lundi 8 juin 2015

Chronique d'humeur du 8 juin 2015

Ma vie est belle... 
 




Je ne sais si vous y avez prêté attention, mais la semaine dernière je ne vous ai pas fait partager ma chronique hebdomadaire. Je n'envisage pas que cela ait pu provoquer chez vous un malaise profond, un vide abyssal, une perturbation endocrinienne. Mais c'était tout de même la première fois que je manquais le rendez-vous que je vous fixe toutes les semaines depuis... quatre ans !

J'avais pour cela une solide excuse. Je fêtais avec sa famille, ses amis, les soixante ans de mon épouse et je ne regrette rien. Si ce n'est peut-être qu'elle ait déjà 60 ans ! Non seulement on éprouve dans ces cas-là une intense satisfaction d'avoir pu partager une si longue vie commune (bientôt 40 !), mais le bonheur simple de figurer au sein d'une famille et de proches toujours unis. Je veux dire sans exception, ni restriction.

Preuve sans doute que lorsqu'on ne se conduit pas trop mal, que l'on reste en accord avec soi-même et que l'on va au bout de ses sentiments, de ses affections et de ses amitiés, on ne risque finalement pas grand chose...

Je suis donc rentré du Tarn - où j'avais fait de ma vieille compagne de route, une reine largement reconnue- toujours douloureusement, mais avec un peu plus de confiance. Pas en moi. Mais dans les autres.

Je dois avouer que cette fin mai et ce début juin, m'ont enfin permis de reculer un brin sur mon pessimisme et ma misanthropie. Enfin bon, chacun corrigera de lui-même, car il n'est tout de même pas avéré que le rejet de l'insignifiance, de l'indifférence, de la vénalité et de la médiocrité généralisée, que dis-je, mondialisée, relève de la seule misanthropie...

Fin mai, il y avait au Pradet sur le site du Comité de rugby où je travaille, un grand rassemblement national de personnes précaires venues de partout en France participer aux journées du sport solidaire. Un truc imaginé il y a une dizaine d'années par la fondation Abbé-Pierre et relayé ici dans le Var par les Amis de Jéricho de l'Union Diaconale du Var. Pas réellement l'obédience du Jaco, jamais rassasié lorsqu'il s'agit de bouffer du curé. Enfin ça, c'est ce que doivent imaginer ceux qui classent les gens sans nuance, dans des chapelles et les enferment dans d'irréversibles carcans.

Indépendamment de ne pas croire en un Dieu, comme la quasi totalité des gens de bonne foi, la religion -la mienne comme les autres- m'emmerde lorsqu'elle se pique (et cela l'a hélas souvent piqué) de prosélytisme et d'hypocrisie. Mais, outre le fait qu'il fait généralement bon dans les églises par ces temps de canicule, que je suis amoureux de celle de Nasbinals, que nous y savourons quelques sublimes concerts baroques et que l'on y croise parfois des gens charmants, je crois profondément qu'elle a son utilité.

Si l'on exclut cette pruderie complètement faux-cul et franchement nuisible lorsqu'elle s'en prend à la contraception, à l'avortement, à la liberté des moeurs, elle véhicule d'autres valeurs qui m'intéressent. Dès lors qu'elle fait appel à la solidarité, au partage, à l'humilité, à la tolérance et à la fidélité (au couple, mais aussi à sa famille, ses amis, ses engagements)... Mieux, je la fais mienne. Et François devient non pas mon Pape, mais mon pote. Mon camarade de lutte. Et j'en connais dans les églises, se goinfrant d'hosties tous les dimanche à 10 h 30, qui y ont beaucoup moins leur place...

J'ai découvert les fameux « sans- dents » de l'autre abrutie de Paris-Match. Ils existent en effet et en bien plus grand nombre que ceux que l'abbé-Pierre a pu rassembler sous son auréole en ce fameux rassemblement de la fin mai au Pradet. J'ai humé leurs odeurs fortes, j'ai croisé leurs regards perdus, j'ai même serré mon sac entre le coude et l'abdomen de peur qu'on me l'arrache. Mais je me suis soudain senti tout petit, à côté de ces éducateurs dont le quotidien est ainsi fait,

pour des salaires dérisoires, d'écoute, de soutien, de partage et sans doute parfois aussi d'usure et de découragement. J'y ai savouré les vertus du sport. Celui qui éduque, qui fédère, qui apaise. Pas celui qui triche, qui corrompt, qui rend con.

De Jean-Marie Martinez le maître de cérémonie qui releva la gageure de mettre un ballon ovale dans les mains d'un cassos déglingué de Normandie, à Joëlle la jeune monitrice du Cannet en Roussillon qui éponge toute la misère du monde, en passant par Suzanne, Wallid et Jason rongés par l'alcool, la drogue et la disgrâce, je me suis pris une belle leçon.

Pourtant je ne figure pas parmi les premiers nécessiteux. Ce sont des millions de nantis égocentrés, puants de suffisance, dans le baquet de leurs 4X4 allemands ou de Roland-Garros, qui auraient dû être à ma place... 
Il y avait, collé sur l'arbre de la solidarité, cette main où Thaza, une jeune paumée avait écrit : « Ma vie est belle ! »

Mais auraient-ils compris ? L'auraient-ils lu ? L'auraient-ils seulement vu ?

Jaco 
 


Le vertige des Equilibres

Agnés Pyka et Blandine Leydier des Equilibres



J'aime beaucoup Marianne et Gérard. Beaucoup la musique classique. Et beaucoup l'alto qui est une sorte de compromis entre le violon et le violoncelle. Plus commode à trimballer et à glisser entre la mâchoire inférieure et l'épaule intérieure. Enfin... à mon avis !

Tout ça pour dire que nous étions -avec Marie- au concert privé donné vendredi soir dans le somptueux décor d'une villa sublime de simplicité sur les hauteurs toulonnaises. Il n'y était nullement question du RCT -ni du SF d'ailleurs- mais ce n'était pas si mal... quand même ! Nous y avons même croisé, l'ancien maire François, c'est dire !

L'objet, outre le plaisir musical à consommer sans modération, était de venir en aide à ce remarquable ensemble musical dont la notoriété ne cesse de croître, mais qui se relève pourtant à peine d'une terrible escroquerie. Un agent (encore un esthète et un bienfaiteur de l'humanité !) les engagea dans une longue et lointaine Tournée, pour laquelle ils ne furent jamais payés...

Bref ce fut un double ravissement que de sauter aux cordes de ce duo de violon et alto : Agnés Pyka et Blandine Leydier du groupe Des Equilibres. Il fallait certes avoir la capacité de suivre la composition de Garciane Finzi et ses Moments interrompus, mais on aurait voulu que la passacaille d'Haendel revue par Halfvorsen ne s'interrompe jamais, pas plus évidemment que le KV 423 du jeune Mozart...

Tout ça pour dire aussi que Des Equilibres, groupe Marseillais mais dont Agnés et Blandine enseignent au conservatoire national de Toulon, méritent notre soutien.

Elles seront prochainement -avec leur ensemble- à la Criée à Marseille puis cet été à La Garde. Dès que nous recevrons les infos, nous les communiquerons avec enthousiasme. 
http://www.desequilibres.fr/

 

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