Joli conte de Noël
Joli
conte de Noël (2eme édition)
Ce
matin, l'homme s'est éveillé plus tôt qu'à l'accoutumée. Il jeta
deux branches sèches dans la cheminée, aussitôt illuminée.
Rubiconde. Il trancha ardemment dans cette miche généreuse et
croustillante, comme une tranche de vie palpitante. Calme, simple,
pure comme l'aube. Le café fumait sans tousser. Le miel coulait
paisiblement sur la tartine, désormais beurrée comme un fêtard, la
nuit de la Saint-Sylvestre.
Il
prit son lourd manteau en peau retournée, ses gants et son bonnet
rouge. Sa barbe était blanche, comme une allégorie à la douceur,
la tolérance, et la gentillesse. Il ajusta ses bottes fourrées et
disparut hâtivement dans cette neige qui le dévora gloutonnement
jusqu'à sa disparition dans un horizon immaculé.
Ses
pas crissèrent sur la couche vierge comme une Sainte apparue
providentiellement au sortir de la nuit. Les cristaux se reflétant
dans ses yeux ébahis jusqu'à lui soutirer quelques larmes. Etait-ce
cette infinie clarté, les rigueurs hivernales, le vent fouettant son
regard avec vigueur, mais non sans compassion ? Ou bien était-ce
l'émotion subjuguée d'une plage infinie où les vagues congères
mêlent le tourment et l'harmonie ?
L'air
vif anima ce corps auguste quoi qu'ordinairement banal. Son souffle
soutenu, comme animé de spasmes dociles et langoureux, son visage
fouaillé, rougi de confusion. Ses éléments divers, ses orifices
et aspérités, si sauvagement indépendants, furent subitement
saisis dans la même glace, par la même grâce. Le nez, les
oreilles, la bouche se figèrent comme par un enchantement béat.
Définitif. Quelques perles de buées envahirent son front, bouillant
près du bonnet.
Le
silence aussi fit son office. Implacable. Inexpugnable. Indicible.
Sur ce plateau d'altitude, il semble avoir fait son nid. Défini son
domaine. Obtenu les plans. Arrêté le temps. Il eut beau essayer de
capter le son, de capturer un bruit, rien ne vint se laisser ouïr.
Les pavillons demeurèrent vides. Ah si ! il y avait ses pas. Les
cristaux qui éclataient sous ses pieds inquisiteurs. Mais,
curieusement, indéfinissablement, le craquement de la neige
décompactée participait de l'infini mutisme ambiant.
Le
décor extatique demeurait, néanmoins, statique. Il progressa vers
ce lointain sans fin et les futaies résineuses semblaient s'écarter,
comme pour l'attirer vers nulle part ou l'insondabilité de son
destin. Il les aurait suivies, qui sait, si une hermine dont la
fourrure s'allonge et se ramasse par saccades harmonieuses et
rythmées, ne lui rappela que des enfants l'attendaient, loin d'ici
déjà, quelques lieues en arrière.
C'était
le jour de Noël. C'eut pu être un autre jour. Mais c'était le
vingt-cinq décembre. Et pour rompre la couche radieuse de neige
étalée à l'apogée de sa vie, c'est toujours mieux en hiver.
Tellement plus délicieux aussi lorsque tous les êtres de bonne
volonté, rêvent de paix où s'efforcent au moins de faire semblant.
Qu'ils croient au Père Noël, au journal de TF1 et même au Petit
Jésus, mais qu'ils n'emmerdent pas leur prochain. Ce jour-là au
moins. Et même en consentant de louables efforts, le lendemain.
Durant
cette balade onirique et néanmoins idéale, il n'entendit pas le
moindre quad violer le calme de la campagne, pas un iPhone répandre
la bêtise humaine à travers les ondes, pas un iBook … ni même
une chèvre au volant d'un abominable 4X4.
S'ébrouant
transi, harassé, épanoui, avant de retrouver son café qui fume,
son âtre et son foyer, il savoure cette heure soudainement figée,
où tous les cons semblent avoir pris route, les airs ou le chemin
mesquin de la Belgique...
Jaco
Jaco

Chronique du 18 décembre 2012
Mariage
en voile... et à vapeur
Je
me suis réuni ce matin très tôt (vers 10 heures) pour décider du
fond de ma chronique que plus d'un millier de clients et donc d'amis
reçoit chaque lundi et qu'une centaine -peut-être ?- attend avec
plus ou moins d'avidité et d'indulgence. Ce qui n'est pas le cas
-pour l'indulgence- de mon ancien (ô combien éminent) collègue
Bernard (B.O pour les intimes). Le revoici, moustache frétillante
dans le rôle, qui lui sied comme ses pieds (à ravir), de professeur
de philo, d'histoire, de lettres... ou ne pas être, d'ailleurs. Il
joue avec la culture et l'érudition, comme moi avec les mots. En
vil jouisseur. Je voulais donc pour ouvrir les hostilités lui dire
à quel point il m'emmerdait, tout en le suppliant de poursuivre ses
corrections éclairées, ses annotations lumineuses. Avec lui, il me
semble que je m'endors moins con, ce qui constitue une ridicule
consolation quand, on rêve de se lever... plus riche !
Bon,
je vous vois venir, vous devez penser : le type, il est parti pour ne
rien avoir à raconter aujourd'hui ! Mais rassurez-vous ; ce besoin
inextinguible, cette rage organique de noircir mon feuillet
hebdomadaire me conduira bien quelque part et vous avec si,
d'aventure, vous disposez du temps et du courage, que dis-je de
l'héroïsme, consistant à m'accompagner cahin-caha, non pas au fond
de la tombe où veillait l'oeil du précédent -cahin- mais au bas de
cette feuille où je vais tenter de ne point trop l'être... caguant.
En résumé, selon la formule : qui m'aime me suive ! même si ça
promet d'être un peu long.
Je
n'étais pas tant pris de court que ça d'ailleurs, car j'ai eu hier,
au crépuscule de mon aventure de restauration, tout le temps de
gamberger. Un samedi soir à Toulon et quasiment pas un client dans
le seul restaurant de viande de la région ! Ainsi après avoir dû
refuser, y compris des amis, toute la semaine à midi, nous perdions
tout le bénéfice lors de nos deux « nocturnes ». Quand
je pense qu'il y a des conos qui nous demandent pourquoi on n'ouvre
pas le soir en semaine !!!
Donc
j'ai décidé de me pencher sur le mariage gay. Encore que, pour un
homme à l'abord de cette épineuse question, se pencher n'est
peut-être pas la meilleure posture. A moins d'être féru
d'expériences triviales quoi que pénétrantes. Pour remarquer
d'abord que lorsque le social part en vrille, nous avons tendance à
glisser benoitement vers le sociétal. Cela demande moins de
volonté, de courage et de talent de rouvrir un vieux débat qu'une
usine. Il vaut toujours mieux donner des leçons que de passer à
l'action.
Alors
donc, est-ce que toutes ces gouines et tous ces PD ont le droit de se
marier ? Et peut-être même d'élever des enfants ? C'est en ces
termes ou peu s'en faut, que les gens de droite posent la question en
espérant du même coup, la régler. Car au fond ce qui les gêne
profondément, ce ne sont pas les gènes qui sont -comme le reste-
l'oeuvre de Dieu, mais c'est qu'ils ne s'en cachent plus. Le plus
grave, le sacrilège, ce n'est nullement de forniquer par tous les
bouts et dans tous les sens et parfois dans tous les âges... Le plus
grave, c'est que cela se sache.
Regardez
un peu le scandale que ça fait, lorsque l'un des serviteurs du tout
puissant est surpris, derrière l'église, la main dans la culotte
d'un petit ange. C'est fort embarrassant ! Tandis que lorsque
personne n'en sait rien, que cela se fait dans le pur respect du
mensonge et de l'hypocrisie, cela se passe merveilleusement...
C'est
en cela que les gens de gauche ne manquent pas de malice, ni
d'ailleurs de perfidie. Car non seulement ils préconisent de ne pas
cacher ce mal incurable dont souffre les amoureux du même sexe, mais
ils souhaitent l'instituer, que dis-je, l'institutionnaliser. Deux
robes blanches se bécotant sur le parvis de Notre-Dame... Ah non,
excusez-moi, j'extrapole de quelques siècles ! Pour le moment on se
contentera des marches de la mairie du 4e arrondissement. Ou bien
deux costumes gris anthracites se tenant la main en sortant épanouis
sous une pluie de riz long grain de Louisiane, c'est-y pas mignon ?
Seulement
voilà, moi qui ne suis ni d'un bord ni de l'autre -et vice versa
puisque je suis commerçant-, je considère que tout ça, c'est de la
provoc. Pure et dure ! Depuis le PACS (ne pas confondre avec le Pax
christi), cette vieille institution coutumière n'a plus de base
juridique. Quant à ses bases morales, parlons-en ! Depuis la nuit
des temps, on sait que le mariage est contraire à toutes les
valeurs. Sinon chrétiennes, au moins humaines. De faux serments en
vrais amants, de faux semblants en vrais trahisons, il ne tardera
plus à y avoir autant de divorces que de mariages. Et j'en parle
librement moi qui, humblement, peut-être bêtement, n'ai jamais
pensé à mettre le moindre coup de canif -pas même le tout petit,
celui qui sort du couple-ongles-, dans le contrat.
Mais
ne pas tricher, ne pas mentir et ne pas tromper, ce n'est pas à
travers un mariage, un papelard et une bénédiction, que cela se
décrète, pas même dans les préceptes d'une religion surtout
lorsqu'elle brille par l'hypocrisie et la vénalité. C'est dans la
nature, la profondeur de l'homme. Dans sa conscience, tout
simplement.
C'est
donc une pure provocation et je serais à mon tour parfaitement
faux-cul si je prétendais que ça me dérange. Mais pour être
sérieux (enfin à moitié) une minute, je voudrais
déconseiller à tous les homos, le mariage. L'un des aphorismes les
plus éloquents ne prétend-il pas : « Le mariage, c'est
partager à deux les problèmes que l'on n'aurait jamais eu tout
seul... » ? Dans nos quartiers populaires on dit plutôt :
« Tire un coup et rentre chez toi... » Moi, si j'avais eu
la chance d'être homo...
Jaco
Casse-toi
pôv bibendom

Heureusement,
le chanteur de couleur, ex-tennisman avec les dents écartées, qui
était parti en Suisse, va se faire un devoir de rentrer payer ses
impôts dans son pays, histoire de démontrer qu'il est réellement à
gauche et du bon côté de l'humanité.
Chronique du 11 décembre 2012
Le problème des con...vergeants
Faut-il
éteindre ou pas les haut-fourneaux de Moselle ? Florange après
Gandrange ? Ma foi ! Tant qu'ils n'éteignent pas le fournil du père
Lagrange à Montbrison... Parce que voyez-vous, si rien que le mot
acier provoque chez moi quelques réactions épidermiques, ce sont
surtout ces montages médiatico-syndicalistes qui me fatiguent. J'ai
essayé, à mon humble mesure, de lutter de l'intérieur contre ces
mouvements de masse et de facilité qui font que l'on cueille
l'information, qu'on la fait mûrir avant qu'on ne l'abandonne,
surtout si elle s'avère avariée ou carrément pourrie. Tout ça
pour en saisir une toute nouvelle, toute belle, que l'on fera -à son tour- gober
au téléspectateur, éventuellement à l'auditeur, mais plus du tout
-hélas- au lecteur. Lequel ne s'instruit plus désormais qu'en
puisant dans la pile de publicités qui s'accumulent sous nos
portes, comme un énorme levier dans le derrière d'un bien-pensant.
Cela
peut durer jusqu'à un mois et nous n'en sommes plus très loin dans
le cas de Florange. Qui, je le précise pour ceux qui se laisseraient
bourrer la boite aux lettres avec des pubs de Casino, n'est pas un
jambon cuit découenné et vendu par Bernie de Gaillac... Même Copé
et Fillon -dont vous m'autoriserez à ne pas prononcer les noms-
eurent toutes les peines à frayer un chemin à leurs pathétiques
querelles sur l'autoroute de l'information.
Il faut dire que la distribution était belle. Quoiqu'unique. Un seul personnage. Mais quel acteur ! Du reste, bien des ménagères de cinquante ans ont dû tomber en pâmoison (pour n'évoquer que les plus chastes) devant ce rude lorrain, parfois pleurnichant, mais souvent très menaçant. Un vrai méchant comme elles les aiment. Au moins au cinoche. Cet Edouard Martin-là, c'est autre chose que le brie de Meaux ou la risette de la Sarthe. Mâchoires et regard d'acier, peau cuivrée, poigne de fer. Et probablement des couilles en bronze, comme notre taureau de la place du Foirail à Laguiole. C'est pas compliqué, il s'agit d'un compromis entre Delon -jusqu'à l'ego- et de Johnny -jusqu'au QI-. Ce type aurait aussi bien eu sa place dans les rôles emblématiques et cinématographiques de la lutte sociale, Germinal ou les Misérables. Et s'il était né deux siècles plus tôt, en plein âge d'or de la sidérurgie et des charbonnages, Hugo ou Zola l'auraient peut-être bien fait leurre...
Il faut dire que la distribution était belle. Quoiqu'unique. Un seul personnage. Mais quel acteur ! Du reste, bien des ménagères de cinquante ans ont dû tomber en pâmoison (pour n'évoquer que les plus chastes) devant ce rude lorrain, parfois pleurnichant, mais souvent très menaçant. Un vrai méchant comme elles les aiment. Au moins au cinoche. Cet Edouard Martin-là, c'est autre chose que le brie de Meaux ou la risette de la Sarthe. Mâchoires et regard d'acier, peau cuivrée, poigne de fer. Et probablement des couilles en bronze, comme notre taureau de la place du Foirail à Laguiole. C'est pas compliqué, il s'agit d'un compromis entre Delon -jusqu'à l'ego- et de Johnny -jusqu'au QI-. Ce type aurait aussi bien eu sa place dans les rôles emblématiques et cinématographiques de la lutte sociale, Germinal ou les Misérables. Et s'il était né deux siècles plus tôt, en plein âge d'or de la sidérurgie et des charbonnages, Hugo ou Zola l'auraient peut-être bien fait leurre...
Enfin,
on ne refera pas l'histoire. On se souviendra néanmoins -et là,
tenez-vous bien, car je suis sérieux et ça n'a dû m'arriver que
trois fois en trois ans de dimanches matin- que ce sont eux, les
gueules noires, les yeux brûlés et les bras cassés du
« dix-neuvième » -je parle du siècle, pas de
l'arrondissement-, ce sont eux qui ont transmis, le goût du travail,
mais aussi le sang de la lutte et le sens de l'honneur à des
dizaines de générations . Lesquelles seraient bien aimables de ne
pas les fouler immédiatement au pied en se précipitant dans les
attrape-couillons qui esclavagisent les consommateurs, tout
en leur extirpant ce qui pourrait malencontreusement leur rester de
conscience humaine.
Du
reste de quelle conscience jouissent encore les promoteurs du nouvel
aéroport de Nantes, qui veulent transformer la paisible Notre Dame
des Landes en tour de contrôle de la satiété de consommation ? Ils
ne connaissent donc pas le fameux aphorisme : « Là ou il y a
du kérosène, il n'y a point de plaisir ? » A l'heure où l'on
commence à fermer les usines d'acier, à démonter les airbus pour
en faire des toits d'abribus et des éoliennes, qu'a t-il pris à ce
pauvre Ayrault des temps modernes, de se laisser embarquer sur une
telle piste où le crash semble plus probable que le décollage ?
On
me dit aussi, mais je ne veux pas le croire, que Grand Var serait
déplacé -mais donc également étendu- vers Barnéoud. Que le
cinéma Pathé, serait installé à la place de ce monstrueux
bâtiment qui ne tient que par... Babou de ficelle. Qu'il y aurait
encore plus de salles (20 peut-être), des restaurants
-excellentissimes comme ceux déjà existants-, des bureaux et des
boutiques, tiques, tiques... Le tout avec la bénédiction de ceux
qui, me semble-t-il, furent élus pour défendre Toulon et non, par
calcul, les « petits » intérêts disséminés entre La
Garde et la Valette. Petits intérêts, mais gros rapports... Tout
cela me révolte et je ne suis pas loin d'envisager que vous me
compreniez. Quand le vendredi soir le centre de Toulon ne compte pas
une âme qui vive et que celui de Grand Var est saturé de tous ses
con...vergeants. Remarquez, ils sont cons parce qu'ils désertent
Toulon, mais je serais prêt à réviser mon jugement s'ils venaient
à apparaître rue d'Alger. Cela ne changerait certes rien à leur
état intrinsèque, mais ça améliorerait grandement notre
ordinaire. Mais encore faudrait-il que ceux qui nous administrent
envisagent un jour de sauver leur ville, autrement qu'en brandissant
un drapeau Rouge et Noir, fût-il au demeurant celui de la
révolution.
Bref,
je voulais exprimer par là, mon incrédulité. Pourquoi s'émeut-on
tant de la fermeture de haut-fourneaux pollueurs et obsolètes, alors
que tant de petits-fournils s'éteignirent sans oraison dans nos
villages et quartiers ? Et que tant de boulangers -ces poètes de la
baguette , ces joueurs de flûte et ces tripoteurs de miches-
disparurent dans l'indifférence générale ? César avait proclamé
: « Du pain et des jeux ! »
Il
ne resterait donc plus que les jeux ?
Des tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (6)
Geymann,
dur sur la matière, doux sur la manière
A
mesure que les expos passent à la galerie Estades, entre la rue
Seillon et la Place à l'huile, ils sont de moins en moins nombreux à
terminer -ou à commencer d'ailleurs- à Aubrac/mer. Bon, je
plaisante bien sûr même si, en l'occurrence ils n'étaient
effectivement que deux et si cela nous a bien arrangé (nous étions
pleins du matin au soir !)
Il
y avait là, l'essentiel, c'est à dire Michel (le galeriste) et
Geymann (l'artiste). Geyman qui n'est pas un pilier du RCT , mais
peintre officiel de l'armée. Sans jamais avoir touché un pinceau.
Il faut le faire ! Mais j'apprends que tous les artistes qui
contribuent à l'enrichissement culturel de nos troufions ont
droit à l'appellation « peintres » sans qu'il puisse y
avoir la moindre connotation péjorative...
Plus
sérieusement Geymann, sculpteur qui a fait son trou, travaille donc
sur la matière et pas n'importe laquelle, puisque le bronze,
l'étain, la pierre et le marbre sont les principaux supports à son
expression. Formes limpides et dépouillées,
lignes subtiles et lisses, l'œuvre de Geymann est à la fois
captivante et apaisante. Profitez donc de cette fin d'année pour
vous offrir un beau voyage dans l'univers de la sculpture... ça vous
changera du marché de Noël !!! Leçon de trompette
Chronique du 4 décembre 2012
Je
vous aime
Je
suis rentré mercredi soir et j'ai entamé cette chronique à
laquelle je me voue, ordinairement - j'allais écrire religieusement-
tous les dimanches matin. Urbi et orbi. L'objet ne consistait en
rien à m'avancer, mais urgemment à me soulager. Je ne sais pas si
ça vous prend souvent, vous, l'envie immédiate et inextinguible
d'écrire sur le champ ? Sans doute êtes vous plus normaux. Alors si
vous préférez, pensez à un besoin vif et soudain de pisser. C'est
du reste la raison pour laquelle -sans doute vous l'ai-je déjà dit-
la métaphore majeure de l'écriture, c'est la miction. Plus
rarement l'érection. Quoi que...
Enfin,
si je suis un peu là pour vous raconter ma vie -ce qui me rapproche
éhontément et confusément de « face de bouc » les
fotes d'ortograves et les photos à poil, exceptées- c'est d'abord
et avant tout une thérapie. Une automédication du tonnerre contre
la dépression. Certes j'ai toujours mal au dos, aux bras, mais c'est
pour soulager mes maux de tête que ces mots sont chouettes. Ils
m'autorisent des rimes riches, des accolades, des coups de griffes,
des coups de canif aussi dans certains contrats de dupes. Ils me
donnent un tantinet d'importance, la sensation vague mais
égocentrique d'exister en tant qu'écrivaillon vaillant.
Mais,
j'en viens au fait ! Après les deux seuls et uniques clients du
samedi soir précédent -qui démontrent ô combien, qu'un restaurant
délectable, équitable et même honnête, peut largement prospérer
au cœur de Toulon ! - nous enchaînions sur le fiasco des deux
premiers jours de notre semaine. En sorte que je savais déjà que
nous travaillerions tout le reste pour compenser ces énormes trous.
Que nous travaillerions dur, mais pour rien.
J'écrivais
alors des horreurs, je m'appliquais à la caricature du Toulonnais
moyen, ce type qui s'est enfoncé un drapeau « Rouge et Noir »
dans le cerveau et qui remue la tête comme un pingouin pour le faire
flotter. Je plaisantais bien sûr, même si j'y souscris
définitivement. Et ces Varois au volant, fanfarons sous le soleil,
mutés en zombies sous la pluie. Du pétard au péteux. Il est vrai
que le matin j'avais passé une heure et vingt-cinq minutes sur
l'autoroute entre Cuers et le parking du Port. Il pleuvait ! Non,
mais vous vous rendez pas compte : de la pluie... Et je concluais :
faites gaffes, aux avalanches sur le Faron, demain ils annoncent du
froid...
Bref,
je n'avais pas encore trouvé le titre de ma chronique, lorsque ce
matin sagement j'ai tout effacé et repris le cours des écrits
pondérés, réfléchis, presque... éthérés. Ah si, ça me
revient, je voulais titrer : « Je vous emmerde ! » Pas
mal non ?
Je
me souviens d'un lointain samedi au siècle dernier où j'avais
appelé un second couteau du journal, un clampin de Var Matin qui
critiquait l'un de mes articles. Je lui avais simplement répondu -
comme en écho à ses réprimandes qui m'étaient destinées mais
qu'il avait eu l'élégance de m'adresser via une tierce
personne - : je t'emmerde. Manque de bol, le type allait devenir
rédacteur en chef, certes l'un des plus médiocres et mielleux de la
presse occidentale, mais il allait me le faire bien payer...
Alors
du coup, je me suis couché là-dessus, le lendemain je rouvrais mes
boites de cassoulet, je décongelais mes rumstecks et mon aligot
comme si de rien n'était et cela allait beaucoup mieux. Nous finîmes
la semaine en boulet de canon, un peu aussi comme des citrons
pressés. Dynamités, ventilés, dispersés façon puzzle, selon la
formule anthologique de ces deux derniers siècles. Vacillants mais
toujours debout !
Samedi
midi, nous avions à table une bonne vingtaine d'anciens du RCT.
Chaque année il en disparaît un ou deux, mais il n'en pousse plus,
vu que le RCT, vous savez bien, ce n'est plus ce que R... c'était !
Mais Jacky rameute encore tous ces vestiges dont, Jean, le plus précieux
n'affiche pas moins de 94 bougies ! Mes cires ! comme on dirait au
roi...
Et
le soir nous avions autour de Jean-Marc Roman, une vingtaine de
Grenoblois venus prendre la leçon, à Mayol par la sélection
mondiale des plus grands mercenaires. Ils n'en étaient même pas
amers, ces supporters. Résignés, goguenards et en appétit. Dans
l' Isére on ne pleure jamais misère, à Grenoble on reste
noble. Alors à table ! et que le vin soit gouleyant (synonyme
d'abondant). Il y avait, en forte minorité, quelques supporters
toulonnais éduqués -ça existe- et quatre journalistes intègres
-mais là c'est à vérifier !- dont deux anglophones dont la
particularité est d'être les seuls à comprendre ce qui se passe et
ce qui se dit à Mayol ! Nous avons ri, chanté, finalement on n 'en
aurait presque oublié de manger. Et même de payer... (Chut, là
c'est Marie qui va tomber en dépression).
Bref,
je me suis levé ce matin à quatre pattes et si je ne m'étais pas
retenu, j'aurais titré... je vous aime. D'ailleurs, il n'est pas
impossible que je le fasse...
Jaco
Chronique du 27 novembre 2012
Bottier
d'Orsay : en verrue et contre tous
Jeudi
midi, en guettant, d'un oeil, le client sans avoir l'air d'y toucher,
j'observais la rue d'Alger. Et comme souvent à pareille heure je
constatais, stupéfait, qu'il pouvait se passer une minute sans que
personne … ne passe. En gros, il y a davantage d'animation dans le
centre de Rieupeyroux et de passage sur la route de Malbouzon à
Nasbinals, qu'au centre de Toulon !
Le
plus grave, je crois, c'est que les gens puissent se demander : que
pourrais-je bien aller y faire ? Alors que le meilleur restaurant
« accueil-qualité-prix- » de la région s'y love d'amour
!
Deux
mille employés de mairie restent terrés dans leur tour ou sous le
trou du centre Mayol qui semble avoir été conçu pour parer à
toute éventualité d'alerte nucléaire. Certains même osent le
port, où d'évidence tous les travaux ne sont pas achevés après
les bombardements. Les commerçants atterrés tirent leur rideau,
pour avaler leur gamelle plus ou moins bien réchauffée. Et, de
temps à autre, un pékin victime des méfaits du guide patelin,
s'égare en rongeant un redoutable pan bagnat, que l'on aurait aussi
bien pu baptiser, pain à bougnettes, tant il est impossible -à
moins de compter parmi la noble famille des hippopotames-, de croquer
dans cette boule sans aussitôt s'asperger d'huile de palme. Au
risque de finir sa marche... en canard.
Le
regard perdu dans le vide, sidéré, je ne peux m'épargner un regard
obsessionnel, une réflexion compulsive, sur cette putain de vitrine.
D'ailleurs comment l'éviterais-je, elle barre quasiment toute la
place. Vous l'avez deviné, c'est le fameux Bottier d'Orsay. Celui
dont tout le monde rigole, en méprisant du regard ces vieilles
pompes surannées mais néanmoins nickels, puisque le pauvre hère qui
en détient les clés, s'obstine à venir astiquer les bottines,
trouve malin de brosser les escarpins et radote en nettoyant les
bottes.
Même
le magasin de chaussures d'en-face -toujours en activité- semble
atteint du syndrome et, par mimétisme, s'assombrit, se dégrade et
nous désole.
On
trouve toutes les circonstances à ce grand naufragé de l'âge qui,
depuis vingt ans -peut-être plus- s'obstine à maintenir cette
ignoble vitrine, cette façade dégueulasse sous le seul prétexte
qu'il aurait perdu sa mère ici-même un samedi. Et c'est pour cela
que, tous les samedis soir, lorsque les rescapés baissent leur
rideau, il ouvre le sien dans l'espoir d'y retrouver maman !
Et
voilà comment, on peut se laisser emmerder sur terre en tolérant
qu'un propriétaire -au nom justement de la sacro-sainte et
arrogante propriété- vive dans son monde au détriment du reste -du
monde-. Comment on peut dégrader l'image d'un ville, bloquer le
développement d'un quartier et finalement l'entraîner dans une
chute inexorable. Si j'avais des amis corses ou artificiers, j'aurais
pu envisager de régler la question par une nuit sans lune. Et,
maladroit comme je le suis, je ne vais pas m'y risquer non plus. Il
ne reste plus qu'à attendre donc , fataliste. Soit que le bâtiment
s'écroule, insalubre ; soit que ce bon garçon -d'au moins soixante-dix carats- parvienne à faire le deuil de sa maman ; soit – ce qu'à
Dieu ne plaise- il finisse par casser sa pipe, ce qui n'est pas gagné
non plus vu, qu'à ma connaissance, il ne fume pas !
Comment
pourrait-on, alors, recycler cette riante boutique qui évoque, comme ça, les chefs-d'oeuvre de l'architecture roumaine ? Manifestement
pas en chausseur, vu que les pompes exposées depuis vingt ans n'ont
toujours pas trouvé preneur. Pas en commerce du tout d'ailleurs,
puisque quasiment tous les baux de la rue sont à céder. J'ai bien
pensé à un musée de la chaussure. Je suis interloqué par le
nombre de passants -aussi rares soient-ils- qui jettent un oeil sur
cette exposition permanente et parfois même, s'y arrêtent. Mais je
me dis que dans cette rue d'Alger, il existe assez de vestiges pour
ne pas tourner un peu plus notre regard vers le passé. Ou peut-être
une maison psychiatrique puisqu'on en connaît déjà le premier
pensionnaire putatif ? Et que nous aurions bien besoin de
vérifier, ici-même, l'adage « plus on est de fous plus on
rigole »... Ou alors une mosquée ? Même si avec les fous de
Dieu (x) on se marre déjà beaucoup moins !
J'ai
aussi pensé à un beau magasin de vêtements de mariage spécialement
dédié aux gays. Parce que plus on est de folles et plus on rigole
aussi. Et si on rigole on est forcément gai. D'ailleurs quand je
pense qu'ils étaient cent mille à manifester contre le mariage
homosexuel en France, je me dis que les gens doivent bougrement
s'emmerder chez eux le samedi après-midi ! Car à part trois coups
de klaxon, vers 16 heurs en sortant de la mairie, je ne vois pas ce
qu'il peut y avoir de dérangeant à ce que des hommes et des femmes
se marient. Du reste on a assez regretté, dans les milieux
catholiques et les beaux quartiers, cette perte de valeurs pour ne
pas avoir, aujourd'hui, légitimité à dénoncer ce bel acte
d'amour, ce beau pacte « pour toujours » ! Que les gays
et les curés aspirent -dans un même combat- à se marier ne relève
en rien de la modernité, mais contribue, bien au contraire, au
rafermissement des traditions. Et un magasin de mariage homo, cela
assure le double de vente de robes et de costumes...
Bon
et bien finalement -selon les derniers échos-, si un jour la ville
peut retrouver voix au chapître, il semblerait que l'on vende ici
des tickets de bus et de bateau. Voilà qui n'est pas une si mauvaise
nouvelle. A condition qu'il ne faille pas attendre aussi longtemps
que pour voir rouler ce tramway nommé désir !
Jaco
L'entrecôte d'Aubrac contre la crise de la graisse
J'ai longtemps rêvé d'un restaurant où je pourrais déguster une bonne grosse entrecôte. Tellement que j'ai fini par le faire. Le restaurant !

Une
belle entrecôte constitue le morceau le plus noble, le plus accompli et
complet. Peut-être pensez-vous que la côte de bœuf est encore
supérieure ? Erreur ! Il s'agit tout bonnement de la même chose à ceci
près qu'elle se situe, comme son nom le laisse supposer, entre deux os.

Me
rejoindrez-vous dans le rêve que j'ai réalisé ? Après trois ans de
patience, je veux encore l'espérer. Pensez à la réserver avant qu'il
n'y en ait plus ou que je me sois lassé d'attendre...
Chronique du 20 novembre 2012
Les
amis, les emmerdeurs...
Nous
avons fini en apothéose cette semaine avec deux groupes d'amis bien
distincts. Restaurant plein -après un vendredi soir digne des
sombres heures d'Aubrac sur mer-. Plein de gentillesse, de principes,
d'humour et parfois, aller, plein d'amour. Dans le sens évidemment
le plus noble, puisque notre honorable établissement ne comprend pas
l'hébergement et que notre appartement du dessus est redoutablement
inconfortable.
Il
y avait l'après-midi même plus d'une centaine de milliers de
personnes qui n'avaient rien de mieux à faire, un samedi, que de
défiler pour défier l'amour entre gens du même sexe et nous, le
soir même, on s'empressait de tous s'aimer. Bon d'accord sans aller
jusqu'à envisager le mariage, mais bon il faut voir. Pardonnez la
digression, mais finalement, si deux hommes ou deux femmes veulent
s'unir cela ne peut que faire remonter les statistiques tant les
hétéros hésitent tous à convoler. Si vous y regardez de plus
près, il n'y a plus guère que les homos et les curés qui veulent
encore se marier. Laissons-les faire, car eux au moins ne commettront
pas d'enfants. Et quand on voit comment les parents traditionnels les
élèvent...

Merveilleux
tout ça ! Je me suis même surpris en train de siroter un fond de
prune avec mon clone Jean-Luc, alors que, grâce soit rendue à San
Pellegrino, je ne bois jamais pendant le service. Nous sommes rentrés
at home à trois plombes, la gueule en coin façon Loulé. Et
il fallait repartir -à l'aube- « bomber »
chez une troisième catégorie d'amis : Martine et Yves -canal
gastronomique- accompagnés de Mïckel et Andrew -canal historique-.
Il
me fallait bien tout cela, ces bonheurs simples mais intenses, pour
me faire oublier, dans la semaine, l'apparition du premier con parmi
nos clients. Attention quand je dis con, ce n'est pas un cono ! Vous
savez ? Cette quasi généralité de types à laquelle j'appartiens
et que donc, forcément, j'aime bien. Non, non, là c'était un con.
Le vrai.
Ils
sont assez faciles à repérer. Généralement, ils entrent comme
s'ils étaient chez eux. Et surtout sans dire bonjour des fois qu'on
pourrait avoir un doute. Ils s'assoient sans attendre d'être placés,
y compris à une table réservée.
Ensuite
ils demandent un apéritif improbable que l'on n'a jamais. Lorsqu'ils
passent leur commande, après avoir trouvé qu'il n'y avait pas
grand-chose sur la carte, vous pouvez être certains qu'ils
choisissent juste ce que l'on n'a plus. Et au moment du dessert, ils
veulent un sorbet au gingembre ou à la salsepareille...
Le
nôtre, le mien, était magnifique. Lorsque Marie le servit il eut ce
cri du coeur : « C'est de l'onglet, çà ! Je vous avais dit que
je ne voulais pas d'onglet...» Ah ! répond gênée -et affolée
comme d'hab- Marie -qui sait qu'il m'arrive de remplacer des morceaux
de boeuf par du chien que je capture la nuit dans l'impasse des
Riaux- je vais en parler au chef...
Le
chef, c'est moi ! Enfin, elle est quand même gonflée de m'appeler
publiquement ainsi, quand on connaît les dessous de l'affaire. Mais
enfin, là n'est pas le sujet.
C'est
alors qu'assorti de mon meilleur sourire, j'interviens.
-
Bonjour Monsieur, qu'est-ce qu'il vous arrive ?
-
Ce n'est pas du rumsteck, ça, que me vous m'avez servi ?
-
Mais bien sûr que c'est du rumsteck, ça, que je vous ai servi !
-
Ah bon mais ça ressemble à de l'onglet.
-
Et bien c'est pas de l'onglet.
C'est
alors que je me crois tiré d'affaire, tout en me retirant et en me
demandant ce que ce type peut bien avoir contre l'onglet. Mais, se
ravisant, le con revient à la charge et me héle
-
Il ne fait pas 200 grammes !
-
Pardon ?
-
Vous dites qu'il fait 200 grammes, mais il ne fait pas 20O grammes...
-
Vous voulez pas qu'on aille chercher une balance peut-être... Vous
m'avez l'air particulièrement casse-pied lui dis-je alors, au bord
de l'exaspération mais en ayant réussi la plus belle performance
depuis l'ouverture de ce restaurant.

Car
de vous à moi, ce n'était pas du tout un casse-pied. C'était
vraiment un ignoble casse-couilles.
Jaco
Chronique du 13 novembre 2012
Il
y a de çà quelques semaines, plusieurs de nos visiteurs nous
faisaient part de cette abracadabrantesque nouvelle : « Le
village de Laguiole n'a plus le droit de porter son nom... ».
Il me fallut rapidement vérifier si nous n'étions pas aux alentours
du premier avril, ni si la célèbre journée commémorative de la
bonne vieille blague n'avait pas été déplacée d'un solstice.
Bref si c'était du canular ou … du cochon ! (tiens, elle n'est pas
mal celle-là, je te la donne).
- Tu sais que c'est juste impossible ce que tu me dis-là ?
- Si, si je t'assure ils l'ont même dit avant-hier à la télé, tu l'as pas vu ?
- Oh tu sais moi les infos, la télé... Mais bon si c'était passé sur le journal du coin ou à RMC info, je dis pas, mais là, si c'est la télé qui le dit et TF1 par dessus le marché...
- Oui, oui ils n'ont plus le droit de s'appeler Laguiole à cause des couteaux...
- Non, mais tu as dû mal comprendre, peut-être voulaient-ils dire qu'il fallait désormais obligatoirement prononcer Layole, puisque dans notre beau dialecte, le yeu remplace le gue... Tu sais moi je suis de Graulhet et il faut prononcer Grauliet et j'interdirais bien à tous les conos (même mes amis conos) de nous traiter de gros laids.
- Mais je t'assure que tu n'y es pas du tout. C'est sérieux, d'ailleurs ils ont déjà déboulonné toutes les pancartes aux entrées du village.
J'en
déduis sans difficulté -mais non sans peine- que mon pauvre
visiteur n'était pas fut-fut où bien, au mieux, qu'il
n'avait suivi l'affaire que d'une oreille distraite et lointaine.
Ce
qui m'ennuie, c'est qu'il ne fut pas le seul à colporter cette
fausse histoire de couteau et de village débaptisé. Alors, soit
nous avons parmi nos fidèles quelques abrutis ( avec la complicité
des trois médias sus-cités), soit le reportage était bougrement et
insidieusement mal foutu. Au point que même les plus malins ce sont
laissés enfumer.
Car
bien évidemment non, on n'interdira pas à Laguiole de garder son
nom. Mais ce sont les laguiolais eux-même, leur maire Vincent
Alazard en tête, qui démontèrent symboliquement leurs panneaux en
guise de protestation. Car, sur fond de guerre économique, la colère
de Laguiole perdure en toute légitimité. La dernière provocation
émane de la justice elle-même. Elle vient de donner raison à une
de ces saletés de businessman (du Val de Marne), qui utilise sans
vergogne le nom de Laguiole pour importer un tas de saloperies
(couteau, briquet, stylo et même barbecue, bientôt peut-être un
vibro ) sous cette appellation. Et pourquoi pas non plus un
fromage ? Ah, on me dit dans l'oreillette que c'est déjà fait !
Mais celui-ci ne vient heureusement pas du Pakistan, du Maroc, pas
même du Cantal...
Enfin
bon cette histoire récurrente -je veux dire en cela qu'elle nous
use-, finira-t-elle un jour ? S'ils avaient pris à la tête de
l'état des épicuriens plutôt que des polytechniciens ou des
énarques -qui riment trop bien avec arnaque-, nous n'en serions pas
là. Serait-ce tellement compliqué d'interdire l'appellation
laguiole à tout couteau n'étant pas issus de cette industrie fidèle
à un seul et unique cahier des charges. Et à défaut d'interdire,
d'au moins surtaxer tous ces produits qui envahissent nos marchés,
emplissent les magasins à deux balles et ternissent, pour finalement
l'étouffer, cet artisanat d'excellence, cette passion créative,
cette précision du geste, cette dévotion au produit, qui ont fait
notre force et notre estampille nationale.
![]() |
Voilà
et comme vous, qui refusez d'aller manger n'importe quel morceau de
contre- viande, en préférant la table d'Aubrac sur mer, il
est permis à tout le monde de ne plus baisser son froc pour
économiser 100 malheureux euros en offrant six couteaux de merde à
des amis que vous jugez... chers ! Si comme moi vous n'en avez plus
les moyens, offrez plutôt des fleurs. Mais pas artificielles...
Jaco
Honoré
les bien nommés
Il
y avait les briquets Dupont. Il y a les couteaux Durant !
Et
comme vous l'imaginez nos couteaux sortent directement d'un atelier
de Laguiole. celui de la maison Honoré Durand pour ne pas la nommer.
Là on forge ses propres lames et l'on y défend, avec les fils,
Honoré et Christophe, un peu mieux l'âme du couteau, de Laguiole,
de l'Aubrac.
C'est
ainsi que, outre une superbe boutique que visitent des milliers de
touristes chaque année ; un atelier ultra moderne où l'on peut
assister à toutes les phases de fabrication - y compris de la
fameuse lame an acier damas- les Durand ont eu l'idée de créer un
musée qui honore à la fois l'artisanat local et dénonce
l'industrie de la contre-façon.
Bref,
ce sont des gens comme on les apprécie, avec leur savoir-faire, leur
exigence, leur générosité aux service de belles et rares
convictions.
Chronique du 6 novembre
Manger
moins, manger mieux !
Après
la philosophie du Cours Lafayette, c'est sur un autre terrain -par
forcément moins navrant, mais où on ne s'ennuie pas d'avantage- que
je voudrais vous conduire. Le café du Commerce. J'aurais même la
cruauté de m'accouder au zinc de cet établissement -l'un des
premiers mondialisés- où l'on dit n'importe quoi, sous
l'approbation d'un tavernier hirsute autant qu'inculte, qui oscille
sans cesse de la tête, tout en tournant ses verres de bière dan un
torchon gris foncé (et parfois défoncé). Mon voisin de droite
(forcément) lance, après un long moment de cogitation
-
Cette fois, on est foutu !
Le
gargotier oscille du chef plus fortement encore lorsque le type qui
est accoudé après mon voisin de droite, renchérit
-
Surtout qu'avec l'autre clampin qu'ils nous ont mis-là, le flamby,
ils vont tout nous prendre pour le donner aux autres...
C'est
alors qu'à l'extrémité du bar, toujours plus à ma droite, le plus
érudit de tous vient se mêler à la conversation, juste après
avoir misé 10 euros sur Blanche-Neige du Ravais à Longchamps,
-
De toute façon on ne s'en sortira qu'en les foutant tous dehors, les
métèques... éructe-t-il doctement tandis qu'un bout de
cacahuète s'échappe -comme pour se sauver- d'entre deux chicots
insalubres.
Je
l'esquivai tant bien que mal -le missile d'arachide- et pris le même
chemin en saluant tous ces braves gens à qui je devais cette grande
ouverture d'esprit sur le monde tel qu'il va. Mal, c'est entendu.
Si
une envie subite de café, ou de pisser -ou les deux- venait à vous
saisir, prenez bien garde où vous entrez. Les effets secondaires de
ces bars-philos sont redoutables. Et contagieux. Car je me mis alors
à penser, moi aussi, à ce qui serait bon pour la France, étant
entendu qu'il est totalement chimérique d'espérer parvenir à la
meilleure des solutions : se débarrasser de tous les cafés du
Commerce.
En
cheminant, je ruminais. Comme ces vaches de petits élevages
montagnards que l'on décima parce que le lait ne se vendait plus,
depuis que, le matin, nos minots ne se goinfrent plus que de Corn
flakes de l'oncle Sam. Et qu'à midi ils s'enfilent des saloperies
entre deux couches de ketchup amerloque. Sans parler du soir où il
ne faut plus toucher au fromage puisque c'est mauvais pour la
santé.
J'entendais
encore, le matin même, que le transgénique était dans nos
assiettes, vu que le soja déferle par millions de tonnes
d'outre-atlantique ! Pourquoi ? Ce qu'un gros paysan débile de
l'Arkansas produit, on ne peut pas le produire à sa place ? Alors
que nos terres sont en jachère et que nos maires délivrent des
permis à outrance en défigurant nos campagnes tout en fantomisant
nos villes ?
Je
pensais aussi à ma machine à laver en panne et à ce pauvre Greg
qui se bat avec son éponge pas si magique que ça. Je ne trouve
personne pour me la réparer. Et si je la change, il faudra attendre
qu'elle arrive de Singapour, vu que l'on n'est plus aptes, en
France, de fabriquer ni une mobylette, ni une moulinette, ni une
« majorette ». J'évoque là, ces petites et superbes
voitures de collection que nous offrions à nos gosses lorsqu'ils
avaient une bonne note ou qu'ils avaient tout simplement été
gentils. Désormais c'est la lutte entre la Wii (débilisante) et
l'XBox (débilitante).
Faut-il
seulement évoquer cet espèce de virus qui affecte quasiment tous
les foyers et qui oblige leurs doigts à aller et venir sur un
minuscule écran, pour jouer, tchater, photographier et le cas,
échéant, téléphoner. Le fameux iPhone qui entame sa cinquième
lobotomisation du peuple. Bonne nouvelle son écran s'est un peu
agrandi, mais il n'est pas encore aussi volumineux que l'iPad dans sa
version mini, tandis que l'iBook nouvelle génération pourrait
bientôt se déplier et contenir dans votre sac à main. I, aïe, aïe
! Sans parler de l'ignoble face
de Bouc, qui colonise tous les
« amis » du monde au nom d'une indécente communication à
deux balles ...
Tandis
que j'oscillai entre la révolte et l'abattement, je fus soulevé du
sol par le souffle du klaxon réprobateur d'un gros Totoya avec ses
quatre belles roues de poids lourd. Le type qui aurait pu s'aligner
haut-la-main sur le comptoir du café du Commerce, me tança du
regard avec ses grandes dents et ses lunettes « Raie bande »
fabriquées aux States, cela va de soi. Il faut dire que je marchais
négligemment au milieu d'une rue... piétonne !
C'est
vous dire avec quel soulagement j'ai regagné mon ambassade, mon
île, voire même mon asile de l'Aubrac, place Lambert. J'ai tout
fermé en vérifiant -par le fénestron- qu'ils ne m'avaient pas
suivi. En concluant que le redressement productif était une sacrée
bonne idée. Je n'ai pas dit un bon sujet pour le prochain débat au
« caf'com », mais pour un grand dessein national.
Et
que l'on ne vienne pas nous expliquer que c'est trop cher de produire
français. Car si tel est le cas, il suffit de recentrer ses
dépenses. De boire du lait ; de porter des lunettes pour le soleil,
non pour frimer ; de regarder la télé sur des écrans plus petits ;
d'avoir un téléphone (et pas deux par an !) pour téléphoner ; de
rouler dans une petite Renault solide et pas en char d'assaut bourrée
de technologie parfaitement superfétatoire... J'en passe et d'aussi
satisfaisantes, comme de manger moins, mais de manger mieux, en
délaissant les plages et le port, pour le plaisir et le porc...
Je
rêve, pensez-vous, qui vous plaignez tous les jours des impôts de
solidarité mais qui ne vous privez de rien pour votre petit confort
? Sans compter ceux qui, de peur qu'on le leur prenne, placent tout
cet argent qui ne leur servira pas, à droite. Dans ces pays
francophones qui nous cernent et, en passant, nous saignent...
Et
bien oui, je rêve d'un monde où les campagnes refleuriraient, où
les usines manufacturières se rempliraient et où, du même coup,
les lieux de culte et les cafés du Commerce se videraient...
Bien
sûr je rêve. Y aurait-il mieux à faire ?
Jaco
Greg,
pompier-plongeur
Lorsqu'il
ne passe pas ses jours et ses nuits à la caserne de Solliès-Pont,
notre ami Greg plonge. Oh ! pas bien profond, mais quand même
jusqu'au plus bas de l'évier d'où il extrait avec un incomparable
brio des tas d'assiettes et de fourchettes. Il fait ça avec tant
d'enthousiasme que nous hésitons à reprendre la salle d'à-côté
pour augmenter encore son plaisir. Et dire que nous envisagions
d'investir dans un nouveau lave-vaisselle...
Chronique du 30 octobre 2012
L'apparence
du goût
Nous
devisions, avec mes potes Caro, Dominique et Marco sur les limites de
l'apparence. Il ne manquait qu'Antoine pour élever le débat ! Vous
qui avez sans doute votre bac en poche et avec mention, on vous a
sûrement cassé les pieds -dés le premier jour de l'examen- avec
ces questions à deux balles. Et bien voyez, on repasse le machin
plusieurs fois par semaine attablés au « café de Flore »
sur les hauteurs du Cours Lafayette, où comme chacun le sait, les
philosophes pullulent et se reproduisent entre deux cageots. Marco se
prend pour Kant et moi pour qui ?
Décrétant
ainsi qu'une âme vulgaire peut toujours s'habiller chez Joe Allen,
elle ne sera jamais aussi distinguée qu'une bonne nature, fût-elle
vêtue d'une robe de fermière. J'ai laissé mes éminents
partenaires philosophes penser de leur côté et tout en regagnant le
restaurant, cela m'a ramené inexorablement à la cuisine.
Je
n'évoque pas la gastronomie. Laquelle vous le savez est réservée à
une élite à laquelle je me garderai bien d'appartenir. Avec tous
ces contrôles d'hygiène, la masturbation n'est pas du meilleur
effet, même si j'en conviens on peut toujours se laver les mains
sans avoir à toucher au robinet, ni même au savon. Mais quand même,
passer un quart d'heure à faire tenir une bille de jambon de parme
fourrée au miel, sur une poutre de chabichou du poitou, hou ! hou !
Très peu pour moi... D'autant qu'avec mes serveurs formés chez McDo
ou à la cantine des pompiers, la fameuse bille finirait bien sa
course dans le décolleté de la sous-préfète.
Je
suis probablement dans le faux, mais lorsque je dresse une potée
aubracienne ou une entrecôte de 300 grs dorée à la graisse de
cochon accompagnée d'un aligot monté à l'huile de coude, il me
semble que rien ne peut-être plus beau. Et meilleur ? N'en parlons
même pas !!! Encore faut-il pour cela, comprendre la nature et se
défier... de l'apparence. Nous y sommes.
Maintenant
je suis admiratif. Très admiratif. Et même tiens ! Épaté. Quand
je vois que pour faire une sauce « aubrac », quelques
crèmes caramel, douze crêpes, un velouté de potimarron, une poêlée
de légumes, un plateau de quiches et une casserole d'aligot le tout
pour une poignée d'irréductibles clients, il me faut quatre heures,
je crie à la magie. Comment font-ils ces gastronomistes pour
préparer la bagatelle de vingt entrées, douze plats et quinze
desserts ? J'ai bien compris qu'ils ne s'endormaient jamais sur leurs
matelas d'étoiles Machelin, mais quand même, ils ont un truc, les
salopards ! Quelques beaux fournisseurs en gros, par exemple ? Non je
n'oserai pas ! Eux non plus d'ailleurs...
Je
ne vous dis pas, non plus, que l'on vous prend pour des ignorants,
des innocents, des pigeonneaux (en croute de grenaille, farcis de
bonne foi, sur un lit de paille d'or et de jeunes pousses et
l'émulsion du roi des forêts), bref je ne dis pas que l'on vous
prend pour des couillons. Je pense plutôt que l'on vous y laisse.
Cependant, j'admire ces grands chefs sur lesquels je me garderai bien de jeter l'anathème. Mais
j'éviterai, aussi, de protéger ces maîtres de la
gastronomie, ces bienfaiteurs de l'humanité au patrimoine de
laquelle il sont désormais immortalisés. Ils s'en chargent très
bien eux-même, avec la complicité de médias béats et de ceux qui
préféreront toujours privilégier leur appétit à toute forme de
solidarité.
En
résumé, leur repas est plus facile à digérer que l'addition. Mais
une fois ingurgitées les babioles enturbannées, vous vous
souviendrez plus facilement de la forme que d'un fond dont vous
n'aurez peut-être deviné le goût qu'en consultant -discrètement-
le bristol placé devant vous. Il ne vous restera plus qu'à
raconter. Le frère de Bernard Lapie qui est venu en hélicoptère,
la sous-préfète qui portait un petit décolleté de chez
Saint-Laurent ; les fauteuils moelleux de satin et les couverts en
ivoire ; le défilé de dix-sept plats en musique et en habits
folkloriques. Comme lorsque vous partez en voyage au Pérou et que
vous engrangez deux mille photos, sans même prendre le soin d'observer
et de savourer l'instant présent, ni d'écouter ce que que raconte
le guide, vu que c'est vous qui raconterez à ceux qui sont -encore
!- vos amis, tout en exhibant une litanie de clichés flous et sans
une once d'intérêt.
L'apparence,
quelle qu'en soit la teneur, la substance et la finalité, a certes,
depuis longtemps livré ces tristes secrets. Mais elle n'a pas fini de se
balader dans les rues de Toulon, ses petites fesses en bataille, aux
côté de sa copine, la superficialité.
Jaco
D'accord,
Monsieur Yvan
L'hygiène
est à la restauration, ce que l'impartialité est à la justice et
la célérité aux pompiers. Inutile de préciser qu'elle est au cœur
de nos préoccupations. Mais l'hygiène, telle qu'elle est imposée
dans nos cuisines est une énorme usine à gaz, quasiment impossible
à mettre en œuvre et dont la moitié des textes s'apparente plus à
de la tracasserie administrative qu'à une réalité de terrain. Mais
bon, comme on aime bien ça, contraindre, on nous impose désormais
une formation, laquelle fera ensuite évidemment l'objet de
contrôles. D'ailleurs lorsque ce contrôle interviendra, je me ferai
un plaisir de vous le raconter par le menu.
En
attendant voici venu le temps de la rude formation. Et le FAFIH
sachant qu'il avait à faire à une forte tête, m'expédia son
formateur le plus robuste et donc le plus convaincant. « Quand
un type de 120 kg parle à un de 60, c'est celui de 60 qui écoute. »
J'ai donc mis des roulettes sous ma boite à patates, collectionné
les étiquettes de viande, pris la température de mes frigos, collé
des consignes, des origines et même des horaires de lessive tout
partout... en espérant qu'il me demandera pas de porter des talons
hauts façon Dalida ou des juste-au-corps façon Frères Jacques.
Même Eddie, auteur d'un sketch mémorable sur l'hygiène, n'en
revient pas de ma docilité : « oui monsieur, bien
monsieur... »
Je
plaisante bien sûr et mon formateur est le plus sympathique des
hommes. Et comme on fini toujours par se retrouver dans la vie, il
s'agit d'Yvan Roux. Ce magnifique deuxième ligne qui fit trembler le
championnat entre 80 et 95 et dont on se demande comment il ne fut
jamais international. Sinon peut-être pour avoir pris la liberté de
refaire le plancher orbital du pauvre castrais Swiadeck.
J'avais
été sévère mais juste avec ce joueur que j'appréciais, il en
fera de même avec moi. Et ce d'autant plus facilement que,
contrairement à tous ceux qui parlent si bien de ce qu'ils ne
connaissent pas du tout, Yvan occupe depuis vingt ans la fonction
de... restaurateur.
Chronique du 23 octobre 2012
Mon
automne n'est pas monotone
Certes,
le poids des ans rend la fatigue plus... fatigante. Plus lourde à
traîner de Cuers à Toulon, de la cuisine à la terrasse. Mais je
n'éprouve aucune lassitude. Aux premières semaines de cette
quatrième année, le plaisir demeure intact. Les narines
frémissantes, les papilles vigilantes, les neurones aux aguets. Seule -comme dirait ma femme- la testostérone tend à s'éculer...
J'aime
ce métier où les mets se cuisinent comme les mots se combinent -ou se débinent, suivant qui les prononce-. De
l'harmonie à la fantaisie, de la nuance à l'abondance. J'aime aussi
cet automne où les appétits se révèlent lorsque les estomacs se
libèrent. Le soleil retrouve pareillement son rayon sympathique.
Anesthésiant, émollient dans sa fureur estivale, il caresse de ses
strates légères les bougons dans le sens du poil et maintient
encore les héliosmanes déconfits.
Alors
de la place Lambert, comme des fenêtres perchées des dernières
ménagères, s'échappent les effluves capiteuses de civets mitonnés,
de sautés étonnants et parfois de mystères. L'oignon roussit sans
brûler, le boeuf se colore et la sauce prend corps. Nous roulons nos
farces à la force de nos paumes, nous pétrissons nos pâtes du bout
des doigts, nous partageons déjà équitablement nos fonctions entre
le savoir-faire des uns et le savoir-manger des autres.
Je
ne devrais pas le dire -mais ne faut-il jamais conjurer le sort ?-
j'hume dans l'air de Toulon comme un parfum de reconnaissance. Celle
après laquelle nous investissons depuis déjà trop longtemps et
dont nous pouvions craindre que l'absence, finisse par nous lasser.
Nous épuiser. Nous éliminer.
Savez-vous ce qu'il y a de pire,
lorsque vous vous levez aux aurores ; que vous passez au marché en
courant ; que vous fondez dans une cuisine au bain-marie ; que vous
oubliez de boire pour ne pas aller pisser ; que vous renoncez même
au café entre amis ? Savez-vous ce qu'il y a de pire, lorsque, à bout
de souffle d'un sprint de quatre heures, vous retrouvez, six ou
quatre, parfois même deux amis à votre table ? Savez-vous ce
qu'il y a de pire, lorsqu'en penchant la tête, on aperçoit des
terrasses pleines où des salopards ouvrent les portes de leur
micro-ondes sans avoir rien fait d'autre de la matinée que leur
courses dans un énorme congélateur ? Savez-vous ce qu'il y a de
pire ? Eh bien moi non ! Et pour cause, puisque je n'ai cessé de le
vivre. De mal le vivre.
Parfois
en mairie, au rugby, on me reproche de ne pas accepter le dédain que
les uns -élus et fonctionnaires- et les autres -joueurs de toutes
générations- ont poussé jusqu'au boycott. Tous ces gens que j'ai
fréquentés, parfois servis et même flattés -sans doute parce qu'ils
le méritaient- mais qui n'ont jamais daigné manifester une once de
sympathie et de solidarité. C'est à croire qu'un municipal ou un
rugbyman aime moins les produits frais, la bonne cuisine et la
meilleure viande à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde,
que les autres... Sans doute ne sont-ils pas pingres le moins du
monde, mais sans doute aussi, les aurais-je davantage séduits en les
invitant. Ce que je me serais d'ailleurs fait un plaisir de ne pas
faire, si d'aventure j'en avais eu l'aisance.
J'aime
l'automne. Celui-ci particulièrement. Parce que le téléphone
affable fonctionne enfin. Les gens reviennent. Et même s'ils sont un
peu chez eux ici -à la manière d'une table d'hôtes- ils ne
déboulent pas en terrain conquis. Ils appellent. Voici ceux que nous
aimons. Ceux qui aiment ce que nous faisons. Les quinze premiers
jours d'octobre furent marquants, parce que frappés justement du
sceau de cette affectueuse fidélité.
J'aime
l'automne. Lorsque les haricots gonflent à nouveau avant d'exploser
de saveurs dans ma soupe de cochon. Lorsque bouillonne gentiment un
jarret de boeuf étouffé dans un coin du four. Lorsque saute le
veau, sur des chants de Ferrat, de Brel, le canon de Pachelbel
et la cabrette de Peschel. Et maintenant, je sais, enfin non -on
recommence- et maintenant, je crois, que tous ces habitués que je ne
connaissais pas avant le 1e septembre 2009 et qui ont pris le temps
de nous apprécier, ne nous quitteront plus. Davantage d'ailleurs par
gourmandise, -qui n'est nullement un péché, puisqu'il ne s'agit
rien d'autre que de l'expertise du goût avalisé par la commission
des neurones gastriques- que pour garder intacte la morale de notre
histoire.
J'aime
l'automne, même si vous verrez qu'il y aura encore des gens qui réclameront une table en fin de service sans avoir même pris le soin de
réserver. Comme si nous tournions l'aligot à la bétonnière et que
nous tirions des kilos d'entrecôtes hongroises de notre
congélateur...
Des gens qui n'ont rien compris, en somme !
Des gens qui n'ont rien compris, en somme !
Jaco.
Des
tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (5)
L'essentiel selon Loule
Le maître Thierry Loule, est entouré de Nathalie la communicante, Michel le fameux galeriste et Jacques un ancien confrère.
Dans
la famille des artistes, peintres et plasticiens d'Estades, je
voudrais le petit dernier : Thierry Loule. Oeil clair, vision décalée. Enfant du Mourillon bien
qu'il porte en lui le sang et la flamme portugaise, il a été formé
aux beaux-arts de Toulon et influencé, encouragé, peut-être adoubé
par le maître catalan -également très attaché à la ville- Blasco
Mentor. Un peintre dont le nom inspirait déjà la confiance. Tout
comme d'ailleurs la démarche de cet artiste tout en nature :
«
Je ne peins pas ce que je vois, mais ce que je ressens. Ma peinture
est une peinture de l’intérieur de l’âme. J’essaye de faire
ressortir l’essentiel des êtres que nous sommes. Les émotions
restent les mêmes pour tous à travers toutes les cultures du monde.
»

Chronique du 16 octobre 2012
Ah
les vaches ! (deuxième édition)
Bernard,
lancé à toute vitesse dans la stratégie et la communication hors
normes - après avoir servi une radio énorme - est non seulement un
ancien confrère, un nouveau client, un charmant voisin, mais
également un ami attentionné qui se plait à nourrir mes
chroniques, comme il m'arrive de l'alimenter en bonne viande
d'Aubrac.
D'ailleurs,
c'est
bien le sujet qu'il a déniché, pas rancunier, sur le site de
RTL. Il ne me viendrait pas à l'idée de prendre mon -ancien- journal et
moins
encore de l'ouvrir même avec des pincettes et une épingle à linge
sur le pif (trop petite... la pince à linge) ! Et ce dans l'espoir d'y
dénicher la moindre idée. D'ailleurs cela fait bien longtemps qu'il n' y
en a plus...
Enfin
toujours est-il qu'il s'en passe des fameuses, des fumeuses même
-comme une bouse fraîche au petit matin d'automne- dans le
Lot-et-Garonne. Je savais qu'il y avait autant de conos autour d'Agen
qu'ailleurs, mais j'ai l'impression qu'il y en a qui passent,
outrepassent la mesure et avec outrecuidance, en prime.
Je
vous la fais courte. Monsieur et madame C. habitent en rase campagne.
Sur la commune de Saint-Vincent de la Montjoie. A cet endroit-là,
quasiment sans surprise, il y a des vaches. Quatre. Car Monsieur D.
est un modeste agriculteur. Il dispose néanmoins d'un champ de deux
hectares et demi, ce qui offre aux bovins un espace notoire
d'investigation.
Mais
il advient, bizarrement, que ces animaux aient envie de voir des
hommes de plus près, même si ce sont des cons. Car nos braves bêtes
n'ont pas sur la race humaine tout l'éclairage, ni le recul
nécessaire. Sans quoi, c'est sûr, elles ne se seraient jamais
approchées et si par mégarde elles l'avaient fait, pour sûr qu'elles
auraient vite reculé.
Bref,
un jour, la Marguerite, la Renaude, la Félicie et la Pâquerette se
sont retrouvées à la barre. Enfin pas elles, mais leur pauvre
propriétaire qui, en rase campagne était accusé de laisser ses
vaches s'approcher de leur voisin. Des vaches qui se permettent,
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de la Cour, de meugler
à toute heure du jour et de la nuit, de remuer la tête avec leurs
clochettes, d'attirer les mouches en déféquant n'importe où sans
même se torcher et même, même Monsieur le juge, de se promener les
pis à l'air sans soutien gorge...Quel spectacle pour les enfants !
Devant
de telles charges accablantes, M et Mme C. qui voulaient vivre à la
campagne sans être embêtés par les meuglements, les chants du coq
et les vols de bourdons du champ de colza, ont eu dans la plus
parfaite équité, gain de cause. M. D. devra payer une amende de
6500 euros et une astreinte de 50 euros par jour tant qu'il n'aura
pas éloigné sa clôture de chez ces pauvres gens.
Et
le procureur aurait pu s'écrier dans un grand élan lyrique et effet
de manche : « que messieurs les éleveurs et leurs
vaches aillent faire du bruit à la ville s'ils y tiennent. La
campagne c'est fait pour que les cris de gosses qui éructent dans
leur piscine ne soient pas dérangés par les états d'âme de
stupides bovidés... » C'est dire si la justice est sereine.
Les quatre inculpées pour dépôt de bouses dans un champ leur
appartenant n'ont pas bien compris. A leur décharge (pas encore
électrique mais ça pourrait venir) ce sont des blondes...
d'Aquitaine.

Jaco
Chronique du 8 octobre
Pas un cono, ni même un ventre- saint-gris
Pas
plus que je ne souffre du syndrome de la casserole vide, je ne suis
généralement jamais affecté par celui de la page blanche. Un
fléau que beaucoup d'écrivains et pas mal de journalistes
connaissent pourtant. Vous imaginez de quoi il s'agit. C'est un type le dimanche matin,
qui se lève et s'aperçoit qu'il n'a rien à dire ni, en
l'occurrence, à écrire. Si pour des raisons pratiques et
infiniment respectables vous ne vous empoisonnez jamais à vouloir
écrire, je peux essayer de vous trouver une paire de métaphores.
C'est
en fait un peu comme si lorsque vous vous présentez devant la
cuvette en vous grattant les fesses et en baillant comme un sourd,
vous n'arriviez pas à uriner. C'est d'ailleurs pour cela qu'on dit
souvent d'un manieur de plume, d'un forçat du clavier : « qu'est-ce
qu'il pisse celui-là ! ». On peut donc -toujours
métaphoriquement- appeler ça le syndrome prostatique. Pour les
femmes je ne sais pas exactement quelle transposition faire, mais
enfin ça doit aussi marcher avec la constipation... Pour les femmes
du reste ça doit marcher avec tout, puisqu'elles sont toujours en
quête d'un truc qu'elles n'ont pas. Et si à terme, elles ne
parviennent pas à leur fin, alors c'est sans doute qu'il s'agissait
d'un truc réellement inaccessible. Marcher sur la lune pour les plus
riches ou sur la lagune pour les moins privilégiées.
Lorsque
l'inspiration vous fait défaut, ce n'est pas toujours parce que l'on
a fait le tour de la question ou que le disque dur s'est brusquement
ramolli. Il suffit parfois d'une mauvaise nuit, d'une semaine de
travail épuisante, d'une prise de bec quelconque, d'un fort mal de
tête ou d'un souci gastrique -si vous avez diné à Aubrac /mer par
exemple-, pour que les neurones se contractent et que l'on ne
puisse plus rien extraire de présentable.
La
plupart le combattent avec leurs armes souvent inégales. Dans ce que
l'on nomme littérature, mais qu'il conviendrait de rebaptiser
maçonnerie, tant certains auteurs se contentent d'enchaîner les
pavés, la plupart de ceux qui se vendent le font sur le seul nom
qu'ils laissent à la fin. Quant aux journalistes, leur réputation,
n'est plus à faire. Ils se divisent en deux catégories bien
distinctes. Il y a ceux qui n'ont strictement aucun avis et/ou aucun
courage et qui se bornent à ne jamais l'écrire et ceux qui ont des
avis sur tout et ont l'audace de signer des trucs qu'un enfant de dix
ans n'oserait pas présenter à sa première maîtresse. Dans les
deux cas, le rapport qualité-prix est terriblement contestable
d'autant qu'en conséquence, les canards ne se lisent plus que
lorsqu'ils sont gratuits … et encore. En sorte que la presse écrite
part en capilotade, ce qui pourrait sembler bien triste si on
n'établissait avec certitude que ce sont les patrons qui ont choisi
leurs journalistes, pour manquer à la fois d'idée, de courage et
donc de lecteurs.
Je
me souviens parfaitement du temps ou je campais dans cette position
financièrement confortable, mais déontologiquement inacceptable. Il
m'arrivait alors d'avaler à l'abri des regards, une lampée de
pétrole (enfin de whisky vous m'avez compris) pour amorcer la
flamme. De temps en temps, un supporter me lançait alors : « vous avez
bu en écrivant l'article ? » ce qui valait, de sa part, toutes
les paroles d'expert.
Voilà,
j'en suis quasiment à la fin de la fameuse page blanche, à ceci
près qu'une demi-heure après, elle ne l'est plus. Certes ce n'est
pas le poids qu'elle pèse, mais vous accepterez l'idée que cela me
soulage. Et si vous êtes restés avec moi jusque-là, ceci souligne
aussi votre courage. Non, je n'avais rien à dire, mais comme
disait-l'autre, je tenais absolument à ce que ça se sache.
Mais
je voulais aussi démontrer -notamment à ma maman- que j'étais en
mesure quelles que soient les circonstances, y compris les plus
périlleuses lorsque l'écriture ne devient plus qu'une vile
technique, un pantin désarticulé, que j'étais donc en mesure d'écrire
sans la moindre grossièreté. Et je n'évoque pas ici la vulgarité
que je laisse à ceux qui ne prononcent jamais le moindre gros mot
de crainte d'être démasqués.
Donc, maman (papa aussi par la même
occasion qui fête aujourd'hui ses 87 piges ), je m'apprête à
signer une chronique sans avoir une seule fois traité quelqu'un de
cono, ni eu envie de dégueuler, ni de rouler dans la merde. Pas
même un macarel ou ventre-saint-gris.
Comme
quoi on peut être d'une totale vacuité, tout en restant correct.
Mais revenez tout de même lundi. D'ici-là, il m'étonnerait que
n'ai pas retrouvé deux trois conneries à raconter.
Jaco.
Chronique du 2 octobre
Le
mondial de l'auto... destruction
J'ignore
qui a inventé la bagnole, mais celui-ci, je ne lui dis pas bravo !
Vous le savez-vous ? Ca m'étonne pas, vous m'avez toujours semblé
plus cultivés. Mais ne me le dites pas. Je m'en fous. Je sais juste
que c'est un sacré cono ! Il nous a foutu dans un de ces merdiers,
le type.
Si
vous êtes un tant soit peu économiste, vous aurez bien compris que
sans ce tombeau ouvert sur tous les travers de l'humanité, sans ce
puits sans fond de prétention, sans cet éternel sujet de
convoitise, sans ce faux témoin de la liberté et de l'indépendance,
bref … sans la voiture, il n'y aurait jamais eu de crise mondiale.
Enfin
si ! Une. Au PSG. Parce qu'il n'y aurait pas le Qatar et sans le
Qatar pas d'Abrovimovitsh (ou quiquon atal). Vous parlez d'un drame !
Mais sans ça, je vous signale, on paierait pas le pétrole un bras
et un oeil, ou -pour les rares qui en ont encore- la peau des
machines. On le paierait même pas du tout, vu que nos chevaux, même
avec le progrès et les dérives génétiques, n'échangeraient
jamais un picotin d'avoine, même contre deux barils de brut...
Cela
n'a l'air de rien, ce que j'avance-là. Au pas, au trop ou au galop.
Cela n'a l'air de rien, mais le début de la fin, il remonte ici et
pas ailleurs. Certes il y avait déjà des cons -souvent des voisins
ou des collègues de bureau- qui avaient un cheval plus gros que le
vôtre. Un percheron ou un comtois, mais ils n'avaient jamais les
deux (comme l'autre qui hésite le matin entre sa Ferrari et sa
Masérati). Et ils n'en changeaient pas lorsque le cendrier était
plein...
Bon,
pour aller manger un aligot chez Germaine, il fallait prévoir la
semaine. Et encore la bonne, parce que la diligence n'avait pas de
ligne régulière entre l'Aubrac et Toulon. Nous y allions quand nous
pouvions. Et à défaut de pouvoir, nous en rêvions. C'était le
temps où nous n'étions pas forcément obligés de nous rendre le cul en
bombe au moyen-orient pour signer de juteux contrats « pétrole
contre armement » en se bouchant le nez à cause de ces infects
gisements de merde noire, en se voilant les yeux pour faire comme eux
et surtout ne pas risquer de tomber sur quelques horreurs, en fermant
sa gueule enfin, afin de ne pas chatouiller leurs susceptibilités.
Et
pendant ce temps, nous turbinions mon pote. Ou nous faisions turbiner
les autres ! Car même sans la voiture, il y avait autant de
fainéants chez nous. Faut voir comme les Polonnais, les Portugais et
même les Arabes -mais pas les mêmes que ceux du PSG- descendaient
joyeusement dans les galeries de plusieurs kilomètres, habilement
creusées dans les Ardennes et dont ils ne remontaient après trente
ans dans le noir, qu'en crachant du sang, mais sans garantie que ça
dure bien longtemps.
Sur
le fond, je n'avais rien contre l'automobile. Chacun avait sa
bagnole. Le président roulait en DS, le patron en 404, l'ouvrier en
4L et le péquenot en 2 pattes. Il y avait bien une lutte des
classes motorisée, mais elle restait mesurée. Là où tout s'est
emballé, c'est lorsque pour mieux nous faire dépenser le peu
d'argent qu'on nous laissait, l'état -enfin il faut ici globaliser
et parler réellement de criminels en bande déjà mondialisée- se
mit à élargir nos routes en traçant dans nos champs de luzerne ,
nos labours et nos vallons, d'interminables rubans de pétrole. Il y
eut ensuite les limitations de vitesse, les feux, les interdictions
de stationner, la ceinture, le triangle et l'éthilotest. Puis
courant immédiatement derrière : les flics, les radars, les
jumelles, les timbres amandes, le permis à points...
Ainsi
avec le pétrole, les péages, les PV, les assurances -et on va
forcément en venir au salon de l'auto-, les machiavels qui nous
gouvernent, les têtes d'oeuf, les énarques de l'arnaque, se les
sont faites en or ! Pas les machines … car par bonheur ils n'en
avaient pas.
Et
les voici tous réunis porte de Versailles. Ah ! si on pouvait la
fermer -la porte- et jeter par étourderie une allumette dans l'un
des trois cents réservoirs de ces derniers modèles ! Quelle belle
revanche prendrait l'humanité sur ceux qui ne cessent de la conduire
dans le mur de la vanité, de l'ostentation. De la conduire à sa
perte.
Nous
en finirions avec ces branleurs qui font les importants dans leur
nouvelle ligne à 200 000 euros et leurs bécasses qui inondent le
siège de leur nouvelle emplette, dès lors qu'il est en cuir. Ceux
et celles qui vous serrent en sortant de leur voie parce qu'ils ont
tous les droits ; qui démarrent lentement lorsque le feu est vert et
n'accélèrent, juste devant vous, que quand ils seront sûrs de vous
laisser au rouge ; ceux qui prennent deux places dans les parkings
publics bondés et qui en prendraient bien trois si elles y étaient
; ceux qui ne viennent jamais à Aubrac sur mer, parce qu'on est trop
mal placé puisqu'on ne peut pas se garer devant.
Ceux-là,
voyez-vous,
ce sont les plus « beaux », des champions en
puissance. Ils n'ont pas compris qu'ils étaient les cibles
principales, les pigeons favoris de la « world compagnie »,
les dindons de la farce, des ânes de haut vol. Ils n'ont pas pigé, non
plus, que si nous étions cachés place Lambert, c'était pour ne
pas risquer d'en recevoir, ne serait-ce qu'un seul...
Et
comme disait Audiard ; « c'est même à ça qu'on les
reconnaît... »
Jaco
Stéphanie
en famille
Notre
jeune, jolie et surtout sympathique collègue Stéphanie, n'a pas mis
plus de quinze jours à prendre ses marques à Aubrac sur mer. Certes
elle n'est peut-être pas prête à traverser le plateau d'Aumont à
Laguiole à pied, mais elle a déjà converti ses deux gamins aux
beaux produits de l'Aveyron et de la Lozère. C'est d'ailleurs dans son
nouveau restaurant que Stef a tenu à célébrer les trois ans de sa
petite Léona, pour la plus grande joie de son grand frère Matéo.
Ils étaient accompagnés de la marraine Audrey et du « tonton »
Jean-Ba.
Chronique du 25 septembre 2012
L'instinct de l'intestin
Mon
cousin préféré, est un type
épatant. Et je n'écris pas ça pour mettre en valeur la famille
Cancel que personne ne connaît (à part, certains d'entre-vous peut-être, ma cousine
préférée : Dominique) bien que vous y eussiez beaucoup gagné... à la
connaître. Lorsqu'il n'est pas en mission auprès des collectivités
territoriales, pour lesquelles il s'emploie sans compter ses heures
(c'est rare non ?), il savoure tout ce que la nature nous offre de
plus solennel dans l'Aubrac. Et ce n'est un secret pour personne que
j'ai mis le cap vers lui, en guettant impatiemment le vent favorable.
A nous, ensuite, les balades à l'infini et les joutes oratoires
auxquelles on ne mettra un terme que dans une immense gerbe de rires
et d'accolades. Et j'ai volontairement omis les grandes bouffes
arrosées au coin de la cheminée, tant il faut toujours garder le
meilleur pour la faim.
Et
voilà comment je tiens encore debout, mes amis, en m'offrant de temps
à autre, quelques Epicure de rappel. Guy -dont le papa Paul fut un
pilier de la faculté de médecine de Montpellier- partage avec lui cette curiosité
permanente, cette soif de connaissance, là où d'autres -dont je
fais sans doute partie- ne sont en quête que de reconnaissance.
Lors de notre dernier et bref séminaire familial, chez Marie à Recoules, il
me fit partager sa découverte. Pas le sac d'os de Laguiole. Non,
celle qu'il doit tout à Bayliss
et Starling
(pas ceux qui ont inventé le fer à friser et la livre). Deux
savants anglais, qui en mettant les mains dans la merde se sont
aperçus que l'homme disposait d'un deuxième cerveau. Que nos
intestins possédaient plein de neurones. Cent millions !
Enfin
au départ. Car j'imagine qu'on doit en perdre quelques uns au gré
de nos nombreux passages sur le trône. Bon, certes les deux toubibs
ont trouvé ça au 19e siècle et depuis, des centaines de leurs
disciples déploient les 400 mètres carrés que nous avons dans le
bide, pour en mesurer toute la dimension intellectuelle.
Dès lors, mon regard sur les types qui ont un ventre
énorme a beaucoup évolué. Je ne me dis plus « quel porc, il
ferait mieux de venir manger à Aubrac/mer », mais : « il
doit être rudement intelligent. Il va sûrement venir manger à
Aubrac/mer ».
On aurait quand même pu nous en parler avant.
Car, désormais, nous allons pouvoir envisager les êtres et les
autres, sous un angle nouveau. Ne
serait-ce que lorsque vous entendez votre ventre qui grommelle. Ce
n'est en rien un procédé mécanique, non c'est de la métaphysique.
Voire des états d'âme. Il vous dit « Et cono ! Ça va pas de
m'avoir amené manger des frites dans ce resto ? Je ne vais pas
pouvoir me concentrer de la nuit ».
Et
quand vous pétez (si c'est le cas), pareil, il s'agit obligatoirement d'un courant de
pensée. Vous me direz que tout ce qui sort de là, ça pue et c'est
du vent. Ah ! mais là, je dis pardon. Tous ne puent pas pareil et
certains s'expriment avec plus ou moins de véhémence, de
subtilité, voire de poésie. Parfois,
depuis le mois d'août, depuis que Guy a gentiment alimenté ma
chronique, lorsque j'entends certains propos je me dis : « Tiens
! lui ce serait mieux qu'il pète. » Surtout lorsqu'en prime,
il a l'haleine fétide.
Enfin
bon, comme vous pouvez l'imaginer cette révélation me remplit
d'aise. Moi qui avais toujours eu peur que les hommes ne
réfléchissent qu'avec leurs couilles (je ne parlerai pas de leurs
femmes, puisqu'elles laissent à leur miroir le soin de le faire),
me voici totalement rassuré. Les neurones n'ont pas élu domicile
dans les testicules, mais dans les intestins. Nous comprenons mieux
désormais pourquoi il y a moins de monde dans les bars à putes de
Chicago qu'à Aubrac/mer et pourquoi, ceux qui viennent une fois,
sont ensuite irrépressiblement attirés chez nous.
Jaco

La petite toulonnaise prend ses marques en attendant le renfort de Greg notre pompier de service. Lorsqu'elle ne casse pas les coupes à salade de fruit, qu'elle ne livre pas une entrée à de braves gens qui attendent le dessert ou qu'elle ne compte pas une assiette aubracienne à 22 centimes au lieu de 22 euros, tout va bien ! Vous aurez bien compris que nous étions obligés de sévir. Après lui avoir écrasé les pieds et administré quelques coups de cuillère en bois, nous lui avons arraché un ongle. En principe, elle devrait être plus performante cette semaine... Et pour se consoler elle a fait appel à Audrey, son amie qui lui avait judicieusement conseillé de venir travailler chez les Ténardier des temps modernes.
Chronique du 18 septembre
Vendanges à Marcillac
Mettez
vos bottes, je vous emmène ce matin dans les vignes. Désolé, on n'a
pas de 4X4, vu que l'on n'a pas de gosses à aller chercher à l'école,
ni de voisins à épater. Mais vous verrez, c'est pas loin. 450
bornes. Entre Rodez et le plateau de l'Aubrac. Attention, ça monte
un peu. 400 mètres de dénivelé entre les plus hautes rangées en
encorbellement et ce village sans prétention.
Je
vais vous parler de vin, sans que j'en aie la compétence, pas même
la connaissance. Mais s'il ne fallait s'exprimer qu'à propos de ce
que l'on maîtrise, voilà belle lurette qu'il n'y aurait plus de
journaliste. Et il se serait installé une chape de silence sur le
monde qui n'aurait plus rien à envier à celui qui se pose sur le
nord-aveyron.
Je
n'y connais rien. Mais qu'est-ce que je l'aime. Déjà, je ne sais
pas vous, mais je trouve que les gens qui le produisent sont fréquemment
attachants. Je ne parle pas de M. Pétrus, de M. Yquem ou de M. Mumm.
Ceux-là ont trop de notoriété pour être honnêtes, trop de sous
pour rester purs.
Quand
j'étais plus jeune et que je mangeais au Mazuc (chez le papa de
Michel Bras) à Laguiole, puis chez Auguy à Aubrac et enfin chez
Bastide où je me sens presque chez moi à Nasbinals, je n'avais pour
le marcillac qu'un peu d'estime pour ses origines. Mais les papilles,
qui ont pourtant de la mémoire, ne remontaient jamais à la surface
du verre ballon.
Il
aura donc fallu que je me lance dans cette épopée gastronomique, ce
peplum astronomique, que je m'installe sur la surface plane du désert
culinaire toulonnais, pour que les notes de fruits rouges (vous avez
remarqué comme tous les spécialistes mettent en avant les saveurs
de cassis et de framboise, comme si c'était une honte que le pinard
ait goût de raisin ?). Avec mes amis Thuerry et Valentine de Provence, je
voulais donc connoter Aubrac sur mer, d'une touche (et non d'une tâche
qui ne part que difficilement), une touche disais-je, de vin de
« là-bas ».
Je
suis tombé sur le Laurens par un petit coup de hasard que je
requalifierai, avec le temps, de chance. Parce que Maryse, la
taulière, ne s'endort pas sur la souris. Elle clique sur internet
(même au plus profond du trou aveyronnais, c'est dire les ravages de
l'engin) et fut la première à m'envoyer tarifs et vin de
dégustation. Dans ce métier, il ne sert à rien de la ramener, il
faut juste se lever tôt ! Et bien, avec sa belle robe soyeuse et
rubiconde, la cuvée de Flars transporta mon palais jusqu'aux portes
du ravissement et réveilla en moi les souvenirs que mes papilles
avaient enfouis. Bref, depuis nous sommes en ligne avec Michel et
Maryse et cela m'étonnerait que ce soit le marcillac qui nous
sépare.
Mais
si vous venez de Rodez, ne poussez pas jusqu'à Marcillac. Sur la
route de Decazeville, tournez au contraire à gauche. Jusqu'à
Clairvaux d'Aveyron. Petit village rouge -lui aussi- portant les
traces de son histoire et de cette civilisation gallo-romaine où
l'on levait le coude d'autant plus volontiers qu'aucune tête d'oeuf
n'avait encore pondu l'éthylostest et le permis à points. Bref
c'était le temps des amphores et pas des enfoirés. Et vous en
trouverez encore pas mal, du côté de Clairvaux... des amphores.
D'ailleurs, la passion du vin remonte à la nuit des temps, puisque
dès l'antiquité, Socrate rimait richement avec picrate.
Bon,
nous y sommes aux vendanges. Jusqu'au cou. Prenez vos sécateurs,
votre seau et ne craignez rien pour votre dos, les vignes sont ici
hautes sur pattes, en espalier. Et vous voici avec une belle grappe
de fer servadou, que l'on appelle aussi le mansois ici
(mais qui n'a pas gôut à rillettes, je vous l'assure). Il s'agit du
cépage unique et quasiment endémique. C'est lui le bougre qui porte
le tanin et offre, une fois pressé, puis apaisé, ce parfum si
prononcé de terre et … de fruits rouges si vous y tenez. Voyez, je
n'y connais rien. Mais je l'aime dans toute sa simplicité qui
n'exclut pas la subtilité. Il est à la mesure du terroir, mais
également de ceux qui le peuplent. Tous ensemble, producteurs et
produits réunis, ils incarnent tout ce dont la vie devrait être
faite, avec le bonheur et l'honneur pour l'accompagner. Et dont nous
semblons nous détourner un peu plus tous les jours...
Je
n'omettrai évidemment pas la gentiane, que les Laurens tiennent à
conserver au plus près de sa racine. Ni moins encore cette
« Reine-Claude » et cette « Williams » que
j'ai le plaisir d'offrir à mes clients les soirs de fin de semaine.
Là encore, on frôle la perfection lorsque la sapidité du fruit
résiste imperturbablement à la puissance de l'alcool, au nez, en
bouche et en mémoire...
Aller
! assez parlé de ce que je ne connais pas, mais de ce que je
pressens. Une petite visite à Clairvaux s'impose. Y compris en
passant par Aubrac sur mer...
Jaco
Des tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (4)
Fabiola, au doigt et à l'oeil

Elle
a beaucoup voyagé Fabiola et elle voyage encore à travers une
oeuvre où le visage serré s'ouvre sur d'insondables horizons. De
la danse elle a gardé la fantaisie, la gaité. De l'écriture, la
rigueur, la gravité. Et donc, cette évasion sur ce quelque chose de
libre et de parfaitement maîtrisé. Comme d'autres peignent comme
leur pied, c'est du bout des doigts qu'elle façonne le visage de
l'homme et sous-tend son âme.
Et
comme rien (ou si peu) nous échappe, nous avons noté que Fabiola
Govare exposait non seulement dans la plus belle galerie toulonnaise,
mais également à l'espace du Mazuc à Laguiole en plein coeur de
l'Aubrac. Là où un petit restaurant familial a vu naître « le
trois étoiles de la gastronomie » Michel Bras. Faut-il
constamment croire au hasard ?
De
droite à gauche : Eddy (le plus jeune), Pierre, Diane, Michel,
Fabiola, Michelle, Carl, Brigitte, Agnés et Jean-François.
Chronique du 10 septembre 2012
L'éloge
de la fidélité
Ce
matin, calme, légèrement brumeux mais moineau (oui, je dis moineau
car il n'y a pas de serin dans le jardin), j'ai envie de vous parler
de fidélité... Déjà fait ? Certes, il y a un an ! C'était à
propos d'un client des premiers jours, un type présent deux à trois
fois par semaine. La banquette, où il prenait place pour déguster
le plat du jour, avait épousé la forme de ses fesses.
Je
me dis -mais qu'est-ce que je ne me dis pas ?- que ça ne peut pas
faire de mal d'évoquer, à rythme régulier mais raisonnable, la
morale. D'autant que les cours que nous dispensait gracieusement
Marianne dans nos écoles de la République, sont un peu datés. Et
le comportement des salopiots qui nous entourent, me donne à
craindre qu'elle les a même dommageablement abandonnés sur l'autel
du consumérisme libéral.
Prenez
la fidélité. Respecter ses engagements, tenir parole. Voilà qui ne
coûte quasiment rien. A condition que ce soit partagé. Si demain
je sers de la laitière hollandaise et des frites décongelées à
Gérard ou Stéphane et que l'un et l'autre ne viennent plus, ce sont
eux qui pourront dire : il n'a pas été fidèle... La
fidélité ce n'est pas tant une vertu qu'une commodité. Une vieille
amie à qui -je tiens à le préciser- je ne faisais pas d'avances,
m'offrit une démonstration convaincante : « Oh moi ! Je
suis trop paresseuse et mal organisée pour être infidèle. Tu te
rends compte ce que ça demande comme énergie de tromper quelqu'un
? »
Je
m'aperçus alors que j'étais franchement bête, car je n'avais pas
réalisé que c'était la paresse et l'inorganisation qui m'avaient
condamné à la fidélité. Ben oui, quand même, je n'ai pas
prétendu disposer de toutes les qualités. Lesquelles ne me
demandent aucun effort.
L'honnêteté
c'est pareil. Quoi que ça aille souvent de pair. Je ne suis pas
honnête -maladivement- pour m'en vanter, je le suis parce qu'incapable de faire autrement. Mentir à tout bout de champ, toujours
tenter d'extorquer et donc d'escroquer, ne pas pouvoir fixer l'autre
dans le fond des yeux -à moins d'être un grand génie du mal- cela
doit être d'un compliqué !
Mais
le pire je crois, c'est la troisième. La vénalité. Vivre pour le pognon.
Remarquez on peut difficilement être vénal et rester fidèle et
honnête. C'est d'ailleurs en cela que je vous recommande de ne pas
sombrer dans la troisième, afin de ne pas vous découvrir d'autres
sombres penchants qui, à défaut d'être irréversibles, ne sont pas
du meilleur effet sur votre conscience. A moins que vous n'en ayez
pas, ce qui ferait alors de vous un sacré privilégié. Et peut-être
même l'heureux propriétaire d'un Cherokee, d'un Q6, d'un X5 ou
d'un 4X4 !
Je
crois qu'après les gamins autour d'une piscine à qui les parents
ont appris à gueuler avant même de nager, il n'y a rien qui
m'énerve plus que de savoir que derrière des vitres fumées
quelques poignées de privilégiés se moquent de la misère
environnante. Et des fois, je comprends que nous n'ayons pas grand
monde au restaurant. Il suffit d'en croiser un, avenue de la République, dans sa forteresse
noire, pour avoir plus envie de vomir que de manger.

Et
puis il y a Jo. Le serveur que nous avions intégré dans la famille
de l'Aubrac, il y a pile deux ans. Il n'avait aucune qualité pour
l'être -serveur-, mais il me semblait les avoir toutes pour s'accrocher
dans la vie et décrocher de belles choses toutes simples. Ni pour
l'argent ni pour l'ego, mais pour simplement éclairer son chemin. Jo
a choisi de « rebondir » et c'est louable. Nous lui
souhaitons de tout coeur que ce ne soit pas dans tous les sens...
Jaco
Qu'ont-il
fait de notre rugby ?
C'est
le titre d'un livre paru il y a dix ans, pour beaucoup prémonitoire,
qu'écrivait mon excellent confrère Jean-Paul Rey -passé d'ailleurs
par Var Matin- avant d'échouer à Midi-Olympique.
M'interdisant
pour l'heure d'évoquer le club de rugby toulonnais, mais pas de
parler du sport que j'ai aimé, je vais quand même la pousser, ma
gueulante. Etant entendu que je serai toujours du côté de Dédé
Boniface qui, même en noir et blanc, pratiquait un vrai sport, au talent et à l'eau
claire (éventuellement teintée de pastis).

Les Catalans amenés par Taumololo, Vahaamahina, Watchou, Strokoch, Léo,
Narraway, Hook, Batle, Mafi, Hume, Tofifenua, Haugthon et Piukala ont
donc battu les Basques de Manukula, Tialata, Linde, Chisolm, Haare,
Phillips, Fuster, Lovoballe a...vous, Ahotaeiloa, Gerber (y a de quoi
!!!), Spedding... Et encore il en manque des deux côtés.

Mais
quand même, bravo MM Blanco, Moga, Revol , Lapasset et consorts ! En
vingt ans vous avez fait un sacré boulot pour confisquer le rugby de
haut niveau à nos gamins et remplir votre tiroir-caisse.
Et
un grand, un très grand merci à ma cousine Dominique. Nous sachant
en difficulté de personnel, elle n'a pas hésité malgré quelques
soucis physiques (je ne parle pas de la taille !!!) à venir nous
aider en dépit de mon refus initial et de ma réprobation finale.
Il faut dire qu'elle avait choisi l'un des postes les plus agréables de la restauration : la plonge ! Enfin bon, ma vieille cousine compte parmi ceux grâce auxquels on a encore envie de se battre. D'autant qu'elle en est convaincue, Aubrac sur mer est un repaire de bons goûts, comme c'est écrit sur les tee shirts qu'elle nous a offerts...
Il faut dire qu'elle avait choisi l'un des postes les plus agréables de la restauration : la plonge ! Enfin bon, ma vieille cousine compte parmi ceux grâce auxquels on a encore envie de se battre. D'autant qu'elle en est convaincue, Aubrac sur mer est un repaire de bons goûts, comme c'est écrit sur les tee shirts qu'elle nous a offerts...
Chronique du 3 septembre
Pluvieux...
de trois ans
Je
m'étais promis, s'il devait pleuvoir un jour, de danser nu sous les
nuées... Certes le Meije-pan, mon joli ruisseau cuersois, ne s'est
pas remis en branle pour autant, épongeant avidement ces humides
subsides sans pour cela étancher sa soif. Mais, après trois mois
sans la moindre goutte, cela s'arrose non ? J'imaginais alors une
sorte d'allégresse spontanée, un déferlement de concitoyens
plongeant dans l'eau bénite et l'Aubrac sur mer.
Il
me fallait toutefois y renoncer car, danser nu sous la pluie ne
pouvait se concevoir. Bien que l'on en ait vu d'autres -et des pas
mûres- autour de la fontaine Lambert, je devais rester digne et
présentable. Car en ce samedi d'orage, nous n'avions pas encore
touché au désespoir. Donc, on travaillait. Enfin c'est ce que l'on
envisageait raisonnablement.
D'autant
qu'en ce soir de premier septembre, Marie et moi, fêtions
l'anniversaire de notre restaurant. Bien au-dessus des vacations
ordinaires entre cuisine, salle et terrasse ; par delà les soucis,
les coupures, les brûlures, les brouilles, les pannes et les peines,
il s'agissait de célébrer la réalisation d'un projet -une vocation
(?)- qui me hantait depuis des lustres. D'une belle aventure humaine
située à notre intime échelle. De rencontres attachantes,
surprenantes et surtout prenantes. En foi de quoi, nous nous sentions
encore exister. Presque libres ! Les cimetières sont emplis de gens
qui se sont interdits leurs rêves, refrénés par des peurs
judicieuses ou inutiles, par trop d'humilité ou de timidité. Nous
au moins, nous nous serions mouillés ! En somme, par ce temps
d'averses, on se sentait pluvieux... de trois ans.
Léa,
ma vieille copine, ma complice de toujours -même par intermittence
–, désormais réfugiée en terre neutre, fut du reste la seule à
nous envoyer un petit mot pour célébrer cet infime événement.
Oui, mais quand même ! Elle qui avait été là, le premier
septembre 2009, sa petite attention commémorative, ce « je ne
vous oublie pas » me toucha au plus haut point. Ce ne furent
que quelques furtifs instants de réconfort. Car après un service de
midi, où Patricia et Pierre, Nicole, Romain, Michel et sa compagne,
ainsi que Roman et ses parents, nourrissaient encore notre illusion
d'exister en même temps que leurs estomacs, nous ne présagions rien
du suprême affront !
18
heures pas une réservation. 20 heures pas un chaland à l'horizon.
22 heures, je rabattais les deux lourds volets verts après avoir
avalé un fond de salade et ravalé mes illusions.
Je
me retourne alors et je découvre un gouffre d'incompréhension. Un
labeur acharné, un sillon quotidiennement creusé, un trésor de
patience, un océan de passion. De la gentillesse, de la qualité, de
l'honnêteté. Nous offrions bien plus qu'un café ou qu'une belle
eau de vie de Marcillac à nos visiteurs, nous leur tendions nos
coeurs. Pour en arriver là : zéro !
J'ai
remonté fébrilement le temps à travers nos trois agendas et je
n'ai pu retrouver trace du vide sidéral d'un samedi soir. J'avoue
qu'à la place de tous ceux qui ce sont esclaffés à l'annonce de
mon projet ; à la place de tous ceux que j'ai laissé à la
médiocrité d'un journal qui pouvait enfin rivaliser avec les
meilleurs torchons publiés par R.H. et ses affiliés ; à la place
de ceux qui, en outre, n'attendaient que ça, je me serais peut-être,
moi aussi, bien marré.
A
cet instant, je mesurais impeccablement le sens que l'on peut donner
au mot nausée, lorsqu'il est provoqué par autre chose qu'un plat
avarié. Je pensais aussi à nos amis, ceux du « top 50 »
publié dernièrement, dont la fidélité et l'enthousiasme
n'auront pas été communicatifs. Et je voulais à tout prix leur
dire que si nous ouvririons mardi matin, ce serait grâce à eux. Et
que, même si nous n'avons pas d'autre choix, ce serait un peu pour
eux aussi...
En
attendant des jours meilleurs et la prochaine sécheresse !
Jaco
Nos
amis varois de Prinsuéjols dans l'Aubrac, nous ont transmis ces
deux vidéos que nous ne résistons pas de mettre en ligne à notre
tour, afin de vous faire partager nos passions communes pour le
plateau aveyronnais-lozérien et … Jean Ferrat !
http://www.youtube.com/watch?v=PXd6xTMLvpw
et
Chronique du 28 août 2012
La lune et le vélo en deuil
Armstrong est mort deux fois
cette semaine. Et s'il n'y a que peu de chance que Neil revienne un
jour, il n'y a quasiment aucun risque que Lance ressuscite. L'un
avait marché sur la lune, l'autre écrasa le tour de France. Le
premier s'était contenté d'apparaitre une fois en bibendum
bondissant sur le petit satellite de la terre, le second s'adjugeait
sept victoires dans la grande boucle sans le moindre égard pour ses
seconds. Celui de l'Ohio avançait à 10 000 à l'heure, le Texan ne
dépassait pas les 20 dans le Galibier.
L'extra-terrestre n'est pas
celui que l'on croyait. Le géant Neil Armstrong figurait parmi les
humbles, discret, prudent au contour de tous ses propos. Fuyant
caméra et micro dès lors qu'il n'avait plus rien à dire, il
n'avait pas davantage sombré dans le grand cirque
politico-médiatique. On ose à peine imaginer si Bernard-Henri Lévy
avait marché sur la lune... et on panique !
On peut toutefois trouver
une autre explication à ce mutisme qui vient d'atteindre son
paroxysme ce 25 août. Le pionnier lunaire jugeait probablement aussi
qu'il en avait assez dit -de conneries- pour ne plus en rajouter
alors qu'il n'avait plus que des occasions de se taire. Parce que
pardon : « Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour
l'humanité... » en voilà une de belle ! Je sais pas si vous
avez la moindre idée de ce en quoi l'humanité a progressé depuis
le 21 juillet 1969, mais si c'est le cas, ne soyez pas vache, faites le moi
partager.
Tout ce que je sais, c'est
que j'avais onze ans et que je roulais dans la nuit entre
Aix-les-bains et Graulhet à l'arrière d'une R8. J'observais la lune
en écoutant les commentaires sur France Inter. Car c'était l'époque
-qui dura chez mes parents jusqu'à la malédiction de la Coupe du
monde de foot 1970- où l'on pouvait regarder le poste et nourrir son
imagination, en évitant la grande machination de l'image et de la
télé qui allaient coloniser les esprits -surtout les faibles- et
faire pour le coup, un grand mal à l'humanité.
Avec notamment les
retransmissions du Tour de France et la glorification de tricheurs
invétérés et souvent invertébrés. Car ce qui me choque, outre le
culot inouï de cet Armstrong-là qui s'offrait le luxe d'être en
prime éminemment antipathique, c'est l'assourdissant silence qui
accompagna sa grande carrière de tricheur. Que ses équipiers, qui
béquetaient sur son EPO, se soient tus, passe encore ; mais que tous
ceux dans le genre Virenque, Pantani et je ne sais combien d'autres
-qui ont plongé dans l'opprobre- l'aient bouclé, là, cela m'échappe
! Il s'agit sans doute de l'un de ces grands numéro de lâcheté
dont notre société semble désormais se repaître à satiété.
Un tribunal américain l'a
destitué de ses sept victoires, se substituant au passage à l'UCI
qui n'a jamais eu l'honnêteté de le faire. Seuls quelques croyants
intégristes de la petite reine peuvent dés lors imaginer que
l'image sainte du champion bidon sera un jour distribuée à l'entrée
de la grotte du Tourmalet. Le vélo, dites-le vous bien, c'est
fini. Et c'est une bonne nouvelle. On peut même raisonnablement
envisager qu'il n'entraîne tous les sports de compétition et de
pognon dans sa chute.
Un jour je vous exposerai
mes propres croyances en l'occurrence. Comment récupérer beaucoup
d'argent en mettant tous ces sportifs à courir, pédaler et ramer
afin de produire de l'électricité. Propre et pas chère puisqu'ils
se contenteront -comme vous et moi- de 2000 euros. Ce qui est déjà
bien beau pour le peu d'expertise que cela demande. On branchera
aussi les commentateurs télé sur des accumulateurs, car avec toute
l'énergie qu'ils produisent à gueuler pour du vent dans leur
micro, je ne doute pas qu'ils rivalisent avec les éoliennes. Fini
ces types qui, avant de courir 100 malheureux mètres, font les
singes devant des caméras complices et idiotes. Fini ces Experts qui,
parce qu'ils sont champions du monde d'un sport qu'ils sont les
seuls à pratiquer avec l'Islande et la Moldavie, se permettent de
mettre à sac un plateau TV. Fini ces présidents mégalos-paranos qui,
parce qu'ils ont un peu de fric à perdre, se permettent de diffamer et
d'humilier les arbitres, les vieux, les journalistes qui leur
résistent...
Car quel exemple donnent
tous ces gens que l'on paie des fortunes pour abrutir le peuple, aux
enfants de ce peuple, justement ? Quels repères, quelles valeurs,
quelle intelligence ?
Alors oui, fini le cyclisme,
l'athlétisme, le hand, le rugby. A moins que tout au contraire, ces
sports ne renaissent. Et que l'on retrouve un peu de plaisir à
courir et jouer. Sans argent, ni caméra... Finalement je ne te dis
pas merci Lance, mais le coeur y est...
Jaco
Chronique du 21aout
Le top 50 de nos fidèles
Ça y est, on arrive
! On ouvre les lourds volets verts, Jo installe la terrasse au pas
de course -ce qui est bon signe !-, Marie dresse les couverts et les
verres sauvages. Dans la cuisine, les frigos réduits au silence
depuis un mois reprennent leurs ronrons et le four monte froidement
en chaleur. Le parfum des crèmes caramels flotte sur la cambuse.
Romuald ne va pas tarder à pousser la porte avec trois énormes
colis et sa bonne humeur. Nous en extrairons les merveilles de
Conquet : entrecôtes géantes, rumstecks fondants, saucisses et
tripous irrésistibles. Il ne manquera plus alors que le facteur qui
nous amènera une lettre du RSI nous demandant des ronds.
Bientôt ce sera le
train-train. Enfin pas exactement. Le train-train, c'est jeter des
frites congelées dans une cuve d'huile saturée. C'est tenter
d'ouvrir de vieilles moules épuisées. C'est tirer et fermer à tout
bout de champ et pour n'importe quoi, la porte du congélateur, puis
immédiatement après, celle du micro-onde.
Mais, faire et
refaire l'aligot tous les jours en l'écoutant filer sur la cuillère
comme la corde d'un violon sous l'archet ; chercher le bon équilibre
pour sortir le meilleur gaspacho ; marier le cèpe, l'échalote et le
thym pour faire exploser les saveurs de la sauce Aubrac ; tourner
des crêpes en pleine canicule ; poêler une belle pièce de bœuf
dans le crépitement piquant du saindoux et de l'huile d'olive... il
n'y a là point de routine. Le bonheur est ici renouvelé, les
sensations différentes : le geste, les murmures, les coups de
gueule, les effluves, les saveurs.
Voici tant de
valeurs et de mots ajoutés, presque un bréviaire dont on jurerait
qu'il est devenu obsolète. Tant et si bien qu'il nous plonge dans
une manière de solitude qui, si elle n'était pas faite pour me
déplaire initialement, commence à me taper sur le système. Il
arrive un moment ou l'ivresse de la solitude se mue en vertige de
l'isolement.
Lorsque par
extraordinaire il passe quelqu'un place Lambert il lit : « Pour
votre santé, restaurant garantie sans frite ! » et il poursuit
son chemin en riant. Remarquez c'est déjà beau de rire de sa
connerie. Il y aussi ceux qui se prétendaient mes « amis »
- sans doute de la même grande famille d'encre-usée de Face
d'Bouc- et qui se disent entre-eux, péremptoires : « l'aligot
en juillet, pas question !». Et puis tous ceux qui bouffent des
graines et broutent de l'herbe toute l'année en se mâtant le cul
dans leur miroir de princesse ou en s'admirant le nombril chaque fois
que le coq chante...
Lorsque nous avons
porté Aubrac sur mer sur les fonts baptismaux nous connaissions bien
cette émergente engeance et son redoutable pouvoir de nuisance sur
le bon goût et l'intelligence. On ne la soupçonnait pas, néanmoins,
à ce point majoritaire. Et ne parlons pas de ceux qui, au cœur de
Toulon, nous trouvent « trop loin » et qui à 500 mètres
de tous les parkings, redoutent de ne pouvoir se garer. A tel point
qu'il nous arrive parfois d'imaginer que nos seuls clients potentiels
sont tous handicapés.
Enfin bref. Nous
sommes hyper heureux de nous être levés le cul et de bonne heure
pour rétablir un semblant d'intégrité et d'allégresse à la
« bouffe » toulonnaise. Hyper heureux parce que vous
êtes-là, mes amis, mes frères, mes sœurs, mes saints d'esprit,
mes fines gueules. Vous pour qui le bœuf, le veau, le cochon et
mêmes les couvées d'Aubrac ne sont pas morts pour rien. Sur nos
trois premières années d'exercice, j'ai établi un classement dans
l'ordre de cette fidélité, à laquelle je suis tellement attaché.
Non seulement parce qu'elle honore l'humanité, mais aussi parce
qu'en l'occurrence, elle nous permet de vivre. J'aurais pu en mettre
cent et même au-delà. Mais cinquante ce n'est pas si mal (et
tellement difficile à caser sur une seule photo !) et j'espère bien
vous y voir dans le futur palmarès de nos joyeux convives...
Comme chaque année
nous attaquons ce quatrième tour avec l'espoir que ce ne sera pas le
dernier et qu'au contraire grâce à vous, à ce blog que vous
diffuserez au centuple, à notre cuisine que vous apprécierez
toujours plus, à notre générosité que l'on ne vante que parce
qu'elle est naturelle, nous serons enfin payés en retour.
Adiou et mantsas
pla...
Jaco
« Aligot ...! go...! go...! » selon Christian
Nous avons reçu ce
cri de ralliement de notre ami Christian, tellement provençal et
pourtant passionné d'Aveyron comme nous. Et quand il ne chante pas
-avec le groupe Occi'cant- la Coupo Santo sur la pelouse de Mayol, il
chante le terroir, la gastronomie, l'amitié. Voici sa carte postale
à lui que l'on aurait pu rebaptiser Coupo d'aligot :
Cri
de raliement bien connu des adictes de la pommade rouergate.
Moi,
c'est pas compliqué : en 5 jours (trop courts) passés aux confins
tarno-aveyronnais, du 1 au 5/08, je m'en suis enfilé, goulument,
résolument, avidement, incontestablement, incontournablement,
volontairement, passionnément -m'avez compris- :
aligot/saucisses le 1 au soir à Sauveterre de Rouergue,
aligot/jarret de porc le 2 au soir à Monesties , itou entrecôte,
si... si... même lieu le 3 au soir, à midi avec une andouillette
-woueï !, le 4 à Najac, -Et le 5 ? RELACHE.
Ceci
étant proclamé, revendiqué, affirmé, que dis-je ?, bu et approuvé
avec des Gaillac blancs, éventuellement "perlés",
je suis déjà z'en manque.
Tu
vois, nous on a l'ailhet, p... ça me plait, mais après, c'est bien
connu, faut faire un pénéqué et surtout pas aller carigner,
que la belle elle va pas le supporter. Tandis que l'aligot, ça
glisse, ça onctue, ça satine, ça adoucit, ç'est
moelleux, paisible, compréhensif, tolérant.
Une
fois digéré tu peux t'y recoller, ça prête pas à conséquence.
Que
du bonheur.
Bon,
Saints Nasbinals, Chély, Urcize et Enimie que votre aligot soit
sanctifié et, si ce n'est déjà fait, inscrit au patrimoine
de l'humanité. »
Crestian;
lo geolog occicantesque.
Post-scriptum
Les vacances continuent et elles ne
sont pas de tout repos. De notre base tarnaise évoquée ci-dessus,
nous avons dérivé vers l'Ariège. Nous sommes allés faire le plein
de générosité, d'enthousiasme et de gaité, chez les nouveaux amis
qu'on a : les p'tits canards de Durban/Arize. J'ai prénommé : José et Jean-Luc.
Les lecteurs assidus -et même plus- ont déjà lu la chronique que
je leur ai consacré il y a six mois, lorsque nous les avions
découverts. Deux « titis » toulonnais qui ont craqué et
qui ont tout lâché de leur vie insipide et superficielle, pour
s'installer au milieu de plus rien et communier avec ce qu'il en
reste. Sur l'anso de Marichott (l'enco de Thérèze et Rosalie si
vous aimez mieux), José et Jean-Luc gavent leurs canards à tour de
bras et reçoivent de bon coeur. Y compris quelques vieux souvenirs
varois, tels que Barbara , Bernard (et Orane) du Pradet, avec lesquels
nous nous sommes retrouvés sur la « ligne verte » pour
une soirée de folie, à défaut d'une matinée sur Rosalie. Et avant
que d'évoquer furtivement la soirée, nous devons tous passer un
très amical coucou à Liliane, sans laquelle tout cela n'aurait pas
existé.
Nos « P'tits canards » ont
installés, sur l'aire du Ségalas à Durban entre Foix et
Saint-Girons-, une superbe guinguette où les tartines de jambon, les
kebabs de canards et les frites maison à la graisse de coin-coin,
partent comme des petits pains -avec un peu de foie gras dessus-. Et
à l'occasion nos aventuriers-poètes de la bonne chère et pour la
bonne cause, donnent aussi dans le spectacle. Chouette ! Ce
vendredi-là, il y avait spectacle. Nous avons vu panteler jusqu'à
l'anse, un véhicule « utilitaire » dont l'utilité
pouvait, de prime abord, nous échapper. Deux hurluberlus en
descendirent. Des extra-terrestres comme l'Ariège en réserve encore
quelques spécimen conservés dans les torrents de montagne et l'eau
de vie... Anne-Sophie (Soan pour les intimes) toute calme et timide
et Rémi un peu paumé se transformèrent alors en Tzigales. En
lions. Un guitare, un chapeau en canard, deux couettes, un accordéon,
une voix. Et en avant. De « J'y vas t'y » à « La
femme du Chasseur » en passant par la « Comédie »
, de la « Piscine » aux « Spermatozoïdes »
je ne sais ce que j'ai le plus aimé de ces arrangements ou -plus
exactement- de ces dérangements. Je ne sais si ce sont des parodies
de Gainsbourg, Barrier, de Paolo Conté, Boris Vian et des Frères
Jacques, mais j'étais au paradis. J'en conclus qu'il s'agissait de
sublimation de chansons sensuelles et grinçantes. De géniales métamorphoses. La
« Déambulation » délirante et « l'Indifférence »
totale m'ont laissé sans voix.
J'y vas t'y, j'y vas ? Givrés...
Allez y aussi. Trouvez leur CD, allez
les voir sur http://www.myspace.com/lestzigales/music/songs/
harcelez masson.annesophie@voila.fr
et nous ferons ce qu'il faudra pour que ces deux-là viennent
jusqu'à nous, au Pradet et Place Lambert.
N'est-ce pas Bernard et Jean-Luc ?
Chronique du 7 août 2012
Le pouvoir des
fleurs
Au trentième
cocorico poussé sur les ondes médiatiques par Gérard Coqltz je me
suis échappé. Je n'ai rien contre les manifestations de joie,
j'accepte les effusions avec parcimonie (si elle s'est lavé les
dents) mais il m'est nécessaire d'en palper le fondement. Tandis que
là, le type, à la télévision, qui s'étouffe durant 9 secondes et
63 centièmes parce que Bolt a battu Blake de 8 dixièmes, là, vous
pourrez vous lever aussi bonne-heure que vous voudrez, vous ne me
l'expliquerez jamais.
Après, qu'il y
ait des demeurés, y compris à la télévision, je n'en doute pas.
Qu'on les recase aux sports, j'en connais... Mais pas à une heure de
grande écoute, pas devant des millions d'enfants. Parce que si on
commence à se piquer à l'extasie en apercevant huit types courir
côte à côte, que se passera t-il lorsqu'on découvrira des
milliers de fleurs nouvelles tapissant un horizon de joie ?
Depuis que le
monde est monde, on a donné de l'argent à une poignée de riches
pour qu'ils puissent s'amuser et des jeux à des milliards de pauvres
pour qu'ils se contentent d'en rêver. Ni Désmoulins, ni
Cambacérès, ni Saint-Just, ni Besancenot ne sont parvenus à
perturber le cours de cette sale histoire...
Je suis donc
sorti, avec mon bâton et ma femme -je n'ai pas de chien !- pour
rallier Bastide à Bastide. De la Route d'Argent -au coeur de
Nasbinals- au buron de Born -au milieu de plus rien-. Au premier
regard jeté sur l'immensité, les bords de sentiers s'éclairent
comme une piste d 'atterrissage dans la nuit. Ce sont les
brassées de digitales et centaurées qui ondulent au loin comme une
vague qui vous appelle. L'oeillet de séguier et la frêle aspérule
vous courent, téméraires, sous le pied, jouant de bleus et violets
avec la jaune gagée ou le petit pavot.
Et il n'y a
jamais d'herbe assez. Ni d'herbacée. De la petite violette lutéa,
au grand genêt poilu, la nature soupire de grands bonheurs
tranquilles. Mais l'ancolie des montagnes nous ramène à la réalité,
jusqu'à ce que la gentiane, le thé d'aubrac et la ligulaire vous
entraînent dans un tourbillon où s'enroulent déjà, sauterelles et
papillons. Le bourdon dandine son gros dard à l'air tandis qu'il
farfouille au plus profond d'un coeur de chardon. Là-bas l'orchis
disparaît dans l'herbe folle...
Mais où sont
donc les caméras de télévision ?
Et rendez-vous
compte, si au lieu de sa voiture, l'homme avait choisi la nature. Si
plutôt qu'à moteur il avait pris la mer à la mâture. Si plutôt
que le Nebraska, la Thaïlande et les Seychelles, le touriste avait
découvert l'Aubrac, la Drôme et le Comminges ! Combien d'économies
aurions-nous pu réaliser pour que les riches puissent s'amuser. Une
balade sur un sentier de Lozère, contre un jeu vidéo, une tablette,
un I-pet ! Vous imaginez, d'un coup, l'économie de petits cons en
puissance ? Oui je sais, c'est vertigineux. Et utopique. On me dit,
dans l'oreillette, que mon voisin préférera toujours l'odeur du
kérozène brûlé à une bouse fraiche livrée le matin même avec
les croissants chauds. Qu'il privilégiera aussi sa séance photo et
sa projection vidéo des vacances au Kenya -deux heures aux bas
maux- en famille, à l'évocation furtive d'un bien-être à partager
et à découvrir. Qu'il s'appuiera systématiquement et à jamais
sur les roues de sa bagnole plutôt que sur un bâton de randonnée...
En somme ce n'est
pas pour une fleur de montagne, un concert de clarines sautant de
vallons en forêts, un petit air de liberté, un grand bol d'oxygène
que l'homme va risquer de marcher dans la merde.
Il préfère, y
rester !
Jaco
Chronique du 31 juillet 2012
Pur jus olympique
Bouhhhhh, excusez-moi, je suis encore
en retard. Cette fois ce n'est pas la faute à la voisine. Je l'ai
expédiée à cinq cents bornes, elle peut toujours tousser et sa
gamine s'égosiller. Non, cependant il y avait de la colle dans le
lit ce matin. Quel alcool ? Non ce n'est pas l'alcool, je viens de
vous dire de la COLLE dans le lit.
Rapport à l'heure à laquelle je me
suis couché cette nuit. Depuis qu'ils sont partis, depuis que le
« Gode save ze couine » s'est érigé dans le ciel irisé
de London, je suis à fond dedans. De l'aube au crépuscule et, si je
suis avec vous pour ce petit moment de chronique extatique, c'est que
je vous aime. Pas tant qu'Elise Bussaglia la football-woman ou Franck
Dumoulin le tireur à la carabine 50 mètres rifle trois positions
(certes loin du kamasutra), mais quand même je suis heureux d'être
avec vous.
D'ailleurs je me dois de vous faire un
aveu. Si je suis parti en vacances, si nous avons fermé à cette
époque où nos concurrents accueillent, à bras ouverts et un grand
sourire, les touristes à la pelle, c'est exclusivement pour ne rien
manquer des aventures de Kevin Sireau ou de Sandie Clair, ces
athlètes bien de chez nous dont Var Mat a décrété sur cinq
colonnes à la « une » que nous étions tous avec eux. Je
ne connais pas personnellement le rédacteur en chef du journal en
question, mais il doit y avoir du Pierre Lazareff en lui !!!
Mais une telle ferveur a un prix. Je
suis épuisé. Depuis la cérémonie d'ouverture, je n'arrête plus.
Les sites sont certes homogènes, les directs bien enchaînés et les
piles de ma télécommande sont neuves, mais on finit par avoir des
crampes à la patte d'oie et des fourmillements aux orteils.
Vous avez vu si c'était somptueux
cette inauguration, là. Vous avez vu la reine descendre en parachute
dans les bras de James Bond. Et le sous-marin jaune et le beau Beckam
et prince Harry... Qu'est-ce qu'ils sont fortishes ces britishes. Il
faut bien le reconnaître, avec un tel humour on comprend mieux
qu'ils aient séduit le Comité International Olympique.
L'humour et pas le fric parce que vous
le savez, grâce au Baron de Coubertin, l'argent est totalement
banni, voire même honni des monts d'Olympe. Et encore heureux. Il
manquerait plus que ça qu'on verse des pots de vins au Bhoutan ou à
l'Albanie pour qu'ils votent en faveur des uns ou des autres. Il
manquerait plus que ça que l'on paie un joueur de basket américain
ou un perchiste français. Il manquerait plus que ça que des
multinationales s'approprient ce symbole du patrimoine universel,
pur, laïque et totalement désintéressé. Il manquerait plus que ça
que le pognon coule à flot entre les bouées des piscines et les
lacs artificiels et que l'on transforme un site olympique en parc
d'attractions Mickeyland, où l'on peut décrocher le jackpot
à chaque sourire d'enfant, à chaque émotion athlétique.
Parce que je sais pas vous, mais voir
ce filin se tendre au bout de l'arc, ce doigt se contracter sur la
gâchette, ce type qui court depuis quarante bornes au bord de
l'effondrement, ces deux corps enlacés depuis des plombes sur un
tatami en gréco-romaine, ces gracieuses demoiselles taper dans un
ballon -ou parfois même à côté-, ces aller-retours dans un
bassin pour une chaîne ininterrompue de brasses et de papillons
d'une semaine dont on sort des médailles à foison comme des
poissons d'argent -pour ceux arrivés seconds-, ces petits bateaux,
ces petits vélos, ces gros dadas et tous ces fadas qui commentent à
la TV comme si leur vie en dépendait. Tout cela me remplit
d'allégresse et me regonfle le moral comme après un service gagnant
(vingt-cinq couverts minimum).
Et puis, vous savez
ce que c'est. En
vacances on n'aime pas bien être dérangé avec les cataclysmes en
Amérique du sud, les génocides en Syrie et les licenciements en
série. Chacun son merdier en somme. Même les brasiers du sud-est dont la
télé fait son beurre estival, se semble plus faire frissonner
l'imaginaire.
A la place vous prenez un Lacourt, vous
lui pendez une breloque autour du cou et vous avez la moitié de la
France (féminine) en orgasme, l'autre moitié ramassant le pactole. Car au
fond, rêver de ce qu'elles n'auront jamais et compter les médailles, voilà un résumé exhaustif de l'hexagone . Aux Jeux
Olympiques et à la Caisse d'Epargne. Et comme dirait l'autre cono
avec sa voix de fausset, sa coupe en brosse et son petit vélo :
« vive le sport à la télé» !
Jaco
Chronique du 24 juillet
Salauds
de pauvres !

Moi, je le savais qu'on serait emmerdé
avec ces types. C'est comme s'ils avaient quelque chose contre le
pognon. A tel point qu'ils ont décidé d'en rendre. Tenez, le
Hollande, là, il refile un tiers de ce que son prédécesseur
s'était octroyé à la sueur de son immense front. Pareil pour les
ministres ! Ah ! ils feront moins les malins lorsqu'ils verront les
prix de la dernière BMW X5 ou d'un jet privé de type Gulfstream.
Parce que tout augmente, monsieur, même les produits de première
nécessité !
Alors non seulement ils ne travaillent
pas ; non seulement ils ont les traits tirés d'avoir écouté, tard
le soir, les prévisions boursières de Jean-Pierre Gaillard ; non
seulement ils ne savent pas si la façade de leur chalet de Megève
sera repeinte avant leur arrivée et si le palais de Mougins ne sera
pas menacé par ses trois-cent-cinquante hectares de pinède ; non
seulement le licenciement de huit cents ouvriers dans leur boite de
la Mayenne est contesté par les syndicats et le gouvernement -
alors que pourtant ils ont fait l'effort d'en embaucher 5 000 en
Moldavie l'hiver dernier- ; non seulement tout ça, mais on voudrait
encore leur prendre tout ce qui dépasse un million d'euros !
Comprenez la panique, que voulez-vous
qu'ils fassent avec un malheureux million d'euros de revenus annuel.
D'ailleurs, plutôt que de rire bêtement devant votre écran, vous
devriez vous remettre en question en vous interrogeant sur ce que
vous feriez avec un million d'euros ! Moi ça y est, j'ai trouvé.
J'ai eu du mal, mais j'ai trouvé. La première année pas de
problème... mais c'est les suivantes ! Quand tu as tout ce dont tu
as envie et que c'est tout neuf, l'année d'après tu te demandes un
peu ce que tu vas foutre de tout ce qui dépasse le million de
revenus. Mais ça ,c'est mesquin de ma part, parce que eux, ces
victimes du collectivisme, ils savent faire...
Dans ces conditions Zlatan Ibrahimovic
a un mérite extraordinaire. Si vous êtes comme moi, vous n'en aviez
jamais entendu parler. Et pourtant les Kowétiens (ou Qataris, j'en
sais plus rien, mais ce sont des fous enturbannés) lui ont filé 14
millions pour aller taper dans son ballon au PSG.
14 M€ pas pour les trois ans de contrat, non 14 ... chaque année ! Vous vous rendez compte ce qu'il va devoir redonner à l'état français en trois ans ? 37 millions ! Ce type, à lui seul, va renflouer les caisses de la sécurité sociale. A condition toutefois qu'il ne se blesse pas ! Car à ce moment-là, c'est la sécu qui va devoir le payer... Alors que s'il avait été à Monaco, c'était tout pour lui. Bon mais il faut l'excuser ; c'est vrai qu'il a l'air très con... il a tout du footballeur !
14 M€ pas pour les trois ans de contrat, non 14 ... chaque année ! Vous vous rendez compte ce qu'il va devoir redonner à l'état français en trois ans ? 37 millions ! Ce type, à lui seul, va renflouer les caisses de la sécurité sociale. A condition toutefois qu'il ne se blesse pas ! Car à ce moment-là, c'est la sécu qui va devoir le payer... Alors que s'il avait été à Monaco, c'était tout pour lui. Bon mais il faut l'excuser ; c'est vrai qu'il a l'air très con... il a tout du footballeur !
Et j'ai maintenant un aveu à vous
faire. Il taraude ma conscience. Erode mon sommeil. Cette année
-malgré les « socialos »- je ne paierai pas d'impôts
sur la fortune. Ni même sur le revenu (il faut dire que je ne suis
jamais parti très loin...). Bien sûr que j'ai honte de ne pas, moi
aussi, contribuer à la construction d'un nouvel aéroport ou d'un
cuirassé à propulsion nucléaire, j'ai honte et ça me mine
jusqu'au plus profond de mes nuits.
Tous les matins, vers 7 heures je me
lève sur la pointe des pieds. Discrètement, j'ouvre les volets de
mon restaurant. Sans le dire à personne mon épouse vient me
rejoindre. On bosse comme des dingues, pas trop mal -enfin on fait ce
qu'on peut- et on rentre épuisé après 60 heures par semaine.
L'astuce pour ne rien payer, c'est de ne rien gagner. Ça fait trois
ans qu'on fait ça super-bien. A part quelques mois en « R »
on arrive même à en perdre un peu. Et surtout pour ne pas risquer
d'avoir à participer à l'effort collectif de redressement national,
on s'arrête un gros mois... Et on se permet de narguer ces
malheureux riches : à notre tour on ne fait rien. Mais la
différence c'est qu'on le fait, encore, gratuitement !
Allez, on vous a fait ces confidences,
chers clients, parce qu'on vous aime, mais ne le répétez pas. On
pourrait bien finir par avoir des ennuis et être contraints de
s'exiler au Bengla...dèche.
Jaco
Chronique du 17 juillet
Halte aux
artifices
Ce dimanche
matin, impossible d'écrire ma chronique. Trop de vent ! Je n'étais
certes pas en équilibre sur mon vieux noyer, mais il y avait les
voisines. La gamine de cinq ans dont les piaillements augurent bien
de sa carrière de future blonde et la vieille qui la garde. Celle
qui tousse d'une seule toux pendant dix minutes avant de reprendre
son souffle pour encourager la gamine à travailler ses aigüs.
Elle est à cent mètres, mais pile dans l'axe de ma fenêtre si bien
que sa douce voix rauqe and folle vient me taquiner l'occiput
chaque fois que le mistral me la porte sur un plateau. Au début je
me suis dit qu'avec ses deux paquets de clopes elle allait bien finir
par le choper le crabe. Je ne lui donnais pas plus de vingt quatre mois
à la cheminée. Eh bien croyez-moi ou pas, elle siffle toujours...
et pas que de l'eau.
Et je ne
veux pas la mort de tous les gros fumeurs. J'en compte pas mal parmi
mes amis. Quand je dis mes amis, ce sont mes fidèles clients, car
désormais foin de vie privée et de sentiments profonds, mes amis,
les vrais, c'est vous. Ceux que je vois toutes les semaines ou
presque place Lambert et qui supportent de lire, sans broncher -ou
presque- toutes les conneries que je débite à longueur de blog.
Vous me direz que pendant ce temps je ne dis pas de mal du voisin ou
de la voisine. Enfin, sauf aujourd'hui ! Non, qu'elle fume soit, tant
que c'est pas dans mon salon ! Qu'elle tousse, passe encore... Mais
qu'elle m'empêche d'écrire le dimanche matin en m'expédiant ce
qui lui reste de cordes vocales par le premier mistral, là c'est non
!
Que
voulez-vous, quand on pullule de la gueule, le plus souvent
pour ne rien dire, je n'arrive plus à me concentrer et je bloque.
C'est comme quand je vais aux vécés, si je devine quelqu'un
derrière la porte, pareil... Pourtant je ne suis pas du tout
constipé -on se croirait égaré dans une discussion sur Facebook
!-, mais même pour faire pipi, ça me gêne, si vous êtes derrière
la porte.
Enfin bon,
y a du vent. C'est couillon parce que du coup, hier soir, il nous ont
sucré le feu d'artifice. C'est pas que je sois accro
à la belle bleue et aux bouquets finauds
mais toujours pareil, c'est pour le biseness. Je me suis dit
que la mairie trouvait que les restaurants marchaient trop bien cet
an-ci et qu'on pouvait donc leur faire sauter la soirée du 14
juillet. Mais heureusement avec quelques heures de retard certes, ce
mistral s'est levé venant valider la sage décision de faire halte
au feu. Et pour une fois qu'à Toulon, on range les artifices, je ne
vais pas m'en plaindre.
Cela va
faire des économies pour la ville. Et puis la Révolution ici !
Merci bien, les citoyens... Ils nous ont débaptisés pour qu'on
devienne Port-la-Montagne. Tout ça parce qu'on avait fortement
fricoté avec l'Anglais (un peu comme de nos jours du côté de
Mayol, comme quoi, on ne se refait pas !!!). Mais il faut bien l'admettre, avec le calendrier
républicain ce fut l'un des actes fondateurs et symboliques de
cette belle idée d'abolition des privilèges, dont il ne reste hélas
guère plus de traces, si ce n'est, évidemment, les privilégiés...
Et comme
nos clients sont des gens qui ont tendance à aborder les festivités
sous le même angle, nous n'avons pas perdu un pélaud dans
l'affaire. Mes nouveaux amis que j'ai -nos clients donc, pour ceux
qui ne parviendraient plus à suivre- préfèrent nettement avoir le
nez dans l'assiette aubracienne que dans le ciel constellé de
chimères.
Mais au
départ, je le concède, j'ai cru que cette annulation consistait en
un élan de solidarité avec nos amis du nord, de l'Atlantique et de
partout ailleurs où les pétards étaient mouillés depuis six mois.
Attention, à Arcachon aussi il a fait 35° comme chez nous depuis un
mois. Mais c'était en trois jours : 12° le jeudi, 10° le vendredi
et 13° le samedi !
Quand je
dis à ma famille que nous vivons dans le Var sur une autre planète
atmosphérique, l'hiver, la nuit, mais en l'occurrence au plein coeur
de juillet aussi, ils semblent ne pas vouloir me croire. Comme si ça
les embêtait. Et pourtant, croyez-moi, s'il y a bien un domaine pour
lequel il n'existe à mes yeux aucune manière de fierté, c'est bien
le temps qu'il fait. Généralement on n'y est strictement pour rien,
contrairement au temps qui passe et que l'on peut à loisir et
presque à l'envi, façonner, embellir, légitimer.
Voilà, je
sais bien qu'il y a encore des amis qui me diront qu'ils n'ont pas
saisi grand-chose de cette chronique et, préventivement je tiens à
les rassurer en leur assurant que l'important, dans tout ça, c'est
d'avoir des étoiles plein la tête.
Jaco
La
croisière ne nous amuse pas

Voilà pour
la première impression ! Inutile de préciser que ce sera la
dernière pour ces touristes d'un jour qui, pour l'essentiel,
préfèrent rentrer à bord et respirer le bon air aseptisé de leur
cabine. Quant aux retombées pour le commerce local, vous l'aurez
deviné elles sont parfaitement nulles. Ainsi ce jour-là, à part un
prostatique qui nous mendia les toilettes et une dame qui ne se sentait
pas bien -et se reposa deux minutes sur la terrasse- nous ne vîmes pas
un seul client.
En sorte
que « Toulon ville de croisière » cela ne sert, une nouvelle
fois, que les apparences. C'est à dire l'essentiel.
Chronique du 9 juillet
La porte Lambert à l'UNESCO

C'est
alors que je me suis réveillé : non je n'avais pas mon troisième
gland au guide « Miche à l'air » ; oui « ils »
venaient de se regrouper autour de la même porte, l'observant sous
toutes ses moulures, désignant du doigt à l'attention de la caméra,
la grâce singulière d'un tag, l'audace d'un coup de canif dans le
contour, la finesse des traces de chaussures qui heurtent le regard
jusqu'à la poignée. Tout l'art de la décrépitude, la tendance à
l'abandon où Toulon est passé maître, est synthétisé à travers
ce travail, que dis-je, cette œuvre grandiose.
Une
fois encore j'étais hors du coup. Il ne se passait pas un jour sans
que je ne m'indigne, ignare que j'étais, de l'état parfaitement
abject de l'huis. Comment une ville, un propriétaire ou son syndic
pouvaient-ils cautionner sans honte une telle horreur ? Bon je
l'admets, je n'y étais pas ! Cette porte est sur le point d'entrer
dans l'histoire au même titre que celle de Brandebourg ou
d'Amsterdam -glorifiée par Brel : A la porte d'Amsterdam, y a des
marins qui frappent... -... Toute la question est évidemment de
savoir si elle sera rapidement classée au patrimoine mondial de
l'UNESCO. Avouez que ça vous en boucherait un coin ! Nous aussi
d'ailleurs, car j'ai bien peur qu'il nous faille embaucher. Et quand
vous connaissez les difficultés à trouver un serveur muet et un
cuisinier avec des ongles propres... Marie, quant à elle, s'occupera
du magasin de souvenirs que nous ouvrirons, rue de la Glacière.
Enfin
! nous n'y sommes pas tout à fait. Nous avons même décidé de ne
pas répercuter cette soudaine notoriété sur notre carte. Vous
pourrez donc continuer à manger dans le restaurant le plus honnête
de la Côte d'Azur pour 21 euros tout compris. Il va évidemment de
soi que cela ne durera pas, mais notre décision est prise : même si
la porte de Lambert entre dans le giron de l'humanité, l'assiette
aubracienne (je précise pour les incultes : rumsteck – saucisse –
tripous- ) ne dépassera jamais les 50 euros. Question d'éthique.
Il
y avait même TF1. La télé de référence des bons français, le
nec plus ultra de l'info rigoureuse et déontologique. Il faut
admettre que pour abonder dans le sens des psychoses, des vieux
clichés et des replis identitaires, la chaîne reste de la loin...
la première ! Depuis plusieurs mois donc, l'un de ces illuminés
qui font croitre le Front Marine plutôt que la paix sur terre,
créchait à vingt mètres de chez nous sans éveiller le moindre
soupçon. Il était près de neuf heures, le vendredi 29 juin,
lorsqu'un commando du GIPN, armé jusqu'aux amygdales, portant
cagales et pare-boules, ressortit avec deux acrobates du djihad ,
dûment menottés.
Ce
n'est que quelques jours plus tard que nous apprîmes l'identité de
ce pseudo fou de Dieu. Inutile de préciser que je n'avais aucun
soupçon sur lui, ni sur rien. Ne faisant pas parti -je m'en excuse-
des quasi-unanimes que la haine anime d'ailleurs -je crois- plus que
la crainte. Il avait toujours la barbe bien taillée et la djellaba,
ma foi -enfin plutôt la sienne- tirée à quatre épingles. Que le
grand Belzébuth me damne, depuis Victor H., je n'ai rien contre les
barbus – ce qui démontre à Daniel H. ma grandeur d'âme-. Et
celui-là avait toujours un petit geste de la main, un gentil sourire
et un brin de classe. En clair, il était bien plus sympa que l'autre
voisin, certes blond et qui doit bien manger du cochon breton, mais
jamais chez moi.
Dans
cette guerre sainte, il me plait d'ailleurs à lever le drapeau
blanc. Car je dois admettre qu'en trois ans je n'ai trouvé autour de
moi, pas plus d' impolis et de malintentionnés qu'ailleurs. Même
que ces gens nous ont très bien acceptés dans leur quartier.
Certains allant jusqu'à s'excuser de ne pas manger des bêtes
endormies avant leur exécution, sans quoi ils auraient eu plaisir à
venir chez nous. Je n'évoque même pas, mes frères du monde athées,
se moquant du tiers comme du quart de ces préceptes de tous bords
qui, au nom de l'amour et de leur morale, font battre le monde depuis
des siècles. Même que ce n'est peut-être pas fini...
J'en
profite d'ailleurs, pour suggérer à mes lecteurs, amis et
concitoyens de faire montre d'un peu plus d'indulgence à l'égard
des uns et d'un peu plus de courage à l'égard des autres. En ne
manquant jamais de respect à personne, mais en ne laissant personne
vous en manquer non plus.
Un
gamin qui gueule dans la rue comme si on allait l'étrangler ; un
homme qui pisse dans un coin ; une mamie dont le chien dépose une
belle merde sous vos pas ; une moto qui déboule à 750 décibels ;
un serveur qui vous bouscule ; un cuisinier qui vous sert un plat
congelé et « mijoté » au micro-ondes ; un journaliste
qui vous fait passer une porte pourrie pour un monument historique...
Ce n'est pas une question de race ni de conviction. Il faut dire non
aux cons d'égoïstes qui nous empoisonnent l'existence.
Si
chacun osait cette forme de vigilance, sûr que les autres en
prendraient moins à leur aises. Nous occuperions tous notre place.
Que notre place. Mais toute notre place. Et sur la Place Lambert
comme sur toutes les places du monde, les petits merdeux et les grands
manipulateurs se sentiraient moins à l'aise. Il ne s'agit pas
d'avoir la tête haute, ce dont on se fout radicalement -surtout
lorsque cela suggère une estime démesurée de sa personne-. Il
suffit seulement d'avoir le regard droit... Comme sa conduite. Et
pour la énième fois je vous réciterai ces vers qui ne doivent rien
au Coran, ni à la Bible : « N'ayant pas d'idéal sacro-saint,
je me borne à ne pas trop emmerder mon voisin. » Ou en encore
: « Plutôt que de combattre ton ennemi, mieux vaut le changer
en ami... »
Mon
Dieu, c'est lui : Georges Brassens.
Jaco
La porte Lambert à l'UNESCO

C'est
alors que je me suis réveillé : non je n'avais pas mon troisième
gland au guide « Miche à l'air » ; oui « ils »
venaient de se regrouper autour de la même porte, l'observant sous
toutes ses moulures, désignant du doigt à l'attention de la caméra,
la grâce singulière d'un tag, l'audace d'un coup de canif dans le
contour, la finesse des traces de chaussures qui heurtent le regard
jusqu'à la poignée. Tout l'art de la décrépitude, la tendance à
l'abandon où Toulon est passé maître, est synthétisé à travers
ce travail, que dis-je, cette œuvre grandiose.
Une
fois encore j'étais hors du coup. Il ne se passait pas un jour sans
que je ne m'indigne, ignare que j'étais, de l'état parfaitement
abject de l'huis. Comment une ville, un propriétaire ou son syndic
pouvaient-ils cautionner sans honte une telle horreur ? Bon je
l'admets, je n'y étais pas ! Cette porte est sur le point d'entrer
dans l'histoire au même titre que celle de Brandebourg ou
d'Amsterdam -glorifiée par Brel : A la porte d'Amsterdam, y a des
marins qui frappent... -... Toute la question est évidemment de
savoir si elle sera rapidement classée au patrimoine mondial de
l'UNESCO. Avouez que ça vous en boucherait un coin ! Nous aussi
d'ailleurs, car j'ai bien peur qu'il nous faille embaucher. Et quand
vous connaissez les difficultés à trouver un serveur muet et un
cuisinier avec des ongles propres... Marie, quant à elle, s'occupera
du magasin de souvenirs que nous ouvrirons, rue de la Glacière.
Enfin
! nous n'y sommes pas tout à fait. Nous avons même décidé de ne
pas répercuter cette soudaine notoriété sur notre carte. Vous
pourrez donc continuer à manger dans le restaurant le plus honnête
de la Côte d'Azur pour 21 euros tout compris. Il va évidemment de
soi que cela ne durera pas, mais notre décision est prise : même si
la porte de Lambert entre dans le giron de l'humanité, l'assiette
aubracienne (je précise pour les incultes : rumsteck – saucisse –
tripous- ) ne dépassera jamais les 50 euros. Question d'éthique.
Il
y avait même TF1. La télé de référence des bons français, le
nec plus ultra de l'info rigoureuse et déontologique. Il faut
admettre que pour abonder dans le sens des psychoses, des vieux
clichés et des replis identitaires, la chaîne reste de la loin...
la première ! Depuis plusieurs mois donc, l'un de ces illuminés
qui font croitre le Front Marine plutôt que la paix sur terre,
créchait à vingt mètres de chez nous sans éveiller le moindre
soupçon. Il était près de neuf heures, le vendredi 29 juin,
lorsqu'un commando du GIPN, armé jusqu'aux amygdales, portant
cagales et pare-boules, ressortit avec deux acrobates du djihad ,
dûment menottés.
Ce
n'est que quelques jours plus tard que nous apprîmes l'identité de
ce pseudo fou de Dieu. Inutile de préciser que je n'avais aucun
soupçon sur lui, ni sur rien. Ne faisant pas parti -je m'en excuse-
des quasi-unanimes que la haine anime d'ailleurs -je crois- plus que
la crainte. Il avait toujours la barbe bien taillée et la djellaba,
ma foi -enfin plutôt la sienne- tirée à quatre épingles. Que le
grand Belzébuth me damne, depuis Victor H., je n'ai rien contre les
barbus – ce qui démontre à Daniel H. ma grandeur d'âme-. Et
celui-là avait toujours un petit geste de la main, un gentil sourire
et un brin de classe. En clair, il était bien plus sympa que l'autre
voisin, certes blond et qui doit bien manger du cochon breton, mais
jamais chez moi.
Dans
cette guerre sainte, il me plait d'ailleurs à lever le drapeau
blanc. Car je dois admettre qu'en trois ans je n'ai trouvé autour de
moi, pas plus d' impolis et de malintentionnés qu'ailleurs. Même
que ces gens nous ont très bien acceptés dans leur quartier.
Certains allant jusqu'à s'excuser de ne pas manger des bêtes
endormies avant leur exécution, sans quoi ils auraient eu plaisir à
venir chez nous. Je n'évoque même pas, mes frères du monde athées,
se moquant du tiers comme du quart de ces préceptes de tous bords
qui, au nom de l'amour et de leur morale, font battre le monde depuis
des siècles. Même que ce n'est peut-être pas fini...
J'en
profite d'ailleurs, pour suggérer à mes lecteurs, amis et
concitoyens de faire montre d'un peu plus d'indulgence à l'égard
des uns et d'un peu plus de courage à l'égard des autres. En ne
manquant jamais de respect à personne, mais en ne laissant personne
vous en manquer non plus.
Un
gamin qui gueule dans la rue comme si on allait l'étrangler ; un
homme qui pisse dans un coin ; une mamie dont le chien dépose une
belle merde sous vos pas ; une moto qui déboule à 750 décibels ;
un serveur qui vous bouscule ; un cuisinier qui vous sert un plat
congelé et « mijoté » au micro-ondes ; un journaliste
qui vous fait passer une porte pourrie pour un monument historique...
Ce n'est pas une question de race ni de conviction. Il faut dire non
aux cons d'égoïstes qui nous empoisonnent l'existence.
Si
chacun osait cette forme de vigilance, sûr que les autres en
prendraient moins à leur aises. Nous occuperions tous notre place.
Que notre place. Mais toute notre place. Et sur la Place Lambert
comme sur toutes les places du monde, les petits merdeux et les grands
manipulateurs se sentiraient moins à l'aise. Il ne s'agit pas
d'avoir la tête haute, ce dont on se fout radicalement -surtout
lorsque cela suggère une estime démesurée de sa personne-. Il
suffit seulement d'avoir le regard droit... Comme sa conduite. Et
pour la énième fois je vous réciterai ces vers qui ne doivent rien
au Coran, ni à la Bible : « N'ayant pas d'idéal sacro-saint,
je me borne à ne pas trop emmerder mon voisin. » Ou en encore
: « Plutôt que de combattre ton ennemi, mieux vaut le changer
en ami... »
Mon
Dieu, c'est lui : Georges Brassens.
Jaco
Chronique du 2 juillet
Quelque
chose en nous de Poulidor
Ça
y est ! Ils sont partis. Et ça me démange toujours d'accompagner le
peloton de mes petits commentaires perfides autant qu'admiratifs.
Plus jeune, je rêvais de devenir Blondin. Non pas un brun décoloré,
mais un Toine de la plus belle écriture. Un peu comme Hugo
convoitant la succession de Châteaubriant. Il ne faut donc pas
désespérer, même si le vieux Victor avait déjà dû atteindre et
pulvériser son objectif.
Je
suis donc en rade sur mon petit vélo à roulettes et je rame pour
rejoindre les échappés... Il n'empêche, je reviendrai d'ici les
Alpes ou les Pyrénées pour partager avec mes quelques lecteurs
inféodés, ces folles chevauchées sous corticoïdes et/ou
auto-transfusions. A ce point de l'ironie il convient de m'interroger
sur les déraisons profondes qui m'ont admis sur les bords de routes
de juillet, entre suceurs de roues et débiles à casquette.
Jamais
je n'aurais pu supporter le Tour, moins encore m'y appesantir, le
coude sur le comptoir, sans Raymond Poulidor. J'ai aussi beaucoup
aimé Armonstrong, mais surtout lorsqu'il jouait de la trompette. Un
peu moins lorsqu'il alla déranger les habitants de la lune qui ne
l'avaient pas appelé. Et plus du tout lorsqu'il volait sur la terre
cycliste, comme au coin d'un bois.
« Poupou »,
pour les plus jeunes, c'était ce type à l'accent à couper au
couteau comme une bonne grosse miche de pain que l'on prend sous le
bras, en surveillant d'un oeil le morceau de saucisse (voyez le type
d'accent ?!?), qui était cent fois plus fort que les autres mais
totalement infoutu de gagner le Tour, pas même un seul instant de
porter le maillot jaune. En fait il ne gagnait que le Tour de
Romandie et la Flèche Wallone parce que même le plus anonyme des
grégorios d'Anquetil ou de Merckx n'en voulait.
Raymond
c'était le pauvre type qui pédalait comme un damné, disposait des
meilleures jambes et de cette âme paysanne admirable, mais qui
ignorait qu'il fallait s' alimenter autrement qu'avec du jus
d'orange et de la viande rouge pour franchir l'Isoard en tête. A un
rival et néanmoins voisin de selle, mon Poupou demanda un jour
« Mais comment fais-tu pour monter si vite en juillet, alors
qu'en juin je suis obligé de t'attendre ? » Son compatriote,
sérieux comme un commissaire de course lui répondit : « Ne
le répète pas, je mets un quart de rouge dans mon bidon avec un peu
de sucre. »
Et
voilà comment, tandis que les champions cyclistes s'envolaient avec
moultes piqûres dans le cul -en rigolant comme des damnés-, le
Limousin terminait l'étape à moitié ivre.
Cette
histoire reste à étayer, mais quel qu'en soit son degré de
véracité, elle a du sens. Raymond affiche, rayonnant, plus de
soixante-dix ans et pète la santé... Quant à ceux qui se moquaient
cruellement de lui, ils ne rigolent plus du tout. A moins que l'on
puisse se marrer en enfer !!!
Poupou,
c'était, c'est toujours l'humilité, le bon sens paysan, l'odeur du
terroir, l'honneur de la terre.
Ce
sont ces valeurs, las pas tellement universelles, qui nous ont
conduit à imaginer cette toute petite enclave d'Aubrac dans ce coin
de France maritime qui a tant à apprendre de la vraie vie. J'ai bien
peur qu'à l'instar de mon idole de l'enfance nous ne parvenions pas
davantage -et pour des raisons parfaitement symétriques- à porter
un jour le maillot jaune.
Sans
dopage, sans artifice, nous proposons des produits sobres et
magnifiques. Et, poursuivant jusqu'au bout la métaphore, nous
sommes dans l'Aubrac, plus proches des Bastide à Nasbinals que des
Bras à Laguiole. Plus faiseurs que diseurs. Plus copieux que
copieurs. Plus goûts que couleurs... Encore que, si j'ai beaucoup de
mal avec la communication ampoulée et la poudre de perlimpinpin, je
n 'en reste pas moins respectueux -presque envieux- de l'institution
culinaire que sont devenus les descendants du Mazuc. Certes le repas
est plus facile à digérer que l'addition. Mais, malgré leurs
herbes folles et leurs assiettes en trompe-l'oeil, ils n'ont volé
leurs trois étoiles à personne. Ils les ont même suées en
famille. Et c'est attendrissant (à l'occasion, voyez le sublime
documentaire « Entre les Bras »). Enfin un conseil, si
vous voulez simplement bien (voire beaucoup) manger, profiter de
l'atmosphère d'un vieux restaurant de village montagnard, ne vous
trompez pas, c'est Route d'Argent à Nasbinals, Lozère.
Samedi
à midi, avec une poignée de clients, que la passion des choses
simples et sensées rassemblaient autour de nous, place Lambert, il
me semblait que nous pouvions gagner l'étape. Mais sans doute
s'agissait-il d'une course sans importance...
Jaco
Chronique du 26 juin 2012

Il me faut, en priorité,
rassurer mon ami d'enfance Nico - de http://rugbyclub.wordpress.com -je ne vais pas m'en prendre à Roger Coude en l'air. Il appartient à ce passé que je ne peux -ni ne veux- renier, même si, vous me pardonnerez, je n'ai pas atteint le stade de la résilience. Roger avait cette façon de transcender les patriotes et de faire se dresser les supporters, que je jugeais -déjà- ... insupportable. Mais il y avait dans l'intonation, dans le sourire et le regard quelque chose qui trahissait une humanité qui veut que le pays, la couleur du maillot et du drapeau importent peu et se mesurent mieux à l'aune du comportement, dès lors qu'il est généreux ou, à tout le moins, honorable.
C'est en 1982, me semble-t-il, que
j'éprouvai l'immense plaisir de partager un banquet avec ce brave
Roger. Je faisais partie de ces papillons de nuit qui virevoltaient
autour de la lumière qu'il incarnait avec son acolyte des combats
épiques de l'ORTF, Pierre Balla. Et, que personne n'en prenne
ombrage, Pierrot fut le type du rugby -et le type tout court- que
j'ai le plus admiré. Car, té, en terme de classe, personne, dans ce
milieu au moins, n'arrive à la cheville de celui-là. Bref pour en
finir, Nico, Coude en l'air et Balla se levèrent à la fin du
banquet et en titubant, repus de vin et de mets divers et divins,
quittèrent, augustes, la salle en s'appuyant l'un à l'autre.
Ils se complétaient si bien que lorsqu'ils étaient ivres – à
chaque banquet donc- ils ne penchaient pas du même côté et
pouvaient ainsi se maintenir droits.
Non, c'est de Marc D. que je voulais
vous entretenir. Marco du Mourillon, vous connaissez pas ?
Ah d'accord ! vous n'êtes pas de
Toulon ? Ou alors vous n'avez jamais fait le P'ti Ru ?
Je ne réponds, moi non plus, à aucun
de ces critères fondamentaux et pourtant je le connais mon Marco et
je l'aime. Il faut dire que cela fait quasiment vingt ans que je me
le tape. Enfin bon l'expression n'est peut-être pas la mieux adaptée,
je voulais dire que je le subis. Que nous nous subissons.
C'est évidemment en ma qualité de
journaliste que je l'ai d'abord connu, tant il a toujours été
impliqué dans le jeu et qu'il eut l'idée sublime de lancer ce rugby
de plage à toucher.
Et quand je dis en ma qualité de
journaliste, je ne prétends pas que ce soit beaucoup mieux que
d'être comptable ou cadre de banque, ne vous méprenez pas. Encore
qu'il y ait pire ! Avocat peut-être ? Non je plaisante. Je le
pense, mais je plaisante. Il faut dire que je n'en ai quasiment
jamais reçu un dans mon établissement certes modeste, mais qui ne
triche jamais. Il peut d'ailleurs y avoir un léger rapport de
causalité...
Son P'ti ru est fantastique. Parce
qu'il catalyse toutes les énergies. Positives. Celles qui meuvent et
émeuvent un individu anonyme, le minime de Draguignan ou l'ailier de
52 kilos de Mar-Vivo, qui se mesure sans jamais l'avoir rêvé à
Mignoni, Hueber, Delaigue, Dridi, Umaga, Lovobalavu...
Le rugby -dont il fut un grand
éducateur, mais également le père de Damien un joueur et un homme
d'une totale exemplarité-, le rugby n'est plus « l'école
de la vie ». Dites-le vous, cette phrase qui emplit en son
temps, les écoles de Basile, Nano et tant d'autres éducateurs avec
un grand E et une éternelle reconnaissance, n'est plus qu'une vue de
l'esprit. L'esprit se situant désormais à la hauteur du
portefeuille. Du fantasme du papa (et/ou de la maman) qui voient tous
les matins dans leur rejeton pousser un Wilkinson ou (pour les plus
malchanceux) un Hayman, mais qui abandonneront le rugby dès qu'il
s'agira d'y jouer à Tarbes, Vannes ou La Seyne. Et de l'ego de ce
gamin qui ne grandira qu'à travers ces chimères et dont toutes les
valeurs s'étioleront au fil de ses désillusions. Ne ne lui restera
plus alors... que l'ego et de sacrés dégâts !!!
Son P'ti Ru, à Marco, est remarquable.
Parce que le joueur raciste est rejeté. Celui qui s'en prend à un
arbitre sodomite est exclu. Celui qui prétend que les dirigeants de
rugby sont des vieux du sud-ouest qui se pissent dessus, sont
définitivement éliminés. Ceci dit, il n'y a quasiment que des gens
bien élevés et culturellement aguerris aux règles du rugby et de
la courtoisie. En sorte que sur la plage du Mourillon, il n'y a
jamais un grain de sable dans les rouages de ce rugby qui se
revendique petit et entend le rester.
Et je n'écris pas tout ça sous la
menace ou le coup de l'émotion, parce que Marco nous avait choisis
pour réunir son association, vendredi soir, à Aubrac sur mer. Je
n'écris pas cela, parce que malgré nos caractères de cochons, on
ne s'est jamais disputés une seule fois. Je n'écris pas cela parce
que ce type passe son temps au service des autres, alors que je n'ai
jamais été capable d'aider un seul instant mon prochain. Je n'écris
pas cela parce que certains de mes amis proches ne l'aiment pas tant
que ça. Je n'écris pas cela parce qu'il a fait partie des éducateurs
intègres qui ont fait joliment pousser mes gosses grâce à ce sport
merveilleux.
J'écris cela , parce que le P'ti Ru
fait la grande rivière et que ça me vient bien ainsi...
Jaco
Malgré des notes très moyennes en
vidage de poulpes, en nettoyage de poubelles, en tournage de farçous
et en pêchage de rouquier, Eddie, notre érudit à nous, a décroché
son BTS d'hôtellerie (14 de moyenne). Oui, vous aussi vous vous
demandez comment ? Et bien parce qu'il a eu 19/20 au rapport de
stage, qu'il effectua -faut-il le rappeler- à Aubrac sur mer trois
mois et demi durant, entre mars et juin 2011
Mais tout le mérite lui revient. Car
il lui a fallu expliquer comment on pouvait encore à Toulon, faire
de la restauration en restant honnête ; être sérieux sans se
prendre au sérieux ; et plus encore maintenir un établissement
ouvert durant trois ans … sans client !
Et ben mon gars chapeau ! Marie, ta
cousine du « grand nord », Jo, ton DRH distingué, ainsi
que ton humble serviteur et néanmoins camarade, te félicitent et
t'embrassent.
Merci Patrick
Je viens d'apprendre la disparition de
Patrick. Je voudrais m'associer, autant que faire se peut, à votre
douleur et celle des vôtres.
Dans ma difficile carrière aux côtés du RCT, je ne me suis que très rarement senti aussi bien qu'avec Patrick. J'avais pour lui une affection, une complicité, une admiration. J'aimais sa franchise, sa générosité, sa solidité en amitié... Et ses excès, dont j'ai tellement
entendu parler avec exaspération, sublimaient d'une certaine manière ce personnage tout entier.
Mon plus grand regret -si ce n'est ma faute- est d'avoir cessé de communiquer avec ce type qui ne m'a jamais apporté que de la bonne humeur, de l'apaisement et une sorte de force. Celle de croire en la nature humaine. Je crois et en tout cas j'espère qu'il connaissait mon attachement.
Je me permets de publier dans mon blog ces condoléances, car même si il y a toujours une sorte d'atteinte à la pudeur d'ainsi se dévoiler, il me semble plus important encore de témoigner du respect et de l'amitié que l'on accorde à ceux qui le méritent.
Je vous embrasse Jacques
Dans ma difficile carrière aux côtés du RCT, je ne me suis que très rarement senti aussi bien qu'avec Patrick. J'avais pour lui une affection, une complicité, une admiration. J'aimais sa franchise, sa générosité, sa solidité en amitié... Et ses excès, dont j'ai tellement
entendu parler avec exaspération, sublimaient d'une certaine manière ce personnage tout entier.
Mon plus grand regret -si ce n'est ma faute- est d'avoir cessé de communiquer avec ce type qui ne m'a jamais apporté que de la bonne humeur, de l'apaisement et une sorte de force. Celle de croire en la nature humaine. Je crois et en tout cas j'espère qu'il connaissait mon attachement.
Je me permets de publier dans mon blog ces condoléances, car même si il y a toujours une sorte d'atteinte à la pudeur d'ainsi se dévoiler, il me semble plus important encore de témoigner du respect et de l'amitié que l'on accorde à ceux qui le méritent.
Je vous embrasse Jacques
Chronique du 19 juin 2012
La philosofoot perd gros
Thierry Râlant est mort. C'est triste
pour sa famille. Et son chien s'il en avait un. Je ne parle pas de la
famille Le Pen dont il exprimait -avec cette élégance primesautière
qui permet de repérer aux premières intonations le bon journaliste
sportif-, tout le raffinement des idées. Depuis hier, je m'interroge
et je ne vois toujours pas comment l'humanité va s'en remettre. Ni
l'Euro d'ailleurs qui vacillait déjà de l'audience et pourrait bien
désormais s'effondrer.
Car depuis samedi et comme toujours
dans ces cas là, les meilleures tranches d'info sont consacrées à
la disparition du grand homme. Comme le chantait Brassens : « Les
morts sont tous des braves types... ». C'est autrement plus
emblématique que la disparition d'un prix nobel de science ou d'un
peintre contemporain (ouais je sais, s'il disparaît aujourd'hui, il
est forcément contemporain, le peintre).
Encore que, s'agissant de Thierry
Rotant, il se situait davantage dans l'intemporel. Magnifiant,
toujours avec ce sourire délicat et de subtiles intonations, l'aile
de pigeon, le coup du sombrero, les salauds d'arbitres, lorsqu'il
n'étaient pas -circonstances insupportables- tunisiens !
Non moi, il m'aurait bien fait marrer
si je l'avais une seule fois écouté plus de cinq minutes. Car je
dois vous le concéder à présent, je n'ai jamais pu regarder un
match de football à la télévision. C'est comme ça, c'est
au-dessus de mes forces. Je sais, c'est pas bien, mais avec le foie
de veau et la tarte aux concombres (dans laquelle je mettrai à la
places des olives, deux anciens collègues de Var matin, un directeur
de rédaction -pas toi Patrick- et un ancien éditeur) le ballon est
la chose que j'exècre le plus au monde.
Il est porteur de toutes les véroles
de l'esprit. Dont il est au demeurant -et au demeuré- totalement
dépourvu. Voilà donc un sport consistant dans les grandes lignes
-je résume pour ceux qui comme moi n'auraient jamais gaspillé une
once de leur précieuse attention, au visionnage de cette absurdité
télévisée en boucle- à se passer le ballon, jusqu'à ce que le
mieux placé tape de toute ses forces dans un filet. Si le gardien
est battu c'est un point, si le filet est transpercé, c'est deux
points. Sur ce dernier point, néanmoins, veuillez vérifier auprès
de plus ample informé, car un doute m'habite.
Alors, finalement, que le dimanche,
plutôt que de passer l'après-midi avec sa grand-mère qui radote,
avec sa femme qui ronchonne, ou avec son nourrisson qui vagit, le
type préfère rejoindre les copains sur le pré pour lever les bras
au ciel parce que le collègue ne lui a pas fait la passe alors qu'il
était superbement démarqué, pourquoi pas ?
Las, ne vous méprenez pas, ce n'est
pas ainsi que ça marche. Figurez-vous que l'on déverse des
tombereaux de dollars, d'euro -et qui sait, bientôt de drachmes- à
des pingouins -ou des manchots c'est pareil- qui ont une relative
disposition à réfléchir plus vite avec leurs pieds, que la
moyenne. Et lorsque je parle de tombereaux, ne vous méprenez pas, ce
sont des containers de billets ! J'ignore quel est l'ignoble, le
sinistre con qui a eu l'idée de vouloir payer mon voisin -qui
s'emmerde chez lui- pour jouer au ballon, mais c'est vraiment, un
ignoble, un sinistre con. Parce qu'il a généré en série, des
monstres que l'on ne parvient plus à éradiquer. Des types qui ont
tant d'argent qu'ils ne veulent même plus payer leurs impôts tant
ils auraient à en rendre !!! Des gars tellement blindés que
lorsqu'ils vous parlent vous ne comprenez pas un traitre mot de ce
qu'ils vous racontent. Des gaziers qui se sapent en frusques au
« Tout à cent mille euros » et roulent en « Audieux
4X4 ». Des gonzes qui fatigués de se faire les putes qu'ils
ont toutes essayées, préfèrent en chopper une bonne de temps en
temps à son corps défendant. Essayez, vous aussi, c'est tellement
plus fun !
Voilà donc comment une planète peut
se mettre à tourner en bourrique autour d'un ballon d'une
circonférence de 69 cm. Avec une poignée de corniauds qui tapent
dedans et, autour, des millions qui claquent des dents avec une
canette de bière dans la main gauche et la main droite bien au chaud
dans le caleçon. Et j'élude sciemment aujourd'hui les profiteurs de
tous poils (ou épilés d'ailleurs) qui se sont rués sur la gonfle :
les agents, les élus, les sponsors, les VIP, les présidents, les
journalistes. Et le plus grand d'entre-eux : Thierry Eructant...
La prochaine fois, faites moi penser à
vous entretenir des choses du rugby. Et de Roger Coude en l'air...
Jaco
Il eut été fort étonnant que la
météo fût avec nous. Un petit air frisquet vint caresser l'échine
des mélomanes de la place Lambert. 24 personnes (selon les
organisateurs) qui manifestèrent -parfois trop bruyamment- leur
intérêt pour le restaurant Aubrac sur mer et certainement plus
encore pour la musique. Deux beaux violons de l'opéra, deux belles
femmes, délivrèrent à travers l'archet un message de paix,
d'esprit et de sérénité sur une place et au coeur d'une ville qui
en ont bien besoin. Nous aurons au passage pu découvrir que
l'acoustique était quasiment parfaite et qu'ainsi l'exceptionnelle
sonorité de l'instrument pénétrait l'âme directement, sans
folâtrer dans l'air saturé.

L'Orchestre
de Chambre de Toulon-Var se produira ce mardi 19 juin dans la salle
de spectacles du nouveau Centre Social et Culturel Nelson Mandela à
La Seyne (Tarifs: 3 et 5 €) Renseignements
au CSC Nelson Mandela: 04 94 94 77 45
Chronique du 12 juin

De quoi voulez vous qu'on parle ? De
politique ? Sûrement pas. Nous ne serions pas d'accord. Quand je dis
nous, je fais comme le Roi. Jacques et Larrue. Jaco et Aubrac. Le
légaliste et l'anarchiste. L'intègre et le commerçant. L'athée et
le mystique. Le bouddhiste et le boudeur. Et puis d'abord, je vous
rappelle en ce lundi après-midi, que sur ma planète nous sommes
gentiment dimanche matin.
De rugby ? Encore moins ! Bien qu'on en
connaisse le résultat. Je ne suis, cette fois, sur la même longueur
d'onde qu'avec un tiers des toulonnais et j'ai besoin des deux autres
pour travailler, même si je n'en vois qu'un dixième au restaurant.
Et le dixième des deux tiers, croyez-moi ça fait déjà pas bézef
! En outre, je déteste me moquer... quand c'est facile. Enfin et
surtout, je n'ai pas ma liberté de parole envers ceux qui m'ont
défait et défont le rugby... Mais, même si ce n'est pas mon fort,
je saurai être patient...
Et la musique ? Qu'est ce vous en dites
de la musique ? Allons-y, non ? Envoyez...
Outre qu'elle correspond, pour
quelques-uns d'entre-nous, à une émotion, un rêve, à tout le moins
un éveil, elle fédère comme rien d'autre. Enfin quand je parle de
musique vous m'avez compris. Il ne s'agit en rien des chutes de
casseroles, des concertos pour bidons, des roucoulements d'un
vieux-beau ou des vagissements d'un jeune con.
Je ne sais pas vous, mais je n'ai
jamais vu deux types en venir aux mains parce qu'ils préféraient
Ravel à Debussy. Pas même une petite bagarre générale entre
partisans de Maazel ou von Karajan dans l'interprétation du Requiem
en ré mineur. Et les dîners, même en famille -ce qui est souvent
pire qu'entre les meilleurs ennemis- ne dégénère que rarement sur le thème de Carmen ou de Rigoletto. Même les plus opulents
pratiquants du violoncelle ne se montrent jamais agressifs envers le
bel hautbois... dormant (et la caravane passe).
Je vais vous filer un scoop, si
j'excepte mon premier cercle familial, rien ne me rend plus heureux
que le classique. Je n'ai rien trouvé de mieux pour porter l'âme,
supporter le pénible et surmonter les épreuves. La musique,
lorsqu'elle émane de Bach et ricoche sur les cordes d'un
Rostropovitch solidement campé devant le mur de Berlin s'effondrant
ou lorsqu'elle s'échappe des trompettes de Radetzky ou d'Aïda, la
musique n'est plus seulement un refuge, c'est une destination en soi.

Je n'aurais pas forcément aimé être
soliste, mais qu'est-ce que j'aurais été heureux de vibrer avec
les cordes de mon violon, au coeur d'un orchestre de cent
instruments. Une sensation que je ne cesse d'imaginer et ne vivrai
jamais. Je me console en écoutant bouillonner mon cassoulet pour
trois saucisses et crépiter mon entrecôte en sol majeur. Mais quand
même !
Aussi, voilà bien longtemps que nous
manigancions avec Sylvie de l'Opéra, une petite intrusion du violon
sur la place Lambert. Ce sera donc fait mercredi 13 juin où nous
fêterons la musique à notre manière. C'est-à dire, en toute
indépendance et dans la plus totale simplicité...
Jaco
Désolé
pour les mélomanes-gastronomes retardataires. Nous sommes complets !
Mais quelque chose me dit que cette expérience ne sera pas la dernière
!
Chronique du 5 juin
Coup de pompes
« Deviens ce que tu es ».
«Ne laisse pas la crainte détruire tes rêves ». « Si
c'est ton coeur qui te guide, c'est forcément le bon chemin ».
« Va, ne te retourne pas, fais ta vie et crois en toi... »
Ah ça ! On m'en a dit des conneries
pour me convaincre d'aller aux casseroles. Enfin, au casse-pipe !
Il n'y a guère que ma maman -et
Michèle- qui tentèrent de m'en dissuader. Remarquez, maman c'est
normal. Elle envisage toujours le pire. Enfin, surtout la mienne !!!
Déjà à 15 ans elle rêvait que je devienne fonctionnaire. Pour la
sécurité. Oh ! pas un grand comique de l'état. Il eut été
difficile d'accéder à la haute administration sans le certificat
d'étude. Mais la Police ! Ah ! la Police, voilà un beau métier. Et
puis sûr avec ça. Pas sûr de se faire tirer dessus, mais sûr de
passer pour un con ! Ou alors la Poste. Et oui madame, j'ai bien
failli entrer à la poste. En 1977. Vous en connaissez beaucoup,
vous, des types qui ont brillamment réussi l'examen de facteur. Et
bien me voici (dis-je en gonflant subrepticement le torse). Ca vous
en bouche un coin, vous, Robert, Jean-Jacques, Olivier ?
Bon, là je viens de dégueuler, ça va
beaucoup mieux. Parce que des dimanche matin comme ça ... Merci !
Hier soir, samedi 2 juin, pas de match à la télé, terrasse
sublime, 24 degrés à 20 heures, pas un souffle de vent. Samedi
soir 20 heures, le service de la semaine : 4 clients. Des pékins
tombés d'on ne sait où ! Pas de Toulon ni de ses environs en tout
cas...
Attendez, je vais dégueuler encore un
coup et je reviens.
Bien sûr ce n'est pas vous qui faisiez
défaut hier soir. Vous ne pouvez pas venir tous les jours pour nous
faire manger (ou le contraire !). Ce n'est pas toi Philippe qui
atterrit de Hyères, avec ton fils et ta bonne humeur, la veille,
pour nous tenir en éveil. Ni toi, de Solliès qui réalise le doublé
vendredi soir - samedi midi. Ni vous Patricia et Pierre, « les
a beaux nez du cas Lambert ». Ni, G, Jey, Stef et les co-co,
les copains. C'est la faute à personne. Et c'est là que ça
craint. Personne !
Notez bien toutefois que si j'ai
illustré ma chronique avec cette superbe pompe, ce n'est pas que
l'on en soit à marcher déchaussés. Vous savez on se débrouillera
toujours en dealant des doses de saucisse sous le manteau pour des
toxicomanes du barbecue. On peut vous en refourguer de la bonne, vers
deux heures du mat, dans la Glacière !!!
Non, si mes chaussures sont dans cet
état, c'est que j'attends depuis bientôt trois ans. Ça commence à
faire long, trois ans ! J'attends quoi me demandez-vous ? Et bien
qu'il ouvre, pardi, le Bottier d'Orsay. Les plus pessimistes
m'assurent que je risque d'attendre encore, vu que ça fait
vingt-cinq ans qu'il ne l'a pas ouverte, sa boutique. Ah ! Monsieur
Muraire, vous êtes bien de Toulon. Un ex-a-gé-ra-teur.
D'ailleurs je l'ai vu, moi, le bottier
d'Orsay ! Vers deux heures du mat ! Non, il ne cherchait pas à se
fournir en saucisse. Il cherchait ses clés. Il farfouillait dans le
fatras de l'un de ses nombreux sacs qui emplissent généreusement sa
voiture. Dont on jurerait qu'elle date aussi de vingt-cinq ans. Comme
si, pour le Bottier, tout s'était arrêté il y a vingt-cinq ans.
Sauf son coup de chiffon. Toujours alerte du chiffon, le bougre. Si
bien que les mocassins Henry 4, les talons de la Maintenon et les
bottes de l'Empire illuminent toujours la rue d'Alger. La grande
artère de Toulon, fière de ses boutiques -et de ses restaurants,
n'est-ce pas ?- Dans le même style resplendissant, nous avons aussi
l'armurerie. A la différence près qu'elle est belle et bien
ouverte, tandis que l'on jurerait qu'elle est fermée !
Enfin c'est pas tout ça, il est quand
même temps qu'il revienne de ses courses, mon voisin. Car je veux
bien faire travailler mes collègues du centre-ville moi, mais je ne
voudrais pas que la chaussure gauche se retrouve dans le même état
que la droite ! Sans quoi je vais devoir aller à Grand Var ! Là où
vous trouverez tous les cons qui ne viennent jamais manger chez nous
!
Bon, et bien j'en reviens -de
dégueuler-. Et ça fait du bien.
Bon appétit...
Jaco

Chronique du 29 mai
Je
n'ai pas encore en main la mouture 2012 du Gantié. Je sais juste que
nous sommes dedans. Et que l'ami Jacques, avant de se livrer à une
critique avisée et un hommage appuyé à la franchise du collier
-ce qui est la seule « flatterie » à laquelle je reste
sensible-, associe étroitement Aubrac/mer au rugby. Comment m'en
défendre ? C'est le genre de ballon, qui, lorsqu'il vous rentre dans
la peau, n'en ressort plus, même avec une bonne colique.
J'ai
dû vous le dire, il est d'Agen... le pauvre ! Et même si c'est Nice qui l'a sauvé, le guide n'en garde pas moins un épiderme
lot-et-garonnais et rugbyphile. Un peu comme moi qui resterai
imprégné, voire possédé, par mes origines de Graulhet et tout ce
que cela sous-tend d'émotions d'enfance, de stade et de sens : olfactives,
auditives et visuelles. Quant au toucher, en dehors de celui des
récréations et des jeudis après-midi, il resta à mon goût,
largement insuffisant.
Nous partageons, du fait de nos expatriations
respectives, beaucoup de recul avec les enragés qui forment les
bataillons de supporters beuglant dans les stades auquel, du reste,
ils doivent se saigner aux quatre veines, pour en pénétrer,
désormais, l'enceinte. Nous aimons le rugby pour ce qui lui reste de
sobre, de courtois. De noble.
Et
nous sommes donc, disais-je dans le Gantié. Sans doute pour les
mêmes idées défendues bec et ongles : sobriété, courtoisie.
Noblesse. Oh ! non, pas dans le sens où vous l'entendez peut-être.
Nous sommes de tous petits roturiers, ne possédant ni armoiries, ni
chasses, ni particule. J'ouvre une parenthèse (une de plus, sauf que
cette fois je vous en informe) pour vous concéder que j'aurais
tellement préféré l'avoir. La particule. Jacques Delarrue ! Vous
vous rendez compte ? Et au lieu de me morfondre avec quelques minables
au journal du coin, j'aurais pu, qui sait, enquiller à TF1, créer
ma boite de prod et emmerder tout le monde, avant toutefois et c'est
le risque, de plonger -in fine- les deux mains dans une
montagne de « coco ». Mais que voulez-vous, mes ancêtres
étaient des incapables. Des maçons -très francs certes mais jamais
introduits- et des mégissiers. Des vilains en somme !
Enfin
ouf ! nous y sommes. Au nom de la noblesse des sentiments peut-être,
des produits obligatoirement. Et maintenant je vais vous faire une
confidence. Je suis infiniment reconnaissant, pour de bon et
définitivement au Gantié de m'avoir hébergé dés le premier jour
dans son magnifique guide, lequel n'abrite quasiment que de grandes
et/ou belles tables. Mais je suis stupéfait que trois ans après
notre ouverture, il était le seul à nous repérer et à nous faire
un peu sortir du lot. Le seul ? Non, car je vous ai souvent parlé du
« Bouche à Oreille » -journal et site dont la démarche
consiste à donner un coup de pouce à ceux qui font l'effort et un
coup de scie à ceux qui vous prennent pour des cons-.
Mais
les autres là ! Vert, rouge et d'autres couleurs. Ils sont où ? Ils
vivent sur quelle planète pour ne pas s'être aperçu qu'il y avait
à Toulon, trois fous qui se battaient tous les jours (sauf les
dimanche et lundi) pour que le restaurant redevienne un lieu de
plaisir, d'excellence, de partage et que le payeur ne soit pas
forcément traité comme le cochon qu'il vient de déguster ? L'un
d'entre-eux -et non des moindres- m'a même envoyé un formulaire à
remplir pour figurer en bonne place, avec une adresse pour joindre
le chèque ! Vous devinez sur quels critères repose sa « réflexion »
pour déterminer le restaurant qui mérite des étoiles, macarons ou
même -comme ce serait notre cas- la seule citation. Il semblerait
qu'un inspecteur futé ait enfin réussi à nous dénicher au milieu de ce nulle part qu'est le centre de Toulon et qu'ainsi
nous ayons une troisième fois « droit de cité ». Mais
ne vous méprenez pas ! Nous pourrions être dans le « Bibendom »
et dans « le Rodez et Millau », que nous n'en
modifierions d'un iota, ni notre investissement moral, ni le tarif de
notre carte. Nous ne vendrons jamais un plat du jour 10 euros, comme
l'osent sans rougir certaines gargotes qui déversent sur les
pauvres gens des nourritures indignes. Mais nous ne présenterons pas
à 40 euros un produit qui en vaut la moitié.
En foi de quoi (et de canard !) les guides peuvent nous reconnaître et leurs
lecteurs les suivre, les yeux fermés et les papilles en confiance...
Jaco
Des tableaux d'Estade à la table d'Aubrac (3)
Jouenne en mai
Jean
et Mad Sardi, Michel Estade, Michele et Simone Jouenne, Jean-Pierre
Maltése, Monsieur et madame Christian. Accroupis : Jeanine Maltése et
Olivier Nuzzo

sur mer. Rien à voir sans doute avec
le fait que Michel est accro à l'agneau aux artichauts, au foie gras
de la Droséra ou au saucisson de Conquet... Quoi que ! Enfin bref,
nous on se régale. Parce que non seulement cela nous fait un peu
travailler, mais ce mélange culturel entre palette et blanquette,
entre vache et chevalet, pinceau et aligot, nous encourage dans
l'idée que même à Toulon, on peut encore partager des goûts et
des couleurs.
Après l'hommage à Baboulène et
l'expo Maltése, voici venu le temps de Jouenne. Encore frais pour la
saison, mais qui devrait exploser de chaleur et de lumière à
l'approche de cet oeuvre magnifique et maritime. Car depuis 1991, ce
civil bon teint n'en est pas moins « peintre officiel de la
marine ». Et il mérite.
Ci-contre : Michel animateur d'un soir chez les VIP à
Cannes
en compagnie de Michele Rodriguez dont il vient d'acquérir un dessein. Dans la vie il y a ceux qui s'embêtent et les autres !
Communiqué spécial

Nous y servons la meilleure viande du
monde, un aligot de rêve, de la gentillesse et de la bonne humeur.
Nos marges sont les plus étroites de la région afin de permettre au
plus grand nombre d'accéder à nos produits d'exception. Et si nous
ne sommes pas sur la plus belle place de Toulon, nous tentons de nous
en convaincre. Outre le sourire et la qualité, nous offrons le café
aux fidèles et même souvent, le soir, une eau de vie de Marcillac,
parmi les plus raffinées de la création. Rien qui n'appartienne aux
usages et bonnes manières de la région...
Pour nous sauver je ne voyais rien
d'autre ! Je menaçais alors de me mettre une plume dans le cul en
dernier ressort. Voilà qui est fait !
Chronique du 22 mai
« Tu auras un
mélanome, mon fils ! »
Ah ! Enfin un peu de pluie
! Vous me direz que ce n'est pas bon pour notre commerce. Je vous
répondrais que nous ne tenons pas un commerce, mais que nous nous
obstinons à essayer de partager un minimum de bon goût et
d'honnêteté gastronomique avec un petit nombre d'entre-vous. Je
l'admets, toutefois, commerce, c'est plus court ! Et ça doit mieux
marcher...
Non, avec l'hiver qu'il
vient de faire, sec comme un coup de trique -ou comme la trésorerie
d'Aubrac sur mer-, il fallait bien qu'il pleuve. Certes ce ne fut pas
le déluge escompté, mais il paraît que ce n'est pas fini. Ici -sur
ma planète-, nous sommes le dimanche matin 20 mai et le pluviomètre
reste figé sur cinq millimètres. De quoi juste étancher la soif
d'un rouge-gorge !
Et puis d'ailleurs même
quand il fait soleil, ça ne marche pas. Dans ce cas, les gens se
précipitent sur tous les endroits stratégiques de la ville. Là où,
sous l'astre blond, ils vont pouvoir se mirer à travers les
lunettes de soleil de leur vis à vis, se prélasser en tâchant
d'être vus et admirés par leurs voisins et se revêtir en un temps
record de ce teint hâlé qui complètera à merveille leur
exceptionnelle supériorité -j'allais écrire leur extraordinaire
superficialité- !
Vous en connaissez
sûrement, nous on ne connaît que çà ! Car il faut voir comme, en
mai -parfois même bien avant- ils fuient le centre pour se dorer la
pilule on ne sait où ? Et lorsqu'il y en un qui s'égare par chez
nous, n'allez pas croire qu'il s'enquiert de ce que bouffent nos
vaches -on pourrait même lui dire qu'elles fument de l'herbe, qu'il
ne nous entendrait pas-. Non, ce qu'il veut, c'est connaître l'heure
d'arrivée du soleil et celle de son éventuel départ. Comme à la gare centrale !
Peu importe
aussi, si le vent emportera son verre, son set de table, voire son
« bifsteack »... Ce qui compte c'est lui là-haut, le
boss, celui qui décide et écrase tout. Cela peut, éventuellement
expliquer aussi l'exception du vote régional. Car avec des lunettes
noires s'il n'est pas aisé de bien manger, l'évolution dans
l'isoloir n'est guère plus évidente. Il est tellement facile de
vous faire avaler un produit congelé de chez Petro ou Promomatch, ou
un discours identitaire à deux balles !
Malgré les apparences, je
n'ai rien contre le soleil. C'est plutôt ceux qui sont dessous qui
m'inquiètent. Car à se laisser, du premier au dernier rayon,
bouillir la cervelle, six mois durant, je crains qu'il finisse
par ne plus rester grand chose de solide dans le crâne. D'où
l'expression pérenne : « travailler du chapeau... »
Le plus gênant au fond
n'est pas tellement que la plupart de nos commensaux ne disposent
plus que d'une théière pour réfléchir, mais qu'ils promettent
leurs propres gosses -qui ne leur ont rien fait-, au même destin
ensoleillé. D'ailleurs à les entendre hurler dès le plus jeune
âge, contrariant ainsi la nature et l'éducation naturelle, on peut
s'interroger : est-ce déjà les premiers effets radiants ou bien
est-ce carrément congénital ?
En tout cas, paraphrasant
Kipling, ces grands illuminés passeront affectueusement leur bras
sur les épaules de leurs rejetons et déclameront fièrement : « tu
auras un mélanome, mon fils !»
Jaco
Chronique du 15 mai 2012
Il n'y a plus rien à dire !
Ils boudent ? Moi aussi ! Je n'enverrai
pas ma « nouvelle lettre » à nos quelque mille abonnés.
Je ne vois pas pourquoi je me « casserais le blog » pour
des gens qui me boycottent ouvertement. Ce qui ne m'empêche pas de
manifester notre gratitude aux Marie-Claire, Pepe, Alex, Bernard,
Cédric, Claude, Christian, Doudou, Gérard (3), Julien, Pierre, Vincent (2), leurs
conjoints ou amis, et j'en oublie évidemment, présents à nos côtés
cette semaine, la pire de tous les temps. Ainsi qu'à ceux, venus la
semaine dernière ou qui viendront la prochaine et qui ne nous ont
et ne nous laisseront jamais tombés...
Chronique du 11 mai 2012
Dix anglais voulaient pisser !

Nous étions treize pour le tripoux du
mardi ; déjà plus que huit hier -mercredi- et carrément trois
-aujourd'hui jeudi- ! 24 couverts en trois jours, ce qui correspond
grosso modo à un seul service normal. Si bien que, vous pourriez
bien venir normalement durant les quatre prochains repas, que nous ne
couvririons même pas nos frais de la semaine !
Je ne sais pas si elle vous fait
plaisir, l'élection de Hollande (?), mais nous, elle nous fait du
mal ! Peut-être aurions-nous dû servir des rollmops et des tulipes
farcies mais, pour ne rien renier de nos convictions, nous proposions
obstinément nos produits d'Aubrac, le meilleur tartare, le meilleur
veau, le meilleur agneau accompagnés du meilleur aligot au monde !
Sans parler de nos petits pois
Jo refuse de se transformer en
dame pipi ! -ça lui irait pourtant
drôlement bien-.
frais du marché à la saucisse de
Conquet. Une tuerie...
C'est à croire que les résultats des
élections ont coupé l'appétit de nos compatriotes toulonnais
(étonnant, non !) , d'autant que nos trois clients du jours venaient
de Marseille et d'Avignon ! Il est également probable que la rue
d'Alger ait été en dérangement, puisque personne n'a semblé en
mesure de l'emprunter. A l'exception de quelques intrépides anglais,
tous frais débarqués du paquebot de croisière en escale
obligatoire à Toulon le jeudi. Nous aurions pu certes en accueillir
une bonne dizaine qui nous supplièrent de les laisser entrer à
Aubrac sur mer pour... pisser ou même pire !!! Mais, avec son
mauvais esprit habituel, Jo refuse de se transformer en dame pipi !
-ça lui irait pourtant drôlement bien-. Personne rue d'Alger à
l'exception -notable- de quelques élus et « amis » qui
avaient tous -en passant à la hauteur de la place Lambert- la
caractéristique de tourner obstinément la tête de l'autre côté,
comme si, subitement, ils envisageaient d'acquérir une paire de
mocassins au … Bottier d'Orsay !!!
Avouons que ce n'est pas drôle. La
perspective de voir les chars russes pénétrer chez nous par La
Valette ; de nous voir contraints d'abandonner définitivement la
consommation du cochon ; de faire nos ablutions du vendredi en lieu
et place du déjeuner, perturbe forcément nos fragiles appétits.
Mais il me vient à l'idée que nous pourrions nous hâter d'en
profiter, avant que la voix soviétique portée par M. Mélenchon et
la loi coranique introduite par Mme Aubry, ne soient effectivement
imposés par décrets.
A moins que, prudemment, vous ne
préfériez d'ores et déjà bourrer vos matelas de billets et vous
barricader dans vos camps retranchés, avec quelques rations de
survie. En sorte que si vous ne répondez pas à mon appel... le cul
vous pelle !
Jaco
Chronique du 6 mai 2012
Bataves et Sarkophages
« Regarde
: Quelque chose a changé. L'air semble plus léger. C'est
indéfinissable.
Regarde : Sous ce ciel déchiré, Tout s'est ensoleillé. C'est indéfinissable.
Un homme, Une rose à la main, A ouvert le chemin Vers un autre demain.
Seul, Il est devenu des milliers Qui marchent, émerveillés Dans la lumière éclatée.
Regarde : On a envie de se parler, De s'aimer, de se toucher Et de tout recommencer.
Regarde : Au ciel de notre histoire, Une rose, à nos mémoires, Dessine le mot Espoir... »
Regarde : Sous ce ciel déchiré, Tout s'est ensoleillé. C'est indéfinissable.
Un homme, Une rose à la main, A ouvert le chemin Vers un autre demain.
Seul, Il est devenu des milliers Qui marchent, émerveillés Dans la lumière éclatée.
Regarde : On a envie de se parler, De s'aimer, de se toucher Et de tout recommencer.
Regarde : Au ciel de notre histoire, Une rose, à nos mémoires, Dessine le mot Espoir... »
Mais non je ne suis pas devenu fou. Ni
poète. C'est du Barbara. L'immense. la Divine. La seule.
Oui, je suis amoureux d'elle ! Mon
épouse m'en fait assez grief. Sous-jacent et permanent.
Mais après tout, est-ce que je lui
reproche, moi, de jeter son regard concupiscent dans celui de Dany
Brillant, ou de mouiller ses yeux en regardant le maraîcher Clint
Eastwood, réalisateur d'un nouveau légume, hybride du concombre et
du navet ? Si ? Je le lui reproche ? Bon d'accord, mais concédez-moi
que là, j'ai raison !!!
Ce matin, je ne pouvais m'empêcher,
avec ces paroles qui datent de 31 ans, de vous dire que je vous
aime. Tous. Même toi, Marcel Dupont qui a passé trois mois à tirer
sur les « socialos-communistes », les « bolchéviques »,
les arabes « qui vont tous nous niquer » et tout ce
genre de propos délicats qui relèvent de la plus fine analyse. A
tel point que mon ordinateur a fini par en dégueuler … Attention,
je n'ai rien contre les gens de droite. Encore heureux, car je suis
cerné. Mes amis, ma famille... breuhhh ! S'il ne s'agissait pas
d'eux, je ne me sentirais pas en sécurité, tant ils sont nombreux,
les bougres. Même si sur ce coup -et pour pas longtemps, je les
rassure- ils ne l'étaient pas assez !
Je n'ai rien contre les gens de droite.
Il en faut, enfin je veux dire : il y en a... Et même si ça me
dépasse, il faut reconnaître que le fait de vouloir gagner un
maximum de pognon, non pour le partager mais pour posséder une plus
grosse voiture, une plus belle maison et un tas de choses très
brillantes, très modernes, dont on pourrait parfaitement se
dispenser, est devenu banal. Voire normal. Moi, je me sentirais
minable de vivre pour l'oseille, alors que vivre pour exister est
tellement satisfaisant...
Enfin prêcher le partage, la
générosité, c'est très facile, finalement, quand on n'a pas un
rond, m'objecterait mon voisin de droite. Lequel s'apprête, en bon
citoyen, à filer en Suisse. Tant pis pour lui, moi c'est aux
Pays-Bas que j'aurais demandé asile (mais pourquoi les Pays Bas ? Je
vous le demande...).
Bref, les gens de droite j'ai rien
contre. D'autant qu'à moins d'être frappé du même mal que mon
pote Jaco (l'ex-président), je ne peux nier que j'en fus. Enfin, de
droite ? faut voir ! Pour moi c'était De Gaulle. Et Malraux. De la
hauteur, du courage et de l'intelligence. En fait le contraire de
cette ostensible pantalonnade, dont nous sortons tous terriblement
marqués. La droite, je peux la comprendre, sauf lorsqu'au milieu
d'un large panel de présidentiables, elle opte pour sa caricature.
Car que diable, si elle préfère le blé blond au sarrasin, la
droite peut être, cependant, honnête, respectueuse et cultivée.
Et avec des valeurs... non ?
"Je vous propose donc de vous réconcilier
tous devant une belle paire de tripoux."
Enfin moi, je ne vous dis pas de quel
bord je suis. Ne m'en voulez pas, j'ai un commerce, vous comprenez ?
Ce que je sais c'est qu'après le pénible passage par Neuilly, c'est
la Corrèze qui triomphe. Belle revanche pour le tripoux ! Vous
allez enfin pouvoir vous remettre à table. Et à bien y réfléchir,
la France finit toujours par voter au centre. Si l'on exclut De Gaulle
qui, à l'instar de Moulin, Jaurès, Hugo et Voltaire, est de partout, les
autres sont de chez nous : Pompon (Cantal), Valéry (Puy de Dôme),
Mimi (Nièvre), Chichi (Corrèze) et Chamallow (Re-Corrèze ). Quel
talent !
Et arrêtez de me torturer, non je ne
vous dirai pas de quel bord je suis. D'autant que cela n'a plus
d'intérêt. Nous sommes désormais en pleine mer. Nous voici sur
le même pédalo. On en connaît encore mal le capitaine, mais on se
doute que s'il n'est pas bien plus doué que l'autre pour la
navigation tempétueuse, il arrivera au moins aux pédales. Et que
lorsqu'il s'exprimera à la tribune de l'ONU ou au fin fond de la
Bretagne, il nous fera moins honte...
Quant à moi, je sais bien -comme me le
serinent ma famille et mes amis- que le petit nouveau ne va pas
tarder à me serrer le quiqui. En me remontant notamment la TVA à
19,6 et en me rangeant du côté des patrons -moi qui ne gagne pas
toujours le SMIC- ! Mais souffrir pour les autres, n'est-ce pas la
plus belle valeur de partage ?
Et puis, quelques
soient nos appétences
l'important c'est que nous retrouvions vite l'appétit. Pour les
bonnes et saines choses. A Aubrac sur mer, par exemple. Je vous
propose donc de vous réconcilier tous devant une belle paire de
tripoux. Afin que je suis puisse rapidement payer quelques impôts,
voire même... partager !
Jaco
Le stade fait le plein

Il est quand même beaucoup plus économique de manger à Aubrac sur mer que de s'emmerder à Mayol (bien que ce ne fut pas le cas cette fois, paraît-il !). C'est ce qu'ont enfin compris nos amis qui, pour affronter la terrible épreuve de Mayol, ont choisi de venir se réconforter sur la place Lambert.

Table 1 : Vous reconnaîtrez sans doute
le meilleur trois-quart centre des années quatre-vingt, Fanfan qui a
mal tourné, puisqu'il est devenu expert- comptable. Il est entouré
de ses collègues de travail et de dirigeants carqueirannais, sans
oublier sa compagne...
Table 2 : Nous retrouvons les charmants
Christine et Pascal, devenus des habitués du restaurant. Ils sont
accompagnés de Chantal (acharnée du RCT comme rarement), Nicolas, et
François .
Table 3 : Voilà encore un type
charmant. Claude (en rouge) fut un secrétaire général dans l'âme.
Du RRCNice au temps de sa splendeur - il avait suivi André Herrero
-, du RCT -bien sûr- et plus longtemps encore du Comité du
Littoral, devenu Côte d'Azur. Il est accompagné d'un ami.
Table 4 : Là il y a du lourd. De
grands journalistes niçois dont Marc (au fond à droite), mon pote
de l'USJSF qui avant de devenir le grand spécialiste de l'auto à
Nice Matin, fut un excellent footballeur professionnel. A ses côtés
Jean-Pierre et Jean-Jacques deux passionnés de voile et de sport en
général. Au premier plan à gauche, c'est l'aîné de la fratrie la
plus célèbre du rugby niçois. Il fut mon chef au service des
sports, efficace et juste, ce qui demeure relativement rare. Et au
fond, vous l'aurez reconnu, c'est Stéphane l'ancien responsable
photo du journal, désormais retraité mais qui trouve encore les
moyens de nous offrir ce genre de rencontre. Avec toute notre
reconnaissance.

Les sept principes d'Aubrac sur mer
Toutes les semaines, Romuald de la société TFE nous livre
la viande, la charcuterie de la maison Conquet et les fromages
de la coopérative Jeune montagne à Laguiole. Ici c'est 100 % Aubrac, 100 % frais, mais surtout 100 % ... VRAI !!!
Mon comptable qui se préoccupe beaucoup plus de mes comptes -comme ma femme d'ailleurs et j'espère qu'il s'agit-là de leur seul point commun !!!- me demandait récemment si j'avais assez bien communiqué sur l'authenticité de notre restaurant. Je dois reconnaître que lorsque, par temps de pluie -ou de soleil- nous sommes quasiment vides, il y a vraiment de quoi se poser quelques questions. Ne communiquerais-je donc point assez, où les gens du coin seraient-ils à ce point obtus ?
A mon estime, la désertification dont nous sommes l'objet tient beaucoup plus au fait que les Toulonnais ne savent pas plus manger par temps de pluie, que ce qu'ils ne savent conduire...
L'ennui, c'est que lorsqu'il fait soleil, ils recherchent aussi la terrasse couverte plutôt que l'endroit où ils pourraient trouver un quelconque plaisir à table, sans que l'on se foute plus ou moins ouvertement de leur gueule -gueule étant ici employé dans le sens de bouche- !
Donc, sous leur pression, je me vois contraint d'énumérer quelques principes qui, à mes yeux tombaient sous le sens, mais qui, selon lui, -ma femme- et quelques amis, méritent d'être ressassés :
Charcuterie et pleure

A ceux qui nous expliquent depuis quelques décennies maintenant que la
charcuterie est terrible pour notre santé. Ceux-là même qui diabolisent
le cochon en lui prêtant tous les maux de la création . L'hypertension à
cause du sel, l'obésité à cause du lard, le cancer à cause de ce qu'il
bouffe. D'un jour à l'autre, ils vont bien trouver le SIDA sous prétexte
que quelques porcs se la font entre eux...
Les mêmes encore qui condamnent l'alcool qui ruinerait le foie dès la
première fois, le bœuf qui en pétant détruirait la planète, la pintade
qui a la grippe et le cheval qui hennit et donc, mal y pense. Seul le
mouton qui suit toutes les directives, les modes et les principes,
échappe à l'opprobre de la faculté, ainsi que le coq qui chante encore
les deux pieds dans la merde, ou encore le dindon... de la farce.
Nos bons vieux restaurants traditionnels se vident désormais au profit
des salons diététiques, des salles de remise en forme, des thalasso et
autres thérapies de groupe où l'on cause tout en matant son cul dans ces
salles de glaces qui n 'ont rien à envier au palais de Versailles. On
avale vite un sandwich, histoire de reprendre en cinq minutes ce que
l'on vient de perdre et hop au boulot.
Elle est pas plus belle la vie ?
Je ne peux malheureusement même pas en rire, moi qui m'efforce tous les
jours de préparer du bonheur au fond de la marmite ! Mais qu'est-ce
qu'ils doivent se marrer pour moi les vieux de quatre-vingt-dix berges,
qui n'ont jamais fait d'autre exercice que de marcher et de couper du
bois, et qui avalaient des kilomètres de saucisse, des tonnes de jambons
et de terrine. Le tout arrosé , évidemment, d'une rubiconde et
généreuse rasade.
Quant aux industriels de la bouffe, les "Olibeurk" et autres "Hercaca"
qui ont transformé le « cul noir de Corrèze » en monstre de batteries
bretonnes et hongroises, ils ont rendu la charcuterie tellement infâme
que les adeptes des salles de remise en forme ne les mangent plus qu'entre
deux tranches de pain.
Nous continuerons de penser que le bien être vaut beaucoup mieux que le
paraître. Et qu'il faut savoir profiter de tout et n'abuser de rien...
Jaco
Chronique du 24 avril
Ah les vaches !

Parmi les porte-flambeaux de la sottise
journalistico-médicale, le terrible magazine Télé qui accompagne
ce canard que, par grâce, plus grand monde ne feuillette et que plus
personne n'achète. Journal TV distribué gratuitement -c'est dire
l'estime que ses concepteurs se portent d'ailleurs- et qui n'a pour
autre « avantage » - me semble-t-il - que d'avoir fini
par crever les vrais journaux spécialisés, dont le géant « Télé
poche » de mon ami Nico.
Cet ersatz, autrement nommé « succès
damné » entame son « article » de l'édition du 15
avril -en page 63- tout en nuance : « Manger 100 grs de
viande par jour, ferait augmenter le risque de décès, et ce dans
une proportion pouvant aller jusqu'à 20 %.... » Mazette !
Accidenti ! Macarel... Et le mag, de prendre référence, non dans
une ferme modèle de Nasbinals, mais à la Harvard School of public
Health de Boston. C'est dire si ces types en connaissent un rayon !
Selon les mêmes chercheurs il
suffirait pour réduire le risque de cancer et autres joyeusetés
cardio-vasculaires, de remplacer la bidoche incriminée par -je cite
et je vous jure que je n'invente rien- : « des noix, des
grains entiers, de la volaille, des légumes... » Le nec
plus ultra étant d'accompagner « du maïs avec des haricots
et du riz avec des lentilles ». En sorte que vous allez
beaucoup péter... la santé ! Et vivre en vous emmerdant ferme sans
doute, mais jusqu'à 120 ans.
Quant à mon père qui a déchiqueté
des troupeaux de taureaux entiers -ou presque-, qui se nourrit
exclusivement de chair animale et je le reconnais de quelques violets
pas frais, c'est un véritable miraculé. Nous-même à Aubrac/mer,
qui en engloutissons des kilos tous les mois, pour liquider les
stocks que le magazine TV en étroite collaboration avec les gonzes
de la schools de Boston, nous empêche de vendre, sommes
d'inconscients kamikases, des «malades qui s'ignorent » selon
la formule pérenne du docteur Louis Jouvet. .
Franchement, mes amis, je vous
comprends. Si 100 grs de viande rouge limitent votre espérance de
vie de 20 %, lorsque vous venez manger une entrecôte de 300 grs
toutes les semaines place Lambert, au bout d'un mois c'est vous qui
devez 20 % à la mort et vous êtes, comme mon papa, un mutant, un
extraterrestre défiant toutes les lois de la gravité carnivore. A
tel point que je crains que nous ne soyons rapidement inculpés pour
« mise en danger de la vie d'autrui sans -ou avec d'ailleurs
pourquoi pas, tant que nous y sommes ? - l'intention de la donner.

Bon moi j'ai frôlé le cancer ou
l'embolie en lisant de pareilles insanités. Pourtant je suis issu
de cette filière qui prend les lecteurs de canard du bon Dieu pour
des enfants sauvages. Mais vous, mes amis, faites attention , vous
courez un réel danger si vous gobez de telles inepties. Vous
risquez de devenir réellement débiles. Et c'est exactement le but
recherché par ce journal qui a la particularité d'être
extraordinairement médiocre pour juger la télé et même en
présenter les programmes, mais qui s'enrichit à nos dépens en
publiant des centaines de publicités qui lui rapportent des
centaines de milliers d'euros.
Mangez de la viande, surtout si elle
vient d'Aubrac et abonnez vous à Télérama ou Télé poche.
C'est une question de vie ou … de mort de vos méninges !
Jaco
Chronique du 17 avril
Le Cours, Jeanine et ses salades
Il m'arrive d'essuyer la vindicte de
vieux camarades ou de sinistres indifférents. Ils me reprochent de
ne pas aimer Toulon. Et se retiennent sans doute de prononcer cette
sentence, cet aphorisme fameux du grand philosophe présidentiel :
« Cette ville ou tu l'aimes, ou tu la quittes ».
Mouvement sec de l'épaule vers le cou à l'appui.
C'est d'ailleurs la consigne qu'ont dû
suivre tous ses habitants, puisque depuis belle lurette il ne s'agit
plus que d'une ville fantôme. Habitée de regrets. Et de quelques remords. Livrée à une
population triée sur le volet bancal et décati ; sans mixité, paupérisée,
martyrisée... Bidonville ou
ville-bidon ? Qu'importe l'ordre. Et le désordre...
Et
pourtant si ! je l'aime encore.
Autant que mes juges qui se sont éloignés de cette pauvre rue d'Alger
aux vitrines sordides et aux rideaux baissés et tagués. La preuve : j'y
cours,
j'y bosse, je persiste … et saigne ! Et ce n'est pas d'hier.
J'habitais à Brunet dès 1983, je passais mon temps à Sainte-Musse
et Mayol, à glorifier les chevaliers servant de la cause toulonnaise,
lorsqu'ils préservaient encore un peu de crédibilité, parce qu'ils
s'appelaient : Herrero, Ballatore, Doucet, Périé, Delaigue ou
Cottin...
Et le cours Lafayette ! Qu'est ce que
je l'aimais aussi, le cours Lafayette ! Mon petit café, place Louis
Blanc, lorsque l'aube projetait tout à coup et comme nulle part,
ses lumières douces par vent d'est ou éclatantes au mistral. De
République à Strasbourg, un long défilé de charettes lasses et de
tirades enflammées se heurtaient aux chalands patelins, mais toujours
sur leurs gardes.
La fenêtre de Var Matin tendait
directement son oreille sur le cours. Et lorsque je ne voulais pas
écrire un mot de travers, pour ne pas offenser mon ami Dany,
l'entraîneur du RCT qui me poursuivait de ses assiduités, il me
fallait la fermer – la fenêtre-.
Car, juste en dessous, la voix
stridente de Jeanine rendait impossible chez moi, pauvre journaleux
fragile, toute stimulation de neurones. Elle me cassait les
esgourdes, elle me mangeait le cervelet, mais elle me révélait
aussi le sens profond de la gaité naturelle, de la fantaisie et
d'une forme certaine de bonté. Le cours c'était le fruit et la
fraicheur, les salades tendres et vinaigrées.
Jeanine, dont nous vous offrons tous
les jours quelques feuilles d'amour -rougette, feuille de chêne et
batavia- c'est la star mondiale des marchés de Provence. Et si
Bécaud ne l'a pas connue, il l'a inventée. Elle a un avis sur tout,
Jeanine, et surtout un avis, comme le disait Coluche, cet
insupportable génie des maux tournés en dérision. A tel point que
le journal local qui a perdu tous ses repères -et ses lecteurs- en a
même fait sa plus sûre éditorialiste, le fil rouge de sa ligne
éditoriale.
Jeanine je ne suis d'accord avec elle
sur rien. Pas plus sur la politique dont je m'interdis toute
illusion, que sur le rugby dont je m'autorise quelque allusion. Elle
qui, pure toulonnaise, vénère tous ceux qu'elle maudissait, pour si
peu qu'ils vêtissent le maillot « Rouge et Noir », avant
de les vomir le jour où ils le quitteront derechef. Ce n'est plus une
caricature, c'est une ambassadrice universelle du supporter « rouge
et noir ».
Bien sûr certains prétendront que je
persifle. Alors que non, pas du tout, Jeanine incarne la vie. C'est
ça, entre bonté et délire. Avec sa collègue Solange, Marcel le
portefaix, Jackie et le reste de la troupe, elle incarne l'âme d'une
ville, qui ne tiendra plus hélas que par le fil ténu de ses
nostalgies.
Alors, sans doute quitterai-je aussi un
jour le coeur de Toulon, parce que le mien finira par ne plus en
pouvoir. Mais d'ici-là, j'attends place Lambert, tous ceux qui
croient encore que la meilleure façon de défendre une cause, ce
n'est pas de s'aplatir ou de discourir. Et qu'en toute chose il vaut
nettement mieux se battre et agir...
Jaco
Té ! Il revient le
Parisien. Après avoir fait la Cigale tous les hivers à la capitale,
le revoici, le Yves en fourmi varoise, arpentant les plages et les
places provençales. Et Pujol redevient « Aïoli » pour
le plus grand bonheur de trois générations qui, depuis 1992,
suivent fidèlement cet humoriste qui, sans avoir l'air d'y toucher,
est devenu avec le RCT et Saint-Tropez, l'un des rares fleurons de ce
département en perdition d'image.
J'en fus l'un des principaux
supporters à Var Matin lorsque aucun de mes collègues ne
souhaitaient se compromettre à promouvoir un groupe jugé vulgaire,
ringard et je ne sais quelle snoberie encore.
Envoyé spécial du journal, je suis même monté avec
eux à Paris lorsqu'ils firent l'Olympia en 1999 et remportèrent un succès
-avec standing ovation- bien supérieur aux Chevaliers du fiel dont
ils assuraient pourtant la première partie. J'ai passé avec Yves
des soirées de rire et de délire mais en toute humanité et humilité. Voilà
pourquoi, même si je trouve qu'Aïoli ne mange pas assez d'aligot, je présente cette affiche sur mon blog avec enthousiasme.
Le 16 juin, je serais dans l'impossibilité de souffler avec Yves et son groupe reconstitué, les vingt bougies.
Mais je sais que vous serez nombreux à porter ce fantaisiste de
talent et ses amis... au Zénith !
Rendez-vous sur leur site :
www.groupeaioli.com
Chronique du 10 avril
Gentils petits canards toulonnais
Lorsque les gazouillis s'échappent à
l'aube de mon téléphone, qu'est-ce qui me fait encore me lever ?
Sept plombes, ce n'est certes pas
inhumain, pas même matin, mais c'est encore tôt pour moi, surtout à
l'heure d'été. Qu'est-ce qui me fait sortir du pieu ? Alors qu'il
va s'agir de se lever le cul comme personne, pour à peine gagner sa
vie... Ou pas !
Ce sont elles, ces belles rencontres
qui se succèdent , se multiplient parce que notre restaurant est
décidément voué à recevoir des gens épatants, étonnants,
magnifiques. Et c'est exactement pour cette raison, que nous avons si
peu de... monde ! Ainsi ce vendredi soir s'annonçait comme l'un des
plus sinistres de l'histoire de la restauration mondiale. Entre ceux
qui décrètent qu'ils ne mangent pas ce jour-là et ceux qui croient
encore en ce rugby, il y avait comme une grande parenthèse ouverte
sur les abysses de l'humanité. Encore qu'il lui reste, Dieu garde,
quelques surprenantes réserves.
Liliane, ma Lozérienne préférée
-avec les Bastide, Marinette et Anne-Lise évidemment- avait réservé
pour trois. Et comme dans une mise en scène à la Bergman, ils arrivèrent
au compte goutte. Liliane d'abord, puis José abandonnant son
compagnon à la dérive dans un Toulon occupé par les disciples de
Brennus et de ce fait, incapable de trouver le moindre espace de
stationnement pour son Boxer épuisé. Impossible d'avoir de ses
nouvelles non plus, puisque le couple, comme tant d'autres futilités,
se garde bien de détenir le moindre téléphone portable. Abandonnant de
guerre lasse son utilitaire dans l'enchevêtrement anarchique de
l'avenue Roosevelt, Jean-Luc poussa enfin la porte d'Aubrac/mer, le
béret de travers, le souffle court et la soif en conséquence.
Mon vieux confrère et néanmoins
concurrent à Nice Matin, Raymond Bonavita, écrivait souvent sans en
penser un mot -je l'espère !- : "Ches si levo de Touloun, se levo de la raisoun"...
José est née à Besagne on ne peut guère faire mieux en
l'espèce et Jean-Luc est Seynois ce qui revient a peu près au même.
A tel point qu'ils devraient ressembler aux leurs, aux Toulonnais, les
vrais de vrais, enracinés depuis plusieurs générations. Si tant est
qu'il en survive un seul !
Nos visiteurs providentiels, ceux qui
m'aideront encore à me lever demain matin, se sont installés loin
de la rade, j'allais dire aussi loin que possible, dans un bled
entre Foix et Saint-Girons. En Ariège quoi. J'aime ce département,
parce qu'il ressemble à celui où je finirai mes jours, la Lozère.
Il doit y avoir plus de vaches et de canards au mètre carré que
d'êtres humains. Et l'homo erectus qui résiste au climat et à
la solitude est d'une espèce désormais unique, où si l'argent
compte pour beaucoup, la parole donnée lui est encore bien
supérieure. On y parle très peu, mais ce que l'on dit a du sens.
Et nos titis toulonnais élèvent des
canards. Un petit millier par an. Des mulards ou des barbaries, ou
un croisement, je ne sais plus. Des musquets peut-être ? Mais ça
fait un foie gras d'enfer. Je ne l'ai pas encore goûté, pourtant je le
sais. Et pour le coup ces deux-là ne se lèvent pas le matin à
sept heures. Mais à cinq, parfois après avoir bossé jusqu'à une
heure. Gavage, conditionnement, commerce -ils vendent des kebabs et
des paninis de canard en clignant de l'oeil dans leur guinguette de
bord de route : c'est l'Enso de Marichott . Entre foires et salons
-dont celui du Pradet-, ils ne s'arrêtent pas. Et ils ne ratent
pourtant jamais un film, une info ou un beau programme, puisqu'ils
n'ont pas non plus... la télévision.
Nous nous sommes donc tous quatre
engagés, ce vendredi saint, sur le chemin illusoire, mais avec la
même fermeté de conviction, de la décroissance. En dégustant une
assiette aubracienne ou un tartare composé de produits naturels,
exceptionnels -comme leurs canards nourris exclusivement au maïs
bio- dont plus personne ne semble se soucier. Tant la tenue dans
laquelle on va paraître, la piscine où l'on va plonger et l'auto dans laquelle on va se rengorger
ont tellement plus d'importance...
Et bien non, ils ne ressemblent en rien à
ce que sont les gens restés ici, nos « petits carnards » de
Toulon. Et pas seulement parce qu'ils ont mis de la rocaille dans
l'accent, de la bonhomie dans le sourire, de la franchise dans le
regard. Comme quoi c'est peut être la terre que l'on foule, l'air
qu'on respire et ceux que l'on fréquente, qui vous forgent un
tempérament, un esprit, une éthique.
Jaco
Retrouvez
José (a droite) et
Jean-Luc (à gauche) à Durban sur Arize à l'Enco de Thérèse et Rosalie et
à l'Enso de Marichott sur l'aire du Ségalas entre Foix et
Saint-Girons.
Et retrouvez Liliane la Lozérienne (au centre), chez nous de temps à autres...
Poisson d'avril 2012
Un 4 X 4 pour la pêche au gros

Et puis surtout ce n'est qu'un début.
Avec les résultats d'Aubrac sur mer, au troisième printemps, même
en raclant le fond de la caisse, nous n'avons pu rassembler qu'un peu
de monnaie. J'ai même demandé à Jo de m'avancer quelques un de ses
pourboires -qui se font, soit dit en passant, de plus en plus rares
eux aussi !- Grâce à quoi, voici donc la merveille de mes rêves
les plus fous. Ce n'est qu'un début écrivais-je car, dès que les
Toulonnais auront retrouvé l'appétit et -miraculeusement- leurs
papilles, je vais même pouvoir envisager l'acquisition d'un gros
« C-Hyènes » vous savez ces engins rutilants avec les
vitres fumées qui vous toisent en vous pétant sous le nez et
déboulent de gauche, mais surtout de droite, sans prendre même la
peine de mettre le clignotant.
Ah ! comme je les envie ces types,
généralement tout petits et qui en même temps qu'ils montent dans
la société, grimpent à l'échelle de leur tour roulante. Là ils
dominent le monde et comme ils n'ont aucune vision sur l'avenir, pas
plus d'ailleurs que sur les autres, il leur faut bien ça pour y
voir un peu mieux. Là dedans, mon vieux, le roi n'est pas leur
cousin. Ils déboulent dans nos rues un peu comme dans un « panzer »
faisant trembler le bitume et la population alentour. Serrez-vous et
vos enfants avec, dont un pourrait bien se retrouver dans la rainure
centrale d'un pneu de deux mètres de diamètre. Mais la plus grosse
surprise, lorsqu'il se gare juste devant l'entrée de l'école,
empêchant au passage les poussettes étranges, voire étrangères,
de même se faufiler entre le mur et la portière qui peut à tout
moment les aplatir, c'est de voir qui en descend. Il s'agit d'une
blonde, un talon après l'autre, s'exposant de manière héroïque à
toutes les foulures, entorses, luxations et autre fractures de la
création, vu quand même qu'il faut bien retomber sur terre à un
moment ou un autre. Elle y remontera aussitôt, au besoin en tendant
son cul aux minots médusés. Puis c'est encore elle, le dernier tube
d'une chanteuse à la noix et à fond, le téléphone à la main, qui
démarrera au dernier moment du feu vert, vous laissant profiter du
rouge pour trois minutes de plus...
Un 4X4 qui déblaie le chemin, une
blonde qui ne réfléchit que devant sa glace, deux marmots impolis
qui braillent du matin au soir, si ça c'est pas de l'ascension
sociale, si ce n'est pas l'exacte définition du bonheur, ben là
alors c'est que j'y comprends plus rien.
Donc, en attendant de rejoindre
l'Aubrac où les chevreuils m'attendent déjà avec une boule au fond
de la gorge, je vais aller m'exercer sur les sentiers des Maures.
Entre la Môle et les Mayons, y a de quoi faire. Des pistes
tranquilles où l'on peut faire ce qu'on veut et même effarer un
troupeau d'écolos avec leurs shorts beiges ridicules et leurs sacs à
dos pourris. Je pourrais aussi me familiariser avec le GPS embarqué,
le correcteur d'assiette et le blocage individuel des roues. Passer à
travers champs, transpercer les forêts, escalader les pires côtes et
tout çà sans même faire trois pas ! Voici mon Graal bientôt
atteint. A l'époque des champignons, pareil ! Dès l'aube et en
quelques minutes je serai sur le coup. Et les conos qui monteront à
pinces l'auront dans le baba. Et qu'ils s'estiment heureux si j'en
aplatis pas un, pour l'exemple.
Mais en attendant la première poussée
de cèpes, je vais aller en ce bel après-midi de premier avril, à
la pêche du côté de Giens. Ce serait bien le diable si je ne
parvenais pas à ramener un gros poisson qui rentre à peine dans le
coffre de mon « Toto »...
Jaco
Internet et précis
Vous êtes désormais plus de 6500 par
mois à cliquer sur le blog d'Aubrac sur mer. Sans compter nos presque
1000 « abonnés » à la «nouvelle lettre »
diffusée tous les lundis, cela commence à faire !
Par passion, plus que de raison, je
consacre une grande partie de mes loisirs à vous raconter notre
aventure, à vous faire rêver de nourriture saine, de prix
équitables et d'intégrité morale...Je ne suis donc pas si
mécontent que vous soyez si nombreux à me suivre sur les sentiers
et drailles de l'Aubrac.
Andrau...mac d'Estragon
Ce n'est plus tout à fait - plus du
tout même- un écrivain en herbe. Mais cet Andrau le Mac ne
doit pour autant rien à Racine. Gérard Estragon me pardonnera,
peut-être cette présentation au galop, c'est à dire un peu
cavalière. C'est en tout cas, une passionnante descente dans la
« basse », dont les limites commencent justement à la
Place Lambert, que l'auteur toulonnais nous propose. J'ai beaucoup
aimé cet amalgame, entre la lourdeur de l'atmosphère et la
légèreté du style. Un truc d'auteur, de vrai. Alors si vous
éprouvez l'envie de connaître la basse-ville de Toulon, qu'il faut
parfois confondre avec ses bas-fonds, et bien n'hésitez pas : foncez
acheter ce bouquin à Géhess éditions, non loin de chez nous ou
rendez-vous sur leur site dont vous trouverez l'adresse mail non loin
d'ici, sur la gauche. Et prochainement, nous évoquerons le dernier
roman de Gérard : « Le corbeau de Saint-Yriex » où le
dentiste-romancier «un peu rouge » se prend pour Le Marcheix.
Un lieutenant.
Gabrielle, Gérard, Marjolaine, Gérard et Marianne
Chronique du 26 mars 2012
Apollon mieux que Bacchus
Ça va vous ? Tant mieux, tant mieux !
Parce que « moi personnellement » - comme cela se
dit à tour de bras dans le grand charabia des médias et jusqu'aux
conversations de rue et de bureau – c'est quand même pas
terrible. Le printemps je le sais, ça vous botte. Enfin non, les
bottes vous les rangez. En fait, ça vous excite ! Bon, rue d'Alger
ce n'est pas très sensible -rien n'est plus jamais sensible rue
d'Alger !- mais alors pas plus loin que le port, c'est fou ce qu'il
peut y avoir de lunettes de soleil attablées, rangées un peu comme
dans la vitrine de Caroline, mais pas beaucoup mieux inspirées -il
faut bien l'admettre- qu'un troupeau de moutons devant l'abreuvoir.
A partir de maintenant, le souci de
Toulon et des environs, ce n'est plus ce qui nourrit, mais ce qui
brille. On ne dira plus « qu'est-ce qu'on mange ? » ou
encore moins "qu'est-ce-qu'on lit ?", mais « où est le soleil ? ».
J'en connais qui vont se faire un plaisir de fourguer n'importe quoi
dans les gamelles pourvu que ce soit en contre-jour. Il y a, de par
le monde, de beaux endroits où l'amour rend aveugle, chez nous, que
voulez-vous, c'est le soleil.
Si bien d'ailleurs qu'il y a vingt ans,
le docteur Laurent Jérôme s'est égaré en choisissant de célébrer
Bacchus. Bien que porté un peu trop sur la bouteille, se jouant même
des lignes de la luxure, le romain incarnait la joie et peut-être
même le savoir-vivre. Il me semble qu'un salon Apollon aurait bien
mieux convenu à l'idée que l'on se fait ici de nous-même et une
grande fête du soleil, chaque année place d'Armes aurait eu de
l'allure : chapeaux de kékou, lunettes multicolores, shorts moulants,
parasols transparents, maillots du RCT, motos de collection et 4 X 4
décapotables...
Tandis que là ! Franchement ! Du
pinard et du salsiflar, des fromages improbables, des arts de la
table...On a dû se gourer de chapiteau... Et puis vous avez vu
-enfin senti- comment ça pu quand on entre ? Ah c'est pas comme
chez nos amis de McDo où que quand on pénètre, ça embaume l'eau de
javel...Sans compter qu'organiser un truc pareil, en avril quasiment,
au moment où l'on doit à tous prix enfiler son slim 36, sortir les
petites fesses et rentrer le bide, c'est quasiment de la
provocation.
D'ailleurs il se prend pour qui ce
Bacchus à venir camper sur l'une de nos plus belles places avec une
tente que même Kadhafi il n'avait pas la même au Trocadéro ? Il se
croit sorti de la cuisse de Jupiter ou quoi ?
Et oui je suis en colère, mais
admettez qu'il y a matière. Ce qui me dérange dans le printemps,
outre le soleil et les cons qui vont dessous, c'est l'heure. La
nouvelle. Celle qui vient de me piquer soixante minutes de somme
comme au coin d'un bois. Et que le samedi soir, je bosse monsieur !
Pour vous. Qui vous prélassez sur mes banquettes moelleuses en
dégustant un Thuerry ou un Flars tout en me racontant votre vie qui
ne m'intéresse, mais alors qui ne m'intéresse pas le moins du
monde... « Ouais c'est ça que je me dis, patati – patata
et c'est toi qui va la passer la serpillère, toute à l'heure, cono... »
Des fois, ils doivent l'entendre parce que dans la fraction de
seconde, ils se lèvent et nous libèrent. Enfin tout ça c'est entre
nous, évidemment. C'est un peu comme si j'écrivais dans un blog que
les clients me font c...

Franchement docteur j'eusse préféré
que nous vénérions Apollon. Avec lui c'est : soit beau et
tais-toi... Et vous, personnellement, qu'est ce que vous en pensez ?
Jaco
Le
salon Bacchus fête son 20e anniversaire de jeudi 29 à samedi 31 mars
2012, place d'Armes à Toulon. Pour tout savoir rendez-vous sur le site
http://www.bacchus-fete.com/
Tout est bon dans le Thuerry
On ne pouvait pas laisser Bacchus fêter
ses 20 ans dans l'ignorance du Thuerry. Notre Thuerry celui que nous
avons adopté, à moins que ce ne soit le contraire. Partenaire du
salon cher à Laurent Jérôme et Yves Masia, Aubrac sur mer était
donc très concerné, motivé même par l'apparition de son cru
major, déniché là-haut au détour de Tourtour, Flayosc et
Villecroze.
Coïncidence, Château Thuerry célébrait
sa propre fête du millésime 2011, il y a tout juste quinze jours et
c'était comme à l'accoutumée, grandiose. Il y avait même, aux côté de Monica, Jean-Louis, Serge, quelques
guest stars, comme les maires des trois communes sur lesquelles
courent les vignes de Croquet et le député du coin déjà en
campagne. Mais la vedette incontestée, l'exception de la journée
était le millésime. Vainqueur à nos coeurs dans les trois couleurs
et les trois appellations. Un record !
Maltése, une sacrée tête de l'art
Maltése
– Estades, Estades-Maltése.
La complicité de ces deux esthètes, virtuoses du pinceau ou de la
galerie, les a emmenés suffisamment loin sur les chemins de la
notoriété. Performance notoire pour le peintre qui jouit de son
vivant de tous les avantages de la reconnaissance. Après Baboulène
et les peintres provençaux, voici donc pour deux mois Maltése
exposé à la galerie Estades, 22 rue Henri Seillon à Toulon
(derrière la mairie). Estades, un galeriste de classe internationale
qu'il faudra songer à décorer pour avoir été l'un des rares à valoriser
Toulon autrement qu'avec un ballon ovale.
Vous découvrirez à travers une
trentaine de tableaux, un univers étrange mais apaisant ; rouge de
rage ou bleu horizon. Maltése est aussi de Toulon ; ses bateaux
dansent sous le Coudon et les lavandes colorent des natures pas si
mortes...
Bref si vous n'avez pas le temps,
passez quand même chez Estades et profitez-en pour venir goutter
l'aligot et taquiner le tripous...
Moun païs, ô Laporte !
Lorsque ce long échalas apparut dans
l'encoignure de ma cuisine, je n'en fus pas surpris. Henri et Aubin
m'avaient déjà menacé de « me l'emmener » et Benji
m'avait également prévenu de son imminence. Bref j'étais prêt et
c'est Tom qui l'a fait. Sauf qu'évidemment ils n'avaient pas réservé
et que, forcément, ce jour-là, nous étions assiégés. Mais
comment refuser l'entraîneur le plus charismatique de France, dont
les circonstances aggravantes sont d'avoir été sous-ministre des
sports certes , mais de la République ? Bref, il a fallu virer deux
roturiers pour faire place à nos seigneurs du jour. Sans tapis rouge
toutefois, puisque depuis que nous avions reçu Marc, nous l'avions
mis au pressing.
Blague à part, je ne sais pas si vous
croyez, comme moi, qu'il n'y a pas que du hasard dans la vie , mais
la nôtre est parfois étrange. Voilà deux ans et demi que je peste
parce qu'Aubrac sur mer avait vocation à devenir un formidable lieu
de rencontre rugbystique et un lien générationnel magnifique et
qu'à l'arrivée, ils ne sont qu'une dizaine à nous rendre visite
occasionnellement. Sans compter mes amis, les vieux, qui
appartiennent à un autre monde. Le mien. Et le même jour, on
retrouve sur 10 m2 : Bernard (donc), Tom (l'anglais le plus sympa et
que j'aimais tant avant qu'il ne fasse un peu de mal à un mon cher
Edmond), Manu (le plus rude et le plus noble des piliers de sa
génération), mes amis Alex (un préparateur physique à son
meilleur niveau depuis plus de trente ans) et Edmond donc (plusieurs
fois entraîneur du RCT mais jamais sassez longtemps à mon goût).
Lequel me rappelait pour l'occasion que seules les montagnes ne se
rencontrent jamais. Et qu'il n'y a donc effectivement pas de hasard !
Je vais, maintenant en surprendre plus
d'un si je prétends que j'aime bien Bernard. « Bernie le
dingue » comme l'avait irrévérencieusement
-mais affectueusement aussi-
baptisé mon confrère et maître, Pierre-Michel de l'Equipe.
Je le prétends donc et l'assume, non parce qu'il a daigné pousser la
porte de mon antre, mais parce que c'est comme ça ! En m'empressant
d'ajouter toutefois que ce
sentiment ne tient absolument que sur le personnage, sa forme, son
peps, sa disponibilité, ses origine et son originalité. J'ai décidé
-seul, mais à l'unanimité-
que le reste ne me regardait pas !!!
J'aime le souvenir de ce type au cou de
coq déplumée comme il en caquète à profusion dans les fermes aux
confins du Tarn et de l'Aveyron. Qui piquait de son bec tranchants
tous ceux qui hantaient sa basse-cour, mais qui le faisait souvent
avec humour. Et qui, sur les plages requines de Bondy à Sydney,
avertissait les journalistes qu'il n'entrerait pas contre les
anglais avec la « paille au cul » et que ce serait « à
la fin de la foire qu'on compterait les bouses ».
Il me souvient aussi, il me souvient
encore de ces matches héroïques de Bègles où il entraînait ses
amis Moscato, Simon et Gimbert par le maillot pour les conduire sur
un tapis volant où l'on ne sait de quelle folie ils étaient
piqués. A l'époque on me taxait de complaisance à son égard, on
me vouait même aux gémonies, lorsque j'écrivais dans Var Matin que
la connerie était, sur le coup, bien partagée. Les mêmes qui se
prosternent aujourd'hui devant le nouveau maître du jeu toulonnais.
Si je n'accusais pas six lourdes années
de plus, j'aurais même pu me percer la main par un raffut sur son
nez inspiré en Assu lorsque je rencontrais le collège de Gaillac.
Nous avons grandis à 16 kilomètres de distance et ces liens en
valent bien d'autres. D'autant que bien plus tard, lorsque nous nous
croiserons derechef -lui à la crête et moi à la plume-, ce sera
par le truchement d'amis commun, Christophe et Henri, pour ne pas les
compromettre....
Je ne suis pas pour autant idolâtre.
D'ailleurs le reste nous sépare. Notoirement cette part active prise
par Bernard à transformer les poules de 10 du championnat en poule
aux oeufs d'or du Top 14, générant quelques monstres et de
terribles méfaits pour mon rugby...
Je n'ai rien d'autre à échanger que
ces souvenirs-là. Mais ils tiennent bien au coeur. Gaillac c'est
tout prés de Graulhet, Rodez -où il naquit- c'est au pied de
l'Aubrac et cette terre sur laquelle il garda les vaches dans la
ferme familiale, c'est la nôtre. La même.
Jaco

Bernard est à droite. A ses côtés Manu. Puis Fanfan, Alex, Tom, Edmond, Jean-Paul et Gérard.
Je tiens à les remercier tous d'avoir accepté aussi gentiment, spontanément, de participer à cette photo.
Nous
recevons aussi des génies à notre table. Nous avons déjà évoqué
Eddie, mais il y a aussi Xavier. Nous le retrouvons ici à notre
table en compagnie de Stéphanie au premier plan. En face c'est
Christine et à côté d'elle c'est encore Stéphanie.
Il vient en
effet de créer un jeu de cartes, un truc de fou ! Alors moi qui sait
à peine jouer à « bataille » je préfère qu'il vous
explique lui même en quoi ça consiste. Ensuite il vous suffira de
vous le procurer sur son site. Écoutons donc Xavier répondre à nos
questions
D'où
sort votre Golden Zéro et quelle est son originalité ?
Le Golden Zéro. C'est une histoire qui remonte à plusieurs années maintenant. Je cherchais un nouveau jeu de cartes avec lequel les joueurs pourraient bluffer et miser, comme au poker, sans que ce soit du poker. A force de chercher, j'ai fini par trouver l'idée qui deviendra le principe de base du Golden Zéro : atteindre une cible comprise entre 15 et 24 sans la dépasser.
Comment devient-on créateur de jeu de cartes
Étant créateur de jeux de société durant mes loisirs, j'ai sans cesse l'esprit en ébullition et le Golden Zéro est le premier jeu qui sera édité. J'espère qu'il sera le premier d'une longue série !
Quels sont les gens qui sont ciblés par ce jeu ?
C'est un jeu qui s'adresse à tout le monde. Les hommes et les femmes de 9 à 99 ans.
A toutes celles et ceux qui aiment se faire peur en prenant des risques et/ou faire chuter leurs adversaires autour d'une table. Attention tout de même : ce jeu étant à la base un jeu d'argent, les mineurs de moins de 18 ans ne sont pas autorisés à jouer des parties incluant la mise d'argent.
Comment se procurer Golden Zéro ?
Pour le moment, les jeux ne sont pas encore disponibles à la vente. On peut participer à des parties uniquement dans les lieux qui en sont pourvus comme les associations ou clubs.
Toutefois, il est prévu qu'une quantité limitée de jeux soit prochainement mise en vente (par correspondance uniquement) via le site www.golden-zero.com.
Le Golden Zéro. C'est une histoire qui remonte à plusieurs années maintenant. Je cherchais un nouveau jeu de cartes avec lequel les joueurs pourraient bluffer et miser, comme au poker, sans que ce soit du poker. A force de chercher, j'ai fini par trouver l'idée qui deviendra le principe de base du Golden Zéro : atteindre une cible comprise entre 15 et 24 sans la dépasser.
Comment devient-on créateur de jeu de cartes
Étant créateur de jeux de société durant mes loisirs, j'ai sans cesse l'esprit en ébullition et le Golden Zéro est le premier jeu qui sera édité. J'espère qu'il sera le premier d'une longue série !
Quels sont les gens qui sont ciblés par ce jeu ?
C'est un jeu qui s'adresse à tout le monde. Les hommes et les femmes de 9 à 99 ans.
A toutes celles et ceux qui aiment se faire peur en prenant des risques et/ou faire chuter leurs adversaires autour d'une table. Attention tout de même : ce jeu étant à la base un jeu d'argent, les mineurs de moins de 18 ans ne sont pas autorisés à jouer des parties incluant la mise d'argent.
Comment se procurer Golden Zéro ?
Pour le moment, les jeux ne sont pas encore disponibles à la vente. On peut participer à des parties uniquement dans les lieux qui en sont pourvus comme les associations ou clubs.
Toutefois, il est prévu qu'une quantité limitée de jeux soit prochainement mise en vente (par correspondance uniquement) via le site www.golden-zero.com.
L'esclave dit toujours oui !
Mais
cela dut lui plaire, puisqu'il y revint le malheureux. Le vendredi soir
alors que les clients défilaient, il gisait là, vivant mais jusqu'à
quel point ? Le lendemain, il fallut donc monter les enchères à défaut
de montrer les dents. Marie lui avait tendu un bout de pain et de
saucisse, Jo lui offrit une poignée de spéculos. Grand seigneur...
S
D F (sûrement des fainéants) comme le pensent la plupart des cons.
Avant on appelait ça les « clodos », encore avant les « cloches ». Il y a
bien longtemps : les mendiants et en des temps immémoriaux : les
manants. Lesquels se trainaient au pied des seigneurs féodaux, des
nobles à particules, des bourgeois à portefeuilles...
D'ailleurs
je me suis demandé qu'est-ce ce pauvre bougre venait faire devant le
seul restaurant qui ne gagne pas d'argent ! Peut-être le bouche à
oreille ? Il aurait pu rêver de nuits plus confortables au bord de
l'eau, là où les poubelles sont pleines de produits pas tous totalement
décongelés. Et puis c'est surtout qu'il y en a plein de types qui
mériteraient de retrouver quelques SDF couchés sous les quatre roues
maudites de leur « Audieux Q7 », ou sous l'abri de leur piscine donnant
sur la mer. Histoire peut-être d'éveiller leur conscience, à condition
tout de même qu'ils en possèdent un exemplaire. Même plus réduite que le
cul de leurs bagnoles.
Ah
! brave gens, tout ça nous ferait bien dégueuler même si, à 17 euros le
tripous-aligot ça fait dommage ! Je sais que ça me fait du mal mais je
ne peux m'empêcher de ruminer que la faculté du plus grand nombre
d'entre-nous à nous indigner demeure très insuffisante, voire
superficielle. Je n'ai pas dis superflue. Et je pense à cette brêle de
Séguéla qui expliquait - certes provocateur mais quand même ! - qu'à
cinquante ans, si tu n'avais pas une montre sertie de diamants, c'est
que tu avais raté ta vie. Je n'en connais qu'un qui a ce genre
d'ustensile, je sais qu'une partie de la rade le bade, mais il est le
plus abject qu'il m'ait été donné de rencontrer en cinquante trois
ans... Je pense aussi à cet ancien Président qui n'avait d'autre
objectif, après son mandat, que de gagner de l'argent. Bravo, mec, bel
état d'esprit !!!
D'une
manière générale, les conos qui n'ont que cette obsession : la réussite
(c'est à dire se gaver sur le dos de ceux qui n'auront jamais rien) me
paraissent le plus souvent démunis de profondeur, de culture et de
classe. Un peu comme si, pour gagner la compétition, il fallait à
l'instar de la Formule 1 s'alléger de la moitié de son carburant, ici
nous parlons de matière grise et d'humanité.
Avoir
réussi sa vie mes collègues - j'ai même une cousine qui à douze ans m'a
déclaré sa flamme : « plus tard je veux être riche ! » - ce n'est pas
forcément mener une vie dépouillée, monastique, austère. C'est au bilan,
avoir vécu suffisamment longtemps et pouvoir compter plus de moments de
joie que de périodes sombres. C'est avoir eu beaucoup de rêves et en
avoir accompli au moins un. C'est se lever en bonne santé et, comme
Janine ce week-end à Carrefour, Marc et ses potes à Evenos, consacrer
une journée ou deux à collecter des aliments, y compris pour « mon »
clodo qui me barrait l'accès au resto cette semaine. Je n'ai même pas
besoin d'ajouter qu'avoir réussi sa vie, c'est pouvoir s'offrir une
entrecôte d'Aubrac et un aligot, une fois de temps en temps. Ne
serait-ce que pour réussir la mienne.
C'est
aussi savoir dire « non » quand il faut. Pas toujours, mais le plus
souvent quand même. Je repense à cette tirade de mon idole historique
André Malraux prononçant, les maigres cheveux aux quatre vents du
plateau des Glières éclatant sous la neige, le plus beau discours de
tous les temps : « Toutes les hautes figures spirituelles de l'humanité ont dit "NON" ... maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort suffit à faire de ce pauvre gars le compagnon de Jeanne et d'Antigone... L'esclave dit toujours "Oui"." ..
Certains
trouveront peut-être ces propos commercialement incorrects. Faut voir
et telle n'est pas la question. J'ai toujours revendiqué mon
appartenance au peuple de l'écriture et non à celui de la cuisine qui
demeurera, même lorsque j'aurai décroché ma troisième étoile, une
affaire intime et familiale.
Mais dormez en paix ! Quand j'aurais ma troisième étoile, mon SDF aura racheté le RCT...
Jaco
Au Japonnais présent
Il
ne manquait que lui. Et ce fut une bonne surprise. En fait c'est notre
premier client venu du continent asiatique. Et pas de n'importe où : du
Japon, oui madame ! Et pas n'importe qui : un chercheur, oui monsieur !
Le docteur Sin-iti travaillerait sur le projet Iter pour l'agence de
l'énergie atomique du Japon. C'est vous dire si le type est sur un sujet
sensible ! Pierre, notre espion du samedi, qui se planque en terrasse
avec Patricia, l'avait pris pour un Chinois. Mais à part ça, il releva
que ce chercheur sans doute émérite n'avait pas trouvé le bon usage de
la trilogie. Il trempa les farçous dans le bol de velouté de potiron,
puis en fit de même avec les crevettes. Puis c'est à la fourchette qu'il
tenta d'attraper la soupe. Sans doute que Jo avait négligé de lui
apporter une cuillère. Jugeant qu'un type capable d'attraper du riz avec
deux baguettes pouvait faire des prodiges avec une fourchette. Enfin
bon, toujours est-il que pour le cassoulet, le japonnais n'a pas été
absent du tout. Jusqu'au dernier fayot !
Bravo maître et envoyez-nous vos compatriotes lorsqu'ils passeront dans le coin.
Chronique du 6 mars 2012
C'est dans les vieux potes...
Vous le savez
peut-être, avant de tenter de vivre de ma passion pour la cuisine, j'ai
exercé un vrai métier. Avec passion. J'étais journaliste, je ne m'en
cache pas, même si je devrais peut-être m'en excuser ! Et durant presque
trente ans, enfin au moins depuis sa première finale post-moderne, en
1985, je n'ai plus lâché le RCT jusqu'en 2009. J'y ai tissé des liens
sensément indéfectibles qui aurait dû m'assurer une clientèle, au
restaurant, pour le restant de mes jours. Car ce ne sont pas les solides
inimitiés -dont je suis le plus fier !- qui peuvent nuire à mon
commerce, puisqu'elles comptent pour si peu.
Il
me reste bien une solution pour revoir les potes des deux générations
croisées sur ma longue route rugbystique : les inviter en permanence. Je
me promets un succès garanti, un raz de marée. On risque même de
refuser du monde ! Toutefois, je pense raisonnable d'en parler,
auparavant, à ma femme et mon comptable ! Non, j'exagère, je dois
connaître cinq cents rugbymen, mais il y en au moins... dix qui viennent
régulièrement à Aubrac/mer ! Et je ne parle évidemment pas de ceux qui
sont passés par obligation, il y a fort longtemps, me couvrant de
compliments... mais que je n'ai jamais revu. A part Edmond J,
Jean-Claude B, Gilbert D, Patrice B, Michel T, Robert T et André V -ce
dernier à titre posthume- je n'ai guère de rugbymen toulonnais à décorer
de la grand' croix de l'Aubrac.
Et
ne pouvant non plus teindre mon aligot en noir, ce qui, avec la viande
rouge aurait pu donner une couleur locale et identitaire, je ne peux
attirer non plus tous ceux qui nous ont remplacés à Mayol. Ceux qui, il y
a dix ans, dévastaient nos forêts le dimanche après-midi ou aboyaient
dans les stades de foot -beurkkk !- à l'heure où pourtant, Marc de
Rougemont envoyait Teisseire à l'essai après une double cabriole entre
les pattes de Merle. Seuls sont restés fidèles à Mayol, quelques
demeurés. Ne vous méprenez pas, j'entends par là, ceux qui demeurent
dans les environs immédiats...
Enfin,
il faut être juste. Ils ne viennent pas me voir et cela tombe plutôt
bien parce que je n'y tiens pas non plus. C'est quand même mieux, même
pour quelques heures, lorsqu'on a des valeurs à partager avec le pain et
le sel. Que voulez-vous ! A force de faire de nos rugbymen des enfants
gâtés, puis des enfants gavés, on en a fait un sport pourri, gouverné
par des zombies prêts à tout sacrifier sur l'autel du profit. Il
n'émerge plus de nos stades, où flottaient naguère les parfums
d'anisette, de pistaches et de chouchous, que des relents fétides de
fric (re-beurkkk!).
Sur
ces entrefaites, voilà-t'y-pas que me débarquent, un samedi pour
déjeuner, une trentaine de vieux soldats du sport roi, celui qui se
pratiquait -noblement- à grands coups de poing dans le pif et les grands
jours de foire d'empoigne, quelques « pointus » dans les côtes. C'est
pas compliqué, à part les morts -Marcel Bodréro en dernier- et quelques
malades de la dernière heure (nous étions en pleine épidémie de
grippe), ils étaient tous là, ceux de l'amicale des anciens du RCT. A
l'époque, ils auraient bien tout cassé dans le bar, mais là ils
manquaient un peu de force et d'entrain. Il faut dire que désormais ils
carburent davantage à la pastille qu'au pastis !
Non,
je plaisante bien sûr et je suis tellement heureux, honoré quelque
part, que Jacky Calvet, Roland Deu (qui resta néanmoins au lit), Francis
Michel et Jacques Parcellier aient pensé à Aubrac sur mer pour se
remplir la panse. Comme le disait Jacky avec son accent catalan auquel
il n'a pas renoncé même au bout d'un demi-siècle : « Si on se
rrrrrégalait pas chez toi, on ne rrrrrrreviendrait pas, qu'est-ce que tu
crrrrrrrrrrois, mon petit ? » Histoire de garder un brin de virilité et
de ne pas me dire que, lorsque j'étais en fonction à « République »,
je devais bien être le seul journaliste -avec Raymond Bonavita- à
considérer avec respect et affection, l'amicale des Anciens.
Mais
ceux qui ne les respectent pas du tout, ce sont les mêmes. Ceux des
générations plus récentes qui au lieu de venir renforcer et étayer cette
association -qui est sur le point de disparaître avec les derniers
poilus-, ne serait-ce que pour perpétuer une tradition et ne pas cracher
aussi ostensiblement à la gueule du passé -de leur passé- préfèrent se
recroqueviller dans leur petit confort, en couvrant délicatement d'une
couverture leur immense ego.
Ils
n'étaient finalement pas tout à fait une trentaine, mais j'ai vu des
gens heureux. Plein d'élégance et de gentillesse. Tous n'avaient pas la
dimension d'un Herrero, ni l'aura d'un Gallion, certains même doivent
avoir bien peu de temps de jeu au RCT, mais à leur façon de liquider un
cassoulet de cinq cents grammes, je me suis dit que les anciens de
Toulon n'avaient pas seulement un estomac, ils avaient au moins une âme !
Jaco.
Nourriture spirituelle.-
Je tiens à saluer le beau geste de Christian et Martine. Sans doute les
seuls à avoir lu ma dernière chronique, ou à y avoir prêté attention,
et à en avoir tenu compte. Car ces amis m'ont effectivement commandé le
recueil de Patrick Lorenzini « Petites fêtes rustiques entrecoupées
d'averses ». Et tandis que je leur proposais de l'acheter plutôt que de
déjeuner à Aubrac sur mer, ils choisirent les deux : lire et manger...
C'est dire si ceux-là se nourrissent comme il faut !
Au paradis des originaux
Dans
la rubrique : « Ils sont venus, ils ne reviendront pas » figure
désormais, aux côtés d'André Véran et Paul Chambras, Dominique Chatain.
Je ne voudrais pas transformer ce blog en nécrologie. Même si l'on
continue à vous faire croire, que manger est devenu très dangereux
-comme boire, fumer, conduire, niquer, etc-.- Il n'y a plus guère que la
connerie et la malhonnêteté qui conservent, c'est vous dire à quel
point on va se faire vieux !
Enfin
voilà, Dominique Chatain nous a quittés. Certes, il avait l'âge pour ce
faire. Mais on meurt toujours trop tôt au regard des gens qui vous
aiment. Et nous, on l'aimait « notre » M. Chatain. Nous en connaissons
des pince-sans-rire, des pinces qui méritent l'appellation
« Monseigneur » et lui, en l'occurrence, il se posait un peu là. Un peu
las aussi, hélas, lorsque son coeur commença à se désolidariser de
l'âme. Nicole son épouse, à son tour malade, le fit un peu plus basculer
vers cette manière de lassitude de la vie, contre laquelle, un certain
âge atteint, on ne peut plus grand chose.
Il
y avait dans ses blagues toutes en sous-entendu, son sourire entendu et
ses perfidies en flux tendus, quelque chose de fort. De fort agréable.
Et de réconfortant. Au moment de la grippe H1N1, où les gouvernants
tentèrent de constituer un troupeau de soixante millions de vaccinés,
il se baladait avec un carton dans la petite poche du veston, à la
manière d'un arbitre. Et lorsque vous lui tendiez la main pour le
saluer, il sortait le bristol sur lequel il avait écrit : « La grippe
H1N1, ne passera pas par moi ! »
Ce
n'est pas tant le client fidèle depuis le 1e septembre 2009 qui nous
manque. Celui qui était venu nous tester dès les premiers jours et que
l'on n'aurait pu abuser, tant il connaissait bien l'Aubrac, Laguiole et
Conquet. Celui qui nous ramenait même parfois les dernières affiches de
l'office du tourisme que nous lui demandions. Celui qui nous a marqués
et nous manquera, c'est le personnage entier, massif, sincère qui fera
désormais défaut. Et comme nous l'aimions, nous lui dédions sa propre
anecdote : Une semaine avant sa disparition, il mangeait encore, chez
nous, une omelette aux cèpes... Comme quoi il faut toujours prendre
garde aux champignons !
Nous
vous saluons, Madame, qui semblez avoir formé avec Monsieur Chatain, un
vrai, un beau couple. A l'ancienne, comme on n'en fera plus beaucoup
désormais...
Je m'aperçois que je n'ai pas remercié l'équipe rédactionnelle du magazine "Le Bouche à Oreille". Certes je ne les connais pas -c'est le principe-, certes ils font leur boulot, mais j'ai apprécié leur critique. Equilibrée et juste (à mon sens, mais aussi heureusement à celui de la plupart de nos visiteurs).
Ce n'est pas tant à l'ego que cela fait du bien qu'au moral. Parce que dans cette société, les gens intègres, simplement intègres, ne sont pas ceux que l'on gratifie. Alors on le prend, bien volontiers.
Alors oui, le dab vous remercie !
Les Bonnes Tables, les Mauvaises et celles à éviter. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Nous n'avons convoqué ni le maire, ni la fanfare des équipages de la
Flotte (on a eu assez de pluie à l'automne), mais la terrasse d'Aubrac
sur mer a été inaugurée mardi dernier par Bernard. Cet ancien
journaliste de RTL tient il est vrai le siège de sa boite
« Communication et stratégie » à deux pas chez nous. Mais il aurait pu
faire comme tous les gogos et risquer sa vie au bord de l'eau à cent
mètres de là. Et bien non, c'est notre soleil à nous qu'il a choisi.
Celui de l'Aubrac. Et avec des bourriols dans l'assiette, il ne fait
jamais froid...
Quand il est pas mort, le poète....
Aujourd'hui,
cela va me changer des tripous, je vais vous vendre un livre. Une idée
que vous jugerez, peut-être aussi sotte que grenue. Mais ici, je fais ce
que je veux. Et c'est parfois bon de n'en faire qu'à son texte, de
s'ébattre dans la littérature, nu … comme un vers ! C'est beau d'être
libre, tout simplement, même un instant. Tous les hommes mariés, les
salariés, les journalistes... saisissent le propos.
Grand pourfendeur du consumérisme, je vais donc tenter de vous soutirer
25 euros. Pas pour moi non, mais le temps viendra peut-être où je me
verrai contraint de vous soumettre mes écrits, lorsque le rumsteck sera
définitivement frit et les carottes, cuites.
Il s'agit du bouquin d'un pote. Et quand je dis bouquin c'est pour
rire. Les Lévy, Meyer, Musso font des bouquins, Ruffo, Chabal, Bouvard
aussi... Pour entretenir leur égo et prendre quelques sous aux gogos.
Là, c'est un recueil. J'allais y mettre un R majuscule. Parce qu'il y a
la dimension de recul, celui que l'on prend en toute chose sur les mots,
les êtres et les morts. Et le recueillement, pardi, qu'il impose.
Son auteur, qui le connaît ? Pourtant il est Toulonnais. Enfin il me
semble bien. Ce n'est pas un ami, un proche. Plutôt un modèle. La seule
distance que je prendrais avec lui, c'est que tous ceux qui le
connaissent, l'aiment. Même les cons. Enfin, mes cons. Parce nous avons
chacun les nôtres. Et je crains de l'être moi-même pour d'autres.
Té, peut-être qu'à l'instant, Patrick s'écrie : mais quel con ! Enfin
non, je ne crois pas. Ce n'est pas le type à ça. Nous avons bossé
presque trente ans ensemble. Parfois tout près. En face. Mais jamais on
ne s'est appelé pour seulement aller boire un café. Et, par tous les
brésiliens, on en buvait pourtant plus qu'à notre tour ! Lorsqu'on
attendait notre jus planté derrière la machine, comme deux cons alignés
aux latrines la main droite en soutien, nous n'évoquions guère plus
qu'une émotion commune fondée sur quelques mots. Le langage n'étant pas
notre fort. Ni pas mépris, ni par vertu, mais par nécessité. Sans doute
sommes nous aussi frustrés de n'avoir rien à dire d'inintéressant que
ceux qui causent à tous égards. On pourrait faire de cette dualité une
fable : le mutique et la logorrhée (le moustique et le loup garou).
Lui, ce serait plutôt à un hérisson qu'il me ferait penser. Avec sa
coiffure que l'on pourrait aussi comparer à un porc épique, son dos
légèrement vouté et cette démarche discrète, qui trahit déjà tous les
traits d'une infinie délicatesse.
Vous me direz encore que je parle beaucoup du passé, mais la force du
passé c'est qu'on en connait la fin. Et puis Patrick n'est pas mort. Il a
failli certes, d'un coup de coeur pour va-t-en voir quoi ? Mais
l'horloge est repartie et ça rime toujours dans la cervelle de ce poète
que j'élève dorénavant et de toute façon au rang d'immortel. Et ce n'est
pas simple, parce qu'à l'origine, le poète, c'était moi. A 16 ans,
cono, moi aussi je l'avais le petit carnet à spirale dans lequel je
donnais du pied à mes alexandrins et du foin à mes ovins. Je gardais les
brebis à Massals entre Tarn et Aveyron ; berger et poète maudit. Maudit
je le suis resté, quant au reste j'ai mis un peu d'orgeat dans mon
berger blanc, mais toujours avec modération. Et le poète, c'est toi.
Disciple du vieux Léon -Vérane- (comme moi de Véran avec le béret), tu
as dépassé le maître, mon salaud. Sans avoir à le tuer, puisque ça,
c'était fait.
Non bravo ! T'as beau appeler ça des « poésies mineures » (ça mange pas
de pain), tes « petites fêtes rustiques entrecoupées d'averses » sont
colossales. Rien à voir, pour sûr, avec ces grands parcs d'attractions
où l'on extrait de nos gamins, le peu qu'il leur reste de cervelle. Mais
la musique est fine comme un ourlet délicatement posé sur un horizon
vespéral et l'on danserait bien avec les mots jusqu'à l'aube. C'est un
voyage à travers la planète, une découverte jubilatoire de tes petits
bouts du monde. Madras, Ouarzazate, Colombo, Chaukhtykyi,
Chalon-sur-Saône... Rien encore sur le chemin de Stevenson, dont la
seule maladresse est d'arriver au Puy, en négligeant l'Aubrac, le
laissant tout entier aux adorateurs de Saint-Jacques.
Le cortège de ces petites fêtes s'ébranle en cahotant de Toulon, pardi et des Chansons en rade :
« Viens-tu encore dans les cafés
du vieux Toulon quand l'aube saigne
voir comment la vie se défait
comme une aile arrachée aux fées
comme une lente fin de règne ?
Viens-tu reprendre au vieux comptoir
l'anisette de quelle ivresse
et tournant le dos au miroir
de crainte d'y apercevoir
le squelette de ta jeunesse. »
C'est ainsi que les hommes riment. 25 euros, c'est le prix d'un menu du
jour avec un quart de rouge. Exceptionnellement je ne vous en voudrai
pas si vous allez les craquer au libraire du coin, au Carré des mots, à
la FNAC ou Charlemagne.
Jaco
Géhess Editions. 17 rue de la Clacière - Toulon. http://www.gehess.fr/
Chronique du 21 février
La belette, le blaireau et la moulinette
Je
m'étais promis de la laisser hors de mes propos. De l'ignorer. De lui
faire, stricto sensu, le coup du mépris. Tous les jours je tournais
désabusement son bouton sans passion, ni respect. Un peu, si vous
voulez, comme si j'allumais la télévision.
Enfin,
dans ma cuisine il se tenait tranquille, il ne se risquait pas à cette
détestable attitude bien de chez nous consistant à se prendre pour un
autre. Je lui filait du fromage, il broyait du fromage. Je luis
versais des morceaux de potiron dans le bol et il me les transformait
en soupe. Et basta. Je ne l'aimais pas, mais je lui reconnaissais le
mérite de ne point tourner mal.
Je
ne l'aimais pas et je vais vous expliquer pourquoi. En m'excusant par
avance auprès de mes femmes (la famille, les clientes, les
admiratrices... non la je rêve, je n'en connais pas une !!!). Et à
commencer, ne vous en déplaise, par la mienne. Car c'est quand même
elle, la coupable.
Ceux
qui la connaissent bien, savent qu'elle n'appartient pourtant pas au
plus grand troupeau du monde : les dispendieuses. Elle n'est même pas
dépensière. Mais, voilà, pour célébrer mon demi-siècle, elle a craqué.
Non, elle ne m'a pas offert une « brételine » parce qu'à cinquante ans,
elle était la mieux placée pour savoir que je n'avais pas réussi ma vie.
Ni une WMB, en sachant que j'ai horreur des bolides et des cons qui,
tout en se prenant pour d'autres, sont loin d'être tous toulonnais. Ici
on serait plutôt du genre à acheter le logo de la firme automobile de
nos envahisseurs préférés et de le poser pour dissimuler celui de notre
pauvre C3.
Non,
la folle, elle m'offrit une moulinette. Ca me rappelait la fête des
pères, où nos chères épouses nous tendent un joli noeud avec dessous
une belle perceuse ou une ponceuse, suivant qu'elle ont envie que l'on
fasse des trous, ou qu'on les bouche. Et puis ça dégénère, car dans ce
cas, on lui offre l'année suivante, un aspirateur (si elle a un peu de
surcharge) ou une planche à repasser (si elle n'a pas trop de seins).
Attention,
ce n'était pas de la moulinette qui se finit par EB ou en EX, non là
c'était du futur. Du dur. Ce n'est pas une bagnole mais, quand même, de
la formule one. Bon, je brûle de vous donner la marque, mais ils
seraient bien foutus de me faire un procès, comme dirait mon papa. Parce
qu'une entreprise d'escroquerie de cette ampleur, à mon avis, ce n'est
ni de trésorerie, ni d'avocats que cela manque, mais d'humour. Enfin
cela commence par un V et se termine par un prix totalement exorbitant.
1000 euros ! voui Monsieur vous avez bien lu. C'est en euro dont on fête
d'ailleurs les dix ans de forfaitures. Il ne s'agit pas des 1000
balles du bon vieux temps, même s'il va sans dire que le V... ne les
vaut même pas.
Alors
comment font-elles les ambassadrices de cette moulinette allemande pour
vendre à nos pauvres françaises ce truc qui, en des temps reculés ou la
raison l'emportait et de loin sur le pognon, n'aurait même pas franchi
la ligne imaginaire de nos chères grands-mères. En tortillant du cul,
ces hôtesses expertes, expliquent à nos pauvres oies blanches, qu'avec
le V... on peut tout faire. Et même de la cuisine. Du jus de fruit. De
la boulangerie. Des glaçons pilés. Elles sortent de là ébahies.
Envoutées et les voici entrées dans la secte de la « Moulinette qui
hache, qui chauffe et que oui-je-vous-assure-ça-cuisine-super-bien... »
L'une a fait un marbré aux deux chocolats, l'autre un coq au vin et
c'est vrai que c'est pas facile à moudre. Et cela me rappelle
confusément et de loin en loin, la fameuse cafetière vendue par un beau
clown... né, qui fait couler plus de cyprine que de pur arabica. Je ne
sais pas s'il existe un féminin à blaireau, mais qu'elles fassent
gaffe, nos belettes, de ne pas devenir aussi pathétiques qu'un homme
dans un stade ou à bord de son 4 X 4.
Et,
comme je les aime bien quand même -par les allemands de V... mais nos
françaises- je m'étais résigné à la fermer. Et ne même pas tenter de
remettre en service leur cerveau, leur rappelant que pour cuisiner il
suffit d'une plaque de cuisson, d'une casserole, une cuillère, de
l'instinct et du goût. Mais patatras. Le couteau de cette moulinette à
1000 euros s'est cassé. Pour la deuxième fois ! La première c'était il y
a … six mois. Ne pouvant hacher mon fromage, j'étais fort embêté. Mais
je me doutais bien qu'un couteau de ce prix, HS au bout de quelques
tours -et donc forcément défectueux à la fabrication-, me serait
remplacé gracieusement, ventre à terre et tête baissée. Mais que nenni :
« Monsieur le couteau est un consommable et il n'est pas garanti... »
Consommable
j'adore ce mot, qui préfigure si bien de ce consumérisme que je vomis.
Je suis resté poli, en la remerciant chaleureusement et en évitant de
lui suggérer de se le mettre là où je pense, tant cela doit être
douloureux ! Le couteau ne valait pas moins de 90 euros. Alors je me
suis payé, pour bien moins que ça -la moitié-, un autre moulinette.
Entière et française. Et je rendrai cet extraordinaire V... à ma chère
épouse, avant de lui offrir ce couteau en or pour... la fête des mères !
Elle l'a bien mérité non ?
Jaco

Chez nous, ce sera sans Valentin !
On ne cesse de nous harceler : est-ce que vous ouvrez le soir de la Saint-Valentin ?
Ben non ! Et pourquoi ? Parce que cela tombe une mardi, mon chéri !
Remarquez, nous ne pouvons qu'être sensible au fait que l'on pense à nous.
Et
puis, surtout, on n'a rien contre les amoureux. Il en faut. Pour
remplacer ceux qui ont trouvé dans la lassitude le refuge à leurs
vielles certitudes.
L'amour c'est un peu comme la mort, ça s'en va et puis ça recommence.
La romance et la sentence. Ce qu'il y a de bien, c'est que l'on vit de
plus en vieux (enfin ces temps-ci j'ai du mal à le croire !)
et
comme on recule sans cesse nos limites, et bien on repousse de plus en
plus loin le temps de l'abstinence. Les mêmes causes produisant les
mêmes effets, ce sont les pilules qui nous maintiennent en vie et ce
sont toujours elles qui nous maintiennent le vier... madame Olivier.
Bref,
que vous ayez suivis les quelques subtilités sulfureuses précédentes ou
pas, retenez qu'il vaut mieux un lit d'amour qu'un lit de mort.
Alors non, nous ne serons pas ouverts le soir de la Saint Valentin,
mesdames et messieurs, pour l'excellente raisons que nous sommes fermés
le mardi soir ! Bien sûr, nous aurions pu faire comme tous ceux qui, en
attendant de pourchasser les grands vols de touristes l'été,
s'emploient à choper quelques pigeons, trop occupés à roucouler pour
s'apercevoir qu'ils se font rouler.
Ne vous faites pas de soucis, vous allez en trouver des « restaus »
ouverts et des menus de la Saint-Valentin, avec des des coussinets roses
en forme de coeurs. Car dans le coin, on est quand même plus à l'aise
lorsqu'il s'agit de mettre un joli noeud autour, que lorsqu'il faut
mettre quelque chose dans le paquet.
Bon j'évoque les restaurants parce que j'aime bien parler de ce que je
connais, mais les journaux c'est pareil ! Ceux-là aussi, ils vous en
balancent des coeurs, « cher lecteurs » comme ils disent. Des bonnes
nouvelles, le club qui gagne, le candidat -qui va peut-être perdre- mais
qui est l'ami de l'actionnaire et sans lequel, il n'y aurait plus de
publicités, donc plus rien, puisque cela fait longtemps que les « chers
lecteurs » ne le lisent plus.
Au temps où nous espérions encore être libres, j'avais dans ce pauvre
journal une chronique hebdomadaire qui s'appelait modestement
« L'humeur de la rue ». Ouha le jeu de mot ! J'y pourfendais, avec la
même assiduité -certains parleraient d'acidité- les opportunistes de
tous poils. Ceux qui hélas envahissent le marché quitte à s'échouer sur
les côtes encore préservées de l'humanité. J'avais appelé ça « Cupides
et cupidon » ! J'étais assez fier de moi et heureusement, car je ne
croulais pas sous les éloges. D'ailleurs quelques semaines plus tard on
me supprimait cet espace d'expression, sans même que j'en sois surpris,
ni que quiconque autour de moi ne s'en indigne. Je laissais alors la
place à Philippe Bouvard, dont j'ose espérer que s'il signe ces petits
bidules à la « une », il ne les écrit pas !!! Enfin les cupides sont
partout et seulement -mais sévèrement- concurrencés par les... stupides.
Non, nous se sont les amoureux de la viande que l'on reçoit avec
passion, à commencer par le mardi midi, sans compter les vendredi et
samedi soirs. C'est dire si les occasions de tailler un bavette, de
vérifier son entrecôtes, d'avaler la saucisse et de tâter le tripous
tout en comptant fleurette, sont nombreuses. Mais peut-être que je
m'égare...
En résumé, il faut que tout le monde vive. Les fleuristes, les
marchands de chocolat -et de bonnes nouvelles- de colifichets et de
fétichisme. Mais eux c'est pour la Saint-Valentin, nous, c'est pour tous
les autres jours !
Et l'on a rien, mais vraiment rien contres les amoureux -ni leur fête
commerciale-, d'ailleurs on les recevra volontiers pour un diner aux
chandelles, lorsque la Saint Valentin daignera tomber un vendredi ou un
samedi. En attendant, restez chez vous malheureux ! Une douzaine
d'huitres de Tamaris, un foie gras de Laguiole, une bouteille de Château
Thuerry et hop ! Au lit (ou sur le canapé pour les accrobates).
Jaco
Chronique du 7 février
Qu'importe le flocon
(2e édition, version Toulon)
(2e édition, version Toulon)
Elle
est tombée. A pic. Je veux dire à point. En février et sur la place
Lambert, les flocons voletant et parfois s'imposant, voraces, devant
l'enseigne Aubrac sur mer, jamais aussi bien nommée. Bon l'ouverture
d'une station à Super-Faron n'est pas encore d'actualité, d'autant qu'il
y a tant à faire dans cette pauvre ville ! Mais par ces temps de
réchauffement qui courent après toutes les peurs, ce petit coup de froid
ne me paraît pas de si mauvais aloi.
Y compris pour le commerce. Je veux dire le nôtre... D'ailleurs dans ce
décor digne de Laguiole ou de Nasbinals -les deux mégapoles de
l'Aubrac- je m'étais dit que nous aurions vendredi et samedi, tous nos
amis. Ceux que nous imaginions -pas plus tard qu'il y a trois ans-
proches, et qui viendraient se réchauffer à la cheminée de l'affection,
celle qui chauffe si bien les âmes. Bien mieux qu'une économie de pas ou
de parking.
Il y en eu, certes, et des classiques. D'essentiels. Momond et Michel,
Alex et Dany, ainsi qu'une belle famille resserrée dans la détresse du
deuil de Paul - leur père et leur mari-. Mais foin des grandes tablées
complices sur lesquelles j'avais fondé mon aventure. Si bien que nos
vrais amis, dans la crise, ce sont tous ces gens que nous connaissons
pas. Mais qui nous aiment. Pas par devoir, par économie ou intérêt, mais
pour ce que nous faisons et éventuellement ce que nous sommes. Il ne
faut rien regretter, ne rien traiter dans l'amertume, les choses, les
êtres sont ainsi bâtis. Parfois abattus. Les pauvres. Pour les autres
l'essentiel étant de rester debout. Le regard droit et la conscience
claire...
J'écris tout cela parce que comme dans toute aventure humaine on
bénéficie d'enseignements, fondés plus ou moins consciemment, sur une
étude de moeurs, de comportement, une manière d'ethnologie à l'échelle
de Lambert. Et si c'est parfois décevant, c'est formidablement
enrichissant aussi... Or, vous le savez, mieux connaître les hommes,
percer leurs mystères, leur face cachée, partager leur meilleure
tranche, cela ma passionne. Ce qui compte dans un restaurant tel que le
nôtre, fondé sur la générosité et l'intégrité, c'est l'authenticité.
Tout le contraire en somme de ce qui pèse de superficiel sur ce pays.
Et quel symbole que ces quelques flocons ! La neige, la blancheur de la
virginité. La Vraie. Pas celle du cul qui ne regarde que vous, mais du
coeur qui peut concerner tout le monde et principalement son prochain.
La neige, ce n'est pas du Courrèges (ou Dior) mais du courage ; ce
n'est pas la frime (à part à Courchevel) mais les frimas... Ce sont des
gamins de vingt piges qui sortent de table pour batailler autour de la
fontaine avec la première boule de ces dix vingt-cinq dernières années.
Ce sont des gosses de cinquante carats, scotchés derrière la vitre
comme une mouche en transit, les calots plein de rêves. D'amour et
d'évasion.
Vendredi soir, l'émotion dans ce restaurant a franchi son mur du son.
Entre éclat de voix, de rire et de teint. Le visage rubicond, nos
aventuriers dévorèrent la meilleure viande du monde accompagnée d'aligot
avec un appétit de yéti. Et ce n'est que lorsque nous annonçâmes des
flocons de 500 grammes que beaucoup se levèrent pour applaudir
l'événement. Car, pour une fois, nous méritions cette ovation. Organiser
une soirée à Toulon avec de la neige au dessert, café et digestif
compris, ce n'est plus du prestige, c'est de la magie.

Jaco
Chronique du 31 janvier 2012
J'y crois ! merci Paul...
Non, si je tourne un peu en rond il est vrai, en évitant les bancs de sable toutefois, c'est que j'ai changé le thème de ce bavardage dominical, par un coup de barre extraordinaire, in extremis allais-je dire. Vous l'avez deviné il ne s'agit pas du naufrage du Concorde sur le Giglio. Je voulais vous conseiller -une nouvelle fois- de manger de la viande, de la bonne ! Car je suis effaré par votre alimentation et totalement stupéfait de la désaffection des consommateurs toulonnais pour la plus belle conquête gastronomique de l'homme -avec le foie gras et les ris de veau, on est bien d'accord - !
Enfin, tout ça, c'est la faute à Paul ! Chambras. Vous connaissez pas ? C'est mon pote, un des derniers à Var Matin avec lesquels j'arrivais encore à franchement me marrer.
Toute la semaine j'avais écarté l'éventualité de remuer de vieux souvenirs et même de raviver des émotions encore brûlantes -je n'étais pas à Aubagne, mais Paul avait souhaité y être incinéré-. Je me disais que la plupart de mes possibles lecteurs, c'est-à-dire quasiment tous des carnassiers, ne connaissaient pas ce type et qu'ils préféraient donc que je rentre dans le lard de tous ces bouffeurs de graines, de salade et de poisson d'élevage et/ou à forte teneur en mercure.
D'autant que sur ma boite personnelle je lui avais déjà envoyé un salut à partager entre collègues. Enfin, je me suis dit qu'une leçon d'humanité, même défunte, ne ferait de mal à personne !
Évoquant notre ami disparu, rigolard et facétieux en diable, toujours prêt à quelques grosses blagues, l'écrivain Bernard Oustrières, l'une des fines plumes de l'époque où Var Matin existait, y répondait délicieusement : « Il ne faisait pas son âge, il n'avait pas son âge, un air d'enfance errait souvent sur son visage et il avait des sautes d'humeur adolescentes... Blagueur, gentiment ironique, chahuteur : un vrai potache. Et nous étions tous ensemble, avec lui, dans cette espèce de tendre lycée Papillon que fut le Var Matin d'hier. » Et notre ami de conclure : « Mais non, ce n'était pas hier. C'était jadis. »
On s'appelait de nos bureaux respectifs et au lieu de se demander si l'on allait prendre un café, on aurait pu dire, on va se marrer. Même l'hiver, on était dehors avec nos gobelets et ma clope. Car lorsqu'il arrêtait de fumer, Paul avait un cigarillo. Je lui disais que c'était un peu comme le type qui avait décidé brutalement de ne plus faire l'amour, mais qui pratiquait la sodomie... L'essentiel consistant, vous l'aurez compris, à rester digne et correct !
Les histoires de cul, les diatribes politiques -on ne savait pas pour qui votait l'autre, mais on savait pour qui on ne votait pas-, nos collègues journalistes têtes de Turc... tout y passait ! Si bien que l'on rentrait en toussant et avec un bonne demi-heure de retard à rattraper. Jamais en revanche, lui qui corrigeait nos coquilles et qui tentait de remettre en français quelques phrases tarabiscotées par d'incertains détenteurs de cartes de presse, ne se mettait en avant. Il parlait peu des missions humanitaires qu'il avait mené, longtemps, auprès de jeunes roumains et albanais, ni de cette formidable sollicitude accordée aux peuples opprimés, ni évidemment de ses amis arabes à qui il avait appris notre langue, lui le pied-noir sorti du noyau dur de l'Algérie française.
Alors, voyez-vous, finalement, comme le prétendait un homme d'état qui, pour n'avoir pas plus de parole que les autres, n'en était pas moins un maître des mots et un géant de la syntaxe : « Je crois aux forces de l'esprit... » Et il me semble que lui, Paul, s'était arrimé à cet étrange lien, entre les vivants et la mort, depuis fort longtemps. On s' y rejoint, ses potes du journal, Nicole, Isabelle, Bernard, Yves, Loïc, Patrick, José et bien d'autres, avec finalement autant d'intérêt que de curiosité.
Et cette force, je l'ai retrouvée, plus puissamment encore, dans les expressions, les mots et les regards de ses enfants, Sandra et Lilian. Pleins de classe et de grâce. A leur façon délicate mais résolue d'évoquer la vie, l'amour, et les ultimes souffrances de leur père. De railler ses travers pour mieux en valoriser sa personnalité. Magnifiques gosses. Pareil pour Arlette, son épouse, superbe de dignité et presque protectrice envers des visiteurs embarrassés.
Tout prés de là, il était allongé avec ses lunettes comme s'il s'apprêtait à ouvrir son Canard Enchainé. Je n'ai pas voulu m'approcher, mais je le pistais du coin de l'œil. Et bien, il ne l'a pas ouvert ! Mais je suis ressorti de cette maison funéraire de La Seyne, plein d'amour, de force et de raison. Bravo Paul. Je crois aux forces de l'esprit.
Et que cela ne nous empêche pas de manger de la viande. De la bonne...
Jaco
Consultez l'hommage rendu par ses amis marocains de Figuig : http://figuignews.com/?p=2393
Chronique du 23 janvier 2012
Je
me suis souvent demandé pourquoi nous n'habitions pas en ville ! Avec
quand même dans l'idée que c'était fait pour ça, une ville !! Le cas de
Toulon est, en cela, totalement exemplaire. Le matin, des milliers de
petits soldats roulent au pas, enfument le Coudon puis le Faron et les
types dans leurs bagnoles font des tronches de six pieds de long. 10,
parfois 20 bornes de bouchon tout ça parce qu'à l'entrée de la ville,
directement sur l'autoroute, des ingénieurs -sans doute venus de Lyon-
ont réduit l'accès à une seule voie, puis -au cas où ça ne suffirait pas
!- placé quelques feux rouges, dès fois que ce serait trop commode
d'entrer en roulant normalement.
Et
le soir, dans l'autre sens y a plus les feux, mais toujours cette
interminable noria de voitures, ce chapelets sur lequel on prie en
égrenant le temps pour que tout cela s'arrête ou, en l'occurrence
redémarre. Quand on rajoute aux heures de sommeil perdues pour arriver à
l'heure, au stress que génère ces situations quotidiennes, à la facture
de pétrole, à ce que coute ce tas de ferraille à volant -même neuf-...
Et je n'évoque pas la « qualité de vie » dans les grands lotissements où
l'on vous parque, à Solliès ou Pierrefeu, lorsqu'il faut encore sortir
la voiture pour aller chercher le pain. Je ne vous parle pas non plus de
la tondeuse du voisin le dimanche matin, du chien neurasthénique qui
gémit une partie de nuit et hurle au seul envol d'une libellule ; de ces
abominables minots qui vocalisent tous l'été en plongeant dans leur
piscine de trois mètres carrés et à qui il ne faut surtout rien dire
« car-ce-ne-sont-que-des-enfants-peuchère ». Certes des petits, mais
tout de même de grands cons en puissance.
Enfin
bon, quand vous avez fait le tour de la question -et vous avez le temps
vu que vous passez au moins deux heures dans votre habitacle préféré
-parfois même en poussant le raffinement de la torture jusqu'à écouter
RMC- vous êtes obligés, -même avec un cerveau ramolli qui vous invite
justement à vous brancher sur cette onde maléfique- de vous poser la
même question que moi : « mais qu' est-ce que je fous là ? »
Et
voici la réponse. Cela fera trois ans en septembre que nous nous sommes
installés -en toute innocence- au centre ville. A l'hyper-centre même. A
côté de la rude d'Alger dont on ne sait d'ailleurs a quel oracle on
doit de l'avoir baptisé ainsi avec quelques siècles d'avance. Côté
sommeil, certes, le réveil sonne un peu plus tard, mais on ne l'entend
plus, vu qu'on vient de s'endormir il y a tout juste deux heures lorsque
le grand « live » de rap et de raï organisé « at home » dans l'immeuble
d'en-face, vient à peine de s'interrompre.
Le
réveil est d'ailleurs parfaitement inutile, puisqu'on trouve toujours
une bonne âme pour balancer dans un grand tonnerre, des palettes, des
vielles télévisions, des bouteilles et va-t-en voir quoi encore, sur la
plate-forme des poubelles, ou l'on est censé déposer dans des sacs
fermés de 50 litres maximum, ses seules ordures ménagères.
Après,
vous pouvez allez chercher le pain. Bon pas chez un vrai
boulanger-pâtissier. Celui-là est parti à Solliès ou Pierrefeu -là où y
a du monde quoi !- Mais en allant acheter votre baguette dont la pâte
vient d'être délicatement décongelée puis cuite dans un four
industriel, regardez où vous mettez les pieds. Car les braves
propriétaires de toutous viennent également -juste avant vous- de faire
leur sortie quotidienne. Sans même chipoter en évoquant les jets de
pisse systématique qui finissent par attaquer les murs d'habitations,
vous vous exposez à une manière d'enlisement. Car ce ne sont pas des
« chie ouha ouha » qu'ils baladent nos voisins du quatrième, ce sont des
molosses, de véritables machines à déféquer. Des monticules, que
dis-je, des promontoires ! A tel point que si l'on trouvait dans la
matière, le moindre usage -énergétique par exemple- leurs proprios se
transformeraient illico en roi du pétrole. Et nos places et venelles
retrouveraient leurs allures débonnaires, car fini le caca matinal sur
nos artères, tout dans le baril...
Il
ne reste donc plus ici, qu'à réinventer le centre ville. Et par la même
occasion le civisme. Il ne reste plus qu'à rêver que « les gens » avant
même que de respecter l'environnement ou le voisinage, se respectent
eux-mêmes !
Ceci
est déjà une trop vieille antienne. Avec une population normale, des
magasins dignes de leur enseigne, un port qui donne envie, de la
lumière et des parkings -pour mieux circuler à pieds-. Et un petit
restaurant où l'on mangerait encore des produit frais, une cuisine
vraie...
A moins que ça, ce ne soit déjà fait ! Après tout, il faut bien commencer par quelque chose...
Jaco
Greg, 15 jours pour convaincre !
Ce
que nous aimons le plus dans cette activité, ce sont les rencontres. Et
même si l'une d'elle est désagréable, elle est immédiatement couvertes
par de biens meilleures et abondantes. Cette fois ce ne fut pas un
client, mais un employé. De passage, puisqu'il ne nous a rejoints que
pour pallier à l'absence provisoire de Jo.
Greg
à 20 ans, de beaux projets plein la tête. Mais il est capable
d'accepter un simple remplacement de quinze jours dans un métier qu'il
ne connaît pas. Il sert, prend le ballai, fait la plonge, avec une
aisance et une gentillesse sidérante. Greg à 20 ans, il est honnête,
gentil, bien élevé. Et comme si cela ne suffisait pas, il amena à notre
table ses collègues pompiers de Solliès, ses copains guitaristes et
l'ensemble de sa famille. Greg à 20 ans et tout à coup, on se prend à
espérer que ce monde n'est pas tout à fait foutu...
Toute nos félicitations aussi à sa maman Rosanna et à Toni.
La famille à Greg de gauche à droite : Alex, Toni, Rosanna, Greg, Ideal, Clelia,Michelle, Léandre et Marine.
2012 : on va tenter d'en rire !
Par
ces temps de grand vent qui claque nos portes et tape sur nos systèmes,
je mes dis que ce n'est pas plus mal d'écrire. Les écrits restent, les
paroles s'envolent... Ce qui ne m'empêche pas de compatir à la
souffrance de mon olivier, qui ne sait ni lire, ni écrire, mais qui se
ploie sous la tempête, tandis que ses feuilles... s'envolent.
Allons-nous
ployer, nous aussi et peut-être plier, balayés par la tornade
financière initiée, fomentée même, par ce que le pauvre Jojo appelait le
« grand capital » ? Ah ! il s'en serait donné à coeur joie 1e
secrétaire général du PC à la sortie de cette banque où l'on vient de
refuser un prêt à ce vieux qui voulait juste changer sa paire de
chaussures. Il ne lui reste plus qu'à vendre l'alliance que lui avait
légué sa maman, dans l'une de ces boutiques où l'on vous rachète l'or à
vil prix, mais... pour votre bien. En période de glaciation
-atmosphérique ou économique- c'est fou comme les chacals prospèrent.
Enfin
bon, pour obtenir un prêt bancaire, il ne vous reste plus qu'à attendre
de devenir riches ou que les prêteurs en aient besoin et vous
ponctionnent de très gros intérêts.
Tout
ça n'est pas très normal, ni moral. Et pour le rendre supportable je
crois qu'il ne nous reste plus que l'humour. J'ai bien écrit l'humour et
non l'amour, ce dernier étant le seul que vous puissiez partager avec
votre femme. Oups ! je crois que je viens d'écrire une bêtise. Le gros
avantage avec l'écrit c'est que vous pouvez aussitôt l'effacer. Alors
qu'une parole, quand vous l'avez dite...
Non
mais si... C'est très important l'humour. Cela met de la distance avec
les tristes réalités, les clivages et avec tous ceux qui se prennent
trop au sérieux. Cela provoque parfois des rires. Lesquels provoquent de
l'endorphine. Substance générée par l'organisme qui n'a pas pour effet
de provoquer le sommeil, mais bien au contraire de vous montrer le
soleil. C'est ainsi que l'on peut ressentir, parfois, plus de plaisir
avec une bonne dose d'humour, qu'après une grosse heure d'amour... Et le
tout sans avoir à beaucoup forcer, sinon pour lever le coude par petits
coups réguliers...
Et
voilà pourquoi les religions sont rétives à toute manière de rires. Car
si les pauvres se mettent à croire au clown, ils se retrouveront plus
souvent sous les chapiteaux de cirques que sous les voutes célestes. En
France, nous sommes sur le point de régler la crise de la sorte. Les
numéros de Sarko sont proprement hilarants, Hollande qui singe
Mitterrand, Marine légère comme un cuirassée mais qui voudrait se faire
passer pour une gondole... Tout ceci est désopilant....Quelque chose me
dit que la poilante n'en est qu'à ses tressautements.
D'ailleurs
nous, plutôt que de la viande, on vend des vannes. Et depuis,
franchement, on s'en tire plutôt mieux. Avec mon nez rouge et un béret
d'origine indéterminée, Marie avec sa langue de belle-mère et Jo -quand
il est là !- avec des allures de ouistiti sortant du bain, nous formons
une troupe en devenir. Et c'est ainsi que nous pouvons nous targuer
d'accueillir, à ces déjeuners-spectacles, les représentants de toutes
les sensibilités politiques. Si l'on m'avait dit que je recevrais un
jour à ma table les émissaires locaux de tel ou tel courants de pensées,
je ne l'aurais évidemment pas accepté.
Comme
quoi, le commerce mène à tout et surtout au compromis. Je m'arrête là
pour ne pas aller jusqu'à la compromission. Il n'empêche qu'en levant
haut le coude, en humant une belle soupe de cochon (potée) ou en se
débattant avec un fil d'aligot, on peut passer un bon moment avec
n'importe qui. A condition évidemment qu'il puise son goût pour le
cassoulet au plus profond de l'humanisme (je suis né en son berceau,
tout près de Jaurès) . A condition aussi qu'il sache rire de tout … et
surtout de lui-même !
Adissias et mantsas pla...
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