lundi 29 juin 2015

Chronique d'humour du 29 juin 2015

             Uber, lâche rien !                 




Il ne faut rien exagérer. Un voyage en taxi, même sur 2 kilomètres, n'est pas fatalement exécrable. Il revient en ma mémoire, un trajet un peu plus long que d'ordinaire, à l'époque où le journal remboursait encore le taxi à ses journalistes -à l'époque, aussi, où il y avait des journalistes-. Le type avec lequel j'avais entamé un semblant de conversation, se mit à me parler -intarissable- de ses racines. Elles étaient du nord (mais c'était pas des endives) et elles étaient profondes parce que ses aïeux étaient mineurs et lui même, avait commencé par là, c'est à dire par le fond. Ça parlait de tout et de l'essentiel, de toux et de grisou, de tradition et de désindustrialisation. Je n'avais pas bien compris, mais ce devait être profond...

Certes, la bagnole était un peu tape-cul et le type s'exprimait dans un mauvais anglais. C'était au Pays de Galles en 2007, lorsque après avoir concédé un quart de finale face aux Black à Cardiff, Bernie avait fermé la porte de l'hôtel du XV de France à double-tour.

C'était le temps où un reporter de presse écrite régionale pouvait encore partir une semaine pour suivre un événement sortant de l'ordinaire, surtout s'il avait quelque chose à raconter. Je m'étais égaré ainsi sur les traces de Richard Llewellyn et son puissant roman Qu'elle était verte ma vallée, l'un des rares qu'il m'était donné de lire... en entier !

Je m'étais donc tapé 100 bornes et je crois me souvenir que la course n'avait pas excédé les 30 livres. Soit une quarantaine d'euros, soit moins cher que pour aller de la gare de Lyon à Roissy !

Mais s'il ne s'agissait que du prix ! Avec ça, lorsque vous le tenez enfin, le chauffeur vous affiche immédiatement son mépris en ne vous disant ni bonjour, pas plus qu'il ne vous dira au revoir. Et si par extraordinaire on tombe sur le tiers de l'espèce qui « cause », il va vous commenter l'actu avec la légèreté d'un pilon des hauts-fourneaux ou d'un hachoir tombant sur une tête de veau chez un tripier de Rungis. Avant, c'était les étrangers (arabes, noirs, jaunes) qui en prenaient plein la gueule et le gouvernement, bien sûr ! En principe on devrait désormais être épargné par l'encyclique des facho-ffeurs car ils sont pour la plupart, arabes, noirs ou jaunes. Mais c'est à croire qu'on leur implante un logiciel commun, au point que l'on se demande parfois si le type du Sénégal ne dit pas lui-même le plus grand mal des noirs...

Enfin, pour ce qui est de l'analyse socio-économique, ils n'ont pas changé depuis leur avènement dans les années soixante : les impôts, les taxes, le prix du gazoil, les femmes qui ne savent pas conduire, les politiciens (j'adore le : « de droite comme de gauche ») tous pourris, les sénateurs qui se gavent, les juifs qui sont aux commandes, les fonctionnaires qui foutent rien... Et si le type, généralement aussi perspicace que le balai-brosse qui traîne sans poil dans votre garage, connaît en plus les franc-maçons, alors là, je vous dis pas les franc-maçons ! Bref on préfère celui qui se tait et qui fait semblant de ne pas vous avoir entendu si vous osez l'importuner avec votre question...

Qu'il ait débité un tas d'absurdités ou qu'il n'ait pas moufté, il va se trémousser à la fin de la course, faisant mine de chercher dans le fond de sa poche de falzar, une monnaie dont il espère bien que vous lui suggérerez de la garder. Et ce n'est pas irrationnel. Parce que quand vous voyez le prix qui s'affiche sur le compteur qui vient de s'affoler, vous n'êtes plus à quelques euros près ! Et ce noc, s'il le faut, il a des enfants...


Alors je comprends qu'il soit en rogne, le taxi français. Qu'il retourne des bagnoles qui lui sucent le sang, qu'il agresse des types qui cherchent simplement à bouffer et se contenteraient des pourboires de l'autre et qu'il vire manu militari les filles déjà installées à l'arrière du véhicule mais qui ont osé faire appel au conducteur de passage qui voulait bien les amener là où elle voulait sans les enquiquiner.

Je le comprends le taxi, parce que si ça continue le type d'Uber, là, ou du VTC, il va venir te chercher là où tu as besoin, à l'heure qui te convient. Il est foutu, le salaud, d'accepter de te cambouler sur seulement 3 kms, de descendre, de t'ouvrir la porte et de te sourire, avec ses trois pièces dans la main.

Mais alors ce qui est magnifique quand même et c'est pas le pire des angles de cette morale, c'est que ce sont les purs produits de la société libérale, dont la seule vocation est de faire du pognon et de médire de tous les fonctionnaires de la terre, qui s'offusquent de la perte de leur monopole et de cet espèce de diktat qu'ils infligent depuis trop longtemps aux gens pressés, aux noctambules et parfois même aux paumés.

Bref, il a raison mon taxi. Ce gouvernement, c'est une honte ! A sa place, j'aurais laissé s'installer Uberpop et j'aurais même proposé à son cousin d'Afrique de venir lui donner un coup de main...

Au fait, j'ai un autre souvenir. Un soir d'hiver dans les années 2000, j'étais piégé avec mon ami Yves à la sortie du Stade de France. Il était une heure du mat' et le dernier RER avait filé. Nous avons appelé tous les taxis de la capitale, pas un n'a répondu... Nous sommes rentrés de Saint-Denis vers Paris à pince ! Joli trotte par ce froid début de février pluvieux....

Allez, Uber, lâche rien !



Jaco



 

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