lundi 16 mars 2015

Chronique d'humour du 17 mars 2015

Exact, la santé est en danger !




LA dernière fois que j'ai été malade, mon docteur était en grève. Je me suis vidé deux jours de plus, j'ai bouffé du riz, des carottes. Je n'ai pas avancé le tiers payant, ni les deux autres tiers d'ailleurs...

S'il n'y avait pas tant de gens qui ont à tout prix besoin de leur toubib pour leur prescrire leurs arrêts maladie, je proposerais bien de faire la grève des « patients ». On resterait tous chez nous avec nos rhumes et nos coliques et mon vieux, tu peux pas savoir à quelle allure elle se renflouerait, la caisse maladie. Au passage, je sais pas si vous avez remarqué mais depuis la mi-décembre ils ont pas beaucoup travaillé nos carabins. Bon là, pour le moment ça va, ils sont à Megève, à Isola 2000 (pour les généralistes de village) mais d'ici quelques semaines ils vont commencer à s'emmerder ferme. Heureusement, il leur restera encore la plongée dans les barrières de corail aux Maldives...

Il n'empêche que s'ils sont vraiment soucieux du lendemain, pour le présent ça doit encore passer. Parce que moi, quand je faisais grève trois jours je commençais à penser aux gros yeux que mon banquier ne manquerait pas de m'adresser. Eux au bout de trois mois, ils restent imperturbables... En même temps y a de quoi. Vous en connaissez beaucoup vous des professions où l'on rembourse les prestations. Si les restaurateurs pouvaient prendre la carte vitale il ne la refuseraient pas. Il y aurait certes plus de gros mangeurs mais... moins de malades !

Bon, vous trouvez que je suis un peu tendu sur le sujet ? Non, vraiment à peine...

Le mien -de docteur- lorsque nous avons fait le bilan de mes petits ennuis, fut d'accord pour constater que les cinq ans passés debout sans bouger, mais à m'énerver derrière les casseroles, m'avait fait le plus grand mal. Alors avec mes 40 centimètres d'artère en moins, je lui ai suggéré que je pourrais peut-être demander à la sécu une « incapacité professionnelle ». C'est alors qu'il me tança : « Mais non, pourquoi vous voulez demander ça ? De toute façon vous n'y aurez pas droit... »

Et c'est tout juste si ce sermonneur hypocrite ne m'excommunia pas au nom d'Hippocrate. C'est pourtant le même qui, il y a une petite année, alors que je m'étonnais que sa profession délivre autant d'arrêts maladie bidons, m'assurait qu'il ne pouvait pas faire autrement, car si lui ne les signait pas, d'autres le feraient !!! Belle mentalité.

De toute façon, il n'y a pas besoin d'être grand clerc pour deviner -au même titre que les notaires- que s'il y a encore des toubibs, ce n'est pas pour sauver les hommes, mais pour se gaver sur leur santé précaire. Et ceux-là, bon sang, ils se gavent ! Surveillez un parking de centre médical et choisissez : entre la porsche cayenne, l'audi Q7 et la bmw X6 , vous mesurez à quel point la profession est en souffrance.

Mais la vie n'est pas rose tous les jours. Car après le golf, les dîners au champagne et les soirées à l'Opéra, il faut se coucher. Bon généralement ils sont plutôt mieux accompagnés jusque dans leur lit, que le sous-chef de bureau de l'assurance maladie... Mais là n'est pas la question. Ensuite, il s'agit de dormir... Et vous croyez que c'est drôle de vous réveiller en nage ? Quand un sournois cauchemar vient de vous laisser craindre qu'un jour, qui sait, un patient, un pauvre diable sortirait de votre cabinet sans payer un kopeck ? Que les soins seraient gratuits ! Qu'il présenterait sa carte vitale à la place d'une billet de cinquante... Et comment on fait du black avec une carte vitale, hein ? C'est ça, vous voulez nous ruiner ? Et pourquoi pas nous faire payer des impôts tant que vous y êtes ? Mais dans quel pays vit-on ?

Et pourquoi pas , tant qu'elle y est, la Marisol, étatiser la médecine, réglementer les salaires des toubibs et les rendre plus disponibles ? Ben voyons ! et après on leur demanderait même de nous guérir, c'est ça ? Communistes va !


Bon j'ironise, mais quand même ! Pour des types qui sont généralistement incapables de vous détecter une maladie, qui se trompent de traitement une fois sur deux et qui en plus trouvent toutes les réponses -même fausses- dans un gros livre où il y a tout, ils sont quand même gonflés nos libéraux.

Ce qu'ils craignent encore et par dessus tout ce sont les hôpitaux. Je dis encore, car leurs grands amis de droite (au nom desquels ils manifestaient massivement dimanche) ont, ces dernières années, bien fracassé l'hôpital public. Ces grandes structures où tout le monde est logé, traité et éventuellement soigné à la même enseigne.

Ce qu'ils redoutent les « révolutionnaires » en blouses blanches du 15 mars , c'est l'égalité et ce suprême gros mot : la gratuité. Car c'est à croire que nos vieux médecins de campagne, qui roulaient en 4L et se levaient tôt, ne faisant -au passage- payer que les riches, ont tous disparu sans penser à se reproduire...

Et pourtant qu'est-ce qu'ils étaient beaux sous leurs capotes, par n'importe quel temps avec leur sacoche gonflée d'improbables ustensiles dont ils n'avaient d'usage que pour vous donner l'illusion d'une quelconque efficience. Le stéthoscope, le petit marteau pour les réflexes et l'entonnoir qui vous défonçait les oreilles.

Avant cela il y avait eu les saignées et la couleur des urines... Ce n'était pas mieux, mais ils ne vous faisaient pas chier... Sinon en cas extrême de constipation...

Ils prenaient un café, une goutte de gnôle, ils vous écoutaient, parfois même ils vous aimaient. Un docteur, avant d'être un patricien, c'était un humaniste...

Alors je sais bien ils ne sont pas tous dépourvus de conscience sociale, ils n'ont pas tous échoué dans cette impudence libérale qui est sur le point de défigurer notre vieille  patrie des Droits de l'Homme, celle de Voltaire, Robespierre et Hugo.

Mais le « Mouvement santé pour tous » (ça ne vous rappelle rien ???), qui réunit une quarantaine de syndicats, hume fort le factieux et donne à penser que ces nantis sont définitivement coupés de ceux auprès desquels ils devraient être aux petits soins. Ils appelaient à « durcir le mouvement » ces barjots, face à « la surdité » de la ministre de la santé, Marisol Touraine. Hé bien, qu'ils lui envoient plutôt un ORL...

Jaco



1) Lorsque j'étais gamin je voulais être docteur. J'exerçais avec brio auprès de mes petites cousines... Puis j'ai perdu la vocation dés qu'il a fallu apprendre à compter !





2) Je dédie cette chronique à mes copains en blouse blanche que j'aime. Et à ceux que je ne connais pas, mais qui dans les hôpitaux publics ou dans leur cabinet, préfèrent soigner les âmes que de faire de la politique...Ou, quand ils en font, comme l'ancien pédiatre et Maire de Clichy, Claude Dilain, poursuivent leur mission au service de l'humanité.

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