lundi 16 mars 2015

Chronique d'humour (et de tristesse) du 16 mars 2016 (bis)

La télé-réalité toujours plus gore





UN, deux, trois. Oui je vérifie, cela fait bien trois jours que je résiste afin d'éviter d'avoir à consacrer cette chronique - où il y a tellement de chose à rire- à cette tragédie argentine. Vous savez, ces hélicoptères qui se sont crashés lundi dernier dans la pampa ! Non, ne me dites pas que vous n'en savez rien. Il n'y en a qu'un qui peut ne pas être au parfum, c'est mon B.O qui vit lui, pour de bon, sur un nuage de lait dans son thé et qui a bien de la chance.

J'avais résisté, parce que même si nous avions à faire à des guignols, toujours prêts à participer aux grands théâtres merdatiques (et pas que pour la gloire, croyez-moi !), même si la télé-réalité est révulsive, ces victimes du grand barnum permanent de la « une » et de la « six » réunis, ont une famille, des gens qui souffrent et méritent en cela compassion et silence.

Ce que j'observe toutefois et c'est navrant, c'est que ce sont parfois les familles elles-mêmes qui se présentent devant les caméras pour rallonger la sauce des journaux télévisés, de l'info en continu et dire leur déchirement. Leur colère. Mais là, attention, en colère contre quoi ? Est-ce qu'elles savent ces malheureuses personnes endeuillées dans le choc de deux hélicos en folie, qu'il en meurt des milliers par jour ? Et pas des enfants gâtés, des sportifs nantis, gonflés à l'orgueil et aux amphétamines. Non, des humbles, des vaillants, des anonymes, qui ont turbiné parfois au taquet tout au long de leur vie et qui, c'est bête, se retrouvent terrassés par un infarctus, un cancer, un accident de la circulation ...de la route ou cérébrale. Il en tombe, en somme, bien plus que des hélicoptères.


Heureusement pour la première chienne, il y  avait de la réserve. Ainsi Génie Longo, Alain Bernard, Philippe Candéloro, Sylvain Witford et quelques autres étaient sur la piste. Mais sont restés au sol. Ouf, la télé est sauvée. Quant à la réalité, elle s'en remettra...

Non, je suis triste pour de bon, parce qu'ils étaient jeunes et ne méritaient pas ça. Mais s'ils étaient les seuls dans ce cas... On pourrait déboucher le champagne ! Et ce n'est évidemment pas leur procès que j'instruis. Mais lorsque toutes les télés et pas seulement celles concernées, en font des tonnes, plusieurs jours durant, je ne peux hélas m'empêcher de constater que ça leur rapporte encore et que pour le coup, quelque chose ne va pas du tout dans cette société vérolée...

Ce qui ne va pas, c'est ce sport-spectacle, ce business permanent grâce auquel les financiers et le petit monde de la téloche s'engraissent et se repaissent de ces compétitions montées en épingle, à l'image du perchiste, Lavillenie personnifiée, que l'on ne cesse d'encenser en oubliant de préciser qu'il est quasiment le seul à se dresser au bout d'une perche de plus de 6 mètres, tellement le reste du monde s'en balance. Pareil pour la natation où l'on te déifie une ondine ou un apollon en maillot fluo, parce qu'ils nagent plus vite d'un centième de seconde. Mais qu'est ce qu'on devrait en avoir à battre ? Il sait nager, grand bien lui fasse. Il aime ça ? Qu'il nage. Mais de là à le regarder... Vous connaissez un truc plus chiant qu'un type qui nage ? Oui, peut-être, un mec qui court. Enfin, c'est pareil...

Le sport ne se mesure plus qu'à l'aune de la compétition, de la victoire et du pognon. En sorte que toutes les générations de l'ère professionnelle ne se ruent plus sur les pistes, les parquets et les pelouses que pour se faire les médailles en or et goûter à cette notoriété tellement artificielle et sans réel intérêt à l'échelle de l'humanité.

Moralité, là où nous nous courions, nous jouions, nous tapions pour le plaisir, la camaraderie, l'hygiène corporelle et mentale ; là où nous étions contents de marquer un but pour Quevilly, un essai pour Cognac, un panier pour Bagnolet, les sportifs libéraux et mondialisés ne pensent qu'au prochain club dans lequel ils iront se gaver la saison prochaine.

Ce sont les télés rapaces, les dirigeants félons, les organisateurs avides qui ont généré ces monstres devant lesquels hélas, le peuple bleu Marine se prosterne encore, toujours, peut-être même de plus en plus. Car lorsque le pain manque et que la raison s'égare, il ne reste plus que le jeu...

Quelle tragédie ! Non content de tuer père et mère pour être le premier sur la ligne, le sportif triche à qui mieux-mieux et il ment forcément, puisque, avant de s'enfermer dans le mutisme et la honte, il a quand même proclamé avec des grands airs menaçants que tout cela était un complot, une pure invention. Mais a t-il seulement honte ? ... pas sûr ! En attendant le tricheur est aussi un voleur. Car il ne les rendra jamais la victoire, la gloire et la thune dont il a sûrement privé un concurrent plus propre (si, si, ça peut exister)....

Voilà, une bonne chose de faite. Toute ma vie, j'ai souffert de cet environnement qui n'a cessé de s'amplifier. Où tout est dans le rapport de force. Le besoin d'écraser l'autre. De se glorifier. De s'empiffrer. Et ce soulagement, en écrivant tout le mal que je pense des compétiteurs qui forment à mes yeux une redoutable bande de snocs malfaisants, tout le mal aussi que m'inspirent ces hordes de décérébrés qui meuglent dans les stades ou devant leur télé en des instincts primaires qui les privent de tout sens humain, ce soulagement n'enlève en rien la souffrance que ressentent les proches des victimes de la télé-réalité. Et à laquelle je compatis totalement. Autant qu'à mes amis qui viennent de perdre un être cher. Et ceux pour qui ça ne va pas tarder. Tous ces gens qui meurent par milliers sans avoir jamais mis les pieds dans un hélicoptère.

Jaco


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