Du
rugby au whisky
JE viens de me remettre au rugby. Au bout de six ans. Un peu obligé !
Enfin... obligé, faut voir. Ceux qui me connaissent bien, ou même
un peu, savent que moi, les obligations , je m'assois dessus. Les
seules que je connaisse sont, le respect, l'humanité et
l'intégrité. Je pourrais rajouter la gentillesse, parce que cela
recoupe un peu tout ça, mais j'ai fini par rencontrer tellement de
« gentils » qui sont en réalité d'authentiques
faux-culs (parfois des vrais aussi) que j'hésite à m'en
prévaloir. Ça me casse d'autant plus les burnes que la gentillesse,
la vraie, celle qui consiste à regarder l'autre avec indulgence,
franchise et chaleur, est sans doute la principale valeur. LA valeur,
grâce à laquelle évidemment on serait épargné par Al Quaïda,
les anti-mariage pour tous, les mafias, le FN, facebook, les dealers
de drogue, de voitures allemandes et j'en oublie forcément...
Ces
valeurs, avec quelques nuances, je les ai retrouvées samedi
après-midi devant mon poste, juste avant que je pique un peu du nez,
pour récupérer de mon éprouvante soirée chez les Négri,
d'Electrika, dans leur nouvel écrin de Tourris...
Ils
donnaient à la télé Ecosse – Irlande. J'écris « ils
donnaient » par goût et nostalgie. Ça me rappelle mes
grands-mères juste avant la couleur, lorsqu'elles m'annonçaient,
avec un léger trémolo dans la voie : « ce soir, pitiou, ils
donnent la piste aux étoiles... »
Ma
piste aux étoiles à moi, c'est donc une image de Murrayfield. Le
Flower of Scotland, les notes aigrelettes d'une cornemuse s'évaporant
dans le gris flamboyant et se mêlant aux parfums de houblon qui
lèchent Edimbourg majestueuse et sobre ; le visage rubicond illuminé
des vieux Scottishes sortis de leur clan, en tenue de gala, nus sous
leurs jupes plissées, dans la froidure d'un printemps bredouillant.
Il
est vrai que j'en ai tant connus, de ces samedis blafards
resplendissant en feux de bingale, en sourire de filles généreuses
d'apparence mais, au final, de sagesses excessives, en clameurs
d'ivresses et d'espérances, toujours consommées mais rarement
exaucées. Ils s'appelaient McLauchlan, Irvine, Jeffrey, Hastings,
Chalmers, Townsend et pratiquaient un rugby de poètes, de bohème
comme disait le grand Lalanne. Mais vaillants. Toujours. Prêts au
sacrifice. A la mort. Ils mouraient souvent. Et ça na pas changé.
Ils mangent encore leur chapeau et le Tournoi à la cuillère de
bois. Plus que de raison. Mais vous étonnerais-je en vous confiant
que ce sont ces vaincus que j'aime ? Parce que jamais ils n'égarent
leur âme au-delà des brumes des Highlands. On les prétend avares,
les Scottishes ! Moi je les crois plus généreux que n'importe qui.
Non,
décidément j'ai eu beaucoup de chance. Qu'un journal aussi piètre
que ce qu'il est devenu, me confie dans les deux dernières décennies
du XXe, le privilège de conter le rugby, de le chanter et parfois
même de l'enchanter. De beaux voyages, de grands hôtels, des
soirées oubliées au whisky, mais d'abord de sublimes moments
lorsque tout un stade se range d'une seule voix derrière une seule
voie : celle d'une nation fière, unie, souveraine.
J'évoque
ce temps derrière lequel j'ai cessé de courir. En moins de vingt
ans, on a vidé le rugby de toute sa substance humaine. Et ces
joueurs magnifiques de caractère, d'altruisme de simplicité, se
sont effacés derrière un seul et même homme : le mercenaire. Les
affairistes plus ou moins nets, se sont jetés sur les clubs -surtout
ceux qui rapportent- et le rugby français, plus que les autres, bien
plus que les autres, a perdu son latin. Son âme et son intégrité.
Et voici comment « grâce » à cette sombre course à
l'armement nous ne sommes même plus foutus d'aligner un XV Français
dans le Tournoi...
Sans
crampons (à 57 ans quand même !) mais en pantoufles, je viens de me
remettre au rugby. Mais au rugby d'antan, au rugby d'autan en
emporte le vent. Au vrai, au seul. Au rugby éternel... Parce qu'on
ne renonce jamais à son enfance. Que certaines amitiés, je dirais
même fraternités, ont été plus fortes. Et que, y a pas de honte à
ça, j'ai un peu faim ! Alors avec les gamins du Beausset, les
seniors de Draguignan et les purs de La Londe, je vais me le refaire
mon rugby à moi. En petit Comité...
Jaco
Un coup de chapeau à l'une de nos lectrices. Eve Brezet, maire de Recoules d'Aubrac a été élue Conseiller général du canton de Nasbinals. Elle se présentait en binôme avec Alain Astruc, le maire Aumont Aubrac. Victoire comme on ne peut en voir que là-haut avec 73,49 % des voix !
Marco : Savannah, Hyères et même facebook
Tiens,
un petit coup de main (et une coupe à la main) à mon ami Marco
Archippe. Non
content d'avoir essayé de m'aider à construire mon buron, il m'a
même aidé à
vendre mon beau restaurant. Pour une poignée de figues certes, mais
on m'assure que ça ne valait pas mieux... ce qui n'est pas sympa
pour le travail accompli à Aubrac sur Mer, cinq ans durant !
Alors je lui dois bien ça ! Non je déconne, parce que c'est ici toujours le coeur qui parle, le reste...
Voici
donc le énième bouquin d'un talonneur toulonnais qui, exceptionnellement, a appris à lire et à écrire. Sacré Marco ! je
crois qu'il va encore nous envoyer aux quatre coins des States où
il a pris ses aises, le salopard, dans un monde à part où il tente
lui même de se reconstruire en s'appuyant sur la Généalogie
d'un Fantôme (ce qui doit représenter, en travail, une belle
somme) et le Monde plat de Rosemary Sheffield (qui
n'aurait donc pas besoin de soutien-gorge, mais qui en réalité ne
l'est pas, plat !) Passons.
Voici
le dernier de la trilogie (promis ?) : Savannah palissades.
Au départ j'ai cru que ça se
situait à Cuba, mais j'ai confondu avec les cigares. En réalité
c'est en Géorgie, au Sud Est des Etats-Unis, une sorte de Toulon,
avec son port, son soleil et sans doute aussi sa détresse. Mais je
ne l'ai pas encore lu, il me reste quelque espoir...
Allez, je
ne vous en dit pas plus. Si ce n'est que je me demande qu'est-ce que
mon Marco fait chez cet abominable éditeur. Et qu'est-ce qu'il va se
compromettre sur cette connerie de Facebook ? Sauf que, pour ce dernier, j'en suis de
plus en plus réduit à la même damnation. Mais quel monde vivons
nous, mes aïeux, quel monde ?
Marco
sera au salon du Livre de Hyères (entre autre) les 11 et 12 avril.
Il y présentera donc Savannah
palissades – Ed Les Presses du Midi
Retrouvez
le aussi sur le merdier :
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