dimanche 5 juillet 2015



Je me souviens, il va y avoir trente ans, j'avais écrit dans ce journal où je me sentais si bien, dans un rugby à taille humaine (je veux dire musculairement et financièrement) et qui plus est à Hyères, celui de Véran -ne pas confondre-, j'avais écrit un joli papier : « Etienne Bouquet va bien, il vit à Collobrières ». Je connaissais encore mal Nicole, ma collègue d'écriture et de cuisine (rien que ça !), qui allait former avec mon cher Etienne, un vrai couple d'amis.

Entre 1986 et 2009 j'y ai traîné ma famille, mes potes pour leur faire découvrir ce petit coin de rien de tout. Gigantesque de convivialité, de saveurs, de valeurs. On vénérait les Maures... autant que les vivants. Souvent on arrivait d'ailleurs de Notre Dame des Anges, perchée au paradis, histoire de se faire beaucoup pardonner de ce rendez-vous chez Epicure. On y a passé des soirées épiques où on finissait toujours par voir la vie en rose et même en rosé...

Je me souviens aussi d'une interview tardive de Michel Malinowsky, le navigateur célèbre pour avoir perdu la route du Rhum de 98 secondes, après avoir fait la course en tête et avoir vu revenir sur lui cet « enfoiré » de Mike Birch. Michel ne s'en était jamais bien remis et c'était auto-psychanalysé dans un joli bouquin « Seule la victoire est joli ». Henri Allongue qui avait navigué en sa compagnie s'était lié d'amitié et c'est à l'initiative d'Etienne que nous avions partagé ce merveilleux moment . Je me souviens être rentré entre Collo et Toulon, non pas à la voile mais... au radar !

Voilà et puis le temps a passé. J'ai moi-même tenté l'aventure. Non pas de la Route du Rhum, mais de la restauration. Et sans arriver à la cheville de la Petite Fontaine, je me suis inspiré de l'esprit de ce lieu magique. Ma fontaine à moi ne déborda jamais ! Pourtant, si c'était à refaire...

Et voilà c'est tout. Dimanche je me suis décidé à retrouver ce coin de référence de ma vie d'homme j'allais dire ordinaire, avec peut-être un petit supplément d'âme et de loyauté. Rien n'a vraiment changé. Julien, qui mène la troupe d'une demi-douzaine de serveuses, a bien grandi. Il est magnifique comme dirait sa mère. Nicole, justement, qui a quitté ses marmites mais poursuit sa carrière d'artiste et de théâtre, ne fait plus que de brèves apparitions pour venir embrasser ceux qu'elle aime. Pour Etienne c'est un peu plus compliqué, parce que sa vie est là. Il ne peut guère se passer de ce lieu qui est son phare à lui. Il y reçoit tout au long de l'année des milliers de gens qui ont identifié Collobrières à ce personnage robuste, entier et délicieusement nature. Et la Petite Fontaine pourrait-elle se passer d'Etienne ?

Alors ils sont crevés nos potes. Je sais l'incroyable défi qu'ils relèvent depuis l'éternité. Et c'est à la fois un déchirement d'imaginer qu'ils partent et une exigence que de rêver qu'ils prennent, eux aussi, le large. Sous l'air léger des alizés... 
Hissez haut, hasta luego amigos...

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