lundi 16 novembre 2015

Chronique d'humour du 16 novembre 2015



                    Canin-caguant                


Je vous préviens, aujourd’hui je suis en colère. Pas à prendre avec des pincettes. J’ai la pigne comme ils disent du côté de Félix-Rougier à La Valette ou de la place de la Foire à Pignans. 
Il s’est passé cette semaine, une chose insupportable. Un attentat contre l’humanité : j’ai marché dans une crotte de chien ! Une énorme, colossale, inhumaine ! Et même pas du pied gauche. Ce qui m’aurait valu, paraît-il, beaucoup de chance. Et j’en aurais bien besoin. Tenez, même sans parler de beaucoup, un peu me suffirait… Mais non, je me la suis empéguée du droit ! Plein fer. Enfin, pleine semelle. Vous savez, celle de tennis, avec de multiples rainures, bien profondes, bien chiantes à nettoyer.
Vous vous demanderez ce que j’allais faire rue d’Alger ou de la Glacière sur mes anciens lieux de souffrance ? Mais non, ce n’était pas à Toulon. Pas à Graulhet ou à Nasbinals non plus. Chez nous les chiens ne caguent pas monsieur ! Et si un besoin oppressant les y contraignait par extraordinaire, ils feraient la queue aux toilettes, comme tout le monde. Cela se passait à Cuers où l’on vient d’accueillir trois mille réfugiés de la rade et leurs clébards. Du coup, comme les services municipaux n’ont pas bougé d’un poil, ils sont débordés, ensevelis sous les déjections…
Si ce n’était pas si grave, j’aurais sans doute passé l’éponge (sous mes chaussures) et j’aurais bien trouvé un sujet plus léger pour vous accompagner en ce début de semaine. D’autant que j’ai, parmi mes millions de lecteurs, quelques propriétaires de gentils toutous. Si, si, j’en suis sûr car un jour l’une d’elle, ancienne fidèle d’Aubrac sur mer, m’a écrit. Je m’en souviens je défendais ma corporation, celle des facteurs, que l’on contraignait désormais à tourner en voiture plutôt qu’à pied. Mais qui continuaient pourtant à se faire mordre régulièrement les pneus…



Elle s’appelle Françoise ou Laure - je ne sais plus vraiment - mais elle qui vit avec cet animal, vote à droite –peut-être même pour l’homme trop talonnettes pour être honnête !- et possède probablement un audi 4X4, prend encore plaisir à lire ces chroniques…Ce qui me redonne illico foi en la femme. Car lorsqu’on dispose d’un tel recul sur soi et une telle faculté de lecture, je veux dire de décryptage, on peut très bien envisager une rédemption prochaine. Et qui sait si Françoise ne finira pas en Renault Zoé, un portrait de Christiane Taubira au-dessus de la cheminée, un petit chat sur les genoux…
Tout ça pour dire que je ne veux pas me fâcher avec vous. Si vous vous fâchez avec moi, c’est votre problème ! Marcher dans une crotte de chien, me direz-vous, il y a quand même pire dans une société en crise. Faut voir ! Ca dépend de la taille. Et de l’odeur. Moi, ce n’était pas une crotte ordinaire. C’était une grosse merde. Vous savez celle que l’on traine dans toute la ville. Au bout de trois bornes, vous imprimez toujours sur le bitume la trace de votre prodigieuse malchance. 

En général quand vous arrivez à la maison, elle s’invite jusqu’au plus profond de votre carrelage. Surtout si vous n’avez pas fait un long exercice de patinage sur votre paillasson. Mais si c'est le cas vous pouvez le larguer, il est irrécupérable et c’est un moindre mal...
Vous me direz que si ! j’ai beau me plaindre, j’ai eu de la chance ! Aussi bien, j’aurais pu me péter le coccyx en dérapant, les quatre fers en l’air dans l’hilarité générale. Le jogging maculé d’excréments étalés un peu comme un pâté de campagne sur une tranche de pain d'un restaurant du centre ville. Non là, je suis resté debout, digne. Maître de moi, à un 
petit « Meerrrdeuuuhhhhh » prés, qui était tout de même en situation. En rejoignant la voiture, je me suis mis en quête de la moindre touffe d’herbe, de la plus infime flaque, afin de dégrossir au maximum, vu que le clebs en question devait avoir la taille –et surtout l’anus- d’un cheval.
Peut-être un « canosexuel » !!!
Cahin-caha, clopin-clopant (bien que j’ai arrêté de fumer), canin-caguant, je suis arrivé à la voiture, non sans avoir encore laissé quelques millimètres de semelles sur le bitume. Et là, mes toutous, je n’avais pas fait cent mètres, toutes vitres baissées, qu’il me vint une envie de gerber irrépressible, un besoin d’oxygène immédiat. Quand je pense que nos amis tortionnaires d’Auschwitz, puis d’Algérie, s’embêtaient à glisser des aiguilles sous les ongles ou à électrocuter les couilles, ils auraient sûrement été plus efficaces encore, en mettant sous le pif de leurs victimes les excréments de leurs bergers allemands.
Le "mien" avait l’air en bonne santé. Les selles (et mes semelles) étaient marron clair. Pas de cancer des intestins à redouter chez l’animal. Et pourtant il ne doit pas bouffer que de la salade ! Au reste, j’ignore ce qu’il lui file son salopard de maître, si c’est du canigou ou du frolix, mais ça frôle l’asphyxie. Bon vous me rétorquerez que c’est quand même relatif et que si j’avais un nez normalement proportionné, avec des trous de calibre réglementaire, je n’en aurais pas fait toute une histoire.
Peut-être, mais voyez-vous, cela m’arrangeait . Car depuis vendredi soir, j’entendais dire, de toute part, qu’on était sacrément dans la merde. Par ce témoignage, je tenais simplement à le confirmer…

Jaco





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