusqu’au-delà de minuit et se couchait auprès des femmes enceintes pour être présent au bon moment de l’accouchement. Le docteur Raybaud offrait ses consultations, sans jamais se soucier de savoir si la sécu le rembourserait dans huit jours, dans un mois ou jamais.
Résistant, humaniste, il est l’un des derniers à déserter cette terre. De guerre lasse. En faudra-t-il une autre –de guerre-  pour nous retrouver en lui ?
A moins que l’on s’y mette maintenant…

 


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