Jaco reconnaissant
Forcément,
ce blog qui ne tient que sur la saveur du terroir et un humour que je
tente de partager avec un nombre forcément limité de lecteurs,
n'aura pas aujourd'hui la même légèreté.

Papy
laisse autour de lui une immense famille plongée dans la plus totale
tristesse, mais aussi des amis et clients de tout le pays, qui ont
savouré un demi-siècle durant, la chaleur, la complicité,
l'hospitalité de la Route d'Argent. Nous aurions tous voulu
l'accompagner, mercredi après-midi, vers sa dernière demeure, tout là-haut dans l'Aubrac lozérien, sur
la route du Buron du Born, dans cet interminable cortège s'étirant
comme un hommage sans fin, sous un rideau de neige dont on
n'imaginait pas qu'il puisse être un autre linceul.
On reconnait les grands hommes à leur simplicité. Pierre Bastide, rentre ici dans mon Panthéon...
Nicole a rejoint Dominique
Moins
de deux ans après son cher époux, Dominique, Nicole s'en est allée,
la semaine dernière. Ce couple de Toulonnais, quasiment voisin de
l'avenue de la République, avait cessé d'être des clients, pour
devenir dès nos premiers mois d'activité, des complices, des
convives, que nous recevions avec allégresse et considération.
Amoureux de l'Aubrac, de Laguiole à Nasbinals en passant par la
Chaldette, ils avaient su nous faire entendre sans y mettre les mots,
par un sourire, une présence, qu'ils l'étaient un peu devenus aussi
de notre restaurant. Désormais veuve, Nicole n'avait cessé de nous
rendre visite pratiquement toutes les semaines. Elle était
accompagnée alors par ses enfants Franck et Michel, leurs épouse et
compagne, mais aussi ses petits-fils et notamment Romain.
Luttant
depuis quelques années contre le cancer, il lui arrivait de venir
faire son premier repas après sa sortie de l'hôpital. Lorsque je
voyais apparaître sa silhouette fragile mais digne, je savais que je
pouvais préparer une bavette – aligot. Nous la vîmes une dernière
fois à l'automne fortement handicapée, mais fidèle à ce rituel
aubracien qui nous donna de connaître la famille Chatain. Nicole et
Dominique que nous n'oublierons jamais et grâce auxquels nous ne pouvons
regretter de nous être lancés dans cette folle aventure. Ils auront
été l'une de nos récompenses, même si pour le coup, elle
est bougrement empreinte de tristesse.
Jaco
Chronique du 31 décembre 2013
Chronique du 24 décembre 2013
Ils
voulaient tout, alors ils auront encore plus. De la grand-mère
gâteuse qui se rassurera en achetant le maximum pour être mieux
aimée que les autres, au papi gâteau qui étalera ici toute la
puissance de sa carte gold, en passant par le tonton qui posera au
pied du sapin tout ce qu'il attendit en vain jusqu'à ses vingt ans,
ce seront des amoncellements de paquets bigarrés qui feront briller
leurs généreux donateurs.
Mais
pour conclure ce conte -règlement de compte comme il me sied si
bien- je ne voudrais pas en finir avec lui sans évoquer les
confidences de mon petit-fils de sept ans. Il m'expliquait avec force
détails et une assurance certaine, que le père noël savait tout ce
que les enfants faisaient durant l'année grâce à des petits
lutins, qui se cachaient dans les sapins et que l'on pouvait
distinguer, car ils se reflétaient sur les boules. Le plus sûrement
du monde, il poursuivait ainsi son éclairante démonstration : « Les
rennes peuvent voler dans le ciel car ils marchent sur des plantes
qui les maintiennent en l'air » Et encore : « le
Père Noël peut apporter des cadeaux à tous les enfants car il a
une montre qui avance très lentement... »
Ce
qui m'épate c'est que cet homme de goût, cet esthète taillé pour
la fête (et son épouse) aient tout de même mis plus de quatre ans
à nous trouver ! Sans doutes les occupations. Car ce limousinier de
profession est également éngagé dans la vie associative (de la
Garde au Pradet) et sportive. Champion d'Europe des artisans à vélo,
il fit de sa fille une championne de cyclisme sur route aussi bien
que sur piste.
Plus
légères toutefois, ses passion pour la poésie, le dessin et la
peinture qui nous a valu ce remarquable présent. Quatre tableaux que
nous nous empresserons de mettre en exergue sur le fond rouge de
notre couloir d'entrée. L'un d'eux comporte la dédicace suivante :
« A Jaco, utopique d'aujourd'hui, visionnaire de demain »
Merci camarade, il suffit qu'il ne soit pas trop tard. Ils sont beaux
ces tableaux, Jean-Paul. J'adore le petit, ce décor de neige dans un
champ piqueté comme nulle part ailleurs. Ils feront désormais
partie de notre paysage, rejoignant aussi les contributions
picturales de Christine et Elie.
Chronique du 17 décembre 2013
Chronique du 10 décembre 2013
C'est
triste de voir le plus vieux métier du monde, le plus beau aussi
(même si après la cinquantaine…) menacé de disparition parce que
quelques centaines de faux culs votent à l'assemblée une loi visant
à culpabiliser le type qui plutôt que de piquer la femme de son
copain, préfère se rabattre sur un joli tapin. Amis, voisins et
vous tous que le devoir appelle loin de chez vous : tremblez ! Ce
sont les professionnelles que l'on élimine et nous allons voir
émerger une redoutable génération d'amatrices. Quant aux moins
hardis, ils se finiront à la main, ce qui n'a certes jamais tué
personne, mais qui a -par exemple- ruiné l'économie de Toulon,
laquelle n'est pas prête de s'en remettre...
Vendredi complet,
ne faites pas trop de projets à Aubrac sur mer, le vendredi 13. C'est
complet à midi et le soir ! Mais vous pourrez sûrement vous rattraper
Chronique du 3 décembre 2013
Le
plus spectaculaire, parce que le plus stupide, est évidemment la
présence à l'entrée de la ville-préfecture, porte des Oliviers,
d'un feu tricolore. Toulon doit être la seule ville au monde à
flanquer des feux sur une autoroute. Et quand je dis « tricolore »
je reste mesuré, tant il est vrai qu'il s'agit essentiellement d'un
feu rouge. Je n'en revenais pas lorsque j'ai chronométré le temps
imparti aux centaines de voitures affluant en jet continu de
l'autoroute (35 secondes) pour franchir le feu, tandis que la dizaine
de chanceux arrivant du boulevard Léon-Bourgeois (le bien nommé)
perpendiculaire, disposaient de près d'une minute. En sorte que,
tandis que la queue s'étire sur des kilomètres sur la seule voie
réservée aux malheureux qui se donnent encore le mal de venir
turbiner dans Toulon, la petite artère transversale est totalement
déserte. J'en déduis que l'élu chargé de la circulation, doit
plutôt habiter au Cap Brun ou à la Serinette, qu'à La Valette ou
Carnoules.
Non,
mais tout ça ne nous dit pas pourquoi il y a tant de monde qui veut
entrer dans Toulon alors qu'il n'y a presque plus de travail. Bon
certes il reste quelques emplois à la mairie ou à l'arsenal ! En
réalité, c'est qu'il y a encore moins de gens qui y habitent.
En
fait, tout autour, on a commis des lotissements à tours de bras. Le
dernier en date est emblématique. Il s'appelle le quartier Défens.
C'est un peu comme la Défense, mais sans les tours et sans le
pognon. Ils ont d'abord bétonné un centre « culturel »
qu'ils ont appelé Lidl (tiens encore les Allemands, « arch
groB malheur ! ») et qui diffuse une intéressante revue
philosophique qui dit a peu près ceci : « pour une boite de
nuggets achetée, une deuxième à moitié prix ». C'est ainsi
que les nouvelles génération apprennent à lire et à vivre. Ils
ont construit autour du « supermarket discount », des
centaines de « villas ». J'ai mis villas entre guillemets
, parce qu'il s'agit, au vrai, de maisonnettes, enfin quoi, de cages
à lapins. On appelle ça cages à lapins, non à cause des grandes
oreilles de leurs propriétaires mais de leurs petites couilles qui
leur permettent de faire plusieurs minots grâce auxquels ils
pourront rembourser leurs traites sur ladite cage...
Notre ami Yves, désormais ambassadeur honoraire d'Aubrac sur mer, prépare aussi Noël. Ami des épicéas et autres Nordmanns, il a donc choisi d'utiliser des palettes (elles mêmes issues de pins déjà sacrifiés) pour dresser de magnifiques décors à la fois modernes et fonctionnels. Du coup cette année, c'est promis vous ne retrouverez pas d'épines dans le potage. Et nous aurons l'occasion de vous présenter l'œuvre dans sa totalité et son pot au lait.
Eric, la langue (aussi) bien pendue
Nous sommes bien les premiers !
Il paraît qu'il n'y avait pas le journal dans les kiosques cette semaine. Cela n'a pas dû beaucoup manquer aux lecteurs qui s'étaient déjà habitués à ce qu'il n'y ait plus de journalisme. Désormais ce sont les gens qui se chargent de faire l'info. Tchat, forum, tweets, face de bouc et même blogs, s'y sont substitués . Ceux qui consommaient la presse jadis, se sont piqués, avec la complicité des patrons de journaux et de radios, de l'animer. Avec toute la pertinence, la compétence et le recul que l'on imagine. Comme le disait fort bien Coluche, avant son ultime dérapage, ils ont : « un avis sur tout et surtout un avis. » C'est même à ça qu'on les reconnaît.
1) D'autres clients m'avaient déjà conseillé de ne pas répondre à ce genre d'attaques malveillantes afin de ne pas leur donner plus d'importance qu'elles n'en ont. L'un d'entre eux me disait : "Ne parle pas aux cons, ça les instruits !" C'est aussi notre façon de saluer Georges Lautner, même si là c'est du Michel Audiard.
Restaurant
fort sympathique du centre ville de Toulon. Patrons et serveuses très
accueillants et efficaces ! La petite terrasse est charmante. C'est
très agréable de déjeuner au soleil à côté de la fontaine.
Cuisine de produits frais. Cela fait plaisir de ne pas forcément
devoir manger des moules pour manger frais ! Devenu client habitué,
j'éprouve toujours autant de plaisir à manger là-bas !
Nous ne nous dirons pas au revoir demain ! (Excellent - Octobre 2013)
Que
dire ? si ce n'est que mes papilles gustatives en redemandent,
vraiment un très bon endroit où l'on mange bien, très bien même,
n'ayons pas peur des mots. Je ressors toujours avec un sourire et mon
estomac me remerciant et me poussant à y retourner. Je le conseille
vivement pour qui sait apprécier les très bonnes choses et les
plaisirs de la table. Un resto à Toulon ? Aubrac sur Mer ! allez y,
vous ne serez pas déçu. Et je n'oublie pas l'accueil et la
convivialité que l'on y trouve, simple, agréable, toujours le
sourire, bref un régal. vivement que j'y retourne !
Merci de pouvoir nous donner la possibilité de manger sainement de bons produits. (Très bon - Juillet 2013)
Chronique du 19 novembre 2013
Ce qu'il faudrait, c'est un bon typhon
Non,
vous avez beau croire, c'est un véritable supplice que d'avoir à
participer à l'effort collectif dans un pays où l'on est convaincu
que le voisin est toujours mieux loti... Où l'on parvient à
ignorer, par un comble d'indécence, que les trois quarts de la
planète manquent du minimum vital... Je ne vois, pour apaiser tous ces
torturés de l'impôt, ces « sacrifiés » du petit
commerce et ces « bonnets rouges » à qui l'on voudrait
interdire de continuer à saloper la Bretagne, qu'un bon petit stage.
Eux qui sont, généralement, de grands voyageurs, devraient être
conviés à un séjour à bas coût aux Philippines. Je verrais bien
Ryanair affréter quelques vols low cost vers Tacloban où le typhon
Hayian a tout balayé, un peu à l'image de la taxe à 75 % sur les
milliardaires ou la TVA à 10 % chez les artisans... Ainsi
pourrait-on disposer de quelques éléments de comparaison !
Chronique du 12 novembre 2013
Or
donc, pour avoir passé plus de trente ans dans cette ville ou ses
abords, je n'avais jamais mesuré à quel point son coeur, son
poumon, son âme que devrait constituer l'hyper-centre (ou centre
ancien, ou basse-ville) connaissait, de la sorte, la détresse puis
la désertification.
Chronique du 5 novembre 2013
Chronique du 29 octobre 2013
Un
pote qui bosse dans le giron, m'a mis tout de suite à l'aise. Quand
tu reçois un appel à cotisation, surtout ne paie rien. Conteste-le.
De toute façon, il est faux ! C'est alors que tu mouilles du bout de
la langue ton crayon pour demander, de ta plus belle écriture, un
réexamen de ton dossier. Pas de problème ! Un ponte de Nice te
répond qu'il a bien voulu prendre en considération ta requête et
compte-tenu d'un trop perçu de tant, il ramène ta cotisation à
tant.
Chronique du 22 octobre 2013
Le
dimanche, naguère, on roupillait donc un peu plus que de raison. On
bouffait aussi allègrement que ce qu'on picolait. Le poulet onctueux
supplanta d'abord la bonne vieille poule au pot dont la résistance à
la fourchette garantissait tout risque de perversité. Je me
souviens, non sans un soupir d'émotion, du rituel selon lequel mon
père après avoir aiguisé le couteau en le croisant sur un autre,
découpait de mains fermes le poulet qui n'était pas Dou (qui le
sait ?) mais bien de chez nous. Ma mère faisait alors couler sur le
blanc ferme et franc, une belle cuillère de jus épais et gouteux.
Il y avait bien souvent pour l'accompagner un buisson de frites,
taillées à la main dans de vieilles patates répondant au nom, une
fois, de Bintje.
C'est
que le dimanche, justement, a débarqué la famille, avec ses trois
marmots. Les parents les ont lâchés persuadés que, puisqu'ils
étaient dans la nature, ils pouvaient en disposer entièrement. De
hurlement en piétinement, ils ont ravagé la forêt, bien mieux que
n'aurait pu le réaliser une escouade de marcassins. Attila, à côté
du Toulonnais en balade, c'est même pas l'équivalent de l'un de ces
enfants. Y a plus une seule châtaigne ! Ça tombe bien, on en
voulait pas, vu que c'est interdit de les ramasser, sauf pour ces
petits diablotins, les pauvres ! Les dernières chanterelles sont
réduites en purée et ne verront jamais la Toussaint. Le sous-bois
est ratissé, labouré, crevassé... Mais il serait désobligeant,
de mauvaise foi même, de prétendre qu'ils n'ont rien laissé. En
échange, les bons petits ont éparpillé les boites de nuggets McDo
en polystyrène (revoilà notre bon vieux poulet !!!), les cornets de
fausses frites et les papiers de barres chocolatées. Les plus
généreux ont même casé entre un genêt et une racine d'arbousier
une canette de soda. Dans cet obscur décor sylvestre, y a pas à
dire, ça égaie !
On
a cru un moment qu'il nous snobait ! Qu'on n'était plus assez bien
pour lui. Et qu'en bon Toulonnais il lui fallait des nappes blanches
et des ronds de jambe. Enfin quand je dis on a cru, c'est façon de
parler, parce que Michel, expert en oeuvres d'art nous a depuis
longtemps authentifiés. Bref il était très occupé, à courir le
monde à la recherche du tableau providentiel et Lyon où il a refait
entièrement sa galerie. Pour l'instant il a choisi cette option,
plutôt que d'en installer une sur l'Aubrac... mais patience !
Mais
le comble c'est que pour le vernissage de sa galerie toulonnaise,
consacrée jusqu'au 23 novembre à l'enfant du pays, Jean Sardi, nous
n'avons pas été capables de le recevoir avec ses amis. Le restaurant
était retenu de longue date par Nicole et Lucien... Pas rancunier,
Michel nous a tout de même rendu visite le lendemain en plus petit
comité, accompagné par un jeune peintre-graffeur toulousain et son
épouse.
Chronique du 15 octobre 2013
Chronique du 8 octobre 2013
En vente... libre !
La
troisième découle pareillement des deux premières. Certes vous
allez me manquer, surtout vous qui passez devant ma carte en trouvant
que c'est trop cher (alors que je fais deux fois moins de marge que
tous les autres), ou qu'il n'y a pas de frite, ou que la mer est trop
loin, ou le soleil trop haut ou la pluie trop froide. Vous allez me
manquer les sympathiques voisins -toujours une histoire de voile- qui
remplissez la poubelle jusqu'à créer de véritables oeuvres d'art
avec des télés de l'époque Zitrone, des frigos truffés de
salmonellose et des matelas souillés de souvenirs en rut mineur,
sans négliger ceux qui baladent leur chien et déposent leur merde
entre deux tables. Vous allez me manquer vous du RSI, des impôts,
vous les comptables, les contrôles d'hygiène, d'Urssaf et de
sécurité. Vous allez me manquer, vous mes chers employés qui m'aimez et
qui dévorez mes crêpes et mes bons sentiments, mais qui commencez à
souffrir du dos (ou de la tête) au bout d'un an, dés lors que vous
pouvez retourner tranquillement buller chez vous et percevoir votre
chômedu.
Vous allez tous beaucoup me manquer, ainsi qu'accessoirement mes amis (les vrais) qui sont devenus des clients et mes clients (les bons) qui sont devenus mes amis. Là et je serai sérieux -une fois au moins- au fil de cette chronique, vous m'aurez rendu tout ce que je n'ai pas su percevoir en espèce et en tiroir caisse.
Quand Toulon retrouve sa mer
Non,
si j'étais décideur, j'envisagerais de rapprocher un tantinet ces
événements . Car il faut bien reconnaître que tous les six ans et
demi c'est un peu maigre pour la fidélisation à une ville. On ne
cesse de dire que les gens ne viennent pas à Toulon. Mais c'est faux
! Ils en rêvent au contraire. Mettez leur une douzaine de vieux
morceaux de bois en érection dans la rade, quelques tenues de
corsaire et un peu de zizique de la flotte dans le pastis et en
avant, çà marche au pas et dans l'allégresse encore.
Il
y a juste une semaine , le papa de notre ami André -que les
pérégrinations familiales nous ont donné à connaître et à
apprécier- s'en est allé à l'âge de 90 ans. C'est à Aubrac sur
mer qu'il l'avait fêté en famille, comme les précédents...
Et
c'est avec une nostalgie anticipée mais certaine, que nous
envisageons de ne plus accueillir ce type éminemment sympathique
avec sa petite bouille ronde et toujours une histoire à raconter.
Chronique du 23 septembre 2013
C'est
là aussi que je me remets en selle. Car c'est là que s'interrompent,
d'autant plus brutalement que je ne l'avais pas vu venir, mes douces
errances journalistiques. Il y eut, à la botte du trop fameux
patronyme papivore, l'un de ces collaborateurs dont son histoire est
truffée. Une espèce de pantin dont la sarkomania se devinait même
jusqu'au tressautement d'épaule, au rictus impatient et au rasoir
égocentr...électrique. Mêmes tics pour un type en toc.
Chronique du 17 septembre 2013
Chronique du 3 septembre 2013
Non,
ce n'est pas politique, c'est culturel. Nous sommes ici dans l'une
des capitales mondiales de l'apparence et du superficiel. Ce qui, en
somme, nous préserve de tout abus de goût et de coups
intempestifs... de fourchette. Et c'est pourquoi nous allons dès que
possible nous retirer sur la pointe des pieds (de porc) et filer (de
boeuf) vers un plateau (de fromages) où les éléments sont
nettement plus rudes, mais les gens beaucoup plus abordables.

Chronique du 27 août 2013
Comme
chaque année, ce premier « numéro » de rentrée est
aussi l'occasion de jeter un œil dans le rétro et de saluer celles
et ceux qui ont manifesté leur attachement -durant notre « saison »
2012-2013- à ce que nous faisons et leur proposons. Nous en mesurons
la grande subjectivité, voire l'injustice car il est toute de même
plus facile à Ilona ou Vincent de tourner leur fourchette dans
l'aligot qu'à notre supporter de Lorgues ou nos amis de Beausoleil.
Et puis vous n'êtes pas que cinquante ! Ouf, on s'en tire bien ! Et
ce sont d'ailleurs tous les autres, plusieurs centaines, ceux qui
viennent une, deux, trois fois maximum dans l'année qui constituent
le plus gros de notre clientèle. Alors surtout, qu'ils ne se vexent
pas. Ce n'est pas de figurer dans le Top 50 qui compte, mais de
savoir apprécier la meilleure viande du monde dans un tout petit
restaurant où l'on défend quelques valeurs et pas mal de chaleur...
Quant aux cinquante premiers, on les aime, ils sont notre âme...
Chronique du 13 août 2013
Mais
quand j'évoque l'aventure, n'allez pas aussi fantasmer un Indiana
Jones de fortune. Lui ne fait ça ni pour la fortune, ni pour la
frime. Dans ce monde où plus personne n'a honte de se mettre
systématiquement en avant, où tous les opportunismes sont bons à
saisir, celui-là travaille pour les autres. Les hommes, leur
environnement, leur respect, leur survie peut-être. Et des africains
en prime ! Quelle idée !!!
Cela
va faire un an que Baptiste (et Marie) se sont imposés ce grand bond
vers un inconnu néanmoins prévisible. Dans la moite touffeur d'un
pays lointain, étrange et parfois inquiètant, ils n'ont rien trouvé
de mieux à faire que de tenter de venir en aide à une population
qui doit continuer à couper des arbres, mais doit savoir lesquels.
Mais surtout, plutôt que de s'opposer, ils ont souhaité composer
-au sein d'une mission française- avec les grands groupes
multinationaux qui ont fait main basse sur les réserves naturelles
africaines, comme si elles étaient leur.
Chronique du 6 août 2013
Mais lorsqu'il est en confiance, au milieu de ses clients devenus, sur deux siècles, des amis, il sait se montrer prolixe. Gouailleur. Philosophe. « Comment ça va Papi ? » lui demande-t-on machinalement. Et Pierre a deux réponses. Soit c'est dans la veine épicurienne et néanmoins fataliste : « Tant que je me lève le matin, c'est que je suis en bonne santé ! ». Soit plus lapidaire et triviale : « Comme un vieux con ! ». Son petit timbre de voie, haut perché, badin et mutin, résonne toujours comme une invitation à la sérénité.
Les
autres participèrent à cette course effrénée à la réussite
sociale. C'est alors qu'ils devinrent des employés modèles, zélés
et délateurs, souvent plus impitoyables avec le menu fretin que leur
plus haute hiérarchie. Ils arrivèrent très tôt, repartirent aussi
tard, trichèrent sur les notes de frais tout en courbant l'échine
aussi bas qu'imaginable. Les patrons et dirigeants exploitèrent,
délocalisèrent, fiscalement s'évadèrent et méprisèrent tout
leur monde.
Jaco
Chronique du 23 juillet 2013
Chronique du 16 juillet 2013
Ah
la mode ! Etre ou ne pas être à ma mode ? Ainsi tourne le monde.
Enfin le nôtre. Celui d'une partie, infime, ridicule -à bien des
égards- de la planète.
Chronique du 9 juillet 2013
On
m'objecte
souvent que je suis contre ceux qui réussissent. Qu'elle
idée ! Je suis contre les tricheurs. Le seul petit souci, c'est que ce
sont souvent les mêmes. Et faudrait-il avoir honte de préférer
un rom qui pleure à l'angle d'une rue, à un Tapie qui gémit à la
tête d'une fortune ? Hier, j'ai même filé une pièce au clodo, moi
qui n'en ait pas tant que çà ! Merde, j'aurais dû plutôt l'envoyer
à l'UMP, qui est tellement dans le besoin ! Tant pis, la prochaine
fois...
Tiens
! Je m'aperçois que cela fait un moment que je ne vous ai pas cassé
les pieds avec votre conscience et que je n'ai pas fait bouillir, au
fond de ma marmite, une mixture à base de veau d'Aubrac et
d'humanité universelle. J'avais très envie, pour tout vous dire, de
me rendre en Afrique du Sud -où j'ai passé un peu de temps
-rugbystique- en 1995 et un peu moins -touristique- en 2010- en
mettant mes petits pieds dans les traces du géant. Mais il résiste
encore le vieux Madiba. Après
avoir passé trente ans dans les geôles de l'apartheid et survécu
trois décennies de plus à la tuberculose, il est bien capable de
retrouver son souffle pour faire tirer six mois, ce bon Nelson.
Enfin, il recule encore pour mieux sauter, mais il finira bien par
franchir la grande porte vers cette sorte d'éternité où il n'aura
à côtoyer personne d'autre, à mon sens, que le père Hugo, le
grand Charles, éventuellement Roosevelt et Gandhi. Peut-être y
croisera-t-il, un type en drap immaculé avec une barbe tout aussi
blanche s'appuyant sur un sceptre d'or. Je ne sais alors qui serait
le plus impressionné par l'autre ?
Jusque-là,
je n'avais pas été trop malheureux sur le marché de Lafayette avec
un cours moyen à 1,40 € le kilo. Mais c'est la provenance qui
chagrinait ma généreuse et génétique conscience. Depuis la fin de
l'hiver mon revendeur s'approvisionnait de têtes issues du
maraîchage espagnol, italien et marocain. Attention, nous sommes
mondialisés à nos corps -et esprits- défendants, mais si nous
pouvions produire, consommer et même péter français, je ne vois
pas pourquoi on s'en priverait.
Chronique du 18 juin 2013
Chronique du 11 juin 2013
Ceux
qui nous suivent depuis des lustres le savent, tout ce qui est en
vogue m'irrite. Et pas seulement parce que c'est en vogue. C'est que
tant de choses irritent, hérissent et désespèrent, pour si peu que
l'on n'ait pas égaré, dans la pensée unique ambiante, submergeante
et débilitante, sa disposition - plus ou moins disponible- à
s'indigner.
Chronique du 4 juin 2013

Pour
nous faire ouvrir un lundi, il faut vraiment être motivé et
motivant. Ce fut le cas, avec les deux Gérard (Estragon et Martin)
que l'on aime et pas seulement parce qu'ils apprécient ce que l'on
fait, place Lambert, depuis quatre ans. Et lorsqu'on porte le nom
d'Aubrac, il n'y a rien de bien étonnant à ce que l'on se sente
concerné par la Résistance. Nous organisions donc, à leur demande,
le repas suivant les cérémonies du 70 e anniversaire du CNR et de
la terrible fin de Jean Moulin. La section varoise de l'ANACR
recevait une délégation de résistants et partisans italiens. Nous
étions également honorés de la présence du docteur Paul Raybaud
le doyen des résistants varois (92 ans) dont l'histoire retiendra
l'engagement héroïque sur les plateaux du haut-var parmi les FTP.
Après les cérémonies matinales en divers endroits de Toulon, nos convives rejoignaient les élèves du collège Peiresc pour une ultime conférence.
La diagonale de Georges
Parce
qu'il y a une fille que Georges aime. Et le narrateur, Louis, loin
d'être convaincu de l'opportunité de la trajectoire, se laisse
entraîner par sa curiosité. Qui se transformera promptement en
rêve. De camion poussif en tracteur de circonstance, ils avancent
les deux jeunes étudiants en rupture, découvrent les collines
d'Ardêche le plateau des Millevaches. Ils découvrent surtout les
hommes. Et mesurent leur ignorance. Ils marchent, s'épuisent, doutent,
s'étonnent. Chantonnent. Ils iront comme ça au bout de leur
désillusion. Avec cette passion excessive, sans laquelle elle
n'existerait pas.
Chronique du 28 mai 2013
Nouvelle
spécialité sur la carte de Jaco :
la flûte enchantée de l'Aveyron
Dans
tous ces symboles, la Reine de la Nuit vous éblouira avec ses
variations superbes comme toutes ces olives noires qui remplissent la
Provence et la Méditerranée. Trois belles fleurettes vous
dérouteront avec leurs salades exotiques tandis que les parfums
d'orient seront là avec quelques grains de coriandre et beaucoup de
tapenade.
Dans cet univers maçonnique où la numérologie est symbolique jusqu'au chiffre 7 et les triangles associés en étoile, vous servirez l'ensemble en toute fraternité en n'oubliant pas d'aimer l'aligot, le cassoulet et les tripous....Sans oublier que les rad- socs du Sud Ouest aiment bien la Flûte Enchantée et son symbolisme...Amicalement et au plaisir de venir à Aubrac sur Mer.
Chronique du 14 mai 2013
Chronique du 7 mai 2013
Jaco
Chronique du 30 avril 2013
La fureur de vivre...
Chronique du 23 avril 2013
Chronique du 16 avril 2013
La
mer monte
Bonne nouvelle, le quai du port de Toulon est en train de s'effondrer en raison de l'érosion. Si les eaux persistent à monter, nous pourrions avoir la mer, place Lambert, d'ici quelques siècles. Et à nous la terrasse avec les types en débardeurs et en ray-ban !
Chronique du 9 avril 2013
Chaque
année on fête Bacchus avec un vif plaisir, d'autant qu'en cette
période plus triste que réellement austère, ce dieu romain
incarne à la fois le vin et l'ivresse, la convivialité et la
sexualité. Bon, nous pour rompre toute équivoque (peuchère, comme
disait un autre barbu que j'ai bien connu !) nous nous sommes
contentés de la convivialité. Avec notamment, le vendredi soir la
visite de 22 amis regroupés autour de l'insatiable Yves et son
épouse Martine. Tous ceux-là ont joué le jeu dans l'esprit du salon, en découvrant les produit d'Aubrac, souvent avec étonnement
et plaisir.
Nous
n'avons pas coupé tous nos liens avec le rugby. La preuve nous
entrons régulièrement en mêlée avec nos clients et nous parvenons
parfois à en enfoncer quelques unes. Nous devons cette force à la
saucisse de Conquet et au Marcillac de Laurens. En fait on ne craint
pas grand monde, surtout lorsqu'on a Eric en pilier droit. Quant au
pilier gauche, il est moins rassurant mais extraordinairement
sympathique.
"Pour fuir les restos surfaits, aux plats industriels revendus à prix indécents, je vous encourage à découvrir un accueil vraiment sympathique, chaleureux, celui de Jacques et son épouse qui sont des gens authentiques et vous servent une cuisine saine et de terroir. Cet endroit est un lieu qui mérite le nom de restaurant : les plats y sont cuisinés sur place, et avec amour.
Amateurs de bonne charcuterie, d'Aligot (le meilleur de PACA à mon avis ), de vraie viande de boeuf sélectionnée, de crêpes maison, mais aussi de cassoulet, de potée, ou de grillades salades de saison, vous trouverez toujours quelque chose pour vous satisfaire.
L'Aubrac sur mer est un endroit où vous êtes le bienvenu, un invité, et pas simplement un porte-monnaie !
Entre amis, en famille, on s'y sent bien, en toutes saisons.
Sortez des sentiers battus, à tester !!"
Chronique du 2 avril 2013
Facteur de gentillesse
L'autre
jour, peu avant midi je surprends mon facteur en train de placer son
téléphone au-dessus d'une lettre. Enfin, je supposais que c'était
un téléphone. Un truc plat, large, pas commode, qui sert à tout
sauf à téléphoner et sans lequel désormais tu passes pour l'idiot
du quartier. Et quand tu vois combien d'idiots en sont équipés, tu
te dis que tu dois l'être bougrement. Mais ce n'est pas d'idiot dont
je voulais parler, mais de Didier. « Oh, qu'est ce que tu
fais cono, tu prends ton courrier en photo maintenant ? »
Voilà ce qui
m'est arrivé. Mon ami Alex -le meilleur préparateur physique du
monde, comme notre foie gras, nos viandes, nos charcuteries et notre
aligot- toujours en charge de l'Aviron Bayonnais, m'a dépêché son
épouse, notre amie Dany, pour m'obliger à porter le nouveau
tee-shirt de l'A.B. Une honte à Toulon. Mais que voulez-vous je
n'avais pas le choix. Alors je l'ai enfilé. Mais à contre-coeur,
vous vous en doutez ! D'autant que je risque de perdre les derniers
clients qui hantent Mayol. « Dans notre cher petit Bayonne
il est une Peña, La Peña Baiona. LA,LA,LA,LA,LA... »
Chronique du 19 mars 2013
Vous
l'imaginez bien, je ne vais pas ajouter au flot de propos
pontifiants, aux déchaînements de la vox populi, aux déferlements
médiaticum, ma chronique d'un papam annoncé. Rabâché, ressassé,
radoté, pépié et j'en oublie sans doute. Ras la calotte... de
cheval.
Les sennoc, ça existe aussi !
Cette
semaine, jeudi je crois, nous avons eu droit à notre petite journée
de la femme. Coincée entre celles des grands-mères (et merde pour
les grands-pères ! ) et des poètes. Comme tant de femmes et
d'hommes, ce vieux combat ranimé par des suffragettes devenues de
vieilles peaux aigries, me fait doucement marrer. Car on sait bien
qu'elles mènent le monde, nos femelles et par le bout du... nez,
encore (tiens me voilà poli à présent !) Je n'évoque même pas
Héra, Aphrodite ou Pénélope, pas même Cléopâtre, Catherine de
Russie ou Margaret Thatcher. Prenez la reine Christine du Fonds
monétaire international, et bien elle dirige le monde de la finance,
autant dire le monde tout court. Avec en plus ce petit côté
dominatrice -tout en cuir- qui ne me déplaît pas, même si l'on
doit toujours se méfier de ce FMI, devenu le refuge de la
perversité.
Chronique du 5 mars 2013
Chronique du 26 février 2013
Je
vérifie par la fenêtre de mon ordinateur. Apparemment il n'y en a
plus un seul. Pareil par celle de mon bureau, aucun à l'horizon sur
la poudreuse des pentes de Cuers. C'est bon, on va pouvoir s'en payer
une tranche sans qu'ils se reconnaissent, ils sont tous au ski.
Mais
dans le génie syntaxique, l'art de transformer la guitare en jouet
intime, que peut-il se faire de mieux que l'affreux Geogeo de Sète,
le prince des poètes, le salaud qui a rendu à mes yeux toute autre
parole, tout autre timbre et tout autre accord à jamais obsolète ?
« C'est la grande pitié de la langue française, C'est son
talon d'Achille et c'est son déshonneur, De n'offrir que des mots
entachés de bassesse, A cette incomparable instrument de bonheur...
Honte à celui-là qui par dépit par gageure, Dota de même terme en
son fiel venimeux, Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure,
Celui-là c'est probable en était un fameux. »
Adieu
Denis, je t'aimais tant tu sais...
Denis
était ce que j'appelle un brave homme. Certes capable de se mettre
en rogne, mais le plus souvent plein de sourires et de gentillesse.
Il fut l'un de mes principaux compagnons de route, lorsque j'arrivai,
jeune journaliste, à Hyères. Il était secrétaire général du
Rugby Club Hyèrois et passionné de journaux. Il ne manquait jamais
de me rendre visite à Var Matin, avenue des Iles d'Or, le matin à
l'heure du café, où je devais déjà parler un peu fort sur sa
« bonne » oreille. Nous avions Edmond Jorda et André
Véran comme dénominateurs communs et, je dois le confesser, grâce à lui je
savais tout ce qui se passait du côté du Pyanet. Lorsque son fils,
Philippe s'installa comme dentiste, c'est naturellement lui que je
choisis pour soigner mes misères.
C'est
ainsi que les deux devinrent quasiment des amis et en tout cas des
gens proches et chers. D'ailleurs Philippe me le rendit bien à
l'ouverture d'Aubrac sur mer en devenant l'un de nos plus fidèles
alliés. Je regrette néanmoins de n'avoir pu recevoir aussi souvent
que nous l'aurions souhaité, notre cher Denis. Le 28 décembre il
s'est affaissé et s'est brisé les vertèbres dans sa chute. Et même
si les êtres chers partent toujours trop tôt, au moins est-il tombé
sans souffrance. Comme par hasard c'était avec ses légendaires
journaux sous le bras...
Je
suis triste et je veux dire à Mme Alberto, à Philippe et Brigitte,
à Laure et Clément, toute ma reconnaissance et l'affection que je
leur porte...
Jaco
Chronique du 31 décembre 2013
Fier
et fou de vous
AU seuil de cette fin 2013, au milieu du gué (gay, guet, gai) de notre
cinquième année de souffrance, d'exigence, d'espérance, je ne
manquerai pas l'occasion unique, annuelle -et pour rien au monde- de
présenter mes voeux à ceux qui aiment lire, rire, manger et
vivre... avec nous.
C'est
qu'au delà de l'ego et du tiroir-caisse, il est bougrement bon pour
le ciboulot, autant dire vital, de se sentir suivi, aidé, approuvé.
Eventuellement même aimé, à condition bien sûr de ne jamais
perdre de vue que ce qu'on aime d'abord chez un cuisinier, c'est son
velouté de potiron, son cassoulet ou son sauté de cochon.
Passons
le stade -convenu mais néanmoins convenable- des remerciements, pour
en venir directement à cette accroche emprunté à William Sheller.
Son oeuvre ne figure pas sur ma table de chevet entre Jérôme Canard
et Victor Hugo, mais il y a dans le texte une consistance généreuse
bien faite pour agrémenter ce rock tranquillement harmonieux.
Fier
et fou de vous, je le suis. Nous le sommes, avec Marie, Awa et
Stéphanie, parce que nous apprécions votre présence élégante,
discrète et enthousiaste. Et puis parvenir encore à franchir la
muraille qui entoure la basse ville et protège, à hauteur de la
place Puget, la bonne société de Strasbourg au Mourillon, en
passant par le Faron, relève de l'esprit sacrificiel. A tout le
moins, de l'acte de bravoure.
Vous
me direz qu'il est tout naturel de forcer les poncifs et les fortifs,
lorsqu'il s'agit de s'asseoir à la plus belle table (je parle du
contenu, vous l'aviez bien interprété ainsi) de la région, dès
lors que l'on parle de produit, de leur mitonnage et de leur
glorification. Vous vous imaginez sans mérite, parce que vous vous
sentez bien chez nous, même dans la jungle d'un Toulon martyrisé,
saccagé, humilié mais pas encore libéré. Vous trouvez évident
d'aider des gens qui vous aiment bien et vous traitent en amis jusqu'à
ce que l'addition (cette putain d'addition) vienne rompre le pacte et
nous transformer en taverniers avides et vous en clients
expiatoires...
Et
bien, non, tout ceci n'est apparemment pas si naturel. Si j'en juge
tout du moins par le fait qu'à de rares exceptions près, nos vingt
cinq places jamais ne débordent. A tel point que vous constituez
quasiment une élite et que nous en sommes d'autant plus flattés que
nous pourrions presque tous vous appeler par vos prénoms.
Mais
à part quelques fruits verts avec de gros noyaux venus d'Israël ou
du Pérou, nous ne voyons jamais la queue de l'hermine d'un avocat.
On doit pas être assez bien pour eux ! Il faut dire que pour garer
le 4 X 4 ou la BM, à côte de la fontaine, c'est pas commode. Sans
compter que le vrai, aussi bien dans l'assiette qu'au palais, n'est
pas forcément sa première préoccupation. Et puis cette engeance
perd totalement ses bases si, même le temps d'un repas, elle
n'aperçoit pas, de loin en loin, le bâtonnier truc ou le juge
machin... Bon, ça c'est fait ! et pour un échange de voeu, il
n'est pas incongru de souhaiter de n'avoir jamais à faire à cette
congrégation.
Remarquez,
nous ne sommes pas davantage envahis par les rugbymen ou mes anciens
confrères journalistes. Toutefois, il convient-là de nettement
nuancer et distancier. Eux, ce ne sont pas tant les états-d'âme,
les rancoeurs ou les rencontres qui les animent, qu'une certaine
avidité maladive. Et je les excuse d'autant mieux que, pour les
avoir longtemps côtoyés, je sais qu'ils sont trop occupés à
gagner de l'argent pour pouvoir en dépenser.
Tout
ceci demeure bien futile. Un vieux diction provençal, dit a peu près
ceci : « si l'on n'est pas plus nombreux l'année prochaine,
qu'on ne soit pas moins... » C'est aussi ce que je nous
souhaite à tous, histoire de pouvoir encore chanter, boire et rêver
à Aubrac sur mer.
Jaco
Chronique du 24 décembre 2013
Quel
noc, ce père Noël !
COMME vous tous, j'imagine, j'aime Noël. Sa veillée, son jour et un peu
moins son lendemain, lorsque les bulles vous rappellent au bon souvenir
de ce mauvais champagne ingurgité à la santé du petit Jésus. Il
rime avec maternel, paternel, fraternel. Essentiel. Et généralement,
lorsque cette fête parvient encore à vous prendre aux tripes à 50
berges, c'est que votre enfance n'a pas été trop malheureuse...
On
allume la cheminée (tout en prenant soin de l'éteindre bien avant
minuit, afin que le « vieux » ne se crame pas la barbe
blanche sur le conduit). Comme le souhaitent les confiseurs, qui font
leur beurre avec les treize desserts, on respecte la trêve, en
laissant de côté tous les sujets qui fâchent.
On
s'imagine à Bethléem dans cette humble cahute sur laquelle brille
l'étoile du berger, tandis que les brebis boulottent paisiblement la
paille du couffin de l'enfant de Marie. On s'égare en Laponie où
le vieux sage en habit rouge charge le traineau de mille et un
joujoux qu'il va disséminer à travers le monde , avec l'aide de ses
rennes empruntant avec une étonnante désinvolture, la voie lactée.
Nous
voici transportés dans le monde de l'imaginaire cher à André
Malraux ; dans l'univers enchanté de l'enfance perpétuée ; sur les
chemins plus ou moins éclairés de la chrétienté. Jusqu'à ce nous
retombions brutalement sur le plancher des vaches de la crétinerie
et des marchands du temple. Car oui, désormais Noël ne rime plus
essentiellement qu'avec Machiavel et machine à sous. Certes, on
n'exclut pas fatalement les bons sentiments et les distributions
d'oranges, mais dans ce monde inégal, ces valeurs-là sont désormais
réservées aux privilégiés du Burkina- Faso, du Guatemala et de la
Palestine.
Car
ici, dans cet occident où même l'amour se monnaye et où toys' r us ,
Disney channel et Mac Intoch ont transformé nos doux rêves en dures
réalités, nous avons perdu le goût du partage et de la
parcimonie. Ce n'est pas tant que nos enfants aient tout, c'est
qu'ils en ont beaucoup trop. Des jeux débiles vendus en boucle
depuis deux mois sur TF1 , des consoles de jeux qui vont rapidement
transformer nos gosses fragiles en automates endurcis. Égocentriques,
asociaux, vénaux. Insignifiants. Sans parler de ces téléphones
par lesquels ils vont définitivement se déconnecter du monde qui
les entoure et qui aurait pourtant bien besoin d'eux.

Dans
le tas, combien finiront à la poubelle ou plus sûrement sur Ebay ?
Parce que, faut pas déconner ! le quizz du Tour de France ou les
crocos gourmands on s'en tape, mais si on peut gratter dix euros
dessus... Le petit diable n'aura d'yeux et de gratitude que pour la
tablette numérique -dont certaines sont destinées paraît-il aux
enfants de trois ans- ! Ainsi nos petiots vont désormais s'exercer
tout en apprenant à marcher, au bon usage de l'index effleurant
l'écran et déflorant tout ce qui est parfaitement inutile,
totalement futile, mais tellement tendance. Donc indispensable...
Ah
! si seulement Noël rimait avec manuel. De science, de géographie,
de poésie, de musique. Mais non, il rime avec logiciel. Car il est
désormais ridicule d'apprendre à lire et à réfléchir, alors
qu'il est tellement plus actuel de briller et de consommer...
Commençons par le superficiel et l'apparence, on verra pour le réel
et la consistance ! Voilà qui nous prépare quelques belles
générations de parvenus et de snoc.
A
mon époque me semble-t-il, régnait, autour du 25 décembre, une
atmosphère légère de mystère, des sensations et donc de vraies
émotions. Un peu nous
suffisait. Trop nous aurait sans doute inspiré une forme de crainte,
un soupçon de honte. Nous n'avions pas trois cents chaînes sur le
bouquet numérique, dont une demi douzaine d'infos continues, mais
nous subodorions -les parents d'abord mais les enfants aussi- qu'il y
avait sur la planète des millions de gosses qui se gelaient les
couilles et crevaient la dalle. Nous n'avions pas besoin de commander
une conscience, nous étions nés avec. Nous respections l'autorité
familiale parce qu'il y en avait une et nous nous tenions à carreau
devant nos instituteurs, parce lorsque nous arrivions à l'école
nous n'avions pas encore l'instruction, mais nous tenions déjà
l'éducation...
Ah
oui, j'aime toujours Noël ! Mais pas ce que ce vieux noc dans sa
robe rouge répand sur notre occident d'égoïsme, de gabegie et de
business. En sorte que si vous m'écoutiez, vous feriez comme moi.
Vous embrasseriez bien fort vos parents (qui a part peut-être un 4 X
4 Q8 n'ont besoin de rien d'autre que d'amour) et signeriez avec le
cœur, un chèque à vos enfants pour leur donner un petit coup de
main, aujourd'hui ou plus tard. Le Père Noël pourrait alors aspirer
à une légitime retraite, laissant ainsi darty, carrefour et nintendo se démerder avec leur marketing à la noix, sans charger
sa hotte de cette coupable et indécente complicité.

Et
dire que j'imaginais que les enfants n'y croyaient plus depuis la
maternelle ! Le nôtre est en CE1 ! Enfin une bonne nouvelle
descendue directement du ciel...
Jaco
________________
Jean-Paul, en bonne tête de l'art
Jean-Paul, en bonne tête de l'art
C'est
un type qui me ressemble. Il a l'accent rocailleux et sincère, le
regard déterminé et le béret qui a épousé au fil du temps les
contours du cap. Débonnaire et même parfois de bonne humeur, il
taste l'aligot en connaisseur et estime le tripous à sa juste
valeur. Enfin, vous l'aurez compris, Jean-Paul est du pays. Le mien.
De Sébazac-Concoures, que rien que le nom fleure bon le marché aux
bestiaux et la bouse fraiche. Il n'y a entre lui et moi (Graulhet)
pas plus d'une demi heure de distance à vol d'oiseau (prenez déjà
tout de même le bel oiseau de course) et nous étions faits pour
nous rencontrer.

Et
j'en viens à notre affaire, Jean-Paul taquine aussi la muse. Enfin
les muses et s'en amuse. Car question humour et relativité, c'est
aussi une sorte de petit Eisntein. Mais au fait qu'est ce qu'un
limousinier ? C'est un type qui se casse le bol pour bâtir des
maison en pierre d'une manière à la fois esthétique et solide.

Chronique du 17 décembre 2013
Patient
mais pas trop !
Hier
j'avais rendez-vous avec un cardiologue. Oh ! je vous rassure rien de
grave. Un peu d'arythmie et quelques pointes bien légitimes en état
de stress permanent. Pas tant quand il y a -comme cette semaine-
beaucoup de convives à la table d'Aubrac sur mer, que lorsque je
tourne comme un bœuf en cage, en attendant des snoc qui sont déjà
attablés dans les magnifiques chaînes de resto...congelant pour
gogos autour de Grand Var !
De
toute façon, n'étant pas encore Président, je ne suis pas soumis
à l'obligation de transparence et la publication d'un bulletin
médical circonstancié. Peu importe si ma prostate a la patate et si
mon foie souffre d'un excédent de gentiane. Ce qui est clair, c'est
qu'en mangeant place Gustave Lambert une fois par jour, je ne fais
courir à mon colon -contrairement à vous- aucun danger.
Non,
si je vous parle de mon rendez-vous à la clinique Saint-Jean, c'est
parce que je viens de comprendre enfin pourquoi, malades putatifs et
hypocondriaques de tous acabits, le corps médical nous a désignés
volontaires sous le générique un peu cynique de patients.
En exorde à ce propos que d'aucuns
pourraient juger insidieux, je tiens avec la plus ferme énergie à
préciser que je ne voue pas à cet établissement hautement
respectable -notamment pour avoir remis un nombre certain de doigts
sur des mains qui n'en espéraient pas tant- aux gémonies. J'ai même
la conviction qu'il n'y a pas plus de 4X4 BMW ou audi ici, que sur les
parkings réservés aux docteurs des cliniques Saint-Michel, Sainte-Anne
ou Saint-Jacques. Il n'y a guère qu'à la clinique Saint-François
(cher Pape, si tu me lis...) que les praticiens font assaut de
componction et roulent humblement en petites voitures (on me dit
dans l'oreillette que la papamobile est une mercedes, mais je me
refuse formellement à le croire...)
Donc,
rendez-vous fixé par le secrétariat du cardiologue : 16 h 30. Ce
n'est pas le meilleur horaire pour un malheureux tavernier soumis aux
aléas d'une clientèle qui se prélasse sur nos moelleuses
banquettes, tandis que la vaisselle s'amoncelle. Mais lorsqu'un de
ces messieurs vous fait l'honneur d'une réception, qui plus dans le
chaleureux décor d'une clinique qui figurerait aisément au Michelin
- si Michelin ne répertoriait pas que les établissements qui
envoient leurs clients aux dites cliniques- on accepte toutes les
propositions sans barguigner.
Avec
le précieux concours de notre jeune collègue Stéphanie, nous avons
donc passé la sur-multipliée, cassé quelques verres et expédié
les traînards sans sommations mais avec tous les égards, dus à leur porte-monnaie, toutefois.
Un coup de serpillère pour la forme et hop je sautais dans le
premier bus (enfin non, pas n'importe lequel quand même, le 1 pour
être précis). En sorte que pour la première fois de ma longue vie
de souffrance, je me pointais chez le représentant d'Hippocrate
avec une bonne dizaine de minutes d'avance. J'en éprouvais une sorte
de vertige mêlée de fierté, certes mal placée, nous l'avons voir
tout à l'heure.
Jusqu'ici,
je devais être, contre toute attente et mes propos volontiers
geignards, un sacré petit veinard. Car de mes généralistes à
Solliès puis Cuers, en passant par mon ami dentiste et ce magnifique
pneumologue à Hyères, je n'ai jamais eu à souffrir de cet état
lamentablement passif, voire craintif, de patient. Au point que
lorsque je m'enrhumais, que j'avais mal aux dents ou que je
toussotais, je me disais « chic tu ne va pas attendre chez le
docteur ! »
Au
vrai, je ne comprenais décidément pas pourquoi on s'évertuait à
qualifier un type qui souffrait du dos ou du ventre (d'ailleurs) de
patient. Généralement ce genre de douleurs provoquent plutôt une
certaine impatience. Mais ça y est. Maintenant je sais ! Un
patient, c'est un type qui a rendez-vous à 16 h 30. Mais qui à 17 h
15 s'aperçoit qu'il a encore devant lui, le « rendez-vous »
de 16 heures et celui de 16 heures 15. Et qu'en somme, d'après un
rapide calcul de probabilité, s'il passe avant 19 heures, ils s'en
sortira pas si mal !
En
salle d'attente (ou de patience, comme vous aimez mieux) on se sent
rudement bien. D'abord, c'est bien chauffé. Au moins trente degrés
! L'important c'est de ne plus en sortir, sans quoi le contraste
thermique vous foudroie immanquablement. Et puis c'est animé. On
voit passer de belles infirmières -et de très vilaines femmes de
ménage-. De beaux messieurs -sans doute des toubibs- qui devisent
doctement de tout et du golf, en touillant négligemment leur café,
le regard clair, le teint hâlé et l'air de revenir de tout. Tiens,
j'y pense ! Tant, celui qui me faisait attendre si longtemps venait
peut-être de me toiser trois fois sans que je n'y prenne garde...
Non,
côté animation, bien ! La salle est pleine. Entre ceux qui auraient
dû passer depuis Dieu sait quand et ceux qui arrivent largement en
avance par précaution (et correction), ils sont tous là. Il y a
toujours une ancienne qui trouve une petite voisine pour lui raconter
tout ce que l'autre n'a pas envie d'entendre. Le type qui finit par
piquer du nez, en laissant échapper quelques ronflements étourdis.
Celui qui se cure le nez, parce qu'il a oublié son journal. La dame
un peu sourde que son fils appelle au téléphone pour prendre des
nouvelles : « Quoi, comment ? Ah c'est toi ! Non, je ne suis
pas encore passée ? Je t'entends mal ! Quoi ? Comment ? Ça passe
mal ici … Quoi ? Non, ça ne se passe pas mal ici. Je dis que le
téléphone passe mal … Allo ? Bon je te rappelle quand je sors...
Si, si , ne t'inquiète pas, je finirai bien par sortir... »
Passionnant ! Un quart d'heure après, l'insupportable sonnerie du
Nokia tune de Tàrrega, retentit comme une fatalité et le monologue
reprend de plus belle.
A
côté, un jeune retraité qui a reçu un smartphone de la part de
ses collègues trop heureux de s'en débarrasser, découvre qu'il a
un jeu tétris. Mais il ne sait pas en revanche qu'on peut baisser le
son. Ou mieux encore l'enlever. Alors on se coltine entre deux
explosions de boules, la musique synthétique et débile qu'il
accompagne en faisant valser ses doigt qui vont et qui … Vienne !
(tiens celle-là elle est potable). Et je ne vous parle pas de tous
les passants, les sondés, les perfusés et les désespérés qui
s'égarent par-ci et repasseront par-là. Non, décidément, côté
attractions, ils ont tout prévu à Saint-Jean...
Toutefois,
sans reprendre votre rôle d'éternel râleur, vous vous dites
qu'avec les deux heures que votre « sauveur » va vous
mettre dans la vue, vous auriez peut-être pu faire autre chose. Le
docte en blouse blanche en aura décidé autrement ! Il est vrai que
ce type doit gagner, suivant des calculs que j'ai eu tout le loisir
de peaufiner et d'étayer, entre cinq et vingt fois ce que je récolte
au bout d'une semaine de 70 heures. Vous me direz que lui aussi en
fait des heures ! Au vu de ses retards, j'imagine même qu'il n'y en
a pas assez dans la journée. Bref avec une telle différence de
revenus il faut bien convenir que cela lui donne des droits sur vous
et qu'il peut bien disposer de votre temps (et parfois même de votre
vie) , vous qui n'êtes même pas foutus de rouler en mercédes
ML 350 et de revenir bronzé de vos vacances d'hiver...
Tout
ceci est probablement légitime. Mais je me dis que j'ai peut-être
eu tort de virer mes derniers patients à 15 heures (eux qui ne sont
même pas remboursés à Aubrac sur mer par la sécu). Que j'ai même
risqué l'infarctus juste avant mon rendez-vous chez le cardiologue !
Alors que, si j'ai bien compris, on n'était pas à deux ou trois
heures près...
Jaco
Nicole
a rejoint Dominique
Moins
de deux ans après son cher époux, Dominique, Nicole s'en est allée,
la semaine dernière. Ce couple de Toulonnais, quasiment voisin de
l'avenue de la République, avait cessé d'être des clients, pour
devenir dès nos premiers mois d'activité, des complices, des
convives, que nous recevions avec allégresse et considération.
Amoureux de l'Aubrac, de Laguiole à Nasbinals en passant par la
Chaldette, ils avaient su nous faire entendre sans y mettre les mots,
par un sourire, une présence, qu'ils l'étaient un peu devenus aussi
de notre restaurant. Désormais veuve, Nicole n'avait cessé de nous
rendre visite pratiquement toutes les semaines. Elle était
accompagnée alors par ses enfants Franck et Michel, leurs épouse et
compagne, mais aussi ses petits-fils et notamment Romain.
Luttant
depuis quelques années contre le cancer, il lui arrivait de venir
faire son premier repas après sa sortie de l'hôpital. Lorsque je
voyais apparaître sa silhouette fragile mais digne, je savais que je
pouvais préparer une bavette – aligot. Nous la vîmes une dernière
fois à l'automne fortement handicapée, mais fidèle à ce rituel
aubracien qui nous donna de connaître la famille Chatain. Nicole et
Dominique que nous n'oublierons jamais et grâce auxquels nous ne pouvons
regretter de nous être lancés dans cette folle aventure. Ils auront
été l'une de nos récompenses, même si pour le coup, elle
est bougrement empreinte de tristesse.
Un
petit coup d'Occi-cant
Au
terme d'une semaine épuisante, notre pause fut brusquement
interrompue par l'intrusion d'Occi-cant dans nos murs. Christian (s),
Philippe et Jean-Pierre.
Il
y avait aussi Loulette (loula) qui serait rejointe plus tard par Cri.
Il était 17 heures et Jaco tombait de sommeil. Tu parles d'un réveil
!
A
vrai dire, nous avions prévu de proposer à nos amis clients une
deuxième soirée de chants par Occi-Cant, cette fois orientés vers
Noël. Mais il leur était difficile d'être au complet. Alors, après
leur Coupo Santo victorieux à Mayol, ils sont venus, ceux qu'ils
étaient, pour nous faire l' aubade, rien que pour nous et les
quelques clients qui traînaient par là, ce samedi soir.
A
l'heure de la bière d'Aubrac quelques indiens sortis de leur réserve
à Exester, collèrent au bar. Plus tard, à l'heure du dîner, il y
avait, parmi ceux-là, mon « cousin » André, sa femme
Brigitte et leur amis, mon ancien confrère Arnaud, un couple dont
lui est de Narbonne, deux dames venues spécialement de Marseille,
pour manger de l'Aubrac (quand je pense qu'il y a des Toulonnais qui
vont se restaurer à Grand Var !) …
Très
vite entre la meilleure charcuterie du monde (avec la vraie Corsu) et
la meilleure viande du monde (avec aucune autre), le ton monta et les
chants traditionnels transalpins, occitants, aveyronnais et de l'Ile
de Beauté, rayonnèrent dans cette petite salle qui est devenue la
première des concerts de nos amis d'Occi-Cant.
Et
comme convenu, nous vous proposerons de venir partager une soirée
dès le début de 2014. Pour ne pas laisser passer une occasion de
plus d'être tout simplement heureux.
Vous
le reconnaissez, ce cono, avec son assiette de présentation sur la
courge et cette belle blonde qui n'a pas peur de recevoir le contenu
du service sur sa veste ? Mais oui, bien sûr c'est le grand, le
beau, le génial Eddie. Qui est monté jusqu'au fin fond de
l'Angleterre pour recevoir -en soutane SVP- son bachelor
d'hôtellerie. Curieusement, c'est là aussi, à Coventry, que notre
Benjamin avait reçu la consécration dans une autre discipline.
Quelle famille d'érudits... quand même ! Et félicitation aussi au
papy Joël, très impressionné par la majesté de l'uniforme...
Chronique du 10 décembre 2013
L'ode aux rabat-joie
On
a beau savoir -et à ce titre s'en défier- que la critique
systématique de l'Europe est l'apanage des beaufs et des gros snoc
qui sont souvent les mêmes, il est malgré tout difficile d'échapper
cette fois à un certain scepticisme. Sans emprunter toutefois aux
impétrants évoqués plus haut, qui tempêtent contre les
fonctionnaires, la commission, le parlement, tout en mélangeant pour
mieux les confondre tous ceux qui mènent grande vie et force
législation entre Bruxelles et Strasbourg, je dois concéder qu'un
doute m'habite.
Alors
je lutte. Pour ne pas rejoindre la France profonde du dimanche midi.
Lorsque le pinard se met à prendre le contrôle d'esprits déjà
diffus et qu'elle nous rejoue les Super Dupont (Aignan), portant la
parole de Méluche, Chevènement (si, si ! il existe encore) et de
Jean-Marine. Certes notre président les a tous avantageusement
remplacés au moment du fromage (Mimolette, c'est ça Gérard ?)
lorsqu'il s'agit de se payer sa poire. Mais ça fait rien, l'Europe
en prend toujours pour son grade et demeure à l'estime de tous les
stratèges politiques qui raisonnent plus en tapant de la fourchette
qu'en faisait appel à ce qui leur sert de tête, la cause de tous
nos maux.
Mais,
disais-je, il faut bien convenir que même en dehors du fameux repas où
l'on a un avis sur tout, je suis moi aussi un peu ébranlé par les
dernières directives communautaires qui, naguère auraient pu trouver
toute leur place à la une des journaux, un matin de 1e avril.
Certaines seraient en gestation, d'autres seraient accouchées
et déjà en vigueur.
Je
passe encore sur cette loi visant à interdire à tout citoyen de
craquer une allumette et de mettre le feu. Pas à la voiture allemande
de votre voisin, ça l'était déjà -interdit-, ni même à votre
cigarette, mais ça, patience, on va bien finir par y arriver. Non,
pour l'heure il s'agit de proscrire toute forme de feu dans votre
jardin. Ils auraient pu, comme c'était déjà le cas dans nos
régions, interdire de brûler quoi que ce soit par grand vent et
par forte sécheresse. Mettre un terme à la pratique douteuse, bien
que pastorale, de l'écobuage. Mais non, là, même en décembre
par moins dix et forte humidité, vous ne vous débarrasserez pas comme
ça de votre tas d'herbes sèches et des quatre branches dont vous ne
saurez que faire. Il paraît qu'il faut les embarquer et les emmener
à la décharge. De laquelle vous avez toutes les « chances »
d'être refoulé si elle n'est pas fermée, vu que vous n'avez pas
forcément que çà à faire de guetter son heure d'ouverture.
Quant
à moi, je me suis promis de me planquer dans un coin de jardin et
de m'offrir mon petit feu de bon aloi qui me met aussi furtivement en
joie. Avec un peu de chance ça passera, entre chien et loup ou dès
potron-minet, inaperçu . A moins que mon voisin, qui ne m'a pas
dénoncé depuis longtemps et qui ignore que je cache quatre roms
dans mon vide sanitaire, ne donne libre cours à ses dispositions
naturelles. Depuis qu'il roule en « panzer » j'imagine
que c'est dans ses cordes.
Mais
il y a plus loufoque encore. Ma femme me disait, hier encore, (ce
début de phrase me rappelle irrépressiblement la fameuse tirade
de l'inspecteur Colombo dont j'avoue avoir un peu abusé avant que
je ne tourne définitivement le bouton de mon téléviseur), elle me
disait donc que les cheminées à foyer ouvert allaient également
faire l'objet de la même interdiction. Je luis aurais directement
ri au nez, si je n'avais eu d'autres sources que les siennes
(puisqu'elle croit encore ce qui est écrit dans VM). Oh mais là !
Fini de rire ! C'est qu'ils y pensent sérieusement, les snoc.
A
cause des particules fines qu'ils disent. Et si vous examinez bien la
consonance de « particules fines » vous allez
inévitablement -même si vous n'êtes pas portés sur la chose-
établir la liaison avec partie de cul fine... Non, franchement ? Ça
s'en rapproche, non ? Certes étymologiquement il est ardu d'établir
le moindre corollaire et moins encore de corrélation, entre une
cheminée à foyer ouvert et une partie de jambes en l'air.
Mais
cela m'amène à constater qu'elles aussi, les parties fines sont
dans le collimateur. Certes vous pourrez toujours vous amuser entre
adultes consentants (surtout qu'avec un peu de parfum ça passe),
mais vous finirez par en avoir fait le tour et même les plus
imaginatifs trouveront ça répétitif. Tandis qu'au douzième étage
d'un palace (à Bruxelles, Strasbourg, Lille, New-York et l'on
pourrait en rajouter à l'envi sans aller tout de même jusqu'à
l'hôtel Bastide à Nasbinals) un bonne injection de sang neuf dans
le troupeau redonnerait force virilité même à un boeuf.

Tout
ce qui est en voie d'extinction me rend aujourd'hui morose,
nostalgique, neurasthénique. Surtout la cheminée que l'on va
désormais recouvrir d'un voile afin que de vilaines particules ne
viennent chatouiller les bronches des inconscients qui s'aventuraient
à lire le Grillon du foyer ou à regarder les feux de l'amour,
confortablement installés près de l'âtre dont les flammes folâtrent
et l'âme batifole...
J'ignore
a quel lobby répond la tête d'œuf qui nous a pondu cette énormité.
Un autrichien peut-être ? Il paraît que les œufs d'Autriche sont
plus gros que les autres. Sont-ce les cheminées de mon ami Philippe
ou celle de Wanders ou Brisach ? Ou s'agit-il prosaïquement d'une
lubie d'un cono qui a voulu se rendre intelligent.
Ah
! Bravo, c'est réussi. Mon pauvre Beetho, l'Europe ce n'est plus
l'Ode à la joie, ni celui des feux de joie, ni même des filles de
joie, c'est le chant des rabat-joie...
Jaco
L'actu
d'Aubrac sur mer
Match
à Mayol, samedi à 14 h 30. N'oubliez pas de réserver
pour le déjeuner, service à partir de 11 h 45.
Le
journal Métropole-Var de notre ami Olivier est paru. Vous
pouvez le trouver dans les kiosques ou vous abonner en ligne
http://www.metropolevar.fr
Notre
ami Gérard de l'ANACR,
nous signale qu'une pièce sera jouée à l'espace Comedia de Toulon
le 17 janvier à 20 h 45. Il s'agit de Partisan (dans l'antichambre
du Conseil national de la Résistance). Idéal pour revivre de
l'intérieur l'une des périodes les plus sombres, puis les plus
lumineuses de notre histoire. www.espacecomedia.com
Et
pour finir Alain Le Cozannet, le
peintre de la main du coeur. Ne manquez pas son exposition et celle
de Ségura le sculpteur. Ca se passe au garage 7, 7 avenue Gozza au
Mourillon. Vernissage le vendredi 13 à 18 heures, exposition ouverte
jusqu'au 15. Entrée libre.
Chronique du 3 décembre 2013
Cuers
la garenne
A
part le tripous – aligot et la potée aubracienne, vous l'aurez
peut-être remarqué, je ne digère pas grand-chose. Et notoirement
pas ce goût de bouchon entre Cuers et Toulon, qui me reste en bouche
tout au long de la journée, avant qu'il ne revienne comme un vilain rot,
en fin d'après midi entre... Toulon et Cuers. Bon, il y a déjà un
progrès j'en ai identifié la cause. Les causes, devrais-je écrire,
tant les dénominateurs communs à cet immonde merdier autoroutier
sont légion.

Tous
les matins, pour allumer les fours à l'heure, il me faut donc faire
mine de prendre le tunnel et de déboiter au dernier moment sur la
seule voie conduisant à la ville, en m'aliénant l'ire légitime de
ceux qui se sont tapés les deux kilomètres de bouchon en restant
patiemment et civilement à leur place dans le serpentin ininterrompu
de cocus du petit matin. Donc pour éviter ce qui est largement
évitable, il suffirait d'inverser la durée des feux pour que les
centaines défilent un peu mieux, sans pour autant nuire à la
dizaine adjacente et, il faut bien en convenir, agaçante. Mieux
encore, quelques pandores municipaux placés aux endroits
stratégiques seraient plus efficaces qu'à battre le pavé à la
recherche d'un temps perdu ou siroter leur café bien à l'abri,
place Pasteur.
D'autant
que, pour se retrouver dans la panade, on n'a pas besoin des feux. Il
suffit d'un motard qui perd à la roulette russe -qu'il s'inflige
tous les matins en bombant comme un noc entre deux rangées de
bagnoles qui racontent leurs vies au téléphone plutôt que de
regarder dans le rétro-, pour que le SAMU, la police, la dépanneuse
et tout le tintouin, ne nous condamnent à une grosse heure de
surplace. Si l'accident a lieu sur la voie d'en-face, la sanction
sera diminuée de moitié. Mais il faut quand même que tous ceux qui
passent à hauteur, plantent littéralement, pour bien examiner la
nature du carambolage. Une calandre défoncée, mieux encore une
tache de sang sur la route et le nec plus ultra, une tête qui a
roulé sur le bas côté et c'est le succès assuré, pour un récit
circonstancié à l'atelier ou au bureau. Je comprends d'ailleurs
mieux pourquoi il y a tant de 4X4 Wolswagen ou Audi dans la région.
Ce n'est pas forcément par dévotion pour Mme Merkel, mais par un
simple esprit pratique, pour mieux voir ce qui se passe de l'autre
côté du rail de sécurité lorsqu'il y a un beau carton !

Va-t-en
voir pourquoi ils ont tous déserté une si belle ville, avec sa rue
d'Alger, son Pont-du-Las et Saint-Jean-du-Var ? Ils sont tous partis
à la « campagne ». La Garde, Solliès-Toucas, La Crau,
Belgentier ! Ça fait rêver non ? Quand on voit comment ils se
comportent sous la pluie ou que l'on mesure leur incapacité à
franchir un simple rond point, on est en droit de se demander
pourquoi ils sont allés habiter si loin !
Il
y a même des snoc qui habitent Cuers ! Ils ont tous un bout de
terrain, espace de liberté de 280 mètres, sur lequel ils ont posé
une maison de 100 mètres, une piscine de 50 mètres, et 130 mètres
de jardin. Enfin, de jardin ! La première année. Parce qu'ensuite
ce serait plutôt un genre de friche. Vu qu'à l'heure où ils
partent à Toulon et en reviennent, bouchons compris, ils ne leur
reste plus de loisir pour tondre et pour bêcher. Ils ne disposent
que du temps de manger sur le pouce un cordon-bleu ou des lasagnes de
cheval, en regardant TF1 ou -pour les intellectuels- M6 et à tenter
de roupiller, sitôt que le couillon d'à-côté aura fini de gueuler
dans sa pataugeoire et que le cono de derrière aura baissé sa
sono... S'il la baisse avant que les injures ne fusent...
Ah
! On est quand mieux que dans un appartement minable de Toulon. Tenez
à Cuers. Village de 5000 habitants il y a un demi-siècle, sa
population a doublé depuis et promet d'atteindre les 13 000 sans
tarder. C'est beau, non ? Surtout qu'en visitant le centre, on ne
peux l'imaginer. A part trois banques et deux agents immobiliers il
n'y a plus de commerces, ni force habitants exception faite de
quelques pauvres hères. A quoi bon ? Même la maison de la presse a
disparu. Il n'y avait plus personne pour acheter des journaux où, du
reste, il n'y avait plus rien à lire. Le bourg mort s'est éclairé
de feux multicolores (encore !) et s'est hérissé de dos d'âne afin de
ralentir une circulation qui, de dix voitures à la minute est passé
à cent. Car si on n'habite plus sur les artères maréchales (Foch
et Joffre) on est tout de même contraint d'y bouchonner.

Ce
sont eux qui, dès potron-minet, s'en vont à Toulon dans leur Opel
ou Wolkswagen (ach ! encore groB malheur...) pour pointer à pôle
emploi (avenue des frères Lumière, ça ne s'invente pas) ou aux
allocs à la Rode (jolie
Rode,
pour
contempler tout l’monde, les grands et les petits, se font tout
petit ).
Ah
ça vous fait marrer ! Si, si, je le vois bien ! Et le noc qui vous
parle ferait mieux de la fermer. Parce que plutôt que de construire
sa maisonnette dans cet immonde dortoir, il aurait mieux fait de
retaper un petit nid douillet -avec ses copains les pigeons- rue de
la Glacière . Rien que le nom lui aurait rappelé l'Aubrac. Et je
ne vous parle même pas de la comparaison désertique...
Jaco
Yves,
sapin et sans reproche

Notre ami Yves, désormais ambassadeur honoraire d'Aubrac sur mer, prépare aussi Noël. Ami des épicéas et autres Nordmanns, il a donc choisi d'utiliser des palettes (elles mêmes issues de pins déjà sacrifiés) pour dresser de magnifiques décors à la fois modernes et fonctionnels. Du coup cette année, c'est promis vous ne retrouverez pas d'épines dans le potage. Et nous aurons l'occasion de vous présenter l'œuvre dans sa totalité et son pot au lait.
Eric, la langue (aussi) bien pendue
Première
conférence « Mézières » à Aubrac sur mer, vendredi
soir. Eric Lon l'apôtre varois de la méthode a su réunir autour de
lui des gens motivés à défaut d'être tous très gais. Il faut
convenir que lorsque l'on a mal au dos...
Sans
doute aurons nous l'occasion de reproduire cette expérience qui
ajoute à ce lieu convivial un petit côté médical qui rassure. Et
qui sait si un jour un cataplasme d'aligot sur la zone irritée ne
deviendra pas la panacée ou, à tout le moins, le parfait complément
de la méthode Mézières.
Plus
sérieusement, sachez que notre kiné, Eric Lon, prépare désormais
son intervention au congrès international de l'AMIK qui se tiendra
le 23 mai 2014 sur la presqu'île de Giens. Il y présentera
notamment un diaporama retraçant l'introduction de la Méthode
Mézières en Inde et au Népal...
Le restaurant où tout bon
varois devrait aller. En effet le palais est à la fête, on se
régale des spécialités aveyronnaise (bœuf race aubracienne,
aligot, potée...). Ce sont les recettes de grand- mère mijotées
avec amour et patience (cassoulet, blanquette, choux farcis) et le
tartare au couteau est divin! Seul bémol, la salle qui est mal
insonorisée mais qu'importe la fonction première du restaurant et
de son acceuil très chaleureux sont grandement satisfaisant. Adresse
à conseiller. (Très bon, écrit le 26 novembre 2013)
Chronique du 26 novembre 2013On nous écrits (encore !)
Nouvel avis sur
Voici
deux avis inédits, déposés sur Tripadvisor dans la semaine. Ils ne
feront pas évoluer un classement remarquablement maitrisé par la mafia
locale avec la complicité du site de voyage, mais ils témoignent de
l'attachement de nos clients...
"Hemingway
à Laguiole"
Nous
habitons le bord de mer, plutôt produits de la mer dans les bonnes
tables locales donc ; pour nos vacances nous parcourons souvent le
Massif Central où nous pouvons déguster des viandes d'une qualité
incomparable, qu'on ne trouve pas malheureusement dans le Var. Alors
quelle surprise de retrouver le goût de la viande à Toulon, comme
si on venait d'acheter son onglet ou son escalope de veau sous la
mère à l'éleveur du coin entre Saint Pons de Thomières et Sainte
Affrique ou un filet mignon de porc entre Lacaune et Saint Flour
Les viandes sont parfaites, en grillades ou en blanquettes, et pour les nostalgiques du massif central profond il y a des tripoux comme on n'avait pas goûté depuis la descente du Finiels au Bleymard en 1988! Accessoirement c'est un des (très) rares endroits de Toulon où j'ai pu apprécier un vrai Saint Nectaire fermier, pour faire passer le plat de viande à l'aligot (au passage, on n'avait pas mangé d'aligot comme ça depuis Salers en 1994)
Au fait pourquoi Hemingway ? le patron et cuistot est un ancien plumitif d'après match d'un canard local, un peu hypocondriaque dépressif maigrichon mal rasé, qui porte parfois pour venir saluer la clientèle en salle et faire "otentik obrak", ce genre de béret qu'Hemingway mettait pour faire croire qu'il avait été journaliste pendant la guerre d'Espagne ou résistant avant le débarquement de Normandie; bon je lui pardonne, il a bien fait de quitter la feuille de chou locale à la lecture souvent indigeste pour ouvrir une table ô combien digeste
Surtout pour les amateurs d'un vrai goût de viande, je recommande absolument (en plus hemingway sauce rade de Toulon/aubrac offre toujours un petit digestif - sur présentation d'une carte d'identité attestant de vos origines massif centraliennes)(Excellent écrit le 27 novembre 2013)
Les viandes sont parfaites, en grillades ou en blanquettes, et pour les nostalgiques du massif central profond il y a des tripoux comme on n'avait pas goûté depuis la descente du Finiels au Bleymard en 1988! Accessoirement c'est un des (très) rares endroits de Toulon où j'ai pu apprécier un vrai Saint Nectaire fermier, pour faire passer le plat de viande à l'aligot (au passage, on n'avait pas mangé d'aligot comme ça depuis Salers en 1994)
Au fait pourquoi Hemingway ? le patron et cuistot est un ancien plumitif d'après match d'un canard local, un peu hypocondriaque dépressif maigrichon mal rasé, qui porte parfois pour venir saluer la clientèle en salle et faire "otentik obrak", ce genre de béret qu'Hemingway mettait pour faire croire qu'il avait été journaliste pendant la guerre d'Espagne ou résistant avant le débarquement de Normandie; bon je lui pardonne, il a bien fait de quitter la feuille de chou locale à la lecture souvent indigeste pour ouvrir une table ô combien digeste
Surtout pour les amateurs d'un vrai goût de viande, je recommande absolument (en plus hemingway sauce rade de Toulon/aubrac offre toujours un petit digestif - sur présentation d'une carte d'identité attestant de vos origines massif centraliennes)(Excellent écrit le 27 novembre 2013)
"Le restaurant au coeur de Toulon"
par Nopok
Nous sommes bien les premiers !
Il paraît qu'il n'y avait pas le journal dans les kiosques cette semaine. Cela n'a pas dû beaucoup manquer aux lecteurs qui s'étaient déjà habitués à ce qu'il n'y ait plus de journalisme. Désormais ce sont les gens qui se chargent de faire l'info. Tchat, forum, tweets, face de bouc et même blogs, s'y sont substitués . Ceux qui consommaient la presse jadis, se sont piqués, avec la complicité des patrons de journaux et de radios, de l'animer. Avec toute la pertinence, la compétence et le recul que l'on imagine. Comme le disait fort bien Coluche, avant son ultime dérapage, ils ont : « un avis sur tout et surtout un avis. » C'est même à ça qu'on les reconnaît.
Le
sujet de la semaine tenait sur un pied, celui des « bleus »
comme ils disent, qui de moins-que-rien sont passés au statut de
héros. Avant hier ils leur disaient : merde ; hier c'était : merci
! Merci de quoi ? Nous avions tout pour passer un début d'été
tranquilles et voilà qu'on va nous matraquer entre le 12 juin et le
13 juillet à grands coups d'emphases (de philosophie de pelouse) et
de superlatifs. De mon point de vue ce sera essentiellement
laxatif... Et avec ça, voilà que l'action de TF1 s'envole, alors
qu'une bonne élimination pouvait du même coup nous débarrasser du
Nonce et de ses disciples.
Côté
cuisine, c'est sensiblement la même chose. Terminé les guides
« autorisés » pour ne pas dire avisés. Désormais ce
sont les consommateurs qui font et défoncent la réputation d'un
restaurant. Ce n'est pas tellement que leur avis nous intéresse. Du
reste s'ils sont assez nombreux à les écrire, il n'est pas certain
qu'ils soient autant à les lire et à leur accorder le moindre
crédit. Et pourtant, je le confesse, je ne fus pas le dernier à
coller sur la vitrine d'Aubrac sur mer, le logo de Tripadvisor
« Etablissement recommandé par les internautes » Il est
vrai que seize de nos visiteurs déposèrent sur une durée de quatre
ans -c'est quand même bien peu- de très sympathiques messages.
Ce
n'est certes pas suffisant pour faire exploser l'ego, mais cela
flatte au moins l'aligot. C'est alors que deux petits malins, ont dû
trouver que notre cote montait un peu trop. Qui se fendirent alors de
messages perfides vouant aux gémonies notre petite entreprise. Ceux
qui nous suivent ici se souviennent de Nénédumour,
un
olibrius qui nous jugeait fort sympathiques, mais considérait notre
aligot apathique et nous gratifiait d'un « médiocre ».
Quelques
mois plus tard, voici David
Z
qui prétend pourtant sortir de Saint-Cyr. Alors celui-là, il est
d'accord avec le précédent (si ce n'est pas carrément le même). On est toujours très sympathiques !
Remarquez, dans un restaurant de la côte, cela devrait déjà valoir
cinq étoiles ! Nos viandes grillées (notez qu'elles sont chez nous
poêlées, mais peu importe) seraient gâtées par la médiocrité de
leurs accompagnements. Allons bon ! Curieusement, l'aligot aurait
donc ses détracteurs... Il est vrai qu'un buisson de frites décongelées, c'est
tellement mieux ! Le pauvre garçon s'émeut ensuite du prix élevé
de chaque plat et de conclure par ce déchirant cri du coeur : « la
promesse du voyage enchanteur laisse place à un amer sentiment... »
Diantre !
J'imagine
que ceux qui se sont assis à notre table doivent se bidonner et se
rouler par terre. Prudence toutefois, ce n'est pas bon pour la
digestion. Je
passe donc sur la médiocrité des accompagnements, chacun en jugera.
Mais si le propos est dérisoire, si les intentions de cet avis
« destructor » sont limpides, je veux encore couper court
à cet argument spécieux, fallacieux, à cette pénible
contre-vérité concernant les prix que nous pratiquons.
Sachant
que nous payons un rumsteck de race Aubrac chez notre boucher de
Laguiole 22 euros le kilo et que nous le revendons 17 € les 200
grammes, qu'il est accompagné d'aligot qui nous revient à 8 euros
le kilo et d'une sauce maison à base de cèpes, d'échalote, de
vin, etc... notre marge est très inférieure à trois. Maintenant, nos
collègues qui vendent un morceau de barbaque d'origine
européenne -acheté 12 euros le kilo (mais parfois beaucoup moins
encore) dans des centrales de vente mieux connues pour leur prix que
pour leur qualité- au prix de 12 euros, servi avec les fameuses
frites (pas médiocres du tout, celles-là !) à 75 cts le kg,
margent quant à eux au minimum à cinq !
Et
j'arrête-là les comparaisons et la démonstration tant il est connu
et reconnu que nous pratiquons le rapport qualité-prix le plus
exceptionnel de la région. A tel point aussi que nous ne trouvons
plus un expert qui accepte de gérer nos comptes et que nous avons
dû recourir à un jeune comptable commis d'office.
Ah
! mon cher Z ! Si encore tu avais trouvé (tu permets qu'on se tutoie maintenant qu'on est intime) que
la serveuse était trop vieille, ou que l'autre était trop petite,
ou même, que le patron avait un gros nez (que dis-je, une péninsule !) ou un béret de l'Aviron
Bayonnais ; si tu avais humé par delà les sublimes effluves de
saucisse de Conquet, quelques remugles d'égouts remontant du fond
des âges toulonnais, venant perturber le fonctionnement de tes
papilles visiblement inspirées ; si tu avais été incommodé par le
tumulte d'une salle dont l'insonorisation laisse à désirer... Mais
tu n'as pas pris le temps d'approfondir et peut-être n'as-tu même
pas pris le soin de venir le constater. Ce qui compte c'est de
faire tomber, dans le classement arbitraire de Tripadvisor, la
moyenne d'un établissement -sans doute concurrent- qui te dérange.
Je
m'étais donc, disais-je, empressé de coller le logo du site de
voyage sur notre vitrine. Cela me paraissait chouette, jusqu'à ce
que je mesure qu'il suffisait d'un corbeau, par définition
malfaisant et jaloux, pour fausser complètement le jeu. Jaloux,
d'accord, mais de quoi ? Certes nous avons toujours argué du fait
que nous avions ouvert Aubrac sur mer par passion et non pour gagner
de l'argent. Et là, exact, c'est une belle réussite. Que dis-je un
triomphe... Je n'imagine d'ailleurs pas qu'il y ait à cent lieues à
la ronde un restaurateur qui consente à faire ce que l'on fait
depuis plus de quatre ans, au seul nom de la passion. Nous ne sommes
donc là ni pour le pognon, ni moins encore pour le classement. J'ai
toujours éprouvé une sainte horreur de la compétition.
Simplement,
notre vingt-huitième place (certes sur 228 établissements) est une
injure faite par deux roublards aux seize qui ont pris la peine de
rendre hommage à notre démarche. Et à tous ceux qui, grâce au
bouche à oreille, nous permettent de subsister, voire même d'encore
progresser. A tous ceux, encore, qui, avec de telles assertions
assassines, n'auront peut-être pas envie de nous connaître. C'est
une insulte à la meilleure race à viande du monde, à l'aligot et à
l'Aubrac tout entier. A ce classement-là, pourtant, nous sommes les
premiers. Les seuls, certes, mais les premiers.
Dans
ces conditions et dans ma logique, je ne voyais d'autre issue que de
demander à Tripadvisor de ne plus me référencer. De laisser les
chouettes et les corbeaux copuler sans m'emmerder. Eh bien
figurez-vous que ce n'est pas possible. Ainsi, demain, si ces courageux
anonymes, Néné, Z, le même ou un autre, inventaient un cafard dans
mon velouté de potimarron ; du cheval dans mon tartare (ce qui nous
ramènerait d'ailleurs aux origines de ce plat) ou une limace dans la
salade (voilà un accompagnement peu onéreux qui rendrait notre
« ami » moins amer) je n'aurai qu'à reprendre ma plume
pour m'en défendre ou défier le noc en duel.
Ah
! Je l'ai peut-être déjà dit, mais si en « quarante »
on avait disposé de l'anonymat d'internet et de tripadvisor on
aurait pu hâter l'épuration et mieux organiser les rafles.
Remarquez au rythme où évoluent la société et les comportements,
il ne faut surtout pas désespérer....
Jaco
1) D'autres clients m'avaient déjà conseillé de ne pas répondre à ce genre d'attaques malveillantes afin de ne pas leur donner plus d'importance qu'elles n'en ont. L'un d'entre eux me disait : "Ne parle pas aux cons, ça les instruits !" C'est aussi notre façon de saluer Georges Lautner, même si là c'est du Michel Audiard.
On nous écrits
Nouvel avis sur
Voici
les derniers avis inédits, déposés sur Tripadvisor depuis cet été.
“ La
viande est excellente, on y retournera ”
par Aniatravel de Toulon
par Aniatravel de Toulon
C'est
la 2eme fois que je vais dans ce restaurant et je le trouve très
bon. La viande est excellente ainsi que l'aligot. (aligot servi pas
assez chaud à mon gout, mais aucun problème pour le faire
réchauffer). La petite terrasse extérieure est très sympa et
calme. Les produits sont frais, c'est vraiment du fait maison. On
adore et on y retournera. (Excellent - Octobre
2013)
par
Florian G de Toulon

Nous ne nous dirons pas au revoir demain ! (Excellent - Octobre 2013)
par
Lecimco de Toulon
Passé
le coin de la place Raimu et sa célèbre reconstitution de la partie
de cartes, c'est la nom moins célèbre cuisine de l'Aveyron d
"Aubrac sur mer", ça ne s'invente pas ! place Lambert. Ce
jour là une gentiane d'Aubrac olives saucisson pour l'apéritif puis
la trilogie des entrées un velouté de potiron, feuilleté au
fromage de Laguiole et une petite salade de mer balsamique saumon
bouquets. la boisson ce sera une bière vivante d'Aubrac. Je salive
rien d'en écrire le souvenir!
puis ce sera une entrecôte viande d'Aubrac .accompagnée d'aligo, à la perfection.
figues confites de Solliès glace vanille. café, et le temps de régler Marie, Jaco vous proposera probablement une petite prune poire ou limoncello et vous glissera un bon mot. (Très bon - Octobre 2013)
puis ce sera une entrecôte viande d'Aubrac .accompagnée d'aligo, à la perfection.
figues confites de Solliès glace vanille. café, et le temps de régler Marie, Jaco vous proposera probablement une petite prune poire ou limoncello et vous glissera un bon mot. (Très bon - Octobre 2013)
par
David Z de Saint-Cyr
Malheureusement
la qualité de la viande et la gentillesse du service ne couvre pas
la médiocrité de certains accompagnements et le prix élevé de
chaque plat. La promesse du voyage enchanteur laisse place à un amer
sentiment. (Moyen - Octobre 2013)
par
Cissoudelagarde
A
Aubrac-sur-Mer, vous pouvez manger les yeux fermés. Ou commander les
yeux fermés. On ne peut jamais se tromper. Tous est délicieux et
délicat. Sentez la charcuterie avant de la manger et vous aurez tout
compris. La viande d'Aubrac est excellentissime. Le cuistot l'a met
en valeur.
Et tous ces autres produits aussi. foie gras, salades, aligot, légumes mijotés... accueil sympa, franc parlé, bons vins... bon appétit quoi ! (Très bon - Septembre 2013)
Et tous ces autres produits aussi. foie gras, salades, aligot, légumes mijotés... accueil sympa, franc parlé, bons vins... bon appétit quoi ! (Très bon - Septembre 2013)
par
Julien J de Six-Fours
Merci de pouvoir nous donner la possibilité de manger sainement de bons produits. (Très bon - Juillet 2013)
Ce qu'il faudrait, c'est un bon typhon
Ne
comptez pas sur moi pour parler politique dans cette chronique. J'ai
horreur de ça . Surtout à l'heure du repas. Lorsque vous dégustez
une dinde aux marrons, par exemple, on finit toujours par focaliser
sur les marrons. Alors que la dinde, avec ses gros bonnets -même
rouges- pourrait être un sujet parfaitement con...sensuel. Dans un
restaurant il y a tellement d'autres points de ralliement. Un
cassoulet mitonné à la manière de grand-mère ; une belle viande
sortie de la cuisse d'une vache qui ne fume que de l'herbe d'Aubrac
et qui finit à l'abattoir la fleur aux dents ; et même un tripous
patiemment ficelé avec toute la réflexion que justifie une panse de
jeune veau...
Il
faudrait être fou pour s'engager dans des considérations oiseuses
qui auraient pour seul effet de rompre le fil onctueux du meilleur
d'entre-nous : l'aligot. Voilà pourquoi je ne parle jamais
« politique » même avec mes amis. Dont je ne vous
dévoilerai pas l'étiquette, vu que cela ne vous regarde pas.
D'autant que, dès lors que l'on touche à leur pognon, il n'y a plus
guère de gens de gauche.
Tout
ce qui catalyse le mécontentement, dans notre bon vieux pays, c'est
l'impôt. L'idée en elle même ne révulse personne. A condition
évidemment qu'il ne touche que les autres. Tenez, moi par exemple.
Et au hasard. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que j'aimerais
pouvoir payer l'impôt. J'offrirais même sûrement ma tournée...
Il
y a, bien sûr, le type qui vit de tout ce qu'il a pu ramasser,
souvent sur le dos des autres ou mieux encore de ce qu'il a trouvé,
le jour de sa naissance, sans avoir même à s'empoisonner avec cette
mauvaise conscience qui perturbe l'existence de ceux qui l'ont volé
pour lui. Le malheureux, outre les comptes offshores, les
blanchiments et le « black », a eu l'imprudence de
bourrer ses assurances-vie jusqu'à la gueule. Et voilà
qu'aujourd'hui on veut taxer le fruit de tout cet argent qu'il n'a
même pas gagné ! Vous trouvez ça juste, vous ? Et puis celui qui
double ses fins de mois avec les allocations familiales. Lui qui a
forniqué cinq fois pour doper la natalité en France . Voilà que
l'on veut aussi ponctionner une partie de ce fric dont il pourrait
certes se passer, mais sans lequel il devrait choisir entre le
snowboard à Courchevel et le golf à Anglet.

La
politique c'est vraiment nul. Surtout à table. Mais un bon sujet de
société, en revanche, cela peut même vous ouvrir l'appétit. A
condition d'exclure de la conversation : la vache folle, la grippe
porcine et le cabillaud (le saumon, le flétan, la dorade et leurs
semblables) devenus quasiment immangeables tant ils constituent des
poissons violents.
On
peut gloser à l'envi et par exemple de ce chiffre réjouissant, distillé
par les médias cette semaine avec une discrétion qui ne leur ressemble
pas. La croissance est
négative de 0,1 %. Autant dire que la décroissance est en marche.
Certes avec 0,1 % on n'ira pas loin dans le démantèlement de ce qui
a rendu fous tous les imposés de France et de Navarre. Mais il
s'agit bien de l'esquisse d'une tendance. Ainsi nourrit-on quelque
espoir pour le 4e trimestre.
Certes
les perspectives pour Noël demeurent encore pessimistes, pour ne pas
dire sombres. On devrait encore bourrer les pompes de nos merdeux de
monticules de cadeaux qui ne leur serviront que le temps de les
déballer. Il est quasiment joué d'avance qu'ils finiront l'année
à se débiliser un peu plus avec une Wii ; à s'abrutir sur une
tablette ou à connaître leur première orgasme en caressant le
tout dernier smartphone. Leurs parents ont de forts risques de partir
encore en Thaïlande (plutôt qu'à Manille) et les Champions
s'offriront le dernier modèle de bagnole allemande, pour mieux
encore collaborer à l'effondrement de leur propre pays...
Mais
qui sait ? le Père Noël passera peut-être avec sa hotte bourrée
de conscience. Et demain, demain, s'ouvrira le grand puits de
lumière vers lequel nous plongerons -tôt ou tard- pour expier
toutes nos conneries et retrouver le goût du vrai. De ce que l'on
fait et non de ce dont on rêve. Hier, tandis que je me faisais
manger sur l'autoroute pas la horde des barbares en Audi, BMW et Wolkswagen,
je dépassais une sublime ami 8, lancée à 92 à l'heure, je vous
jure que c'est vrai. Et que c'était bon ! Le type ne téléphonait
pas et ne roulait pas sur la voie de gauche. Il avait presque l'air
normal. Peut-être était-il même plus heureux que l'autre noc qui
le toisait depuis son Tiguan en le serrant autant que faire se peut...
Il était sans doute fier aussi de ne pas être tombé dans l'énorme
panneau manichéiste, symbole du libéralisme arrogant et triomphant
: l'obsolescence programmée. Car elle roule toujours sa "deux pattes"...
C'est
là que je me suis dit que si moi, je l'avais remarqué, le type à
l'ami 8, les autres l'auraient sûrement fait aussi. Et que dès
demain matin, on revendrait les vilaines teutonnes sur EBay ; que l'on
abandonnerait le projet d'aéroport à Notre-Dame des Landes ; que l'on
foutrait nos phones aux ordures et que l'on s'habillerait pour trente
euros dans un bon pantalon en coton et pourquoi pas une marinière.
Rien que pour épater son voisin. Et en plus il nous resterait assez
de sous pour payer nos impôts et aller manger des choses
authentiques chez ce sacré Jaco. Qui lui aussi, peut-être, finirait
par payer des impôts...
Elle
serait pas belle ma décroissance ?
Jaco
________________________________________________________
Tiens,
il est très rare, quasiment unique que j'utilise et répercute les
textes et photos déversés par myriades sur mon ordinateur. D'autant
que la plupart ne sont guère convenables. Je fais donc une entorse
en empruntant à l'un des nombreux contributeurs anonymes et
probablement lui aussi fortement tenté par la décroissance....
« Les
mères et grand-mères portaient un tablier par-dessus leurs
vêtements pour les protéger car elles avaient peu de robes de
rechange. En fait, il était beaucoup plus facile de laver un tablier
habituellement en coton qu'une robe, une blouse ou une jupe, faites
d'autres tissus. Le principal usage du tablier de grand-mère était
donc de protéger la robe, mais en plus de cela :
Il servait de gant pour retirer un plat brûlant du fourneau, bien avant l'invention des « mitaines à fourneau ». Il était merveilleux pour essuyer les larmes des enfants et, à certaines occasions, pour nettoyer les frimousses salies. Depuis le poulailler, le tablier servait à transporter les oeufs, les poussins à réanimer, et parfois les oeufs à moitié éclos, que maman déposait dans un fourneau tiède afin de faciliter leur éclosion. Quand il y avait de la visite, le tablier servait d'abri aux enfants timides d'où l'expression : «Se cacher dans les jupons de sa mère». Par temps frais, maman le relevait pour s'y emmitoufler les bras et les épaules. Par temps chaud, alors qu'elle cuisinait devant le poêle à bois, elle y épongeait la sueur de son front. Ce bon vieux tablier faisait aussi office de soufflet, alors qu'elle l'agitait au dessus du feu de bois pour le ranimer. C'est lui qui servait à transbahuter pommes de terre et bois sec jusque dans la cuisine. Depuis le potager, il servait de panier pour de nombreux légumes ; après que les petits pois aient été récoltés, venait le tour des choux. En fin de saison, il était utilisé pour ramasser les pommes tombées de l'arbre. Quand des visiteurs arrivaient à l'improviste, c'était surprenant de voir avec quelle rapidité ce vieux tablier pouvait faire la poussière. A l'heure du repas, grand-mère allait sur le perron agiter son tablier, c'était signe que le dîner était prêt, et les hommes aux champs savaient qu'ils devaient passer à table. Grand-mère l'utilisait aussi pour sortir la tarte aux pommes du four et la poser sur le rebord de la fenêtre, afin qu'elle refroidisse ; de nos jours sa petite fille l'y pose aussi, mais pour la décongeler... Autres temps, autres moeurs ! Il faudra de bien longues années, avant que quelqu'un invente un vêtement, qui puisse rivaliser avec ce bon vieux tablier utile à tant de choses.Aujourd'hui les services d'hygiène trouveraient cela dangereux et nous traiteraient de fous en dénonçant la quantité de microbes qui pourraient s'accumuler sur ce tablier en une seule journée.
En réalité, la seule chose que les enfants de l'époque aient attrapé au contact du tablier de maman ou de grand-maman, c'est de l'amour ! "
Il servait de gant pour retirer un plat brûlant du fourneau, bien avant l'invention des « mitaines à fourneau ». Il était merveilleux pour essuyer les larmes des enfants et, à certaines occasions, pour nettoyer les frimousses salies. Depuis le poulailler, le tablier servait à transporter les oeufs, les poussins à réanimer, et parfois les oeufs à moitié éclos, que maman déposait dans un fourneau tiède afin de faciliter leur éclosion. Quand il y avait de la visite, le tablier servait d'abri aux enfants timides d'où l'expression : «Se cacher dans les jupons de sa mère». Par temps frais, maman le relevait pour s'y emmitoufler les bras et les épaules. Par temps chaud, alors qu'elle cuisinait devant le poêle à bois, elle y épongeait la sueur de son front. Ce bon vieux tablier faisait aussi office de soufflet, alors qu'elle l'agitait au dessus du feu de bois pour le ranimer. C'est lui qui servait à transbahuter pommes de terre et bois sec jusque dans la cuisine. Depuis le potager, il servait de panier pour de nombreux légumes ; après que les petits pois aient été récoltés, venait le tour des choux. En fin de saison, il était utilisé pour ramasser les pommes tombées de l'arbre. Quand des visiteurs arrivaient à l'improviste, c'était surprenant de voir avec quelle rapidité ce vieux tablier pouvait faire la poussière. A l'heure du repas, grand-mère allait sur le perron agiter son tablier, c'était signe que le dîner était prêt, et les hommes aux champs savaient qu'ils devaient passer à table. Grand-mère l'utilisait aussi pour sortir la tarte aux pommes du four et la poser sur le rebord de la fenêtre, afin qu'elle refroidisse ; de nos jours sa petite fille l'y pose aussi, mais pour la décongeler... Autres temps, autres moeurs ! Il faudra de bien longues années, avant que quelqu'un invente un vêtement, qui puisse rivaliser avec ce bon vieux tablier utile à tant de choses.Aujourd'hui les services d'hygiène trouveraient cela dangereux et nous traiteraient de fous en dénonçant la quantité de microbes qui pourraient s'accumuler sur ce tablier en une seule journée.
En réalité, la seule chose que les enfants de l'époque aient attrapé au contact du tablier de maman ou de grand-maman, c'est de l'amour ! "
Quand
Toulon bouge... vers La Valette
J'ai,
je ne m'en cache pas -et nombre d'entre-vous le savent- une certaine
affection pour Hubert. Cela n'a, en outre rien d'exceptionnel.
L'homme est élégant, altier et, malgré des dessous déterminés,
voire autoritaires, débonnaire et attachant. Vous me direz qu'il
s'agit-là du fond de commerce de tout politique assuré -ou peu
s'en faut- de « repasser » à chaque fois que l'on remet
le couvert électoral. Bref, « cousin Hub ' », comme
l'ont baptisé ceux qui comme moi ont accroché avec le personnage,
suscite -suivant le vocable en vogue - une réelle empathie. La
même que celle que j'attache à son lointain rival Robert -qui
mériterait bien mieux que ses scores piteux- ou Lorenzo, mais aussi
le plus jeune Joël -le voisin gardéen- , mes camarades Gérard et
même le « grand Satan » Dominique... Sans parler de ma
grande copine cantonnière.
Tout
ceci posé pour bien exprimer que cette chronique n'est nullement en
liaison avec les échéances prochaines qui, je l'espère, ne
viendront pas un peu plus brouiller les ondes d'une ville
suffisamment déchirée et bien plus encore déchirante...
Je
me range résolument et depuis toujours du côté des utopistes -çà
n'est pas un scoop non plus- qui considèrent que la gestion
municipale devrait totalement échapper aux sempiternels et délétères
clivages partisans. Les grands projets urbanistiques, l'anticipation,
la volonté et ce que l'on regroupe autour de cette autre
terminologie à la mode : la vision, échappent pour l'essentiel aux
arrière-pensées des boutiquiers de tous bords.

C'est
même à se demander si la dénomination de « basse ville »
préférée à «coeur de ville» ne justifie pas qu'elle ait été
totalement négligée, délaissée, méprisée... Nous sommes là,
pourtant, tout près de l'hôtel de ville qui devrait en être sa
fierté et d'un port, certes voué à la guerre plutôt qu'à
l'amour, mais dont le Génie de la navigation indique fièrement la
voie. L'ennui étant qu'il lui tourne ostensiblement le cul.
Il
est de notoriété publique que l'avenue de la République est l'une
des plus hideuses de l'univers, même s'il ne faut pas dédaigner
certaines artères concurrentes à Naples, Valence (Espagne),
Bucarest, Medellin, Tananarive et Sarcelles... Ce qui n'empêche
pourtant pas le dernier (et magnifique) fanzine de TPM de pavoiser en
désignant Toulon comme un nouvel eldorado...
Entre
la rue d'Alger défoncée où il ne passe plus une âme -alors qu'on
se piétinait allègrement à l'âge d'or du Bottier d'Orsay (tiens !
encore lui !!!)-, où tous les rideaux tombent les uns après les
autres et ses rues perpendiculaires -et pour le moins agaçantes- où
l'on se pince le nez pour traverser, en apnée, des zones rendues
irrespirables par la pisse féline, la merde canine et souvent -dans
les deux cas- humaines, qui pourrait gober cela ?
Ce
n'est ni le maire, ni ses adjoints qui se rendent coupables de tant
d'incivilités. Pas fous, aucun d'entre-eux ne fréquente pareils
endroits. On peut facilement s'en rendre compte en consultant
quelques chiffres de l'INSEE. Qui nous apprennent par exemple que
dans cette zone urbaine sensible qui s'étend grosso modo entre le
théâtre et le port du nord au sud ; l'arsenal et Franklin Roosevelt
d'ouest en est, vivent moins de 10 000 habitants. Vous allez tomber
des nues, mais sachez tout de même que plus de la moitié des
logements sont inoccupés, soit parce qu'ils sont délabrés, soit
parce qu'ils ne trouvent pas preneurs. Quant aux « preneurs »
en question les voici : leur revenu médian annuel atteint la somme
folle de 6400 euros (autant dire qu'aucun rugbyman n'habite rue Emile
Zola) alors que la moyenne se situe à Toulon à 14 701 euros,
chiffre déjà extrêmement modeste par rapport aux villes
équivalentes.
D'ailleurs
nos clients nous le disent. On vient ici parce que c'est vous, mais
jamais on aurait pensé remettre les pieds ici. D'où sont-ils ? De
Nice, Cannes, Hyères, Saint-Cyr ? Non, non, ils sont de Siblas ou du
Mourillon... Même propos « réconfortants » de la part
d'éventuels acquéreurs qui nous ont fait l'honneur de visiter notre
restaurant à vendre : « Il faudrait être fou pour investir
dans le centre de Toulon ! » Ah bon !!!
Un
tel constat pourrait apparaître consternant aux yeux des édiles et
donc alarmant. Mais foin du tout. Car, contrairement à toutes les
autres agglomérations françaises qui ont investi dans la
revitalisation de leurs centres -où elles ne sont pourtant pas
forcément toutes caressées par la grande bleue et l'astre blond en
permanence-, Toulon s'est carapaté, via TPM, à l'extérieur. A
Grand Var les cinoches, les grandes chaînes et les « super »
restos. A la Valette les pépètes, à La Garde l'université et les
garages. Peu importe, même si c'est moche, ça va toujours... dans
la même poche.
Là
où on se marre, c'est que tous les requins et les hippopotames qui
jouaient des coudes pour ouvrir leurs gueules sur les milliers de
moutons se précipitant dans le Pathé, se retrouvent Gros-jean comme
devant depuis que de fins stratèges ont décidé de refaire un super
« Grand Var » à Barnéoud.
Mais n'ayons crainte. Les
monstres ne se bouffent pas entre eux et les voilà qui rachètent à
tour de bras du côté de Babou... mais pas pour des bouts de
ficelle... La surface commerciale de La Valette qui se morfondait sur
24 000 pauvres mètres carrés, sera portée à 36 000 ! Et les
restaurants qui étouffaient sur leurs malheureux 2000 m2, passeront
à 5000 ! Ouf, on respire...

Et
voilà comment, malgré son mini-pole universitaire et ses quelques
travaux de réhabilitation d'un centre ancien qui avait seulement
besoin d'air et d'aires de parking, Toulon vacille entre légende
et cauchemar, suivant que la lune est rousse ou que la pluie fait des
claquettes...
Jaco
NDLR - Merci
Michel de m'avoir transmis cette magnifique carte postale de la Place
Lambert et d'avoir un peu plus remué le couteau dans la plaie...
Chicag'Hôtel
un souffle de jeunesse
C'est
un peu d'eau dans le désert, une étoile dans un ciel lugubre, une
étincelle dans la nuit... Installé contre toute attente et à
contre-courant dans la rue des Bonnetières - où régnaient
l'incivilité et le vacarme-, un jeune couple a ouvert là un hôtel
sur un concept proche des auberges de jeunesse. Ce sont donc
essentiellement de jeunes gens qui parcourent le monde, curieux,
cultivés, souvent artistes mais suffisamment discrets, qui
fréquentent ce lieu à trente pas de chez nous. On y discute « in
english » toute la nuit, on y joue du piano et du ukulélé...
C'est presque trop beau et l'on se dit tous les matins : pourvu que
ce ne soit pas une étoile … filante.
Chronique du 5 novembre 2013
Et
si on arrêtait le foot !
Il
faut tout de même l'admettre, il y a beaucoup de déçus du
hollandisme. Ceux-là se recrutent , il est vrai, essentiellement
parmi ceux qui n'ont pas voté Hollande. Étonnant, non ? Mais là,
cette fois-ci au moins, ils doivent être rassurés. Le président
n'a pas cédé face aux grosses caisses du ballon rond. Certes, nous
n'en sommes pas encore à l'éradication salutaire -que dis-je ?-
salvatrice, du football -et du démantèlement total du sport
professionnel- mais le tacle est sévère. Sévère mais juste. En
rêvant un peu -un peu seulement !- on peut espérer que la grève
des clubs, le 30 novembre, soit reconduite définitivement... Ce qui
aurait pour effet de nous débarrasser collatéralement de RMC, Canal
+ et de beIN
Il
ne s'agit pourtant pas encore de supprimer le salaire de ces sportifs
dits de « haut-niveau » dont le quotient intellectuel ne
dépasse généralement pas la hauteur du pied, ce qui les
rapprocherait plutôt du... caniveau. L'objectif -on parlera ici plus
pertinemment de but- est d'empêcher les clubs de verser plus d'un
million d'euro à de jeunes gens qui, si le sport n'avait trahi
l'esprit de Coubertin, s'amuseraient le dimanche à cultiver un corps
sain dans un esprit sain. La majorité d'entre-eux seraient alors en
contrat d'apprentissage ou chômeurs en fin de droits.
Certes
le secteur économique en souffrirait un tantinet. Notamment
l'automobile. Un coup tout de même plus rude pour Porsche et
Maserati, que pour Renault et Citroën. Pour la confection aussi,
notamment Dior, Smalto et Versace, mais pas forcément pour Armand
Thiery ou Cyrillus. Pour la prostitution aussi, d'autant qu'il ne
reste plus que les footballeurs et certains hommes politiques pour y
recourir. J'apprends d'ailleurs avec stupéfaction que 75 % des
français sont contre la prostitution. Il n'y aurait donc plus qu'un
français sur quatre qui irait aux putes. Tout se perd en notre bon
vieux pays !
On
prétend même, enfin surtout les futurs taxés, que cette taxation
entraînerait la baisse du fameux niveau de nos clubs. Ah bon ! Parce
qu'il est haut ? Et que les meilleurs s'en iraient en Allemagne. Ce
modèle économique où il n'y a aucune limite salariale, surtout
pour les plus bas. Qu'ils y aillent, ça nous fera des économies. Et
si nous ne sommes pas capables d'apprendre à nos gamins à taper
dans un ballon pour le plaisir, eh bien on fera pas la Coupe du monde
! No problem ! Vous croyez que ça leur manque, aux Indiens, aux
Australiens et même aux Suisses de n'entendre parler que de ballon
?
Malgré
cette exécrable réputation, je n'ai rien contre le foot. Il s'agit
d'une occupation comme une autre. Moi-même, lorsque j'étais gamin,
je m'y rendais de temps à autre. Pas chez les péripatéticiennes
-vous êtes priés de suivre-, j'étais bien trop timide. Non, au
stade de Crins. Lorsque le Sporting Club Graulhétois se déplaçait
à Toulon ou Cognac, j'allais voir les footeux affronter Blaye les
Mines ou Lacaune en Ligue régionale. Je me souviens de Quinta,
Montels et Nègre. Ils devaient bien prendre un billet de mille
(francs anciens) lorsqu'ils gagnaient et ils roulaient un peu des
mécaniques. Mais gentiment. En dauphine ou en 204.
Mon
père fût l'ardent chantre de ce sport toujours un peu à la marge
dans le Tarn. J'eus même un oncle, Camille, qui tripotait pas mal de
la balle. Quant à mon frangin, il taclait fort le bougre, à
condition d'atteindre les pieds de l'attaquant d'en-face... Je dois
même confesser, qu'après avoir abandonné la pratique du rugby et
du tennis, le dernier sport qu'il m'arrivât de commettre une fois
par semaine, sur le stabilisé du Mourillon, hé ben c'était le
football ! Christophe et Lilian m'avaient baptisé « El
goleador ». Comme Onnis. Ben oui ? Je vois pas ce qu'il y a de
drôle ? Sauf peut-être pour ce pauvre Delio, qui aurait bien aimé, lui aussi, payer 75 % d'impôts au delà du million d'euro.
Non,
franchement, je honnis le football tel que ce milieu l'a rendu et l'a
voulu. Cela ne date pas d'hier. Plutôt de toujours. Je l'exècre
encore davantage depuis qu'il a gangrené toutes les autres
pratiques sportives. Certes le golf, le base ball et la formule 1
semblaient assez grands pour se gaver de pognon sur le dos de ces
millions de snoc qui, à travers le monde, les alimentent plutôt que
de filer à bouffer à leur marmots. Mais chez nous, en France, de
Bordeaux à Lyon, citadelles du rugby, c'est ce sport qui est
désormais touché-coulé. Pourri. Il est facile d'en faire la
démonstration à Toulon où l'on a la caricature facile. Mais sans
parler de ces clubs pratiquant la gonflette sud-africaine, je
constate que même au Boucau ou à Echirolles tu ne peux plus
espérer pointer en Fédérale si tu n'es pas blindé côté
trésorerie.
Dans
un pays de brutes où le salaire moyen annuel est de 27 000 euros
nets, mais où 70 % touchent moins ; où un enseignant atteint
péniblement cette somme au terme d'une carrière où il aura tout
donné nerveusement ; où une aide soignante aura consacré sa vie
aux tâches les plus ingrates et les plus utiles à la fois ; où un
ouvrier n'aura que quelques années pour « profiter »
d'une retraite déplorable, on apprend que 67 % sont favorables à la
taxation des clubs versant plus d'un million d'euros par mois à un
joueur. Un million, c'est -pour rappel- ce que le pauvre bougre
gagnera dans sa vie !!!
Pourtant,
voyez-vous, il y a peut-être pire. Un truc qui me taraude et me
mine... Il y aurait donc 33 % de Français qui s'y opposent. 33 % qui
estiment que 10 millions d'euros pour un type qui joue toute la
sainte journée avec un ballon (même correctement, ce qui reste à
démontrer), c'est normal ! 33 % c'est largement trop pour espérer
que l'air de ce pays redevienne un jour respirable.
A
moins que notre gouvernement ne prenne la bonne décision : taxer
aussi ces 33 % de snoc à... 75 % !
Chronique du 29 octobre 2013
Du
RSI au RSA...
Bon,
à propos, je me demandais avec qui je ne m'étais pas encore fâché
? Les sportifs et leurs supporters de ô niveau de eirennoc,
c'était fait avant même que j'écrive la première ligne du blog.
Les dirigeants du groupe Hersantrique de Nice Matin qui m'ont laissé
m'envoler comme une vieille chaussette, c'est fait (mais ce sera à
refaire, à chaque occasion). Les conducteurs de 4X4 et de voitures
étrangères, c'est fait. Les parents qui laissent leurs enfants
saloper nos forêts et se croient tout permis dans leurs piscines,
c'est fait. Les moutons qui bêlent de concert à Grand Var le
dimanche -et en semaine-, c'est fait et même bien fait. Les ahuris
qui font caguer leur chien devant le restaurant, c'est fait. Les snoc
qui trouvent qu'Aubrac sur mer c'est trop cher, alors que nous
pratiquons les plus petites marges bénéficiaires de Menton à
Cerbère, c'est fait. Les nantis qui se torchent avec leur pognon
mais trouvent injuste de payer des impôts, c'est fait.
Il
ne me reste plus guère qu'à me mettre les fonctionnaires
socialo-communistes à dos et je serai complet ! Je vous préviens
toutefois, certaines catégories seront épargnées. A commencer
par l'éducation nationale. N'en déplaise à ceux qui envisageraient
que je sois un peu étroit de la tolérance, cela relève de la pure
générosité, quand je pense à la scolarité chaotique qui m'a
conduit à me heurter à 90 % du corps en saignant. Un corps à corps
dont je suis évidemment sorti... exsangue. Pour tout dire il y a tant
de gens que j'aime parmi cette redoutable engeance que je n'ai ni le
goût, ni le cœur à risquer d'en perdre, ne serait-ce qu'un seul,
en route. Ils forment aussi le gros du bataillon de nos clients et
même si c'est moins altruiste, cela compte forcément !
Ne
comptez pas sur moi non plus pour m'aliéner l'ire et le courroux des
facteurs. Contrairement à tous les clébards de la création, je
n'éprouve aucune jouissance à leur gueuler dessus. Et puis, comme
je m'en suis déjà vanté, j'appartiens à leur confrérie, au moins
à titre honoraire. Je peux me targuer en effet d'avoir satisfait -et
dans les premiers s'il-vous-plaît ! - à l'important concours de
préposé. Il est magistral, fondamental, phénoménal. Il est -sans
fausse modestie- l'égal du concours général du bœuf gras de
Pâques à Laguiole...
Je
n'arrive même pas à tenir rigueur aux employés de mairie de
Toulon de préférer une mauvaise salade à un bon aligot, parce qu'à
mon sens le fait d'être dépourvu de palais et donc de goût, ne
relève pas de la malfaisance. Tout juste s'agit-il d'une tare
rédhibitoire qui m'inspire plus de compassion que de ressentiment.
Et comme ceux de la SNCF ne m'ont jamais trop importuné -vu que je
ne prends jamais le train-, pas plus que ceux des douanes puisque je
ne voyage pas ; que ceux des impôts ne m'ont pas encore trouvé (oui
je sais, ça viendra !) et que j'attends ceux de l'hygiène avec
sérénité, il ne me reste plus grand monde à qui m'en prendre.
Enfin,
si ! Fin du suspense, j'ai trouvé. Le RSI, vous connaissez ? Régime
social des indépendants. C'est drastique comme régime. C'est un
peu comme pour vous, fonctionnaires, employés de Grand Var ou
salariés de Nice Matin avec votre sécurité sociale. A quelques
nuances près tout de même. Du genre que quand nous n'avons pas de
recette, on nous prend tout autant. Que quand nous sommes malades on
ne nous paie pas de « congés » et que si l'on veut
partir en vacances, on continue à payer. Je ne vous parle même pas
du chômage (rien !) et de la retraite (pas grand chose !).
Au
RSI c'est simple, ils estiment que vous gagnez tant. Donc ils vous en
piquent la moitié. Bon, certes il y a une marge d'erreur. D'environ
100 % ! Elle peut d'ailleurs vous conduire directement du RSI au...
RSA.

Tu
te dis chouette ! Mais ça fait encore trop, vu que quand on te
redresse de 6 000 pour le semestre tu ne les as même pas pour te
payer toi. Alors tu demandes un échelonnement de paiement. Mais
voilà déjà que ce noc de facteur -oh pardon, j'avais promis...-
t'apporte un courrier comminatoire de Toulon, qui te file une
pénalité pour un retard de règlement. Tu réécris pour expliquer
que la somme due à l'origine a été recalculée et que tu viens de
demander à payer en plusieurs fois. Oui, c'est bien beau mais tu
l'envoies où ta lettre ? A Nice ou à Toulon ? A Monsieur le
directeur Truc qui t'a accordé le « rabais » ou à
Madame Machin qui s'impatiente ?
C'est
ainsi que pour le seul troisième trimestre il m'a fallu écrire cinq
fois. Et si j'ai bien reçu cinq réponses, quatre ne l'étaient pas
de la même main. Mon épouse a fini par craquer et à se rendre sur
place. Au RSI Toulon. D'abord comme ce n'est pas elle la gérante,
ils ont failli la refouler. C'est tout juste s'ils ne lui ont pas
demandé, avec leur sourire avenant et leur langage hautement
diplomatique : « Il fait quoi, votre mari ? » Ben... il
travaille, aurait répondu Marie. Parce que pour eux, il est évident
qu'un commerçant ou un artisan n'a que ça à faire de venir
poireauter aux heures ouvrables d'un organisme fermé la moitié de
la journée et une bonne partie de l'année.
Car
tout de suite après, l'employé s'étant vaguement radouci, lui
expliqua qu'il ne servait à rien d'écrire, qu'il fallait se
déplacer. Remarquez, l'idée n'est pas absurde. Je pense aussi
qu'ils devraient se déplacer !
A
leur décharge, ils doivent quand même être sacrément débordés.
J'ignore par quoi, mais ils le sont forcément pour avoir transformé
un organisme de recouvrement apparemment sans grande difficulté en
pétaudière dont on ressort hirsute et dépenaillé. Le comble, je
l'ai gardé pour la bonne bouche, c'est que l'un de ces « Môssieur »,
sans doute bien comme il faut et endimanché, me reprocha
-dernièrement et par courrier- d'user d'un ton quelque peu...
cavalier. En voilà un qui ne manque pas d'humour. A moins qu'il
ne s'agisse de pur cynisme avec lequel, certains ronds de cuir
investis de missions divines, ont tendance à confondre.
En
résumé, les tristes sires du RSI viennent en quelques mois de me
transformer en Poujadiste, nostalgique du CIDUNATI et de Gérard
Nicoud. Pour un gaulliste de naissance et gauchiste de cœur, ça la
fiche plutôt mal, non ? Allez, il est vraiment temps que j'entame
mon ermitage dans l'Aubrac...
Jaco
Chronique du 22 octobre 2013
Les
dimanches en faillite
Il
s'agit, tout de même, d'une étrange lubie que de vouloir à tout
prix (et en euro essentiellement) ouvrir les magasins le dimanche. Ce
sacro-saint jour de fête hebdomadaire, sanctuarisé jusqu'à il n'y
a pas si longtemps -les années soixante tout de même !- où l'on se
réservait le droit et plus encore le plaisir de retrouver la famille
et de faire sauter sa progéniture, enfant, petits-enfants et même
arrière petits-enfants -pour les veinards épargnés par l'arthrose-
sur ses genoux. Je ne pense pas directement à la messe dominicale
quoi que matinale, qui semble avoir pris un léger retard sur la
grasse matinée (vous pouvez aussi l'écrire grâce mâtinée)
d'athéisme forcené. Je dois bien constater et admettre, pour en
être un fervent pourfendeur, que l'office religieux a pris du plomb
dans l'aile et pas seulement le jour de l'ouverture de la chasse.
Dans ce pays où nos valeurs vont à vau l'eau, le port de la croix
est devenu bien plus rare que celui du voile, que l'on appelait du
reste dans nos campagnes, le fichu (et n'y voyez-là aucun caractère
allusif... quoi que !)

Nous
jouions aux cartes les après-midi de pluie ou profitions d'un rayon
de soleil pour nous ébattre dans la prairie voisine, à la recherche
de quelques fleurs sauvages ou d'un but judicieusement marqué de
l'extérieur du pied. A Graulhet, nous options le plus souvent pour
le stade où nous ne nous lassions jamais de bagarres épiques qui
inauguraient, quand elles ne les concluaient pas aussi, les matches
de rugby. Je vous parle là d'une discipline qui se pratiquait entre
sportifs faits uniquement de chair et d'os, entretenus au pastis et
non aux hormones de croissance, mais qui possédaient essentiellement
une âme. Et qui parlaient le français, le cas échéant le patois,
pour la bonne compréhension du jeu...
Certes
la visite chez les amis, ou la vieille tante, lorsque le crépuscule
se liguait à une certaine lassitude, ne constituait que rarement une
partie de plaisir, y compris lorsqu'il s'agissait d'une partie de
belote ou de rami. D'autant qu'une prune, même à l'eau de vie, à
cinq heures du soir et à douze ans, avait du mal à passer... On
préférait encore se coltiner un Maigret en noir et blanc, voire
même un Raymond Marcillac ou -peut-être- un Michel Drucker passant
déjà, comme un grand, sa brosse à reluire. Mais les effluves de
soupe, le soir, envahissaient notre petit espace et la nuit s'avançait
avec son cortège de rêves d'émancipation... Même lorsqu'il était
chiche, il y avait du confort et une forme indicible de rassurance.
Changement
de décor. Nous sommes au XXIe siècle. En pleine modernité et il
faut vivre avec son temps. Pour quelques heures supplémentaires, les
employés - esclaves de Bricomachin et de Monsieur Trucolage, sont
prêts à sacrifier l'office, le poulet craquant et la promenade en
famille. Et des milliers de snoc abondent dans le sens de ces ogres
du commerce qui après avoir bouffé les petits boutiquiers du centre
ville, font les poches à tous ces abrutis qui reprennent leurs
bagnoles pour s' agglutiner au rayon tapisserie ou jardinage. Ce
serait bien le diable si leur ennoc, non content de les avoir traînés
à l'autre bout de la ville, ne dégotait pas une quelconque
potiche... Ah ! passer son dimanche à mâter les débroussailleuses
et les clés de 12, quelle existence exaltante !
Bon,
finalement, lorsque le lundi matin, je m'en vais au bois (entre
Gonfaron et la Môle -non, BO, la gentiane n'y est pour rien cette
fois !-) je me dis que finalement, ce serait bien mieux si les
derniers promeneurs du dimanche, pouvaient rejoindre leurs semblables
à Grand Var. Parce que la forêt, bonjour ! Faut voir comment ils me
la laissent ! Le lendemain, c'est la désolation. Plus un chant
d' oiseau, pas un battement d'aile de perdrix, plus de ruade de
lièvre, ni de grognement de sanglier. Ils se sont tous barrés sur
l'autre versant de la colline, encore tremblants, le souffle court et
le coeur lourd.

Du
coup, ce doute m'assaille ! Et si finalement la famille « en
forêt » allait rejoindre la multitude d'ahuris dans les bois
valettois d'Ikéa, serait-ce finalement plus mal ? Le saumon, même
d'élevage, c'est plutôt salvateur pour la ligne de ces petits
gueulards et de ces futurs gros lards !
Vous
me direz y a pas que le dimanche que les actionnaires tiennent à
tout prix à tondre les quelques millions de moutons qui sautent
autour de nous. La nuit aussi ils veulent les tondre. Et je ne parle
pas du commerce agréable de la rue Saint-Denis ou de Pigalle. Ce
sont les grandes enseignes de luxe, de frusques, de parfums, de
nescafé et tout ce dont vous avez impérativement besoin à minuit,
qui se battent pour votre bonheur.
Il
me semble néanmoins qu'à cette heure-là, vous seriez bien mieux au
pieu. A renifler les fragrances de votre mec ; à effeuiller les
soieries de votre gonzesse. Mais, avec mon anti-consumérisme suranné
et mon obsession de décroissance, suis-je sans doute horriblement
ringard. Comme le poulet de ferme que découpaient nos anciens...
Jaco
Des
tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (5)
Jean Sardi et la lumière fut !


Que
cela ne vous empêche pas d'aller saluer et savourer l'oeuvre de Jean
Sardi fidèle à sa ville où il expose depuis 1985 et à la galerie
Estades où il accrocha ses tableaux lumineux dès 1992.
Chronique du 15 octobre 2013
Consommation
ou collaboration ?
Jusque-là,
je me lamentais qu'il n'existât point de téléphone made in France.
Mais avant hier, je captais, en 4G, la bonne nouvelle : il y avait bien
un portable portant fièrement nos couleurs, C'était un Alcatel
-hélas passablement squatté par Lucent-. C'est le fameux « One
touch star » . Il portait même un bon vieux nom d'étoile
à l'anglaise, pour que tous les inféodés à la langue et la pensée
uniques, ne se sentent pas violemment dépaysés.
Bon
ce n'est pas très étonnant que je sois passé à côté de cette
info nettement revigorante pour l'industrie nationale. Car si je
n'avais pas quelques clients -qui n'ont rien compris au charme
délicieux d'un restaurant implanté en pleine zone commerciale de La
Garde ou La Valette et tiennent absolument à réserver à Aubrac
sur mer- je me garderais bien de tenir en ma possession ce bidule
dont les ondes maléfiques vous triturent les cellules et vous
phagocytent les neurones. Tout au plus je me baladerais encore avec
le vieux bigophone noir dont on tournait le clavier sans jamais être
certain d'arriver au bout.
Jusqu'ici
disais-je, il me semblait bien que le monde de la téléphonie
assouvissait sa perversité, en doigtant le point G de son tout
petit écran, exclusivement sur des portables finnois, coréen,
américain ou canadien. Las, si les Nokia, Samsung et Apple se
dealent à travers la planète comme des petits pains -façon de
parler lorsqu'on sait que les deux tiers de celle-ci n'ont rien à
bouffer-, il paraît que le BlackBerry se retrouve dans la panade
avec des ventes faméliques. On s'en fout puisque, contrairement à
son petit nom trompeur, il n'est nullement fabriqué à Châteauroux,
mais dans une noire silicone vallée de l'Ontario.
J'allais
presque me réjouir lorsque patatras, j'apprenais que notre bel
Alcatel avait aussi du plomb dans l'aile. Et que partout en France
nos dernières usines de fabrication de téléphone cellulaire
étaient menacées de black out. Ainsi à peine venais-je d'apprendre
qu'elles existaient, qu'elles n'existaient déjà plus. Je me disais
aussi...
Bon
alors on en vient à la principale question. Au demeurant la seule
qui vaille ! Puisque l'on était capable de relier deux fils et
d'insérer une carte SIM et de pondre un écran tactile sur lequel on
pouvait balader nos doigts graisseux, comment se faisait-il que l'on
soit infoutus de les refiler à nos mioches, avec leurs têtes de
pioche constamment vissées sur ces saloperies ? Saloperies, certes
et de toute évidence, addictives, réductrices, futiles,
individualistes, abêtissantes, impolies, incultes, provocantes et
-je l'espère- périlleuses, mais de fabrication française.
Pourquoi
n' y arrive-t-on pas ? Mais allons donc ! Vous êtes débiles ou quoi
? Vous n'avez pas compris que l'OTS en question ne présentait pas
les mêmes vertus ergonomiques, concédait du retard dans les
applications, qu'il était moins ludique et convivial ? Mais vous n'y
connaissez rien ou quoi ?
Lorsque
vous vous levez avec un téléphone portable dans une main et une
biscotte dans l'autre, que vous vous rasez avec l'iPhone et que vous
tirez un coup tout en consultant vos mails, il en faut quand même de
la convivialité et ça, en France on a du retard avec notre Alcatel.
Les chintoks et les amerloques eux, ils vous chiadent un truc où
vous pouvez manger le sushi bien installé sur la cuvette des WC
tout en pianotant sur le cours de vos bourses.
Bon
d'accord, pour le téléphone, apparemment c'est cuit. Mais ce qui
m'inquiète c'est la bagnole. La bagnole, çà, on savait faire. Oui
ou non ? Eh bien l'autre jour, dans un bouchon où je rêvassais à la
sortie de Toulon -il y a toujours autant de monde pour se barrer de
Toulon, à croire qu'ils ont tous perdu la raison ; mais pas de
panique ils vont voir et se montrer au centre Commercial TPM-.
Tout
d'un coup, un cauchemar. J'ai cru que je dormais. A côte de ma Clio,
défilaient les Golf, Audi, Astra, BM, Fiat, Hunday, Toyota... Pas
une seule française pour chanter du Renault avec moi ! C'est pas
l'homme qui prend la mercédès, c'est la mercédès qui prend
l'homme...
Et
encore, le type qui a une Merco, ou une BM, ou même une Audi... On
peut toujours envisager qu'il ne cherche pas directement à nous
ruiner et à annexer directement la France à l' Allemagne. Non,
il y a de fortes chances, s'il est immatriculé 83, qu'il cherche à
péter seulement plus haut que son cul . Ici, ça court les
autoroutes et même les chemins vicinaux. La blonde qui se gare avec
son gros 4X4 de la Panzer division, devant l'école, vous la
connaissez tous. Elle est partout. Elle est abominablement ennoc,
mais ses enfants sont bien protégés dans leur char d'assaut...
Mais
alors ! que dire du type qui roule en Wolkswagen ou en Opel ? Non
seulement il a l'air minable dans sa petite Bertha à quatre roues,
mais en plus il nous fout l'économie à Payolle. C'est de la
provocation pure et dure. De la kol-la-bo-ra-tion. Un coup à finir
rasé par des arrières-petits-fils de FFI ! Et bien joli si ce n'est
pas lui, le petit sournois qui, faisant tourner l'industrie teutonne
à plein régime avec ses malheureux ouvriers payés au lance-pierre
et sans la moindre protection sociale, bien joli si ce n'est pas lui,
le noc, qui fustige notre gouvernement incapable de relancer
l'économie, de générer de l'emploi, tout juste bon à créer de
nouveaux impôts !
Bref,
si vous avez un voisin aussi hideux que celui qui gare son Touran à
cheval sur le trottoir et la route tout en téléphonant avec son
iPhone, n'hésitez plus : crevez-lui les roues. Et si vous avez la
chance de vivre en Corse : faites-le donc sauter !
Jaco
En vente... libre !
Je
vous préviens -afin de vous éviter tout risque de catalepsie- je
vais me servir de ce blog à des fins mercantiles. Certains penseront
pourtant que c'est déjà fait et que ces pages longuement noircies à
la sueur de mes doigts -éventuellement des méninges- n'ont d'autre
effet que de vous attirer dans les mailles de mes cornichons qui
agrémentent la charcuterie de l'Aubrac. Pourtant mon papa, qui n'est
jamais trop prudent, pense exactement le contraire. Persuadé que ces
chroniques ont pour effet de me faire faire perdre plus de clients
que ce que je n'en gagne.
Je
n'ai, sur ce point précis, aucune certitude. Si ce n'est qu'elles
ont pu me mettre effectivement, ponctuellement, à l'abri de la
présence à notre table de quelques gros snoc dont on se passe
finalement volontiers. Et qu'à contrario, cela nous vaut la visite
de quelques amis et partisans, suffisamment fins pour aimer lire,
rire et manger...
Du
reste c'est le but que je poursuivrai, avec peut-être plus de
convictions et d'opiniâtreté encore, lorsque je serai parvenu à
l'accomplissement d'un rêve, dont je dois bien convenir qu'il tourne
à l'obsession. Même si pour l'heure, il tourne surtout... en rond.
Ce Graal, vous le connaissez, c'est la construction d'un buron en
pleins monts d'Aubrac à 1200 mètres d'altitude, au milieu des
vaches, du silence, des fleurs, de la froidure et de la gastronomie,
dépouillée, authentique, unique... Mais pour plonger un regard
définitif sur les mamelons de Lozère et l'église de Nasbinals,
restent quelques formalités à accomplir.
La
première annonce concerne donc la vente d'un sublime restaurant dans
l'hypercentre de la neuvième agglomération française (juste après
Toulouse, Bordeaux et Nantes, mais avant Montpellier et Grenoble). Sa
position est idéale et je pèse mes mots, idyllique conviendrait
peut-être mieux. A 100 mètres de l'important vivier de clients que
représente la mairie, ainsi que de son extraordinaire port – où
dans six ans peut-être on se battra pour la Tall Ship's- ; à peine
plus loin du Stade Mayol qui en a fait la première ville d'Europe ;
elle dispose de deux trésors inestimables : l'or bleu avec 18
kilomètres de littoral maritime pour la seule commune éponyme et l'or jaune
avec un record de France d'ensoleillement et de chaleur.
Le
restaurant à lui seul constitue l'une de ces pépites, situé sur la
plus belle placette de Toulon, rafraichie et arrosée par la plus
ancienne fontaine de la ville. Que ce soit en terrasse ou à
l'intérieur, on s'y sent bien et ce n'est pas un hasard si les murs
restent la propriété de la ville qui n'a surtout pas souhaité
abandonner l'un de ses chefs-d'oeuvre patrimoniaux. Et je n'oublierai
pas de stipuler, au futur et heureux acquéreur, que le potentiel de
développement économique et culturel de cette ville est sans
équivalent, vu qu'actuellement, il ne s'y passe strictement rien !
Ce
petit bijou pour 160 OOO euros seulement. Allons, allons, messieurs,
160 000 petits euros c'est pas beaucoup, du rêve pour pas cher,
comme le chantait feu notre compatriote Gilbert Bécaud dans sa
délicieuse vente aux enchères. Car c'est aussi le montant de notre
chiffre d'affaire annuel, ce qui n'est certes pas énorme mais reste
considérable, puisqu'en quatre ans, nous sommes passés de rien du
tout à tout çà !
Le
deuxième vient en corollaire de la première si, par extraordinaire,
nous ne trouvions d'ici quelques semaines un heureux repreneur. Comme
il est hors de question que nous prolongions le plaisir plus
longtemps, parce que nous ne voudrions pas abuser des bonnes choses
et que dans la vie il faut savoir partager, j'envisage alors d'en
appeler au mécénat.
J'avais
bien pensé au Jacothon. Vu ce que l'autre pélandron a récolté en
quelques semaines (onze millions), il ne me faudrait sans doute pas
plus d'un quart d'heure pour réunir la somme. Toutefois je ne vous
garantis pas que j'aurais pu faire entrer votre fiston à la
mairie... Et l'idée de faire la manche me dérange au plus haut
point.
Voilà
pourquoi j'opte pour le mécénat. Parce que c'est beau un type qui
ne se plaint pas de payer beaucoup d'impôts et choisit de
défiscaliser. Je suis sûr qu'il y a quelque part en France,
peut-être même dans votre entourage, un mec bien qui se dit :
« Tiens ! je vais aider le Jaco à construire ses fondations »
C'est fait pour çà la fondation de France non ? 160 000 euros c'est
quoi ? Pas même le prix d'une Bentley « et j'en ai déjà
deux... comme papa ! Et puis 60 % d'impôts en moins sur cette somme, ça
soulage ! Té, en plus je devrai lui dire merci au Jaco ! »
Ceci
étant, je ne suis pas chien. Si le type souhaite venir passer
quelques semaines dans l'une de mes chambres d'hôtes, je ne lui
demanderai pas s'il vote Marine (ben oui, je vous avais prévenu que
j'étais à vendre !!!), s'il se bourre la gueule avec Depardieu, ou
s'il a planqué de l'argent en Biélorussie. Il fait ce qu'il veut.
Il aura le spa rien que pour lui et des murs de pierre bien épais
dès fois qu'il ronflerait ou qu'il lui viendrait l'envie de péter.
Remarquez,
si c'est un sponsor, je ne le récuserai pas systématiquement. Là,
vous vous demandez bien ce que pourrait venir foutre un sponsor sur
un plateau désert, dans le département le moins peuplé de France ?
Et bien moi ça ne m'étonnerait pas tant que vous ! Regardez les
bateaux. Il y en a qui engouffrent des millions dans des trimarans où
l'on est même pas assurés de rigoler tant que ça. Ils sont au
milieu d'océans où personne ne les voit. Alors ils ont beau écrire
en gros sur leurs voiles « Fleuri nichon » ( une marque
de soutien-gorges en couleur sans doute) ils passent inaperçu, si ce
n'est auprès de quelques phoques qui, par définition, n'en portent
quasiment jamais. Et si c'est le vent qui leur manque, pas de soucis.
A Nasbinals on a tout ce qu'il faut. De la bise qui vous mord
jusqu'au sang (en été), au blizzard qui vous étreint jusqu'au coma
(en hiver) vous ne regretterez pas la traversée...
Non,
je vous le dis en toute objectivité sponsoriser un nouveau buron
dans l'Aubrac, là où ils sont en voie de disparition, c'est ça le
bon filon. D'autant que nous sommes aussi en plein sur le chemin de
Compostelle. Pour racheter son âme, c'est comac. Un
business-plan d'enfer que je vous dis... Et s'il faut graver dans la
pierre, votre nom, même en gros, je n'hésiterai pas à me muer en
compagnon du devoir à grands coups de burin.

Vous allez tous beaucoup me manquer, ainsi qu'accessoirement mes amis (les vrais) qui sont devenus des clients et mes clients (les bons) qui sont devenus mes amis. Là et je serai sérieux -une fois au moins- au fil de cette chronique, vous m'aurez rendu tout ce que je n'ai pas su percevoir en espèce et en tiroir caisse.
Mais
c'est marrant, ma femme qui est pourtant une grande poétesse, me
semble moins sensible aux charmes - pourtant délicatement désuets-
de la misère.
Alors
du coup ça y est, je me remets sur le marché du travail en
attendant d'inaugurer la plus belle maison d'hôtes du monde le 31
mai 2015. J'invite les restaurateurs à ne me faire aucune proposition,
pour le reste je suis ouvert à tout (sauf au niveau du tuyau
d'échappement).
Si
l'une de mes trois offres vous intéresse, vous pouvez me laisser un
message ci-après. Toutefois, si vous êtes preneurs des trois, je
préfère que vous attendiez un peu avant de m'en faire part.
Histoire de m'éviter de tomber en catalepsie...
Jaco
Chronique du 1 octobre 2013Quand Toulon retrouve sa mer
Ce
lundi matin, les rives varoises devaient être majestueuses, nimbées de leurs
voiles de la Mediterannean Tall Ships' Regatta. La flotte des vieux
gréements se faisait la belle, pour rejoindre et envahir La Spezia.
Je
dis « devaient » parce que ce matin, moi, je dormais.
Trois jours de voile, fût-elle de légende, ça vous file sur les
genoux. Et lorsque j'évoque l'envahissement, on est à peine dans la
métaphore, tant l'expression revêt tout son sens. A l'exception majeure
et fondamentale que ces navires-écoles, qui convergeaient de
l'univers maritime, n'eurent pas à tirer, ici, un seul boulet. Les
détonations que vous aurez peut-être perçues en fin de soirée
émanaient du feu d'artifice tiré dimanche, comme un adieu, sur le
port.
On
nous avait prévenus, l'évènement serait gigantesque. Au moins un
million de visiteurs ! Je ne les ai pas comptés, j'ignore d'où ils
venaient, mais ils étaient nombreux, les bougres. Sans contexte, je
n'avais jamais vu autant de monde dans les rues de Toulon et je ne
dois pas être le seul. Je n'avais assisté à un semblant
d'agitation dans cette ville déserte, qu'en 1992, la dernière fois
que les Rouge et Noir ont été Champions de France. Ça remonte et
c'était loin de cette espèce de flot continu ! Le père Jaube, qui
avait pris le risque de venir s'attabler à Aubrac sur mer samedi,
confirmait d'ailleurs qu'il n'avait plus vu la rue d'Alger dans cet
état depuis au moins trente ans. Juste avant que la ville ne se
saborde sous les assauts répétés de la corruption, du clientélisme
et de l'incompétence. Sans même parler de la marginalisation
cruelle mais durable de 1995...
Bref,
Toulon a revécu et c'était émouvant. Certes, il paraît que çà a
coûté bonbon, ct' affaire ! Je ne gloserai pas à cet égard
puisque je n'en sais fichtre rien. Mais ce que je sais, c'est ce
qu'elle engouffre depuis un demi-siècle dans son club de rugby. Je
pense qu'en rassemblant tout ce pognon, on aurait pu faire une chic
ville, jeune et ouverte sur le vaste monde méditerranéen et qui ne
serait pas la risée et le vilain petit canard du jeu ovale.
Et
à travers cette réussite populaire dans le sens le plus festif et
joyeux du terme, mais tellement ponctuelle, il me semble que les
élus locaux pourraient en retirer autre chose qu'une banale gloriole
qui a pour caractéristique de ne flatter que leur ego et de laisser
tous les autres parfaitement indifférents.

Bon,
ce n'est pas encore Montpellier, Brest, Rennes ou Limoges, mais
Toulon entre deux mâts, s'est hissé au rang des villes dynamiques
et même pour un week-end, ça fait plaisir ! Nous revoici ville
fantôme sans doute pour un long et rigoureux hiver sociétal, mais
désormais nous vivrons de souvenirs et d'espoir.
« Et
les affaires alors ? » allez-vous nous demander. Eh bien que
voulez-vous, elles furent bonnes, excellentes même puisque, à la
demande de la ville et des associations de commerçants, nous avons
ouvert le dimanche. Non, bien ! On a fait le plein. Mais à la
manière d'Aubrac sur mer : 25. Si bien qu'en trois jours on a fait …
150 couverts !
C'est,
au grand minimun, le chiffre que les grandes brasseries du port ont
dû réaliser par service ! Elles refoulaient les clients qui, du
coup, se risquaient dans les rues adjacentes et inquiétantes de la
basse-ville. Et tandis qu'ils n'avaient pu s'installer à la table de
ces usines à touristes, ils s'étonnaient que l'un des seuls
restaurants à faire encore à manger, sans congélateur, ni tricher,
puisse leur refuser l'accès à l'une de ses douze tables ? Lorsque
nous avions le temps, nous leur expliquions cela.
Que nous ne faisions pas ce métier pour recevoir les visiteurs de bateau ou les supporters de rugby, mais par la passion pour les produits, le goût, la convivialité et qu'il valait mieux réserver. Mais ils étaient déjà partis un peu plus haut en espérant s'assoir et manger... n'importe quoi. Ventre affamé...
Que nous ne faisions pas ce métier pour recevoir les visiteurs de bateau ou les supporters de rugby, mais par la passion pour les produits, le goût, la convivialité et qu'il valait mieux réserver. Mais ils étaient déjà partis un peu plus haut en espérant s'assoir et manger... n'importe quoi. Ventre affamé...
Nous
avons évidemment une suggestion à faire aux Toulonnais et
avoisinants que nous n'avons pu accueillir ce week-end : venez nous
voir dans les six prochaines années où il ne se passera plus rien à
Toulon et où, en conséquence vous pourrez marcher sans stress et
profiter de la ville. Le but de votre sortie sera d'aller manger dans
un restaurant où toutes les valeurs sont respectées. Ce qui peut
constituer en soi, sans vernis et artifice, un joli spectacle...
Jaco
Je
dédie aussi cette chronique à notre ami Gérard Estragon, qui
vient de perdre sa maman Jacqueline.
Salut
André


Ce
n'est évidemment pas un client fidèle que nous perdons, mais un
homme de coeur, qui nous avait si gentiment et spontanément adopté.
Alors il nous revient en mémoire, ce dernier air d'harmonica, en mai dernier...

Chronique du 23 septembre 2013
Inquiétude
chez les poissonniers :
Var matin pourrait disparaître
Var matin pourrait disparaître
Ce
soir c'est pleine lune et il me viendrait presque l'envie d'aboyer
avec les loups. Mais je ne suis pas un vilain toutou. Du reste, je ne
suis pas un toutou... du tout. Je me demande en contemplant l'astre
en plein soleil s'il existe, là-haut aussi, des Hippopo-infamus
et des Buffalo-tristes pour les gogos ? Mais le bon Armstrong
-avant de tomber dans la dope par homonymie- nous affirma, en son
temps, qu'il n'existait point de moutons lunatiques ni de centre
commercial, façon Grand Var et j'incline à croire -pour une fois-
un ricain, fût-il cosmonaute. Allons tant mieux !
Je
sens que je vais être un peu longuet ce matin -nous avons changé de
plage horaire, la lune est dégonflée, mais je ne vais pas vous expliquer les méandres
orgiaques et orgasmiques de mon écriture-. Et encore, vous vous en
tirerez bien car, vu la vastitude du sujet et de mes états d'âmes,
je pourrais être intarissable. Non c'est du terrible destin de Var
matin et à travers lui, de la presse écrite toute entière, dont je
voudrais vous entretenir.
Voir un canard plumé, courir dans tous les sens et sans tête, cela ne peut qu'amuser les ceux qui scrutent votre doigt lorsque vous leur montrez le cul de la voisine. Moi j'ai pleuré deux fois dans ma vie professionnelle. Jamais à Var matin où je connus quand même les plus longs moments de ma vie journalistique. Parfois j'en eus envie, sans jamais prendre les larmes. J'éprouvai de Hyères à Ollioules en passant -longuement- par Toulon, plus de ressentiments que d'émotions.
Voir un canard plumé, courir dans tous les sens et sans tête, cela ne peut qu'amuser les ceux qui scrutent votre doigt lorsque vous leur montrez le cul de la voisine. Moi j'ai pleuré deux fois dans ma vie professionnelle. Jamais à Var matin où je connus quand même les plus longs moments de ma vie journalistique. Parfois j'en eus envie, sans jamais prendre les larmes. J'éprouvai de Hyères à Ollioules en passant -longuement- par Toulon, plus de ressentiments que d'émotions.
J'ai
pleuré deux fois : en octobre 1982 lorsque j'ai vu rouler sur les
presses de Laborie, rue Fieu, le numéro 1 de Toulouse matin pour
lequel je m'étais investi nuit et jour et auquel j'avais livré ma
jeune âme et ma tendre chair. Je voyais la vie en rose (comme la
ville) ; l'aboutissement d'un rêve -et d'une farouche
détermination- d'enfance. Et quelques mois après, lorsque,
littéralement broyé par la machine infernale -et déloyale- de La
Dépêche du midi, ce journal -mon journal- connut un méchant coup
de Baylet. J'en garderai d'irréversibles séquelles -quelques poils
tarn-et-garonnais venant encore chatouiller mes vieilles et belles
narines-
Depuis
lors, trente ans coulèrent sans qu'à peine je m'en aperçoive.
Jusqu'à la colère. Et ma disparition pour solde de tout compte de
ce métier, que j'avais chevillé au corps. C'était au temps où nos
vieux lecteurs, pour la plupart et désormais réunis là où on n'a
plus besoin de ses lunettes, persistaient encore et non sans regrets
-déjà éternels- à désigner notre journal sous l'étendard de :
République. Mais avant que de se déshonorer en trébuchant tout
récemment dans le Tapie, pour aller inexorablement vers la déchéance
- peut-être même le dépôt de bilan - il en commit des bourdes,
des reniements, des sacrilèges, des autodafés.
Or
un journal, çà brûle beaucoup mieux qu'une boite de conserve. Sauf
qu'on le traita comme telle. Le vieux Defferre et la belle Anne-Marie
-qui eurent l'inspiration de m'embaucher en 1983 sur les conseils
éclairé de Robert-, n'en purent mais. Lagardère, sur son canasson
pur-sang vint à nous pour « sauver » un canard qui,
pourtant, n'avait encore rien de boiteux.
Acte
I de la tragédie, le journal de famille(s) devint le jouet d'une
entreprise du Cac 40. Mais dans l'empire Lagardère, c'était encore
le meilleur : Jean-Luc. Le père et non le fils à papa. Ce type-là,
nonobstant son incompréhensible passion pour le fotbal et le tiercé,
irradiait de sa classe et d'une probable humanité. De probité ? Qui
sait ? Il avait autour de lui des sommités de la profession et je
pense-là notamment à Roger Théron, l'homme à la barbe jaune que
j'eus le loisir d'approcher et avec lequel je me serais alors
volontiers « copier-coller ».
Mais
fini de rire, car c'est le morpion -oh ! Pardon, je voulais dire le
rejeton, mais vous aviez rectifié de vous même- qui s'en mêla. Qui
s'emmêla... A tel point que cet héritage, brusquement tombé d'une
salle d'opération inanimée, l'embarrassa -et pour une fois je reste
poli !- au plus haut point. Après un mariage de raison (et de
pognon) avec Nice Matin, ce fut l'hallali, là là là et
Lagardère... « Junior » ne rêvait que de plateaux télé,
de tennisman et de talisman... Au Diable les varices d'une
vieille presse écrite perdant les bas. Et ce fut, comme en quarante,
le retour d'Hersant.

Il
se trouvait qu'au même moment, non loin de Nice et même la porte à
côté, boulevard de Strasbourg à Toulon, une autre engeance, gavée
d'oseille et d'Umaga...lomanie, venait de me désigner comme l'homme
à abattre de la presse locale. Ce fut un grand honneur, triste
sire, auquel je ne pouvais me soustraire. Et c'est ainsi que poussa,
en lieu et place de mon stylo, une curieuse casserole remplie
d'aligot...
Je
vous ai résumé cette histoire dont seuls les affranchis auront su
décortiquer la carcasse sans oublier d'en sucer la moelle. Je serai
encore plus bref, s'agissant d'évoquer mon ressenti à l'égard de
ces jeunes confrères qui s'aperçoivent aujourd'hui que leur métier
est en danger. Mais non, mes pôvres, il est déjà mort.
Il
l'était lorsque les Oustrières, Lenzini, Estrade, Lorenzini s'en
allaient sans qu'on leur implora seulement de demeurer au service de
ce qui ressemblait encore à une institution.
Il
l'était davantage encore lorsque Nice Matin avala le
« petit varois républicain » sans que personne ne
souffle mot, mais qu'on souffre désormais d'un manque cruel parce
qu'essentiel, de pluralité.
Il
l'était dès lors que l'on bâtissait son projet rédactionnel et sa
stratégie de développement sur... les supporters du rugby local !
Il
l'était enfin, lorsque les conseils général et régional, l'agglo
TPM et la ville de Toulon subventionnèrent à eux seuls l'équivalent
de la masse salariale des journalistes...
Vous
la voyez où et surtout comment, votre indépendance ???
Et
sans m'être jamais pris pour Albert Londres, pas même pour Jaco
London, sa raideur m'apparut mortifère lorsqu'un Monsieur Jourdain
du rugby, trois écrivaillons sans talent ni scrupule et un bidonneur
en chef, ouvrirent en grand les portes de ma liberté. Le 9 janvier
2009, en franchissant une dernière fois le seuil, je me suis
retourné avec ma petite boite contenant ma gomme, mon crayon, mes
souvenirs, mon amertume. Il n'y avait personne pour me retenir. Pas
même me soutenir. Et surtout pas mes jeunes confrères...
Depuis
lors, je n'ai jamais autant travaillé, autant souffert ; je n'ai
jamais été aussi pauvre, mais qu'est ce que je me sens léger et
soulagé ! Tenez, je le suis tellement qu'il m'arrive parfois
d'éprouver de la compassion pour ceux qui sortent du panier de
crabes, subito, en s'étouffant de ces in-ad-mis-si-bles atteintes
à la-liberté-de-la-presse...
Tout
en me demandant -quand même- s'ils nous prennent pour des snoc où
s'ils le sont vraiment tant que ça !!!
Jaco
Chronique du 17 septembre 2013
Bonal, mal an...
Eh
bien sûr, je suis amer ! Comme un verre de gentiane. Pas du temps
morose de ce dimanche matin qui a une belle gueule d'automne -n'en
déplaise aux autochtones qui ne trouve leur salut que dans leur p...
de soleil- ; pas de la semaine que nous venons de vivre, parce
qu'elle est conforme à un scénario parfaitement rodé depuis quatre
ans ; pas même de constater que le monde est désormais dominé par
un duo de dictateurs -El Assad et Poutine-, dont il me reste à
savoir apprécier l'humour très second degré ; pas même des
résultats du Top 14 dont je me fous désormais autant que ceux de la
Ligue 1 ou des inter-régionaux de curling... Bon si ! ça m'emmerde
pour mon pote bayonnais Alex, mais depuis trente ans qu'il gagne,
qu'il perd ou qu'il fait match nul, il commence à bien connaître la
musique. A la fin, y a plus que le chèque qui compte. Et encore,
pour lui, c'est à la fin. Mais désormais, Monsieur, dans ce
sport-là, c'est aussi au milieu et même au début... Enfin c'est
tout le temps et y a plus que ça qui compte. Alors vous qui parvenez
encore à vous passionner, bravo ! Continuez à les engraisser (enfin
je veux dire à les muscler...)
Non,
ce qui me déçoit et me taraude, c'est qu'à cause de mon frère,
Bernard, l'albigeois, (contre la retraite à soixante ans, mais qui a
pris la retraite à soixante ans... ce cono) je viens de m'apercevoir
qu'il n'existait peut-être aucun lien entre Hippolyte Bonal et
Marius Bonal. Un véritable drame...
Comment
? Qui sont ces Bonal ? Vous voulez me foutre vraiment en colère ou
quoi ? D'après vous, elle vient d'où la gentiane que vous sirotez,
hiver comme été, dans sa jolie robe jaune et ses vertus apéritives,
digestives et, certains le prétendent, érectiles. Sur ce dernier
point, il y a débat, j'en connais même qui professent l'inverse.
Mais à votre place je ferais davantage confiance à la poudre de
corne de rhinocéros ou à une consultation chez Patrick, mon ami
magnétiseur des Arcs et qui lui aussi, est d'Albi...
Mais
non, le Bonal ne vient pas d'Albi. Vous m'énervez quand vous ne
suivez pas . C'est mon frère. Le Bonal lui, je n'en sais plus rien.
Lorsque nous étions gamins, surtout moi, car Bernard a toujours été
moins gamin que moi, nous vacancions en famille sur les bords du lac du
Bourget à Aix les bains. « Oh temps suspends ton vol et vous
heures propices... » vous connaissez vos classiques... Je ne
pense que ce soit la Martine, le prénom de la mère Bugnard... Mais
accoudée à la rambarde de son premier étage ouvrant un panorama
gigantesque de scintillement d'ondes profondes et de reflets sombres
sur le mont du chat et sa fameuse dent dévorant le ciel, elle en
sifflait quelques verres dans une manière de cérémonial quasi
religieux.
Peut-être
parce que c'est justement le fameux Hippolyte, un moine sans doute
déjà nanti d'une constitution de cheval, qui en jeta les bases dans
un grand tonneau de vin. Quinquina, plantes de montagne, zeste
d'orange et naturellement gentiane macéraient le temps qu'il fallait
pour offrir la quintessence de ce breuvage diabolique sortant en
1865, de la maison de Dieu. J'en étais resté là et à toute la
mythologie créée autour du personnage de la mère Bugnard que mon
père « refaisait » à l'envi : « Ben, vous
connaissez pas l'Bonal ? » l'avait-elle tancé la première
fois. Du coup mon père -et ma mère d'ailleurs- se sentirent forcés
de goûter à cet apéro typé et l'adoptèrent sans peine. C'est
d'ailleurs l'une des raisons majeures pour laquelle ils traversent les
décennies avec toujours le même entrain et prétendent à juste
titre rejoindre la confrérie des centenaires qui
n'ont-pas-bu-que-de-l'eau. Et si comme j'en suis persuadé l'alcool
conserve, je crains que mon frère ne franchisse quant à lui les
deux siècles, tant il semble vivre dans un bocal dont il aurait
extirpé les prunes. Et quand je dis je crains, vous l'aurez bien
compris, je le lui souhaite...
Mais
le drame -le mot est proportionné- c'est que Marius n'aurait aucun
lien avec Hypollite. Au vrai, j'avais espéré que le moine défroqué
eut reconnu quelques marmots eux-mêmes guidés par les effluves de
ces subtiles et capiteuses macérations. Las, ce n'est pas en Savoie
que renaît le Bonal en 1938, mais à Onet le château, chez nous
dans l'Aveyron. Trop beau pour être Onet ? Et là encore, on nous
explique que le Ieu en question s'est fait connaître à travers
l'élaboration et la diffusion d'un apéritif à base de vin et de
gentiane à qui il donnera son nom.
Ce
qui sous-tendrait que l'un n'est nullement l'héritier de l'autre,
mais qu'il aurait profité de son homonymie pour profiter largement
de la pub faite depuis 70 ans sur tous les murs de France. Ça sent
le plagiat à plein nez. J'imagine que ceux qui ont plus de
cinquante piges se souviennent de ces murs entiers, à l'entrée des
villes et villages où étaient peintes quelques fresques majeures de
l'art de picoler français. Bonal se tirait alors la bourre avec
l'irrésistible Dubonnet et le catalan Bhyrr qui fut longtemps mon
préféré.
Au
nom de mes racines -de gentiane- et de l'histoire -de pochard-
lorsqu'il me fallut choisir entre les marques de ce sublime breuvage
je n'ai donc pas hésité d'autant que celle de Bonal se revendique
d'Aubrac. Et qu'elle est nettement la meilleure et la plus naturelle.
Alors finalement, que la Savoie et l'Aveyron se tirent un peu la
bourre quant à l'origine d'un quinquina ce n'est pas si grave.
L'important c'est qu'on finisse tous bourrés... de bons sentiments.
Santé...
Jaco
Dernières nouvelles :
* On refait le boudin !
Mesdames et messieurs dans quelques jours vous pourrez de nouveau
savourer nos merveilleux cassoulets, potées, choux farcis, bourriols,
etc. Mais d'ores et déja on fait le boudin... noir de Conquet sur un lit
d'aligot. Les sautés de veau et cochon à l'ancienne et aux olives, les
escalopes à la crème forestière. Bref on va se régaler...Chronique du 10 septembre 2013
La
scie rit... et le petit bois
En
ce dimanche matin de déluge où le trop plein d'une sécheresse
complète de trois mois s'est déversé en quelques heures sur nos
pelouses jaunies, où je perçois le bouillonnement triomphant du
Meige Pan, hier encore exsangue, je ne suis pourtant pas
d'humeur badine. Même cette excellente semaine à Aubrac sur mer,
ne chasse plus mes ressentiments à l'égard d'une ville, d'une
région qui semblent avoir choisi de ne pas sortir manger où bien
alors de se fourvoyer. Mais la question n'est plus là.
Ce
que j'ai surtout en travers de la gorge, c'est la Syrie. Non pas les
copeaux, mais les planches entières. Hou-là-là ! allez vous penser
-certains iront même jusqu'à le dire !- il va nous entraîner sur
le Chemin de Damas et tel Saint-Paul , croire qu'il vient de trouver
la lumière... Non, je n'ai pas cette prétention. Car ne fréquentant
pas assidument le café du Commerce, je ne suis guère ferré en
géopolitique, pas plus d'ailleurs qu'en stratégie.
Non
comme toujours je me cantonne à ce que je ressens, à l'émotion et
à ce qu'il me reste d'indignation pour survivre à cette sorte
d'atrophie intellectuelle et hormonale qui semble engloutir les
consciences. Bien avant Hessel qui en a fait son miel, je me souviens
de ma « vieille » copine LEA qui, il y a trente ans, me
fit comprendre que l'on pouvait estimer les gens par leur capacité à
s'indigner. Je ne sais si je le fais bien ? Je m'efforce de le faire.
Mais quand je me retourne …
Le
monde, l'humanité viennent d'assister à l'une des principales
atrocités de son histoire, au premier grand génocide du XXIe siècle
et les gens se demandent ce qu'il faut faire. Deux français sur
trois sont contre une intervention ! Je parle d'intervention pour
ramener la vie en Syrie. Parce que pour l'intervention sur les seins
de madame ou le nombril de monsieur ; ou une intervention pour faire
rentrer le petit à la mairie, là, ils demeurent massivement
favorables...
Ce
qui est choquant c'est que l'homme ait été capable de passer du
silex au satellite espion - sans mépriser l'arbalète, le tromblon,
le missile et le drone - mais qu'il n'ait pas été foutu d'évoluer
sur ses propres droits. C'est comme s'il ne voulait jamais
s'instruire du passé et s'était abonné pour l'éternité à ces
dictatures qui de par le monde prolifèrent, se déplacent et
recommencent. C'est dur à entendre et même à prononcer, mais à
l'origine ce sont les peuples eux-mêmes qui créent leurs bourreaux.
César, Napoléon, Staline, Hitler et tous les tyrans du moment ont
été un jour plébiscités par des peuples pleutres, cupides ou,
dans le meilleurs des cas, idiots.
Je
ne sais dans quel camp il faut placer nos voisins d'Outre-Rhin trop
occupés sans doute à inonder le marché mondial de l'auto avec
leur Wolkswagen fabriquées à bas coût par des esclaves modernes et
en coup bas pour une Europe sociale dont ils ne veulent pas entendre
parler. Des gens, au demeurant blindés, qui ne se laissent pas
émouvoir par quelques gazages et autres crémations. Et en ces temps
de grande solitude, l'Europe semble plus près du Chemin des Dames
que celui de Damas.
Et
je ne sais dans quel camp il faut placer ceux qui, chez nous, se
moquent et caricaturent Hollande et Obama (voyez ci-joint le
document que j'ai reçu et que je ne résiste pas à publier pour en
souligner l'indécence), sans doute l'oeuvre de ces grands démocrates
n'ayant toujours pas avalé l'élection au suffrage universel de
2012, activistes et nostalgiques de l'ancien président français,
qui n'avait nul besoin d'être caricaturé !
Le
vedette du moment c'est donc le grand Bachar. Un type formidable
apparemment ! Il n'y a pas plus tard que cinq ans, il était même
l'invité d'honneur de la France un quatorze juillet !!! C'est tout
dire. Et puis je ne vois pas en quoi il pourrait être contesté en
Syrie, puisque le référendum qui l'autorisait à rester au pouvoir
et à la tête du parti unique Baas (le même que son ami Saddam
d'Irak) lui accorda 97,62 % des suffrages. Sa seule maladresse étant
d'avoir cru nécessaire d'occire les 2,38 % qui lui étaient
hostiles...
Mais
s'il suffisait d'éliminer cette grande saucisse avec sa tête de
noeud, j'imagine que la CIA ou ce qu'il en reste, un drone ou un
barbouze s'en chargeraient. Mais c'est qu'il a des -Pol- potes dans
le monde. Tous solidaires et prêts à aller en guerre contre une
éventuelle frappe...
Il
y a le désopilant Poutine qui se débarrasse des gêneurs en les
envoyant aux mines de sel, en leur faisant avaler à onze heures, un
bouillon à base de polonium ou en les invitant à un repas avec
Depardieu. Et ses copains de l'est, le fameux Loukachenko par
exemple. Albachir, Nguema et leurs camarades Africains ;
Rohanidepuis, Xi Jinping et leurs collègues d'Asie...
Y
a de quoi faire, au point que je n'exigerais pas de vous que montiez
au front de tous ces combats pourtant légitimes et nécessaires.
Commencez donc par vous indigner et à le faire bruyamment. Mais si
vous ne m'écoutez pas et que vous teniez au combat de terrain, soyez
prudents. N'oubliez pas de mettre votre casque et votre masque...
Sinon,
vendredi et samedi soir, on vous trouvera une place à Aubrac sur
mer, pour vous indigner devant le meilleur pavé de rumsteck du monde
libre !
Jaco
Dernières nouvelles :
* LA
FIN DU LOUP ! Après avoir supprimé la meilleure paëlla du monde de nos
menus faute de demandeur, nous en faisons de même avec nos merveilleux
filets de bar en piperade. Pour la même raison ! C'est bien triste, mais
il semble y avoir dans Toulon une passion pour le poisson congelé qui
me dépasse ! Mais comme nous sommes têtus, nous recommencerons en juin
prochain...
Des
snoc à roulettes
Puisqu'ils
ont du mal à marcher jusqu'à nous, nous proposons à nos clients
potentiels d'imiter ces deux jeunes gens qui se déplacent en
trottinette électrique. Certes on ressemble davantage à un attardé
mental ou un « bobo » à la dérive qu'à un être humain
normalement constitué, mais au moins on ne se fatigue pas. Et ne pas
se fatiguer, ne serait-ce pas ça la finalité !?!
Chronique du 3 septembre 2013
Du
sushi à se faire
Et
voici, nous y sommes ! ça vous épate hein ? Moi non plus...
Ce
mardi matin nous serons à l'aube de notre cinquième année. Nous
fêtons aujourd'hui, nos quatre ans d'insistance. Aussi, pardonnez-moi
si vous recevez quelques relents de vin blanc, nous avons ce matin
copieusement arrosé ça. Certes nous n'avons pas sorti le champagne.
Mais un mauvais crémant bien frappé, ça passe super bien... On
devine à peine cette verdeur caractéristique des mousseux prêts à
vous micro-perforer l'estomac et à vous barrer la tête en plaçant
entre les tempes un panneau : danger gravillons !
C'est
pour quoi vous ne m'en voudrez pas si je tape un peu plus hâtivement
que d'ordinaire. Certes, nous ne sommes pas à l'abri de quelques
fautes de frappes, voir même d'orthograve, moi qui n'en commets
jamais (!!!) Mais je n'en fais aucun complexe, d'autant que Balzac
truffait ses meilleures pages de bourdes en tout genre. Or moi, mon
seul dessein ce n'est pas de vous servir un cassoulet, vous l'aurez
bien compris, mais de devenir Balzac. Zadig (et Lefebvre), Madame
Bovary, le Comte de Monte-Cristo, tout ça...
Avant
que les premières crampes d'estomac ne me saisissent pour ne me
relâcher qu'après une intense cure d'aligot (qui est une sorte de
générique du Maalox avec un goût d'ail qui remplace la menthe) et
que les travaux de démolition ne débutent au dernier étage, je
voudrais vous dire combien nous en avons plein, mais alors plein le
dos... Bon je sais, vous allez encore me dire que je suis d'une
humeur massacrante et que je vais pleurer. Je ne nie pas que que
depuis que je m'installe devant mon écritoire et que je saisis la
plume du matin, je suis plutôt chagrin et vinaigre. Je n'ai jamais
supporté qu'on m'emmerde le matin : demandez à ceux qui ont osé me
regarder tremper une biscotte dans ma soupe au lait !
Certes
je pourrais griffonner ces trois bêtises, qui me conduiront plus
rapidement, je le crains vers un asile qu'à l'Académie Française,
entre Honoré de Balzac et Corinne Touzet, à un autre moment de la
journée. Le soir par exemple. Oui mais moi, maintenant, depuis
quatre ans que je travaille, j'ai sommeil ! Et puis si je suis en
pétard dès potron-minet, mes chatons, c'est de leur faute. Pas de
la vôtre, vous qui me lisez, me soutenez et parfois même commettez
la folie de venir manger. Vous, y a pas de problème. Mais d'après
mes calculs, vous représentez 0,02 % de l'agglomération
toulonnaise. J'englobe dans la population, ceux qui acceptent de
manger du cochon, ceux qui peuvent aller au restaurant même s'il
fait moins de 25°, et qui ne se précipitent pas sur leur Terraillon
en se flagellant après avoir osé ingurgiter une entrecôte.
D'après
mes calculs savants, cela représente vingt-cinq personnes. Mais il
suffit que Sophie et Jeff partent au Brésil, que Claude trépasse ou
que Ilona préfère manger à la cantine -avec ses copains et ses
copines- (texte piqué à Carlos, l'un des plus grands auteurs
contemporains) pour que nous tombions rapidement à la moitié.
Et
c'est ainsi le résumé de notre pauvre expérience. Depuis quatre
ans, nous refusons du monde une semaine durant. Et quel monde !
Souvent des potes, des gens qui nous veulent du bien, mais qui ont
tellement l'habitude de venir les semaines où ils ne voient
personne, qu'ils en oublient même de réserver. Là alors, on peut
payer le loyer à la Mairie, l'électricité, Conquet, Stéphanie et
même le RSI. Mais la semaine suivante lorsque ce serait à nous de
passer à la caisse, alors là, ils sont tous en vacances ou à la
cantine...
Non,
non, on se régale, on vous adore, mais on en a plein le dos. Parce
que ce matin succède à l'une de ces semaines où l'on se demande
s'il n'a pas été prononcé par arrêté préfectoral une
interdiction d'absorber de la viande d'Aubrac, d'être reçu
honnêtement et gentiment, de fréquenter le seul restaurant sans
congélateur et de se rendre sur la place Lambert. Il faudrait que
je me renseigne car si tel était le cas, je comprendrais mieux
pourquoi nous n'étions même pas dix, un vendredi et un samedi soir
d'été, dans cet endroit de rêve, le plus beau du monde (après la place
de l'église à Nasbinals tout de même !)
Vous
me direz aussi que j'avais qu'à être comme tout le monde ! C'est
vrai qu'à Toulon où les gens sont si pauvres qu'ils rêvent tous d'
Audi 4X4, de Rollex et du retour de Sarkozy, il n'y a pas forcément
de place pour nous deux. Mais ne pas être de droite n'est pas
forcément rédhibitoire. Regardez notre maire, un type que je
continue à tenir pour éminent sympathique même s'il n'a pas encore
trouvé le temps de venir découvrir les trésors de la cuisine
aubracienne ; eh bien il a été, plus jeune, aussi à gauche que ce
que je pouvais être gaulliste... Voyez bien qu'en politique aussi,
en politique surtout, les trajectoires elliptiques peuvent en boucher
un coin et même un cosinus !

Lorsque
je m'étais installé, l'un des adjoints -et néanmoins collègue-
de cette mairie voisine et néanmoins pesamment discrète, m'avait
interrogé : « Tu ne penses pas que ce serait mieux de faire de
la cuisine provençale ? » Sans doute avait-il raison et je
verrais bien, place Lambert d'ici quelques mois, un restaurant de
spécialités locales : kebab, moules-frites, pizza... Ou sushi. Ça
marche bien aussi, le sushi. Même si moi, c'est pour Toulon que je
« commence » à m'en faire ...
Jaco
Dernières nouvelles :
* Non
nous ne serons pas ouverts mercredi soir pour le match de rugby à
Mayol. Mais nous vous attendons pour découvrir les meilleurs produits de
la région tous les vendredis et samedis soir.
* Notre
jeune serveuse du week-end, Awa, qui termine cette année ses études de
Commerce équitable à l'Université de la Garde cherche un studio ou petit
appartement autour de la fac ou à l'est de Toulon. Si vous avez ou
connaissez quelque chose d'abordable pour elle, merci de nous contacter.

Chronique du 27 août 2013
L'homme
qui parlait en patois
à son chien suisse
à son chien suisse
Fin
d'après-midi, nous cherchons un peu d'ombre sur l'enso de Marichott,
quoi que le soleil se comporte délicatement aujourd'hui avec tous
les égards dus à notre peau. Nous sommes à Durban sur Arize. Tout
près de Labastide de Sérou. Entre Foix et Saint-Girons. Ariège.
J'en vois encore qui grimacent, les lèvres en accent circonflexe et
le nez en point d'interrogation. Et c'est vrai que lorsqu'on vit à
Toulon -enfin je veux dire à La Valette, Sanary ou Carnoules (parce
que plus personne n'habite Toulon)- c'est le genre de bled dont on
ne veut même pas connaître l'existence. Donc, c'est quelque part
entre Toulouse et l'Espagne. Et Toulouse ça vous parle, parce que
nous sommes depuis trente ans en lutte avec eux, à la différence un
tantinet agaçante, qu'à la fin, ce sont eux qui gagnent. Mais enfin
là où on est nettement plus fort, c'est que eux, eh ben ils n'ont
même pas de président. Na !
Bon
qu'est-ce que je disais ? Je vous parlais de Durban, qui se situe
donc pas très loin de l'Espagne. Un pays qui crevait de faim sous
Franco et qui en est toujours au même point, mais sous Rajoy. A la
seule différence qu'il peut dire : « J'ai faim ! » Mais
pas trop fort quand même, faut pas abuser...
Sur
cette aire, posée là sur la ligne verte qui relie, pour les
bécanes, les mégapoles ariégeoises par l'ancienne voie ferrée, on
ne perçoit que la petite mélodie de quelques piafs qui sifflotent
les dernières nouvelles alentours. Parfois , mais pas là car il y a
trop de circulation, -dans dix minutes, il va passer une voiture !-
on peut même deviner les grognements de l'ours. A condition qu'il
soit très en colère ou que vous ayez une imagination débordante
de l'ouïe.
Nous
approchons du petit chalet-restaurant qu'ont joliment agencé au fil
de leurs dix ans d'escapades ariègeoises, nos amis José et Jean-Luc
qui se sont enfuis de Toulon, sans d'ailleurs forcément se lever la
raison. Je vous arrête, il ne s'agit pas d'un couple homo parti se
mettre au vert à l'époque du front national. C'est plutôt que le
papa de José a oublié de prononcer suffisamment distinctement le E
fatidique qui aurait levé toute hypothèque à l'état civil et
m'aurait évité d'écrire les trois précédentes lignes
parfaitement superfétatoires. D'autant que les homos n'ont
-heureusement- pas quitté Toulon et vivent désormais en harmonie
avec le reste de la population. Car depuis qu'il y a les arabes, il y
a quand même meilleure matière à exclusion ! Donc José est bel et
bien une femme et même, une belle femme.
Nous
nous approchons de l'enco ou enso, enfin je ne sais plus. Il me
semble que Jean-Luc parle à son chien. Lequel s'en va, se lève,
s'allonge, fonce à droite et revient par la gauche. Haletant, mais
sans cesser jamais de remuer la queue. La conversation me parvient
plus nette et je jurerais qu'elle se fait en patois ariégeois.
Pourtant il s'agit d'un croisement de beauceron et de bouvier bernois
et je ne vois pas ce que cette jeune bête pourrait saisir des
subtilités de notre belle langue d'Oc. Enfin, asseité-té,
lui répète le maître et l'autre s'assoit ! Mystère...
A
ce stade du propos, certes décousu mais fort aéré, vous devez
penser que ce type est fou. Je parle de lui, de Jean-Luc, que ce soit
clair, pas de moi. Il cause à son chien en patois et figurez-vous
qu'en plein mois d'août, il fait cuire sur la braise ses jolies
tranches de Casta (ce ne sont pas les fesses de Laeticia, mais celles
d'une belle race à viande des Pyrénées quasiment éteinte) avec le
béret toujours vissé sur son vieux crâne obstiné. Lorsqu'on sait
que toute la chaleur s'accumule sous le casque, vous pouvez dès lors
en tirer pas mal de conclusions. Et l'une des différences qui nous
distingue sans nous séparer, c'est que pour ma part je limite mon
port du béret aux périodes où il me semble supportable.
Mais
d'autres choses nous différencient : son grand âge, sa grande
taille, son grand sourire, ma grande gueule (quoi que il n'en soit
pas totalement dépourvu) et puis ses grosses couilles (bien que les
miennes puissent à tout moment retrouver leur poids de forme). Car
tout lâcher comme ça, avec José (qui de ce point de vue-là n'est
nullement équipée, je le rappelle pour ceux qui ne suivraient pas),
pour monter une telle affaire, loin de tout et si près de la nature,
ce n'est pas donné à tout le monde. Surtout lorsque l'on ne finit
pas par rentrer au bercail, la queue basse.
Quand
il ne dresse pas les fauves, Jean-Luc élève avec José
d'impressionnantes bandes de canards de Barbarie dont ils tirent des
foies gras exceptionnels que je vous recommande (même si vous ne les
trouverez pas chez nous par fidélité à la Drosera et au label
Aubrac). 800 bestioles mises au service de l' humanité et
transformées en boite à idée. Car entre l'Azinat traditionnel avec
sa rousole et le Keb'can (amoncellement de filets de canards cuits
façon kebab, mais n'ayant aucun autre rapport avec la grande
spécialité du port de Toulon), je peux vous dire que ça cogite
fort sous le béret pour sortir encore un peu plus des sentiers
battus. En sorte que dans ce pays où il ne semble y avoir âme qui
survive, l'enso de Marichott se remplit tranquillement, midi et soir
(à la belle saison) pour savourer ces trésors de créativité et
d'authenticité.
Car,
on ne vous l'aura pas précisé, tout est fait ici maison ou à proximité, par des gens du cru et de coeur.
Du miel au yaourt de lait de brebis, en passant par le jus de pommes
et les frites cuites à la graisse de canard, tout a le goût du
terroir. S'il vous venait l'envie d'y aller, vous verrez c'est très
simple. C'est en direction de la Lune. Vous tournez vers Mars juste
avant. Si vous trouvez l'étoile où un chien suisse aboie en
patois, c'est là. Dites lui simplement : asseité té !
Jaco
La peña et la joie
Samedi
soir, j'étais à Jean-Dauger. Si, si ! Vous me direz que pour un
type qui n'aime pas le rugby, aller à 800 bornes voir un match, même
si c'est l'ouverture du Top 14, même si c'est l'une des plus grandes
équipes (Oyonnax), c'est tout de même un sacré paradoxe.
Alors
là, je dis attention ! Le rugby, ce n'est pas que je ne l'aime
plus, c'est que je le vomis. Je ne le comprends plus -j'ai toujours
été faible en anglais- et ce n'est plus qu'un agglomérat de
business, de dope et de cinoche. Indécent. Bref, le rugby c'est
devenu un sport. C'est tout.
Et
comme tout ce qu'on a aimé, lorsqu'on se sent trahi, alors ça
tourne à l'aigre, au mépris...
Mais
pardon, je ne suis pas allé voir un match de rugby, je suis allé à
Bayonne chez des amis. Il se trouve que l'un d'eux -Alex- est
l'entraîneur chargé de la préparation physique de ce club portant
le doux nom d'Aviron.
Or,
il me souvient aussi que chaque fois que je me rendais sur les bords
de la Nive (et de l'Océan), j'en revenais ému, comblé, subjugué,
prêt à recommencer. C'est ce que je fis. On chante un peu moins à
Jean-Dauger -mais la "peña" inaugurale demeure un instant unique au
monde ( http://www.youtube.com/watch?v=pGPZWy5TUHE
) - et on ne baragouine quasiment plus que l'afrikaner, l'english et
le samoan dans le carré de tribune où se rassemblent blessés et
femmes de joueurs. Mais là-bas, encore, on n'éructe pas son
fanatisme pour les bleus et sa haine envers les jaunes. Deylaud et
Lanta forment un duo éternellement délectable. Dans le regard des
quinze mille passants d'un soir de victoire, je n'ai perçu qu'une
passion contenue, une grande tolérance et beaucoup d'espoir... Et
dans ceux de Dany et Alex, une grande fraternité...
Chronique du 19 août 2013
Allez,
va, vous pouvez recommencer à manger. En espérant que certains
d'entre-vous ne sont pas morts d'inanition en attendant à la porte
d'Aubrac sur mer et malgré la présence apaisante (pour ne pas oser
dire désaltérante) de la fontaine, place Lambert.
Vous
nous attendiez et pendant ce temps nous continuions à penser à vous
et à trouver de nouvelles idées, afin que vous soyez toujours plus
nombreux à notre table. Et en sillonnant des régions d'abondance et
de cocagne en terme de restauration, nous nous sommes confortés dans
l' idée que le seul argument valable restait la qualité. Elle est
reconnue en terre prodigue, il n'y a aucune espèce de raison qu'elle
ne le soit pas là où elle n'est encore qu'exception.

Doudou
: Arfons à fond !
Quel
délicieux moment passé aux côtés de Yannick et Jean-Michel
(Doudou, il préfère). C'était en fin de semaine dernière à
Arfons. Ount es aco ?
Dans
la Montagne Noire, cono ! Un endroit magnifique non loin des moines
d'En-Calcat et le lac du Lampie, à 800 mètres d'altitude entre
Castres et Carcassonne. Là où finalement, il ne se passe jamais rien,
même que c'est pour ça qu'on y va !
Enfin,
quand j'écris qu'il ne s'y passe jamais rien, c'est exagéré. Déjà
notre visite était un événement. Ensuite, Doudou vient de sortir
un magnifique bouquin dans la collection Lauragais patrimoine :
Arfons et Ramondens. Ça ne vous dit rien ? Attendez le sous-titre :
Des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem aux Dominicaines de
Prouilhe. Mais qu'ont-ils bien pu faire ensemble ces deux-là ? Je
vous laisse le découvrir. Moi je n'ai pas encore osé m'attaquer à
ce grand pavé de 300 pages, mais quand je vais m'y mettre...
Car
j'ai gardé le meilleur pour la fin : notre Doudou n'est pas
seulement trésorier du Comité départemental de rugby ; il n'est
pas uniquement assureur maritime. Il est d'abord historien et,
désormais, écrivain. Mais c'est quand même pour son extrême
gentillesse et pour la tendreté du poulet de Yannick, que nous les
aimons...
Jaco
Nous
allons quitter le chemin des vacances pour un léger détour en
Afrique. Mais afin de ne pas vous dérouter nous vous conduisons sur
celui de Compostelle où il est tout de même moins dangereux de se
rendre à pied. Nous sommes ici au point sublime du
parcours, à Nasbinals, entre Aumont et le village d'Aubrac.
Les
aventure de Baptiste au Congo
Le
grand combat présent et à venir confondra écologie et humanité ou
ne sera pas. Je lie l'un à l'autre car ils me paraissent désormais
indissociables, comme au siècle dernier Jaurès, Blum et De Gaulle
tentèrent de concilier industrie et humanité. Et je m'empresse de
souhaiter une bien meilleure réussite à ce combat-là, car de l'ère
industrielle on ne retiendra que le broyage insoutenable enduré par
le monde ouvrier et rural, par la machine et la machination
capitaliste. Il s'agit de toute urgence d'éviter le mur qui se
dresse devant nous, selon la juste métaphore de Baptiste.
Si
vous préférez j'utiliserai une autre parabole : il faut en finir
avec le Fouquet's et Hippopotamus, pour laisser vivre et espérer,
Aubrac sur mer et ses semblables.
Mais
qui est donc ce Baptiste ? m'interrogerez vous. C'est un p'ti gars de
ch'nord égaré dans un monde de fous -celui de Toulon- où il
travailla durant trois ans à TPM au programme Natura 2000 sur le Cap
Sicié et les massifs alentours. Cela consistait à concilier dans le
respect de la biodiversité, les activités humaines et la
protection de l'environnement. Un truc pas simple ! Et c'est,
modestement, en « tombant » chez nous, Place Lambert,
qu'il retrouva une autre manière d'équilibre naturel, en découvrant
éberlué qu'on pouvait tenir, ici, un restaurant avec d'autres
motivations que le pognon.
Mais
le bougre ne savait se satisfaire de cette bouffée d'air pur
d'Aubrac et de chaleur humaine. Il étouffait encore par chez nous et
avec sa belle Marie, il prit le premier avion pour Kinshasa. Pas à
vrai dire une destination de première classe, ni de tout repos. Car
l'ingénieur des eaux et forêts allait se transporter dans un
univers beaucoup plus vaste et sombre, plus hostile aussi (quoi que !
faut voir...)
Je
me souviens de ce blondinet, loin d'être aussi demeuré que sa
teinte de cheveux le laissait craindre. Il était réservé et
enthousiaste à la fois. Erudit et humble, ce qui fonctionne
généralement à tous les coups. Mais qu'il me pardonne, je ne le
voyais pas franchir la forêt équatoriale sur un layon de 27 bornes
à couper à la machette, entre Alibuku et Mbaba. Le tout à pinces
évidemment et un retour dans les mêmes conditions. Ses récits,
que vous retrouverez dans ses « Congonexions » sur simple
demande de votre part, sont épiques et piquants. Comme lorsqu'il se
rentre des chicots de vingt centimètres dans les tibias ou que les
fourmis magnans, les petites voraces, lui entament les pinceaux.
Je
ne l'y voyais pas. Mais je ne le connaissais guère. Peut-être,
comme sa maman, je lui aurais déconseillé l'aventure. Je lui aurais
opposé la malaria (le palu si vous préférez) qui ne manqua pas de
le transformer en torche atone et déboussolée. Sans parler des
fameux shégés, ces bandes de jeunes qui vous bloquent la bagnole
dans le centre de Kin et vous détroussent comme au coin d'un bois,
sauf que là c'est en pleine ville. On n'en est pas encore là,
avenue de la République.

Je
n'ai pas longtemps hésité à lui dédier cette chronique. Je savais
que ça ne le mettrait pas forcément à l'aise, même si c'est quand
même lui qui a eu la bonne (et passionnante) inspiration de nous
faire parvenir une lettre de contact où il se raconte tout en
défendant ses convictions à travers la mission de contrôle et
d'équilibre de la forêt équatoriale congolaise. Je n'ai pas
hésité, non parce que Baptiste me fit l'insigne bonheur de réserver
l'une de ses toutes premières visites - de retour en vacances en
France – à Aubrac sur mer en compagnie de ses potes de TPM. J'ai
trouvé ça émouvant et incroyablement réconfortant. Quand on
poursuit les mêmes objectifs dans les massifs forestiers ou dans la
jungle azuréenne, avec des bestioles et des pièges différents mais
pareillement redoutables, il est si bon de se reconnaître.

Si
un jour vous apprenez que l'on a réconcilié l'homme et la nature,
que l'air est purifié et que l'argent se partage équitablement,
vous penserez peut-être à lui. Mais pour cela, il faudra qu'il en
naisse encore quelques-uns... des Baptiste !
Chronique du 6 août 2013
Solides
comme Bastide
Laissez-moi
encore vous parler de Nasbinals. Et à travers elle... des Bastide.
C'est que ma propre expérience, ma trajectoire, bien au delà des
transhumances estivales, sont totalement imbriquées -j'allais écrire
inféodées- à leurs noms, leur rusticité, leur fidélité aux
valeurs ancestrales.
Le
village, vous le connaissez maintenant. Avec ses cinq cents âmes. Il
se dresse à 1180 mètres d'altitude dans sa lourde carapace de
pierre granitique protégée par une épaisse couche de lauze
volcanique. De cette imbrication de maisons séculaires, mais toutes
restaurées à la perfection, émerge l'église romane et son clocher
généreux. A plusieurs lieues alentours et en fonction du vent
portant, on l'entend tintinnabuler à l'envi comme si l'écho ne
cesserait qu'au moment où tous les pèlerins et fidèles du village,
empliraient la demeure du Bon Dieu. Car là-bas, on croit. Forcément.
De
fermes en boulangerie, de vallons en coteaux, dans ce paysage
sauvage, unique et préservé, la présence du Divin semble
inextricable. Même moi, je m'y fais !!!
Nasbinals,
il y fait beau. Et bon vivre ! Entre le vingt juillet et le dix
août. Pour le reste, rien n'est jamais assuré. Si ce n'est que l'on
se gèlera une bonne partie de l'année et qu'on en redemandera. Si
ce n'était déjà fait, j'aurais bien repris : « Mon pays
c'est l'hiver ». Mais allez donc apprendre quelque chose
d'aussi froidement beau à un paysan québecois chenu !
Et
puis, au coeur du village, sur la placette d'où vous pourriez
grimper jusqu'au clocher sans échelle (ni confession), il y a l'hôtel de la Route
d'Argent. Le camp de base d'un petit empire hôtelier patiemment et pertinemment élaboré.
A
l'âge de dix ans, mon premier choc, ce fut au Royal Aubrac que je le
subis. A huit kilomètres de là et quarante-cinq ans plus tôt.
C'était en 1968 et c'était ma révélation. Je savais déjà que ce
serait là que je mourrais. Si j'en avais le loisir. Mais encore
fallait-il organiser les obsèques. Alors il y a trente et quelques
années, j'ai poussé la porte des Bastide. Bernard et Daniel
étaient encore beaux. Non je plaisante, ils le sont toujours. Et
Pierre, le paternel, avait déjà laissé s'exprimer cette épatante
succession.
Je
ne parlerais pas de dynastie, même s'il y a de la noblesse dans
cette famille où le doyen compte 17 petits-enfants et 11 arrières...
Il revendique 91 ans, Pierre. Il les porte à merveille, même s'il
n'a plus toutes ses dents. Avec ce furieux appétit de vivre. Et il
tranche encore. Pas dans les affaires où il ne donne plus,
éventuellement, qu'un avis de sage. Mais dans la viande d'Aubrac. Il
n'y a pas que derrière le long bar de la Route d'Argent qu'il taille
la bavette « Papi ». Il débite encore l'entrecôte et le
rumsteck avec entrain et précision, du fond de sa cambuse. Mais
c'est évidemment le soir, solidement planté sur un tabouret de bar
trop haut pour lui (il s'est tassé, étant jeune, en sautant en
parachute), que Pierre devient totalement savoureux. Irrésistible.
Les Aubraciens conjuguent leur propre silence à celui qui se répand
pesamment sur le plateau. J'aimais déjà, par mimétisme et
complicité, ces longs silences où les choses s'entendent sans se
dire...
Mais lorsqu'il est en confiance, au milieu de ses clients devenus, sur deux siècles, des amis, il sait se montrer prolixe. Gouailleur. Philosophe. « Comment ça va Papi ? » lui demande-t-on machinalement. Et Pierre a deux réponses. Soit c'est dans la veine épicurienne et néanmoins fataliste : « Tant que je me lève le matin, c'est que je suis en bonne santé ! ». Soit plus lapidaire et triviale : « Comme un vieux con ! ». Son petit timbre de voie, haut perché, badin et mutin, résonne toujours comme une invitation à la sérénité.
Il
a beau avoir réussi sa vie, le père Bastide, il ne s'en pousse pas
du col pour autant. Mais lorsqu'il se raconte, il ne semble toujours
pas en revenir : « Je construisais la route entre le Pont de
Gournier et La Chaldette. Un soir je suis allé au bal. J'y ai
rencontré Elizabeth. Nous avons vite fait l'affaire. On s'est marié
quelques mois plus tard en 49. Je suis allé à la mairie en bleu de
travail ! »
Nous
voici proche du romanesque, de l'épique, de la légende, si vivace
entre Gévaudan et Margeride. Bien loin des engeances purulentes
d'orgueil et de superficialité, qui polluent les plages
Méditerranéennes.
Elizabeth,
dont les racines nasbinalaises sont profondes aussi loin que portent
archives et souvenirs ancestraux, était une belle et forte femme.
Dans son petit pré carré devenu l'hôtel de la Route d'Argent,
elle servait le gros rouge et le petit café chaud aux paysans du
bourg, aux pèlerins transis et aux colporteurs de tous poils. Au
temps des cèpes, elle tournait l'omelette comme personne. Puis ce
fut, la viande, le gibier et tous ces mets de montagne magnifiques,
à tire-l'aligot...
La
légende était en marche et je la prolongerai forcément par
d'autres chroniques. Bastide a cessé d'être une anecdote, pour
devenir une institution. Avec Daniel, le jovial blondinet qui invite
à rentrer et à y rester. Avec Bernard, le chef aussi brillant en
cuisine qu'en rapports humains, avec cette sorte de complicité qui
se lie par le seul regard. Lui est devenu maire de Nasbinals, comme
une évidence.
Vous comprendrez mieux, au fils du temps, les raisons profondes, intimes, impérieuses aussi, qui m'ont laissé dévoré par cette terre où la passion peut certes s'exprimer, mais où, avant tout, elle s'incarne.
Vous comprendrez mieux, au fils du temps, les raisons profondes, intimes, impérieuses aussi, qui m'ont laissé dévoré par cette terre où la passion peut certes s'exprimer, mais où, avant tout, elle s'incarne.
Jaco
Chronique du 30 juillet 2013
Je m'ennuie déjà !
Me
voici à peine en vacances que j'éprouve le besoin de « parler
travail ». Ce sentiment étrange de culpabilité à l'instant
même où tout s'arrête et où tout devrait paraître si doux. Vous
me direz que personne ne nous oblige à fermer tout un mois au moment
où tous les autres sont au taquet. Rien ? Si ce n'est peut-être les
clients qui ont une tendance certaine à s'éloigner d'Aubrac pour se
coller sur mer...
Non
mais sans rire, le travail c'est bien. Beaucoup de ceux qui n'en ont
pas pourraient en témoigner. D'autres rétorqueraient que tous n'en
veulent pas ! Vieille rhétorique manichéenne et réactionnaire
consistant à prétendre que si les types sont pauvres, c'est qu'ils
se lèvent trop tard ou manquent de volonté. C'est un peu la même
chose avec ses snoc de handicapés. Qu'ils le veulent bien, en
somme...
Ah
! je les ai combattues ces satanées théories. Elles me
terrorisaient, me faisaient frémir et vomir. C'est certes encore le
cas, mais j'en ai beaucoup rabattu sur la détresse humaine, à
mesure que j'ai mieux mesuré sa rouerie.
Tout
est parti non pas de la protection sociale que l'on doit, pour
vulgariser, à la coalition du Front Populaire et du Général de
Gaulle, que seule une méchante guerre sépara chronologiquement, que
de ce que l'on en fit. Le modèle social devint à la fois la fierté
et l'arme absolue de la France jusqu'au seuil des années
quatre-vingts. Jusqu'au moment où la belle unité, voire l'unanimité
de notre pays fut battue en brèche par les opportunistes de tous
poils. Les uns considérèrent alors, qu'avec les APL, les allocs
chômage auxquelles succèderaient le RMI, ça passerait, pour si
peu que l'on colle un troisième marmot -et plus si affinités- à sa
bergère qui se transformerait ainsi en une sorte de truie cacochyme
mais pas spécialement surmenée... Pour caricaturer un brin, c'est
la France d'en-bas, celle des tribunes populaires, de Top Chef et du
tiercé.

Pareil
à la maison. Pas question de se satisfaire de 1500, 3000, ni même
5000 euros. Il fallait que les deux travaillassent.
Engrangeassent. Economisassent. Et dépensassent. Dans les paillettes
et le strass. La dernière « allemande », le voyage qu'il
faut faire, la place en tribune d'honneur au milieu des abrutis...
tout est bon pour lâcher le pognon là où ça se remarque et où
ça ne servira à rien et surtout pas à l'économie intérieure. On
ne fait pas mieux pour flanquer un pays à genoux.
Non,
moi j'aime le travail. Pour ce qu'il représente. Pas seulement au
nom de ces valeurs qui me semblent toutefois revêtir quelque
importance. Mais de la conscience et aussi de la passion auxquelles il
ne me paraît jamais anodin de recourir. Je dois être atteint d'un
syndrome de Stakhanov, un cono qui lui aussi en redemandait
toujours...
Et
à ce stade du propos, je dois désigner la principale responsable :
ma mère. Certes mon père qui devait toucher quelque chose comme
1500 euros (de l'époque, soit je l'avoue un peu plus que maintenant)
l'avait laissée au foyer. Un truc inimaginable. Je n'ai jamais connu
de nounou (quel nom à la noc, entre-nous !), je n'ai jamais attendu
seul à la sortie de l'école et j'avais toujours mon verre de lait
chaud pour goûter. De l'affection, de l'équilibre et une bonne
cuisine. Rien de trop mauvais en somme pour entrer gaillard sur le
terrain de la vie.
Après,
puisque mes parents ne faisaient pas un concours avec le voisin pour
tenter de gagner plus, il y avait quelques inconvénients. Elle ne me
lâchait pas, ma maman. Gamin, elle me trouvait toujours un carré
d'herbe à arracher. Ado, elle m'envoyait retourner des sacs de cuir
dans des ateliers surchauffés en plein mois de juillet.
Finalement,
les croyants vous le diront, c'est en pratiquant que l'on finit par
croire. Mais de cette race là non plus, il n'y en a plus bézef. Je
pense que c'est avec nous, aux mêmes alentours des années
quatre-vingts, que l'on a fini par tout lâcher. De consoles de jeux
en vacances aux Seychelles ; de séjour au ski en vidéos dans la
bagnole ; de Mc Do en iPhone on les a pourris, nos gamins. Et le
travail désormais, c'est comme le sport, le sexe et le bingo, ce
n'est qu'un moyen de faire du fric. Si tu peux en gagner beaucoup tu
va bouffer tout le monde, mais si c'est pour le SMIC, mieux vaut se
mettre en maladie.
Nous
sommes, effectivement, bien malades. Mais le problème c'est que les
conos qui travaillent encore -comme moi- pour le plaisir, on leur
coupe le kiki en leur envoyant des rappels de RSI plus forts que ce
qu'ils ne gagnent. Alors quoi ? Ben, on y est ...
Jaco
Chronique du 23 juillet 2013
L'écureuil
à la broche ou en ragoût
Je
n'ai rien a priori contre l'écureuil. Avec sa belle queue en panache
et ses jolies fossettes rousses, l'animal égaye nos parcs et
campagnes. Pour autant, je conçois fort mal qu'en cette période de
récession économique, cette bestiole soit la seule à s'engraisser
et que la fameuse Caisse d'épargne dans laquelle il niche, regorge à
ce point de noisettes. Surtout lorsqu'il est si compliqué, au commun
des mortels, de se procurer ne serait-ce qu'un tout petit gland
(enfin, tout au moins pour la majorité des hommes de race blanche
!!!).
Aussi,
personne ne va s'émouvoir que le gouvernement ait enfin décidé
d'abaisser le taux de rémunération du trop fameux livret A. 1,25 %
c'est encore beaucoup trop pour les snoc qui, plutôt que de relancer
la consommation qui en a tant besoin, se couchent sur ce matelas, qui
doit pourtant être inconfortable au possible avec toutes ces coques
qui vous rentrent dans le dos. Certes la plupart des épargnants sont
assez gras pour ne point souffrir sur cette couche non contondante,
mais il serait temps qu'ils pensent un peu à ceux qui, n'ayant que
la peau et les os, ne supporteraient pas une seule minute cette
position.
Notre
drame ici -et probablement ailleurs,- est que tous ces braves gens
qui n'ont de cesse de cultiver les noisetiers, de contourner l'impôt
par la fraude et l'évasion, mettent à genou l'économie française
en n'investissant que dans de puissantes berlines et dans
d'épuisantes balades de par le monde. Entre la bagnoles et l'avion,
on creuse vaillamment la couche d'ozone et la balance commerciale.
Mettre
de l'argent à gauche -surtout quand on est de droite- relève de la
plus discourtoise perversité. A tel point, qu'à la place de
Moscovici, plutôt que de rémunérer l'épargne, je la taxerais.
Car, non content d'immobiliser une oseille qui a grand besoin d'air
en circulant librement dans l'hexagone, les spéculateurs à la
petite semaine surchargent de travail nos pauvres employés de banque
qui ne savent plus où engranger les noisettes. Il y aurait
évidemment une taux progressif. 1,25 % retenu à la source de celui
qui met à l'abri une somme décente pour garantir ses arrières,
mais jusqu'à cinq pour cent pour l'heureux propriétaire terrien
qui possède un verger de plusieurs hectares. Mais il faut savoir se
montrer à la fois altruiste et incitateur.
Sus
au phagocytage et coup de pouce à la dépense. Ainsi je verrais bien
l'état reverser 1,25 % pour l'acquisition d'une Peugeot 208 où
d'un tripous-aligot et jusqu'à 5 % s'il s'agit d'une 807 ou d'une
entrecôte arrosée d'une bouteille de Flars.
Et
s'il le faut, nous irons jusqu'à mettre l'écureuil à la carte. Si
! c'est excellent à la poêle cette petite bête, embrochée sur une
baguette de coudrier avec quelques oignons ou en ragoût avec une
salade de noisettes...
Jaco
A
Lolo, Tourangeau
Je
veux dédier cette nouvelle édition du blog de Jaco à Laurent.
Nous
n'étions pas spécifiquement amis, je dirais plutôt, complices.
Nous
avions en commun, la lourde tare de n'être pas d'ici.
Il était tourangeau et ses origines évoquaient mes vacances
Il était tourangeau et ses origines évoquaient mes vacances
d'enfance,
lorsqu'avec mon vieux cousin on livrait le pain, au petit matin dans
la sublime blancheur du château de Chenonceau.
Homme
de caractère et de convictions, il n'était pas imposant
physiquement,
mais
savait se faire respecter. Il aimait le rugby à la folie et son ami
Aubin
au
moins tout autant. A l'époque où il était très en vogue de tirer
sur le demi de mêlée Tarbais, Lolo se mettait alors franchement en
travers pour le défendre. C'est aussi ce que j'ai dû oser faire.
Non plus par amitié, mais par conscience.
Enfin,
et ce n'est pas la moindre des choses, c'est dans son magasin
XV-Blanco qu'il accueillit l'un de nos enfants, lui tendant la main
et lui permettant aussi d'être ce qu'il est devenu.
Bref,
comme
trop souvent et tout le monde -à tour de rôle-, j'ai les
boules. 52 ans, c'est bien tôt mon gars, pour mettre les bouts. Je
n'oublierai pas ta bonne humeur communicative qu'il t'arrivait
d'introduire à Aubrac sur Mer (comme ici avec Monica, Nathalie et
Aubin)...
J'ai gardé une vieille bouteille de Vouvray que je t'avais
acheté quand, au salon de Bacchus, tu défendais aussi tes origines
contrôlées. Je ne suis pas fan de vin doux, mais je vais la
savourer comme si c'était mon pinard préféré.
A
la tienne...
J.
Chronique du 16 juillet 2013
Electronique,
nique, nique...
A
condition d'avoir du pognon, tu peux te permettre d'y être. A
condition aussi de ressembler vaguement à quelque chose. Car là
(pas Bruni, l'autre), car là dis-ai-je, il y a un peu de justice. Si
tu as un bide stratosphérique et un cul comme la calotte claciaire,
même avec du Chanel tu passes quand même pour un noc. Remarque, si
tu as les mêmes dispositions physiques et que tu te sapes au « tout
à deux balles » du coin, pour faire comme si, là on risque
de te jeter des pierres.
Peu
de choses me mettent plus en rogne que ces pauvres vilains qui
collent aux vitrines de leurs Dieux Nespresso et BMW. Vous me
rétorquerez que s'il n'y avait que des rupins apollons pour
alimenter leurs caisses, il y aurait plein de boutiques à vendre. Je
ne parle pas là spécifiquement de Toulon, car ici, c'est déjà
fait. On en connaît déjà bien la cause : Parce que Toulon...
Alors
la grande mode, à part les frusques qui rallongent ou
raccourcissent, qui se portent très serrées ou trop amples, avec
des fleurs ou des rayures, sur des tons pastels ou kakis... la
grande mode, c'est la cigarette électronique. C'est si vrai que
j'envisage d'en offrir une à maman pour ces quatre-vingt-cinq ans.
Ne me regardez pas de travers, c'est inoffensif.
La
reine de l'ennui, la voici donc. Ce n'est pas tant que nos anciennes
cibiches soient moins bonnes, ni même qu'elles soient encore
pécunièrement inaccessibles (par rapport aux nouvelles tiges en
plexi, elles restent même données). Non le truc, c'est que ces
espèces de pipes sans fourneau (mais pas sans culot) font
terriblement tendance, « in » si vous préférez, chez
tous les branchouillés du bulbe.
D'abord,
ils vous expliquent que quelques bouffées de fumée artificielle et
sans danger remplacent avantageusement la Marlboro des cow-boys.
D'ailleurs il n'est pas impossible que l'on rende à Lucky Luke son
mégot à condition qu'il marche à la vapeur. Certains ajouteront
qu'il leur est à nouveau loisible de fumer au restaurant ce qui,
j'avoue, nous manque tous énormément :
- Pour madame un rumsteck d'Aubrac – aligot...
- Ah non ! excusez moi, je n'ai pas fini de vapoter.
Ils
nous parlent du geste, de la posture, de la sensation qui évoque en
eux la vraie cigarette, sans en subir les effets destructeurs. Je
n'en crois rien. D'ailleurs certains se vantent même de ne pas
absorber un seul atome de nicotine ! Ce qui compte d'abord, c'est la
tendance. Et c'est ainsi qu'à l'instant précis où le petit
commerce exhangue se meurt d'un cancer généralisé, les boutiques
dédiées à la plus belle trouvaille du siècle, s'implantent à
chaque coin de quartier. Et ces champions du MAR-KE-TIN-GE, que
j'admire presque autant que Bernard-Henri Lévy et Jean-Pierre
Raffarin, vont s'en donner à coeur joie en tenant tous ces gogos par
la tige et ne les lâcheront plus.
Le
look (puisque tout contient dans ses quatre lettres) ne va cesser
d'évoluer. Un simple tube en plastoque va se muer en bonne vieille
clope qui rappellera celle de John Wayne dans le « Train fumera
trois fois » ; elle se maquillera en bijou de luxe, histoire de
rappeler aux autres que vous avez plus de pognon qu'eux (c'est
commode dans les centres commerciaux quand on n'a pas sa bagnole pour le
montrer). Il y en aura aussi en forme de canard pour le bain et de
godemichet avec un stimulateur inclus pour les petites lèvres.
Elles
auront bientôt le parfum des violettes, de la menthe, de la
bergamote, si bien qu'on ne saura plus très bien si l'on boulotte une
glace fantaisie ou si l'on crapote une fausse blonde. Il y aura les
parfums des montagnes et de la mer pour l'évasion, puis sans tarder
du véritable havane et... de la gauloise. A tel point que dans
quelques années tous les anciens fumeurs -qui n'ont jamais arrêté
au fond d'eux-mêmes- se remettront la cigarette au bec en profitant
de tous ses effets, sans même déranger son voisin, ni mettre sa
propre santé en danger.
Moi,
si j'étais le gouvernement, je laisserai croître et embellir ces
chimères. Vous imaginez l'immensité de la taxe que l'on pourrait
récolter au nom de la mode, puis peut-être du génie inventif...
Il serait alors toujours temps, au bout de quelques décennies, de
trouver un monsieur Evin pour interdire de s'intoxiquer et de mourir
à petit feu.
Car
la cigarette électronique est terriblement nocive, cela va se soi et
je n'en offrirai pas plus à ma maman qu'à mon pire ennemi...
Jaco
Le 14 juillet, place Lambert
J'ignore
où vous étiez dimanche soir, mais pas ici ! Pourtant nous avions
ouvert spécialement pour vous ! Dommage, vous avez raté un sublime
bouquet final (pas encore celui d'Aubrac/mer), mais celui d'un feu
long a démarrer mais dont la seule fin justifiait les moyens. Et
c'est même la faim de Caro, Benji et leurs amis -dont Thimotée au premier plan-, de nos amis à
nous, Ghis et Edmond, ainsi que d'un passage de touristes
providentiels, qui nous ont valu de faire un score... moyen.
Chronique du 9 juillet 2013
Un
Tour de noc
Il
aura donc suffit que je présume le port de Pailhères et que je
hume le grand air d'Ascou, pour que je repose un oeil sur ce maudit
Tour. J'écris maudit pour ce qu'il est devenu -et a toujours été-
brisant ainsi les mythes les plus beaux, ceux qui nous raccrochent à
l'enfance.
J'ai môa-même disputé plusieurs Tour de France. Comment ? Vous l'ignoriez ? Entre 1970 et 1974, je prenais ma bécane tous les soirs, après le reportage, sur le coup des cinq heures et je refaisais l'étape tout seul, un peu comme au même âge, on fait l'amour. Mes échappées étaient solitaires mais elles n'en étaient pas moins épiques. Dans les cours de ferme, les mémés se levaient -qui sait si ce ne sont pas elles, à Brousse, entre Graulhet et Castres, qui ont inventé la ola ?-, les poules sortaient in extremis de ma trajectoire dans de faux envols en cris effarouchés et les clébards me tenaient la dragée haute dans les cols de 1e catégorie. Ils étaient d'ailleurs à l'origine de nombre de mes chutes qui ne se soldèrent jamais que par quelques brûlures superficielles, mais ô combien douloureuses, notamment à l'heure de la désinfection.
J'ai môa-même disputé plusieurs Tour de France. Comment ? Vous l'ignoriez ? Entre 1970 et 1974, je prenais ma bécane tous les soirs, après le reportage, sur le coup des cinq heures et je refaisais l'étape tout seul, un peu comme au même âge, on fait l'amour. Mes échappées étaient solitaires mais elles n'en étaient pas moins épiques. Dans les cours de ferme, les mémés se levaient -qui sait si ce ne sont pas elles, à Brousse, entre Graulhet et Castres, qui ont inventé la ola ?-, les poules sortaient in extremis de ma trajectoire dans de faux envols en cris effarouchés et les clébards me tenaient la dragée haute dans les cols de 1e catégorie. Ils étaient d'ailleurs à l'origine de nombre de mes chutes qui ne se soldèrent jamais que par quelques brûlures superficielles, mais ô combien douloureuses, notamment à l'heure de la désinfection.
Je
courais seul au milieu des chaumes de l'albigeois et pourtant je ne
gagnais jamais !
Normal,
dans les années soixante-dix j'incarnais à l'aune de mes grands
rêves humains, Raymond Poulidor, qui était bien trop fort et aussi
bien trop honnête, pour s'imposer dans un milieu où la rouerie
paysanne s'avérait totalement insuffisante par rapport à la
saloperie du business sportif. Je n'ai que très peu marché sur
cette ligne de fracture qui opposait mon « Poupou » à
Anquetil, car j'étais alors un peu jeune.
Non, moi je l'ai vu se faire plumer par tous les autres, de Janssen à Merckx en passant par Thévenet. Même le pauvre Pingeon qui ne valait pas tripette, le déposséda de son dû, lorsque je le vis passer, en 1967 sur les pentes de Carlus, avec cinq minutes de retard, la gueule en sang et de travers... Je crois bien que c'est un CRS qui lui avait coupé la route dans la descente de Canguilan et je n'ose imaginer qu'il s'agissait d'un complot d'état... seulement un secret.
Non, moi je l'ai vu se faire plumer par tous les autres, de Janssen à Merckx en passant par Thévenet. Même le pauvre Pingeon qui ne valait pas tripette, le déposséda de son dû, lorsque je le vis passer, en 1967 sur les pentes de Carlus, avec cinq minutes de retard, la gueule en sang et de travers... Je crois bien que c'est un CRS qui lui avait coupé la route dans la descente de Canguilan et je n'ose imaginer qu'il s'agissait d'un complot d'état... seulement un secret.
Mais
j'ai bien dit que je jetais un oeil sur le Tour. Pas plus. Je ne lui
ai jamais pardonné de n'avoir pas revêtu le torse bourru de mon
héros limousin, sous le vil prétexte qu'il était un peu plus naïf
et tellement plus intègre que les autres. Raymond retrouvait son
souffle dans le Puymorens en s'enfilant une rasade de vin rouge sucré
et tiède, tandis qu'autour de lui et depuis des décennies déjà,
on s'empiffrait de cortisone, de cocaïne et toutes les cochonneries
du genre.

Remarquez
si le sport est totalement gangréné par le dopage – A-TOUS-LES-
ETAGES-
et le pognon, il demeure des exceptions. Observez Marion Bartoli.
Elle au moins, elle ne se dope pas ! Si ce n'est, éventuellement,
avec de la saucisse au petit déjeuner. Non, croyez-moi, elle a gagné
Wimbledon au mérite. Parce que c'est une très grosse compétitrice
et qu'elle n'a eu à battre que la 152e joueuse mondiale. Les autres,
les stars, qui ont la particularité d'être habituellement les
meilleures et les plus belles, avaient déjà la tête à leur
prochain défilé de mode.
Non,
je ne suis décidément plus disposé à passer des après-midi
entiers à regarder tourner des roues, qui ont certes le pouvoir de
vous endormir au premier faux plat, mais dont on sait qu'elles ne
tournent pas par l'opération du saint-esprit (formule qui revêt-là
tout son caractère révélateur). Et puis il n'y a plus Jaja, pour
commenter. Victime d'un accident de la route au printemps, sa peine a
été doublée par une terrible révélation.
Vrai
ou faux, ça m'ennuie parce que si jamais il me venait l'improbable
envie de regarder une étape du Tour, je serais contraint d'enlever
le son.
Ah non, parce que là , c 'est abuser ! comme disent les jeunes . France Télévisions, parfois, a de ces fulgurances ! Le commentateur en chef, là -Thierry je-ne-sais-comment- je n'en voudrais même pas pour animer la foire de Nasbinals ou comme pigiste à la Lozère nouvelle. Lui, c'est le noc de référence. Tenez, je viens de piger : ils ont dû le recruter parmi ceux qui courent au bord de la route, ventre à l'air, avec une casquette à pois rouges où c'est marqué : Champion... Du coup, Jaja indisponible, ils ont pris Vasseur pour tenir le micro du nase . Celui-là aussi il est propre. La preuve il dormait dans la chambre de Lance Armstrong ! Incognito.
Ah non, parce que là , c 'est abuser ! comme disent les jeunes . France Télévisions, parfois, a de ces fulgurances ! Le commentateur en chef, là -Thierry je-ne-sais-comment- je n'en voudrais même pas pour animer la foire de Nasbinals ou comme pigiste à la Lozère nouvelle. Lui, c'est le noc de référence. Tenez, je viens de piger : ils ont dû le recruter parmi ceux qui courent au bord de la route, ventre à l'air, avec une casquette à pois rouges où c'est marqué : Champion... Du coup, Jaja indisponible, ils ont pris Vasseur pour tenir le micro du nase . Celui-là aussi il est propre. La preuve il dormait dans la chambre de Lance Armstrong ! Incognito.
Le
panda aurait donc été chopé ? Pardon, dopé. Ché pas vous, mais
moi j'y crois pas. Lui qui n'a jamais réussi à franchir un col en
tête, ni à gagner quoi que ce soit d'intéressant, je ne vois
vraiment pas ce qu'il aurait été mettre son long pif dans la
farine. Vous le voyez, vous, Jalabert, se lever toutes les deux
heures, la nuit, pour faire des pompes afin de faire circuler le sang ?
Et puis à la Once, son équipe fétiche et celle du bon docteur
Fuentes, c'est bien connu, on pouvait avoir confiance les yeux
fermés. D'ailleurs notre champion Tarnais avait la particularité de
monter sur ses grands vélos dès qu'on prononçait ce vocable
inquisiteur : dopage.
Le
brave type de la TV se transformait en Furie prête à vous arracher
la langue dès que vous émettiez le moindre doute. C'est exactement
la posture du blaireau Hinault qui par son attitude, sa morgue et sa
grande gueule, dissuade et menace de putatifs accusateurs, qui
n'auront donc jamais les couilles, ni surtout les preuves de le
traiter de tricheur. Ce que je me garderais bien de faire à mon
tour.
Enfin,
désormais, ils peuvent monter tranquilles les Frome, Porte, Roggers,
Evans and company. Ils peuvent se gaver de GW 156 et d'AICAR.
Personne ne les connaît, ils parlent tous anglais et tout le monde
s'en fout.
Jaco
Chronique du 2 juillet 2013
Et
si Dieu allait exister !

Ce
sur quoi, on peut d'ores et déjà s'engager, c'est qu'un Dieu nègre
existe, on l'a rencontré du
côté de Soweto. Du
reste, il me vient une idée. Puisque l'humanité, semble-t-il, a
besoin de s'en référer à quelqu'un, là-haut, pourquoi ne
choisirait-elle pas un type passé par chez nous et dont on n'aurait
pu aussi bien palper la chair - et le cuir solide, le bougre! - que mesurer l'exemplarité. Mandela
dans le rôle du premier Dieu désigné par ses fidèles, ça aurait
une de ces gueules ! Et qui sait si je ne me mettrais pas à
fréquenter les églises en tapant du gospel dans mes mains devenues
noires.
Ouais,
je sais j'affabule, je délire et j'extrapole. Un peu comme tous les
médias -et les chaînes continues notamment- qui nous infligent en
boucle les dernières péripéties du héros sud-africain. Qui vient
le voir, qui a annulé son déplacement au Mozambique, qui est rentré
d'urgence, sa nouvelle femme, Winnie son « ex », le
dernier bulletin médical ? On ne nous épargne rien de la lente
agonie du grand homme, même si on ne sait pas encore s'il a bien été
à la selle aujourd'hui. Car oui, même Dieu peut faire caca...
Ce
qui est bête pour lui, c'est qu'avec le Tour de France, il y aura
forcément moins de place sur le journal, I té-vé (!) et France
Bla-bla durant ce mois de juillet. L'idéal serait qu'il monte au
ciel entre l'arrivée aux Champs et la rentrée sociale du 26 août.
Et puisque je les tiens, ceux-là, les médias, je voudrais juste
vous ramener à ce qui... m'amène. La conscience. Les médias
ont-ils une conscience ? Beau sujet du bac ? Non ! Ça ne se discute
même pas. S'ils avaient une conscience, croyez-moi, même le populo
de la Mayenne s'en serait aperçu...
Tenez
! Si j'écris 11 septembre 2001. Vous pensez à quoi ? Si je
rajoute World Trade Center, vous y êtes. Vous pourriez même
alimenter vous-même : Manhattan, New York, Etats-Unis.
Maintenant
si
je lance : 24 avril 2013. Qu'est-ce que vous en dites ? Rien
pardi, il faut reconnaître qu'elle date, cette histoire : plus de
deux mois ! L'immeuble, c'est le Rana Plaza dans le quartier de
Savar, Dacca, Bangladesh. Alors là, ça vous en bouche un coin, ou alors
commencez-vous à me suivre ? Allez ! ne vous excusez pas. Vous
n'êtes responsable que de vos choix et de vos sources. Lire le
journal du coin de MM Hersant et Tapie, écouter RMC de Bolloré et
regarder TFI de Bouygues ça ne peut guère vous ouvrir l'esprit et
moins encore vous éclairer sur ce qui se passe objectivement dans le
monde.
Les
tours jumelles ont donc été frappées par ces salauds d'arabes qui
n'ont de cesse de détruire l'occident tout en violant nos femmes et
en volant nos bagnoles. Ils n'ont pas lésiné en jetant des jets
-comme ils-disent là-bas- sur l'une des plus grandes fiertés de
l'économie mondialisée et sacrément décomplexée -la vache !-.
Avec
ses huit malheureux étages (contre 110 à Manhattan), l'immeuble
crasseux de Dacca n'a même pas eu besoin de la détonation d'un mur
du son. Il est tombé comme un grand. Sur quelques milliers de
petites mains entassées dans d'obscurs ateliers. Elles pouvaient
d'ailleurs s'estimer heureuses car c'est grâce aux grands groupes
multinationaux qu'elles gagnaient leur trente centimes de l'heure
soit la somme exorbitante de 30 euros par mois. Je sais pas vous,
mais moi, si j'avais trente euros... Et puis ils sont jamais content
ces types. Comme disait Coluche, qu'il pleuve, qu'il fasse chaud,
c'est toujours sur eux que ça tombe : et bang... d'la dèche...
Cela
fait certes 2750 victimes à Manhattan, autant de drames familiaux et
c'est atroce. Mais ceux-là ne sont pas morts pour rien. L'occident,
sous l'emprise de son maître américain, sut profiter du drame
pour reprendre d'une main de fer, tout ce qu'il avait dû lâcher de
l'autre depuis la fin de la guerre froide.
Quant aux 1229 esclaves des grands groupes textiles qui ont perdu la vie sous les gravats du profit des uns et de l'indifférence de tout le monde, ils sont morts pour … trois fois rien.
Quant aux 1229 esclaves des grands groupes textiles qui ont perdu la vie sous les gravats du profit des uns et de l'indifférence de tout le monde, ils sont morts pour … trois fois rien.
Alors
j'y viens à votre conscience. Quand vous achetez une marinière,
une paire de pompes, ou une bagnole, vérifiez que le mec ou la
gonzesse qui ont bossé dessus aient été payés correctement. A
moins que vous ne partiez-vous même au boulot le matin pour gagner
trente centimes de l'heure.
Et
si votre string, votre pull, votre machine à laver vous semblent un
peu chers parce qu'ils ont été confectionnés à Montmirail ou à
Labastide plutôt qu'à Dresde ou au Burundi, vous n'avez qu'à en
changer moins souvent. Et si vous pratiquez ainsi pour tout ce qui
est utile en négligeant d'acheter tout ce qui ne l'est pas du tout
(Dior, Nike, Versace , tablettes numériques, iPhone, parfaitement
nuisibles à votre santé mentale), vous verrez qu'il vous restera
assez d'argent. Non pas pour reconstruire des tours jumelles, mais
pour envoyer aux petits n'enfants d'Asie et d'Afrique qui ont mieux à
faire à l'école que dans les usines insalubres où ils cousent des
fringues pour embellir le capital.
Je
compte, d'ailleurs, en référer à notre futur Dieu dés qu'il sera installé !!!
Jaco
Chronique du 25 juin 2013
Artichaut,
archi-cher
Ce
qui me fout en boule les amis, c'est de constater que des snoc
scrutent notre carte en dodelinant du cigare. « Restaurant
garanti sans frite, ni congélateur » ça les laisse de...
glace ! Et le meilleur tartare du monde, la cuisine de grand-mère et
la viande d'Aubrac label rouge... ils s'en foutent les types ! Ils
préfèrent les moules à volonté pour 9,50 €. Tenez, je leur
souhaite de s'intoxiquer, salauds de pauvres. Le pire dans tout ça,
c'est que dans le lot (pas le département, mais le rassemblement de
couillons) , il n'y a pas que des touristes !
Jusqu'ici,
nous leur proposions même des artichauts tout frais du marché. Ah !
Il me tardait d'y arriver à la pleine saison de ce merveilleux
légume, certes dérivé du chardon et de la carde, mais néanmoins
bougrement bon. Avec de l'agneau de l'Aveyron en ragoût et une
petite pointe de crème et de jaune d'oeuf, ça vous fait une
blanquette à tomber à la renverse. Et les petits farcis aubraciens
à la saucisse au couteau de l'ami Conquet, avec un artichaut au
milieu, sont encore meilleurs que les meilleurs du monde (déjà en
vente ici même).
Certes,
comme les béotiens qui traînent sur la place Lambert n'y
connaissent tristement rien, ça ne leur manque pas. Moi, si ! Parce
que c'est décidé, j'arrête ! On ne peut pas éternellement
souhaiter le bonheur d'autrui s'il s'obstine à ne construire son
palais qu'à grands coups de petits bâtons de patates congelées jetées
dans un ignoble bain d'huile de palme (qui n'a cependant rien à voir
avec la graisse de canard !!!)
Et
puis vous avez vu le prix de l'artichaut ? Avant, -l'ère Coluche, je
crois- , on prétendait qu'il s'agissait du plat des pauvres. C'était
le seul légume où il en restait davantage qu'avant qu'on ne le
mange. Maintenant, c'est autre chose. Je comprends mieux que l'argot
ait transformé le pognon, la thune, le flouze, en artiche. Vous
m'objecterez sans doute que l'on utilise aussi le radis et l'oseille
pour évoquer cette saleté de pognon qui fait battre le monde et
rend les gens tellement laids. Mais convenez que c'est tout de même
moins savoureux et nettement plus abordable quand on passe à la
caisse. Quoi que, le calendrier des légumes de saison me promettait
tout de même un été prospère, puisque c'est à partir de juin et
jusqu'en novembre que s'étale la saison de ce magnifique
millefeuille vert.

Je
passe, vous le savez, mon blog à décrier tous ceux qui pestent
après le chômage, les impôts et tout ce qui porte un O
circonflexe, mais qui roulent en Volkswagen, en Toyota, quand ce
n'est pas, raffinement de l'indécence, en Audi ou en BMW...
Oui,
parce que l'artichaut a la mauvaise réputation -et odeur- de faire
péter. C'est très simple, sa composition chimique le conduit à
fermenter très vite dans vos intestins. Et par ici la musique. Mais
moi, ce qui me ferait plutôt c... c'est son prix. 1,40 €
-disais-je- hors-saison lorsqu'il provient des sols surchauffés du
Maghreb, des rives du Nil, d'Andalousie ou de Sicile. Et lorsque le
joli moi de mai arrive, ma foi, notre production à nous se situe
toujours autour d'1,40 mais... la pièce ! Quand à nos jolis
bouquets de poivrades, ils s'affichent fièrement à 3,95 €
! Cinq malheureuses têtes d'épingle qui, une fois apprêtées ne
dépasseront guère les cent grammes. Presque quatre euros (pas loin
d'une trentaine de francs pour ceux qui, comme moi, aiment se prendre
la tête entre les mains et se faire mal en procédant encore, quinze
ans après, à la conversion qui tue, mais qui en a enrichi tant
d'autres sur les marchés notamment !). A ce train-là, les truffes
et les morilles ne reviendront guère plus cher. Et l'accompagnement
deviendra plus onéreux qu'une belle pièce de boeuf d'Aubrac, même
de chez Conquet !
Du
coup, l'un de mes fournisseurs m'a confessé : « A ce prix-là,
tu peux croire qu'ils pourriraient dans les caisses. Qui tu veux qui
achète-ça ? Alors je les leur laisse... » Dramatique non ?
Et
alors, qu'est-ce qu'on fait ? On se décide à la replanter cette
France en jachère ? On s'y remet au boulot ? On l'aime cette terre,
pour qu'elle nous le rende au centuple ? Ou on la quitte ? -comme le
suggérait l'autre brêle qui a d'ailleurs suscité pas mal de
vocations parmi ses soutiens...-
Réfléchissons-y.
Mais en attendant je vais proposer au type qui persiste à vouloir me
vendre son minuscule bouquet de violets au prix du safran, de me
reprendre tout ce que je n'utilise pas dans l'artichaut... Tenez, je
suis même prêt à lui faire un prix d'ami. Mais en euros. Il faut
quand même pas abuser !
Jaco
PS
: Comme je m'inquiétais récemment de n'avoir reçu aucune correction
"C'est rouge mais juste" de mon beau B.O., je lui envoyai un petit
courriel "au secours". J'appris alors que Bernard avait le rouge au
coeur. Il venait de perdre son papa après trois semaines extrêmement
pénibles. Je ne sais trop quoi dire, mais je sais quoi penser. Son papa,
Maurice, vécut à Montauban, non loin de là où je me suis moi-même
construit. C'était un résistant, un journaliste, un écrivain. Sûrement
un type bien. Et pas seulement parce qu'il vient de nous quitter. B.O.
c'est con de le dire, mais nous sommes tous, ici, avec toi...
Bachelor
bien coiffé
Voici
Eddie comme nous ne l'avions jamais vu depuis sa communion. Bien
rasé, belle cravate et ce petit air de ne toucher à rien ! Le
gendre idéal en somme. Ou alors de directeur d'un Sofitel à Dubaï.
Va-t'en voir, peut-être les deux ? Car comme dirait mon papa, on ne
sait jamais ce que les gens polis... sont !
Chanter,
c'est vivre
Il
est deux heures du mat' et je guette dans le filet de voix de Berco
le moindre déclin, la plus infime lassitude. J'attends qu'il
trantole vers son ultime tripous, pour lever le camp. C'est
pas que je m'ennuie, mais je vois Stéf et Awa qui baillent aux
corneilles et la Marie qui s'affaire inquiète – toujours- autour
de ses verres. Demain, enfin, tout à l'heure, « ils »
reviennent à vingt et quelques pour déjeuner. Un groupe que l'on ne
connaît certes pas, mais que l'on se garderait bien, pour autant, de
maltraiter.
Il
y a dix ans, peut-être cinq, je me serais réellement inquiété.
Peut-être même impatienté. Mais, en prenant de la bouteille, c'est
bien connu on devient moins raisonnable. Début juin, nous chantions
ensemble et ici même, le refrain moustatéque : « Nous
avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour
nous reposer... » Et pendant qu'il se repose, ce cono, nous, on
bosse. Enfin on bosse... On est là, ils sont autour de nous, les
types d'Occi-Cant, et j'ai une trique de jeune homme au petit
matin plein de promesse. Je ne suis plus dans l'idée que je me fais
de la vie, je suis dans la vie. Comme une juste récompense à tant
de désespérance. Et s'il n'y avait cette merde d'aligot, je
vous confierais volontiers que je suis le plus heureux des hommes.
Oui,
j'ai bien dit. Cette merde d'aligot. Parce qu'ici, autour de cette
table il y a notre chantre (très haut et très juste), notre barde
(un peu blanche), notre pote d'Ollioules et de l'Aveyron, le même
Berco (vous le reconnaîtrez, c'est celui qui ne s'arrête jamais).
Ce vieux fou, géologo et cantaire a composé pour nous, cette
« ode à la pommade rouergate » que nous vous resservons
de temps en temps dans ce blog et que certains ont lu, si vous êtes
un tantinet attentif à ce qui s'y passe. Donc, mon aligot ne vaut
rien ! Il a « cagué » comme disent mes commensaux en
ricanant, tout en m'affirmant qu'il est très bon.
Le
problème c'est que la composition chimique de la tomme fraîche,
c'est tout une histoire. De PH et de quicom maï. Et
lorsque nos maîtresses d'Aubrac montent dans les estives et se
remettent à l'herbe fraîche, après les émotions d'une longue
transhumance, elles prennent un peu d'acidité dans le lait. Vous me
direz : « de quoi je mamelle
? » Et bien je vais vous le dire, ces snoc
de « Jeune montagne » à Laguiole, ils en ont rien à
traire, que la tomme ne
vaille rien. Tu leur en commandes huit kilos, ils te les mettent...
Et tu te démerdes avec. En gros, tu les jettes. Mais au fait... tu
les paies quand même ? Oui, un oeil. Enfin ça c'est l'Aveyron. Moi
j'ai tout en commun avec l'Aveyron. Mais tout nous sépare. Parce que
pour le pognon, c'est sûr, ils seraient capables de sacrifier... un
aligot !
A
vingt heures, ils étaient-là, pétante. Pétant de santé aussi.
Sans leur chapeau noir et leur veston rouge. Ça s'est pour les
grands événements, à portée de drop de la place Lambert (quand on
oublie pas de les inviter !). Seul Jean-Pierre porte la casquette.
Mais il fait bon, doux comme un chant rural occitan, presque chaud
comme une polyphonie corse.
Jamais
je n'avais pu envisager que cette soirée soit autrement qu'une fête.
Le triomphe de la gentillesse spontanée, de la générosité
absolue, de la sensibilité à fleur de peau. Jamais je ne m'étais
éveillé la nuit avec cette angoisse, qui m'assaille souvent et me
fait cauchemarder des frigos en panne, des hordes de cafards gros
comme l'index ou... de la tomme qui ne file pas ! Et même à
cinquante cinq ans, on s'étonne encore de cette sérénité.
Un
Michel était debout le poing en l'air ; un autre jubilait
sans se démunir d'un petit sourire commissural
qu'il
partageait avec son voisin André ;
un vieux Lion s'accrochait sans rugir en fond de terrasse ; la
québecoise se laissait séduire par les choeurs ; Benji et Jean-Ba,
leurs compagnes et leur famille découvraient un autre registre des
enchanteurs de Mayol ; Pierre, Jean-Michel -le Chaurien-, son ami Christian et leurs
épouses faisaient corps, maintenant avec la troupe débout,
intarrissable, inaltérable. La fontaine s'est tue peu avant dix
heures, ma Joanèta
avait déjà vu le loup et elle en était morte, mais j'avais
toujours du feu au fond de moi. Jacques donnait toujours le la
; Jean-Marc, le pédago du groupe, présentait chaque chant
minutieusement avant que le côté Corsi
Canti
ne s'offre une magnifique incursion en terre occitano-provençale,
avec ce Christian moins imprégné d'Aveyron mais désignant fièrement le cap Corse...
Nous en finîmes -fatalement, jubilatoirement- avec la Coupo
Santo et Bella Ciao, les
gens
debout frappant frénétiquement dans les mains dans un
mouvement d'allégresse comme la place Lambert n'en avait sans doute
jamais connu. Jean-Pierre et les siens avaient accepté de venir nous
offrir deux heures d'aubade pour une bouchée de pain. Nous allions
devoir la partager. Mais ce n'était pas tout. Il allait falloir
chanter. Moi qui ne sais si j'ai une voix haute, basse ou fausse, je
me retrouvais au milieu du plus beau choeur de la Méditerranée. La
Montagne et Moustaki -il était encore là celui-ci !-. Si j'avais aimé
La danse
des canards
ou Comme
un ouragan ,
ils m'auraient suivi. Pareil ! Christian m'a gratifié d'un Sans
la nommer
en version originale puis Corse : « Je
voudrais, sans la nommer,Vous parler d'elle.Bien-aimée ou mal
aimée, Elle est fidèle, Et si vous voulez Que je vous la présente,
On l'appelle révolution permanente. »
On
a ri, on a bu, on a beaucoup chanté. Hé oui, on a envie de les suivre
jusqu'au bout, ces mecs-là qui ne s'arrêtent jamais. Parce que
chanter c'est aimer, respirer, vibrer. C'est vivre.
Jaco
Retrouvez
Occi-Cant sur son excellent site www.occicant.org
Vous
pouvez acquérir leur CD y compris à Aubrac/mer, s'il nous en reste.

« Aligot ...! go...! go...! » selon Christian
Nous avons reçu ce
cri de ralliement de notre ami Christian, tellement provençal et
pourtant passionné d'Aveyron comme nous. Et quand il ne chante pas
-avec le groupe Occi'cant- le Coupo Santo sur la pelouse de Mayol, il
chante le terroir, la gastronomie, l'amitié. Voici sa carte postale
à lui que l'on aurait pu rebaptiser Coupo d'aligot :
Cri
de ralliement bien connu des addicts de la pommade rouergate.
Moi,
c'est pas compliqué : en 5 jours (trop courts) passés aux confins
tarno-aveyronnais, du 1 au 5/08, je m'en suis enfilé, goulument,
résolument, avidement, incontestablement, incontournablement,
volontairement, passionnément -m'avez compris- :
aligot/saucisses le 1 au soir à Sauveterre de Rouergue,
aligot/jarret de porc le 2 au soir à Monesties , itou entrecôte,
si... si... même lieu le 3 au soir, à midi avec une andouillette
-woueï !, le 4 à Najac, -Et le 5 ? RELACHE.
Ceci
étant proclamé, revendiqué, affirmé, que dis-je ?, bu et approuvé
avec des Gaillac blancs, éventuellement "perlés",
je suis déjà z'en manque.
Tu
vois, nous on a l'ailhet, p... ça me plait, mais après, c'est bien
connu, faut faire un pénéqué et surtout pas aller carigner,
que la belle elle va pas le supporter. Tandis que l'aligot, ça
glisse, ça onctue, ça satine, ça adoucit, ç'est
moelleux, paisible, compréhensif, tolérant.
Une
fois digéré tu peux t'y recoller, ça prête pas à conséquence.
Que
du bonheur.
Bon,
Saints Nasbinals, Chély, Urcize et Enimie que votre aligot soit
sanctifié et, si ce n'est déjà fait, inscrit au patrimoine
de l'humanité. »
Crestian;
lo geolog occicantesque.
Antoine
m'a dit d'aller
me faire voir sur facebook, oh yeah !
me faire voir sur facebook, oh yeah !

Tenez,
facebook (1) ! Avant mon vieux copain de café, Antoine -toulonnais
cultivé, délicat et désabusé-, il y avait eu Jean-Baptiste. Notre
jeune fils qui avait eu l'illusion démesurée de nous accompagner
dans notre immersion dans les tréfonds du bagne de Toulon. C'est
lui, ce cono, qui le premier avait eu l'idée brillante et ô
combien originale de nous faire entrer dans cette espèce de
mégasphère pullulante et purulente, où se fréquentent de manière
aussi artificielle que finalement dérisoire, tous les faux-culs et
les écervelés de la planisphère. Car selon la formule qui a fait florès,
si tous ceux qui y sont ne sont pas des snoc, tous les snoc
y sont...
Qu'en
avais-je donc à faire que Dupont soit mon ami, s'il ne prenait
jamais la peine de parcourir cinq cents mètres à pinces pour
s'asseoir à la table d'Aubrac sur mer et ainsi aider, par sa
présence, un tout petit restaurant à exister sur d'autres valeurs
que celles du paraître, du copinage à la noix, du soleil et de la
congélation ?
Aussi
m'étais-je rapidement sorti de cet immense marché de dupes, cette
foire aux sentiments soldés, ce déballage grossier et dépourvu
d'intérêt... Il me semblait -et il me semble encore- que les
blondes désoeuvrées et à gros bonnets, avaient davantage leur
place sur cette toile en trompe-l'oeil, qu'un vieux misanthrope qui
se distingue de ses semblables par le vague espoir que l'on peut
éventuellement faire du neuf avec du vrai.
Que
cela soit bien entendu, je ne déteste pas montrer mon cul, mais je
préfère maîtriser le support sur lequel je le pose. S'agissant du fameux « book », l'idée de m'assoir sur
cette face, ne me circonvient nullement. Peut-être à cause des
cornes. Sur mon blog et son petit millier de lecteurs, au moins, je
maîtrise. Et méprise les traitrises. Tandis que là, dans ce réseau
tentaculaire et planétaire, comment voulez-vous influer ou tout au
moins résister à cette pieuvre, dont l'intelligence, pour être
céphalopodique, n'en demeure pas moins effrayante et inversement
proportionnelle à l'essentiel de celles qui la fréquentent.
Il
faut être puéril et juvénile pour envisager que facebook puisse
régler le moindre problème sur cette terre et défendre toute forme
d'humanité. Il en constitue même l'exacte antithèse. Mais il faut
être un « gérontil » de mon espèce pour imaginer que
l'on touchera à un seul fil de ce réseau que l'on peut désigner
comme un géant, un ogre, un monstre. Et sans faille avec ça, car il
ne craint pas plus des chevilles -comme Achille- que des cheveux
-comme Samson-. Ni d'ailleurs des chansons... -comme Dalida (!!!)-
Je
ne sais pas si mon excellent Antoine -lui même sous l'influence de
Morgane et Isaure- croit un seul instant à ce qu'il professe du haut
de sa chaire de la Table d'Hermès, mais il peut être fier d'avoir
ébranlé, non pas mes convictions -il faut quand même se calmer-
mais ma capacité à résister.
Car
je vais effectivement finir par penser que tenir l'un des meilleurs
restaurants de l'hyper-centre avec des produits d'exception à Toulon
ne suffit pas pour travailler correctement. Il faut avoir la mer ou
être sur facebook. L'idéal -et de loin- étant d'avoir les deux.
Jusqu'ici
ma seule concession, ma pâle contribution à un réseau autre que
le mien, se faisait à travers twitter. Un truc censé être plus
subtil, mais où, au final, l'utilisateur est là pour vendre quelque
chose (Aubrac sur mer par exemple), des idées ou des égos. On y
trouve de bons mots, quelques références enrichissantes, mais aussi
beaucoup de blabla dont le seul mérite est d'en limiter les
seirennoc à 140 signes...
Je
risque donc d'être contraint -je préfère m'en excuser à l'avance-
de m'adresser, derechef, à un tas de béotiens qui deviendront
aussitôt mes « amis », sans qu'ils puissent imaginer à
quel point je les emmerde. J'aurais largement préféré continuer
cet échange intime et fraternel, au travers d'un blog original et
travaillé, que je partage avec des centaines d« abonnés »
triés sur le volet depuis quatre ans. Mais cela demeure trop
nettement insuffisant.
Ce
n'est pas encore demain la veille que le bon goût s'imposera de
lui-même. Alors nous re-servirons sur la toile, le sublime quatrain
de Nicolas Boileau :
« Hâtez-vous
lentement, et sans perdre courage,
Vingt
fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le
sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez
quelquefois, et souvent effacez. »
Jaco
- La légende veut que les enfants de serfs masqués, jouaient à se chercher dans les bas-fonds des villes, sans connaître la tête de l'animal qu'ils portaient. Le gagnant était celui qui capturait le porteur d'une face de bouc. C'est également d'ici que viendrait l'expression : « être le bouc émissaire ».
Chronique du 4 juin 2013
Tu
es ce que tu manges
Pendant
que l'on guette le client, un samedi 1e juin, place Lambert, où l'on
devrait se précipiter chez nous au nom des vertus de la race -
Aubrac- et des valeurs du bon goût et de l'honnêteté, on se
console en apprenant que deux élus se battent, afin de protéger le
vrai restaurant de tous ces prédateurs qui tiennent un business, une
« affaire », comme ils disent.
Le
couple socialo- UMP de Gironde et du Pas de Calais, composé de
Pascale Got et Daniel Fesquelle, souhaite amender la loi Hamon en y
incluant la restriction suivante : « n'auront droit à
l'appellation restaurant que les endroits où tout est cuisiné sur
place à partir de produits bruts. »
Je
les aime déjà Pacale et Daniel, non parce que l'une est de gauche
et l'autre de droite, mais parce que ce sont de sacrés utopistes. Et
chaque fois que je peux recaser le fameux postulat « guévariste »
: Soyons réaliste, exigeons l'impossible, mes papilles
intellectuelles sont en émoi, sautent de joie. Certes les utopistes
ne sont guère en odeur de sainteté dans ce pays où le seul rêve
se réfugie, lamentable, dans le jeu, le gain et le superficiel. Et
c'est déjà une petite victoire pour ceux, aux côtés desquels je
me suis rangé en naissant entre la Place Jean-Jaurés et le musée
Goya, entre Carmaux et Castres, d'envisager que des élus de la
République se saisissent subitement d'un sujet tenu sous le boisseau
depuis le temps des tavernes...
Imaginez
donc, tout à coup, les restaurants contraints de faire à manger !
Alors qu'ils n'avaient jusque-là pour seul objet que de faire du
fric. Ça les changerait bougrement. Se lever tôt, laver la salade,
éplucher les patates, tailler un tartare dans les deux minutes
suivant la commande et payer cette viande d'origine contrôlée ou le poisson
sorti de l'eau, à leurs vrais prix ! Une révolution qui leur
coûterait un oeil, les contraindrait à embaucher, et peut-être
même à cuisiner !
En
réalité, si l'on s'en tenait au projet stricto sensu, s'il avait
l'heur d'être adopté d'abord par Hamon, puis voté par l'assemblée,
de deux choses l'une : soit il n'y aurait quasiment plus de
restaurants dans nos contrées, soit la plupart joueraient avec la
loi et esquiveraient les contrôles.
Je
connais déjà des marchands de congelé qui inscrivent au fronton de
leurs établissements « Ici tous nos plats sont faits maison »
alors qu'on ne leur demande rien ; alors pensez si, tout à trac, il
leur fallait subitement faire réellement semblant.
Car
qui peut croire que les puissants lobbies de l'hôtellerie vont se
laisser entraîner sur cette planche huileuse en diable et que Métro,
roi du produit prêt à micro-onder vont laisser deux illuminés
gâcher leur sauce à l'oseille ? Tenter de moraliser une industrie
qui nous roule dans la farine, nous intoxique et nous détrousse
éhontément depuis des lustres, ne relève plus de l'utopie, mais du
delirium tremens ! A la vôtre...
Je
les aime Pascale et Daniel, mais j'ai fortement envie de les
dissuader de cette croisade homérique et cervantesque. Chapeau bas,
madame et monsieur d'y avoir pensé. Mais je préfère encore qu'il
n'y ait pas de loi, plutôt que de constater que tout autour de moi,
elle est contournée, outragée et bafouée. Et en prime :
labellisée.
Car
si elle devait entrer en vigeur, pour l'appliquer au pied de la
lettre, je serais capable de renoncer aux tripous que tricote et
conserve pour moi le brave Conquet et aux poulpes qui sont les seuls
admis à rentrer raides congelés chez nous. Tandis que les autres
attendraient tranquillement le premier contrôle pour soutenir, la
main sur le coeur, qu'ils ne savaient pas, avant d'aussitôt...
recommencer !
Ce
qui me navre d'ailleurs, car c'est vers eux que le consommateur
moyen se précipite encore comme un moustique vers la lumière
nocturne. La dernière mode à Toulon consiste à rechercher non pas
des restaurants intègres et de qualité, mais équipés d'un poste de
télévision. Si, si, vous avez bien lu « Est-ce que vous avez
la télévision ? » nous demande t-on sans rire, depuis dix
jours ! Alors si maintenant les gens vont regarder la téloche au
restaurant, je crois qu'ils méritent réellement, définitivement,
ce qu'ils mangent. Ils ne risquent plus de s'intoxiquer, ils le sont
déjà !
« Tu
es ce que tu manges ! » devisait le brillant et savoureux
Anselme (Brillat-Savarin). Tiens, ça m'énerve. Je vous laisse
méditer là-dessus...
Jaco
Quand
Aubrac (sur mer) revient à la Résistance


Après les cérémonies matinales en divers endroits de Toulon, nos convives rejoignaient les élèves du collège Peiresc pour une ultime conférence.
La diagonale de Georges
par
Gérard Estragon
Et
tant que nous y sommes, restons sur Gérard. Estragon. Un nom qui
relève les plats, notre tartare notamment. Mais également le niveau
de Toulon. Il appartient à cette phalange, non allez, je préfère à
cette frange, qui défend obstinément une certaine idée de la
culture. Dentiste et politicien dans une autre vie, Gérard
s'épanouit désormais dans les arts plastiques et l'écriture,
qu'il sert aussi bien d'ailleurs que l'amitié.
Auteur
prolixe, il nous entraîne dans son dernier ouvrage sur La diagonale
de Georges. Elle croise le chemin de Stevenson et de Saint-Jacques
sans jamais les imiter. Sa route à lui, n'en est pas moins chaotique
et le mène de La Joliette à l'improbable Bénévent-L'Abbaye. Dans
la Creuse. Synonyme de vide pour les béotien, car on y mène là-bas
de belles vies bien remplies. Mais on se demande bien : pourquoi la
Creuse ?

C'est
écrit avec beaucoup de légèreté et d'humour. Avec un supplément
d'humanité. Comme toujours quand c'est signé Estragon.
Editions
Edilivre -17 € - en vente dans les librairies ou sur le net
http://www.edilivre.com/la-diagonale-de-georges-le57455c11.html
Chronique du 28 mai 2013
Les
amis de Georges...
Quand
on pense qu'il y a des gens qui râlent parce qu'il y a du mistral et
qu'on ne peut pas leur dresser les parasols pour manger sur la
terrasse ! Vous vous rendez compte, ce qui peut rendre les gens
malheureux ! J'en connais d'autres, quand il flotte, même en juillet, qui se mettent un
disque de Moustaki, une entrecôte à la poêle et, bien à l'abri
dans leur cuisine, sont parfaitement heureux...
« Nous
avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour
nous reposer... » Ça me fait penser qu'il est mort, ce cono
de Grec. Et à cause de lui, là, pour le coup, mistral ou pluie,
j'ai vraiment les boules. Barbara, Brassens , Brel, Reggiani... A
dégager ! Pour le coup, je rends grâce à Edison et tous ceux qui
n'ont cessé de graver nos poètes chantants et d'en améliorer la
tonalité, du 45 tours à la clé USB. Car même à la retraite on
n'a pas assez de temps pour écouter tous ces trésors qui nous font
oublier que derrière les artifices et la déconfiture des Nouvelles
Stars, Popstar, The Voice et cette litanie de concours de chant à
la noix, se sont dressés d'immenses monuments de la chanson, sur qui
le temps n'aura pas plus de prise que sur Mozart, Rostropovitch, et
… André Rieu (non là je déconne).
Que
nous ayons quarante ou quatre vingts ans, nous avions tous une Gueule
de métèque dans la tête. Une grande barbe blanche, un sourire
discret, une bonté d'âme et un rien de nostalgie dans le regard
posé sur ce monde en capilotade. Moustaki entama sa carrière en
gribouillant des paroles de Milord pour la grande Piaf. Et en passant
probablement à la « casserole ». J'avoue qu'à l'idée
de finir dans le pieu de la petite Edith, j'aurais préféré sans
doute ne jamais rencontrer le succès. Voir même me taper une
tourterelle cacochyme. Mais, regardez, on n'en meurt pas. L'ami
Georges a survécu jusqu'à 79 ans et Charles rayonne encore !
Mine
de rien, même si ça ne rime plus à grand chose, il fut un
porte-drapeau de cet hédonisme dont on cherche confusément à nous
départir, tant il est capital pour ceux qui nous orientent, de
pousser à la consommation et à la seule recherche d'une place au
soleil. L'hédonisme cela ne consiste pas, comme les blondes, à dire
à tout bout de champ « et donc... » L'hédonisme, c'est
savoir profiter de tous les plaisirs essentiels et existentiels.
C'est pousser jusqu'à la folie, la nécessité impérieuse d'être
un homme libre.
Tout
le contraire de ces gogos -esclaves qui s'ignorent au point de se
croire malins, voire supérieurs- qui poussent leur caddy à toute
allure du jour et de l'ennui -même le dimanche- à Grand Var ou à
Ikéa. A ce sujet, j'ai une petite anecdote. L'une de nos voisines de
la place Lambert, par ailleurs cliente et donc amie, me racontait le
jour même de la disparition de Moustaki, qu'elle s'était laissé
piéger chez les marchands de tout, ces sauvages et iconoclastes
bandits suédois qui vous détroussent comme au coin d'un bois
(tiens ! Celle-là, elle est pas trop mal, je vous la donne). « Mon
Dieu, Jaco, j'ai pensé à vous. C'était horrible. Il y avait du
saumon partout et un émincé de poulet sans goût. Et vous savez
quoi ? C'était plein à craquer... »
Faute
avouée est à moitié pardonnée lui dis-je pour l'exaucer, afin
qu'elle aille en paix. Car même au bord du gouffre, avec les trois
derniers toulonnais qui savent encore ce que manger signifie, on sait
se montrer magnanimes. Il fallait bien que cette belle consommatrice
d'aligot et de charcuterie de l'Aubrac le touche du doigt, enfin en
l'occurrence, de la langue. Mais voilà ce dont on crève. Quelques
stratèges et lobbyistes de la distribution multinationale ont réussi
non seulement à abattre des montagnes de sapins pour tailler des
meubles immondes et parfaitement inutiles, ils ont canalisé des
bourgeois écervelés qui emplissent les stades et s'abêtissent
devant Top Chef, mais ils ont colonisé le peu d'esprit qu'il leur
restait. Car il faut vraiment avoir « Bobo » à la tête
pour aller ensuite s'empoisonner dans ces pseudo-restaurants, sous
prétexte qu'il y a beaucoup de monde. Mieux vaut autant s'arrêter à
l'hôpital de Sainte-Musse, où ce n'est sûrement pas plus
mauvais...
Bon,
que nous reste-t-il ? A espérer ? Plus grand chose, je le crains. A
défendre notre liberté. Mais n'est-elle déjà plus qu'une vague
vue de l'esprit ?
Ou
bien à brancher son phonographe, pour se laisser bercer sans
illusion, par : Ma liberté (bien sûr), Ma solitude (hélas), Le
temps de vivre, La philosophie, Voyage, Il était un jardin et Les
amis de Georges...
Jaco
Les
gagnants de la soirée sans rugby
Nous
étions
donc bien tranquilles place Gustave Lambert vendredi soir
avec quelques clients venus fêter la qualification d'Aubrac sur mer
parmi les meilleurs restaurants des environs. C'est en tout cas ce
que prétend le Guide Gantié, dont nous célébrerons ici la
quatrième plaque, la semaine prochaine. Voici donc une famille qui
avait choisi le steak tartare plutôt que les coups de klaxon barbares.
Il y a là, Catherine, Fanny, Lucienne, Stéphane et Patrick.
Nous
en aurons d'autres samedi prochain puisque nous organisons, à partir
de 19 heures, une grande soirée sans rugby pour 25 euros, apéritif
et café offert.
Coldsight
et The Larsens
S'il
n'y avait pas eu Olivier et Sébastien, deux jeunes hommes en noir
mais hauts en couleur, je n'aurais sans doute pas eu la moindre idée
de ce qu'était la musique « métal ». Grâce à eux j'ai
donc eu la curiosité d'aller en écouter un peu. Et c'est vraiment
très... particulier. Ça me change en tout cas de Bellini. Mais il
faut tout essayer, ça change. Et puis ces musiciens ne mangent pas
McDo. Pour eux ce sera menu Grand Aubrac et entrecôte de plus de 300
grs. Un régime qu'ils ne peuvent s'offrir tous les jours, mais qui
nous vaut de les voir rappliquer entre deux répets et une virée en
ville. Il y a donc Nicolas du groupe Coldsight qui prépare son
deuxième album et puis Jessica, Olivier, Sébastien et Fabien (The
Larsens) qui espèrent pouvoir faire partager leurs sons pour la
prochaine fête de la musique à Toulon. Ce qui est bête c'est que
j'ai complétement oublié de les prendre en photo pour vous les
représenter. Non je n'étais pas bourré, mais un peu fatigué !
Voici néanmoins une archive d'Olivier et Sébastien qui étaient
parmi nous, un lointain vendredi soir et qui étaient d'ailleurs les
seuls.
Chronique du 21 mai 2013
C'est
quand même bien peu de dire que Toulon est une belle ville. Placée
sous la protection de l'auguste Faron, qui jette son oeil vert
vigilant et bienveillant sur cette étroite bande citadine plongeant
ensuite vers l'infini de la plus belle rade d'Europe, on s'étonne
qu'elle puisse, aussi bien, incarner la souffrance. Elle arbore
pourtant fièrement ses couleurs. Le jaune du soleil, l'or du ciel,
celui qui veille, aux côtés du mont, sur cette épatante lumière
qui éclaire la ville quasiment toute l'année. Le bleu de ce ciel
obstiné qui s'impose d'azur de l'aube au crépuscule, où d'infinies
étoiles l'incrustent de diamants. Je ne souhaiterais pas à mon pire
ennemi -si j'en avais- de vivre ailleurs qu'à Toulon !
Mais
alors, vous demanderez-vous, qu'est-ce qui cloche à Toulon ? Ben
rien … Ah si ! Je viens d'entendre derrière moi, une voix perfide
et anonyme, me répondre : les Toulonnais. Alors là, attention ! Je
ne tolèrerai aucun discours allusif sur la dégénérescence de la
race -et de la rade-. Et même si je n'ai pas eu la chance d'y
naître, j'ai vécu plus de temps ici que partout ailleurs, je suis
donc plus toulonnais qu'un homme de 29 ans, né à Font-Pré. Bon,
je ne vais quand même pas le mentionner sur ma carte de visite, ni
moins encore m'en vanter, d'ailleurs il y en a suffisamment sur
place, qui font cela impeccablement !
Non,
ce qui m'a fait reprendre conscience de la pure beauté de cette
ville, c'est notre sortie en couple, mardi soir à l'Opéra -ou au
grand Théâtre car les deux se disent je crois-. Hors mis la place
Lambert, peut-être, qui mériterait un classement immédiat à
l'UNESCO, il n'existe probablement plus bel endroit au monde que ce
boulevard de Strasbourg dont l'éclatante blancheur, s'adoucit à la
nuit sous la caresse de lumières jaunes. Au milieu, éclate donc cet
Opéra flamboyant comme une ouverture de Rossini. On y pénètre
alors avec la même solennité, teintée de timidité, comme écrasé
-en tout cas dominé- par cette sobriété monumentale.
Nous
y croisons quelques artistes, des pdg, des internationaux, des ténors
du barreau et des barytons du scalpel. On se sent un peu dérisoires
au milieu d'une élite qui, comme un long vol de chauve-souris,
déferle la nuit d'on ne sait où, tandis que la plus belle ville du
monde se transforme, le jour, en coquille vide. Et en effet on se
sent peu de chose, lorsque la société évacue le parking Liberté.
Les BM, les Merco, les Audi, version cabriolet pour ces dames en
vison, façon 4X4 avec pare-buffle pour les messieurs à cigare.
Ouf, me disais-je en moi-même, les socialos ne leur ont donc pas
tout pris...
Ce
soir, on donnait la Flûte. De Mozart. L'oeuvre majeure, majuscule, est
l'une des toutes dernières du prodige qui, venant à peine de
naître, n'allait pas tarder à rejoindre le cortège de l'éternité
dans un Requiem forcément inachevé... La Flûte enchantée, vous
savez, c'est cet Opéra où la Reine de la nuit se lance dans une
sorte de vocalise incantatoire improbable et totalement virtuose.
Las, on lisait dans Var Larynx que la soprano américaine
avait la corde chevrotante ! Il faudra que l'on réécoute ça, parce
qu'avec une bonne, qu'est-ce que ça doit être !
C'est
l'histoire d'une initiation maçonnique, celle de Tamino qui avec son
encombrant compagnon de route -Papageno- doit réussir l'épreuve
d'intronisation organisée par le grand maître Sarastro, pour
mériter la main de Pamina, qu'il a lui même soustrait de l'emprise
équivoque de sa maman, Reine de la nuit. Ça a l'air un peu
compliqué comme ça, mais, rassurez-vous... ça l'est ! Surtout en
allemand.
Mais
alors qu'est-ce que c'est beau ! Tenez, on en pleurerait. Ou se
ferait frère. Pour rouler en BM. Parce que le coup du parking, tout
à l'heure, c'était ça. On ne se rend pas aux premières loges de
l'opéra en Twingo ni en bleu de travail... Mais attention, je ne
dénigre pas. J'ai, moi même de nombreux amis franc-macs.
D'ailleurs, dans cette somptueuse cité si tu n'as pas quelques amis
initiés, eh bien c'est simple, tu n'as pas d'amis ! Mais ne comptez
pas sur moi pour vous dire si j'en suis. D'ailleurs on m'a bien
recommandé de garder le silence. A l'instar de Papageno...
Enfin
voilà, tout ça pour vous dire que nous passâmes une somptueuse
soirée dans l'un des plus beaux endroits de la terre. Ce monument
édifié par M. Garnier, dix ans avant celui qu'il bâtit à Paris
sous son nom, reste aussi une merveille d'acoustique. La toile
marouflée de Louis Duveau, fresque de 15 mètres sous la coupole,
les anges soutenant les candélabres, les tentures et les ors, font
de l'intérieur du théâtre quasiment l'égal de son architecture
extérieure devant laquelle, en bon toulonnais, Raimu trône,
plastronne même, fièrement.
Nous
assistions, avec Marie, à notre premier Opéra. Nous fêtions là,
nos trente-cinq ans de mariage. Et attention à celui qui viendrait
à dire, qu'après tout ce temps, ma flûte est forcément
désenchantée...
Jaco
J'adresse mes
amicales salutations à Claude-Henri, l'heureux directeur du temple de
la musique, ainsi qu'à Sylvie et Patrice, nos fidèles violon et
contrebasse
la flûte enchantée de l'Aveyron
Et
un
grand merci à mon ancien confrère et ami, René (G) dont la
plume et les indiscrétions d'ovalie ont agrémenté la lecture de
Nice Matin pendant fort longtemps. Il était un peu le Tamino de
notre maître à tous, le Grand Raymond (B) chantre du RCT et de
l'Opéra. Mais il défend toujours avec la même énergie cette ville de
Toulon qu'il fait encore visiter -photo ci-dessous-. Sous sa sublime
crinière blanche, bout encore cet esprit
potache et goguenard. Comme nous le cultivons ici, sans prétention
aucune...
« Vous
prenez un ancien journaliste, accroché au rugby en général et au
R.C.T en particulier. Vous y ajoutez quelques miettes du R.C.H
avec quelques touches de safran à la manière du mec bonnard de Dédé
Véran. Sur la partition, un superbe Sarastro, bien constitué, à la
voix solide et solennelle. A ses côtés, deux amants que vous
découvrirez en bouche avec des sensualités et des recherches
existentielles. Agrémenter le tout avec un Papageno irresistible et
une Papagena qui vous laissera baba dès lors qu'elle aura levé son
masque de vieillarde.

Dans cet univers maçonnique où la numérologie est symbolique jusqu'au chiffre 7 et les triangles associés en étoile, vous servirez l'ensemble en toute fraternité en n'oubliant pas d'aimer l'aligot, le cassoulet et les tripous....Sans oublier que les rad- socs du Sud Ouest aiment bien la Flûte Enchantée et son symbolisme...Amicalement et au plaisir de venir à Aubrac sur Mer.
Chronique du 14 mai 2013
Reconstruire
votre palais
A
défaut de rebâtir un centre digne d'une grande ville baignée de
soleil et bercée de souvenirs, faute de ne pouvoir reprendre
l'architecture portuaire par le bon bout et dans l'incapacité de
déplacer la montagne de Grand Var vers la rue d'Alger (comme tous
les élus, ceux qui en avaient le pouvoir, l'auraient dû faire),
j'avais entrepris de reconstruire le palais des toulonnais.
Cela
faisait belle luette que j'y pensais tout en pressentant que ce
serait un travail de longue et -peut-être aussi de mauvaise-
haleine. Lorsqu'après l'avoir eu sur le bord des lèvres, puis en
avoir pris langue, j'eus trouvé ce local, Place Lambert, à me
mettre sous la dent, je reçus toute l'ingratitude des uns et
l'immense ignorance gustative du plus grand nombre dans les gencives.
Et dans la bouche.
Difficile
dans ces conditions de retrouver goût au combat, surtout lorsqu'un
samedi soir de mai, on parvient à rassembler la foule totale et en
folie de... six personnes !!! Sans doute l'écrasante majorité des
500 000 clients potentiels ne sont pas sortis de chez eux, préférant
ranger dans leurs coffres et recompter sous le matelas, leurs
morceaux de fromage (déclarés ou non), mais combien se sont encore
précipités dans les pièges tendus à tous les coins de centres
commerciaux et de plages par les spécialistes de la
« restaugélation» ?
Pour
reconstruire au centre ville, le palais de Toulonnais -sans doute
bombardé pendant la guerre ou définitivement aseptisé sous
l'influence des invasions britanniques à répétition- j'avais
pourtant employé les grands moyens. Imaginez le marbré, la
consistance et le coloris chatoyant de ces pavés de rumsteck, ces
imposantes colonnes de saucisse, ces entrecôtes monumentales
dominant l'édifice, le tout subtilement scellé avec des tonnes
d'aligot confectionné à la bétonnière. A part l'éclairage, les
poubelles et la fontaine -pourtant bien nommée *- tout fonctionne
admirablement pour accueillir des milliers d'autochtones. Nous avons
même mis à leur disposition quatre parkings à proximité, pour
qu'ils puissent marcher dans la ville et profiter des alizés sans
trop s'épuiser.
Tout
était donc fait, dans le faste et le goût de la fête, pour les
détourner de Grand Var où, tels des zombis (ou hétéros), ils
déambulaient la mine triste, le teint jaune et l'estomac lourd. Nous
leur désignions du doigt leur boite à gants : cherchez bien, votre
cerveau à dû glisser au fond. Vous voulez manger de la viande ?
Alors évitez à tout prix « l'Hippopotame » préférez
l'Aubrac. C'est pas plus cher, c'est bien meilleur et ce n'est pas
planté dans une zone intellectuellement insalubre mais dans une
ville où bat le coeur de la civilisation (même bien chancelante).
Nous les invitions, pour une fois au moins, à faire comme les
autres, partout en France et dans le monde : pour sortir le soir et
passer un bon moment, venez en ville … D'ailleurs pourquoi ne pas
rêver ? Les gens aisés, les jeunes et même les élus pourraient
découvrir Toulon et en conclure que ce n'est pas si mal ! Ce serait
une belle révolution de... palais.
L'un
de nos fidèles, un médecin « à l'ancienne », tentait
de m'expliquer l'autre jour pourquoi ses collègues d'Hyppocrate, au
même titre d'ailleurs que d'autres professions libérales ayant
signé le serment d'hypocrites tout en profitant de la zone franche
(merci de passer dix secondes sur cette architecture sémantique
basée sur l'oxymore) ne fréquentait pas Aubrac sur mer : « Ce
que vous faites à manger est excellent et leur conviendrait très
bien, si vous le leur serviez sur des nappes blanches... » Ah
d'accord ! Avec Marie portant le chignon et Stéphanie la queue de
pie ?
Il
a certainement raison le brave homme, mais pour recevoir une poignée
de toubibs en goguette avec leurs labos pharmaceutiques préférés
et une bande de coquins du barreau*, il est hors de question que je
me mette une plume dans le cul. Geste infiniment délicat que je
n'entreprendrais, qui sait, que devant une tablée de grands
écrivains.
Bref,
qu'ils continuent à se précipiter en meutes en ces lieux branchés
et nappés où
les
plats n'ont pas plus de goût qu'eux, souvent pas d'origine
identifiable mais qui, tout en étant à bas coût, restent hors de
prix compte-tenu du dégoût qu'ils inspirent. En évoquant la classe
-sociale qui ne va pas toujours de pair avec la comportementale- nous
avions en ce samedi de famine -et crise sur le gâteau-, un couple
arrivé à vingt-deux heures et qu'il fallut évacuer à une heure
dix. Deux clients uniques, ce samedi soir de mai, qui m'ont valu de
travailler 18 heures pour un salaire horaire digne des petites mains
pakistanaises ! En partant, de gauche à droite et de haut en bas,
bras dessous mais pas déçus, la dame déclama dans le lourd silence
de la rue de la Glacière : « D'habitude quand je suis
bourrée je ne sens plus rien de ce que je mange. Et bien là,
Monsieur, chapeau ! j'ai trouvé ça très bon... » Et
même s'il le faut, malgré trois litres de rosé, le pastis et
l'armagnac, ils n'auront pas été malades.
Peut-on
imaginer meilleur compliment ?
Jaco
* Nous avons évidemment d'intègres clients -et parfois amis- toubibs
et avocats
*
Fontaine du Vieux Palais
|
Situation : Place Gustave Lambert Date de construction : 1776 Caractéristiques : Le vase délicatement sculpté est surmonté de 4 dauphins soutenant un fleur de lys. Architecte : Brun Tailleur de pierres : Votier Histoire : Sur la place Saint-Pierre Source : http://lesfontainesduvar.free.fr |
Madrid,
ni barjot, ni frigide
Je
n'évoque que rarement mes voyages. D'ailleurs je ne voyage
jamais. J'ai horreur de ça. Il semble que tous les snoc, via
Facebouc, se donnent rendez-vous dans les aéroports. Il faut dire
que lorsqu'on est de l'Aubrac, que voulez-vous que l'on aille se
perdre ailleurs. L'Aubrac, si vous préférez, c'est un savant
compromis du reste du monde : de la Mongolie à la Sibérie en
passant par l'Alberta. Du coup, je croyais tout connaître (!) et je
suis tombé de haut.
Ce
week-end, je suis allé au bout du monde. Enfin ce week-end, il faut
préciser lequel. Parce que, entre la fête des fainéants, celle du
soulagement -une victoire sur les Allemands mérite, par les temps
qui courent, une tournée supplémentaire- et de tous ceux qui
consentent à monter au ciel sans demander leurs reste, les
célébrations de mai, ressemblent davantage à une retraite
anticipée ou, à tout le moins un deuxième mois de congés payés.
Alors franchement, pour un pays en crise, entre ceux qui sillonnent
le royaume désuni de Twickenham à Dublin, en passant par Nantes et
probablement Paris, ceux qui partent au soleil ou préfèrent les
musées en passant par "les ceux" qui filent à Madrid... pour un pays
en crise disais-je, bravo !
Le
bout du monde, pour moi, c'était Madrid ! Une destination à des
années lumière, que je n'aurais jamais affronté sans ma bergère
hispanisante qui, malgré un froid aux pieds chronique, ne semble pas
considérer les ibères trop rudes, même début mai.
Au
bout du monde nous y étions. Et nous qui paraissons tous les jours un
peu plus au bout d'une époque, au bout du rouleau et à bout de
nerfs, eux, ces conos, ils sont en plein boum.
Déficit
budgétaire abyssal, taux de chômage spatial, perspectives inter
sidérantes et ils sont tout sourire les types. Nous, il suffit qu'on
nous enlève vingt centimes d'impôt et que l'on prononce ce seul
mot, pour nous déformer la gueule comme si on venait de perdre un
proche ou, pire, comme si Wilkinson souffrait d'une gastro...
Pas
une merde le long de la plus petite calle ; pas un seul
clébard qui pourrait en être le déposeur ; pas un seul pochard
pissant la bite à l'air et la tête altière ; pas un 4X4 avec le
pare-buffle pour vous pomper l'oxygène, pas même une vieille Seat à bout
de souffle ; pas une poubelle
éventrée le long d'un trottoir, pas même un mégot de clope ; pas
une altercation, une interpellation. Sidérant. A une heure et demie
de Toulon à vol d'Airbus (hélas c'était un Boeing), il existe des
millions de gens qui savent se tenir proprement et vivre joyeusement
ensemble.
Deux
choses m'ont plus particulièrement épaté et méritent que nous
les partagions. Nous nous trouvions là-bas le soir d'une demi-finale
de Ligue des Champions. Un événement planétaire, puisqu'il s'agit
de foot. Et je n'imaginais pas que les Madrilènes puissent échapper
à ce terrible phénomène qui transforme un homme aux apparences
normales en hystérique décérébré éructant dans un langage
préhistorique sa préférence pour les « Rouge » et son
abhorration des « Noir ». C'est simple, le jour du match
en me promenant dans Madrid ou les spanzers du Borussia défilaient en
Jaune sur la Puerta del Sol, je me demandais encore quelles pouvaient
être les couleurs du Réal. Certes avec quatre buts à rattraper,
les « Bleu et Blanc » en avaient pris un sérieux coup
derrière la cabeza, mais on sent bien qu'ici le sport n'est pas à
la base de tout discours sur la méthode ni des grands traités
philosophiques.
La
seconde, c'est l'histoire très simple des halles San-Miguel -près
de la plaza Mayor pour ceux qui connaissent-. Un monument de verre
du XIXe transformé en temple des tapas. Mille personnes dans des
allées pouvant en recevoir -raisonnablement- trois fois moins. Eh
bien, un verre de « tinto » dans une main, une brochette
de mejillones dans l'autre, tu peux traverser de long en large sans
jamais être estomaqué par un coup de coude, un regard furieux, une
invective, ou une bousculade. Et si cela doit arriver, tu comprendras
puisque ce sera dit en Français. Bref, tandis que tant de gens sont
si fiers de l'être, je me suis senti un peu minable. Quoi que, sur
ce coup je me sois aussi bien comporté, je vous le promets. Mais je
me marrais tout seul en imaginant la même scène de l'autre côté
de la frontière, à Perpignan par exemple !
Nous
étions le premier mai et en Espagne, ce jour est l'un des symboles
forts pour un peuple sorti de la dictature franquiste il y a moins de
quarante ans et qui se retrouvait là, naguère, sur la place et la
menace des blindés du généralissime. Une dictature pouvant en
cacher une autre, c'est celle de la finance et de ceux qui la
manipulent, qui pousse Madrid dans la rue. Mais encore et toujours
sans la moindre trace de désordre et d'agressivité
Certes
le patron du syndicat CNT ne semblait pas débiter dans les hauts
parleurs de la puerta del sol une comptine pour gamine sortant pour
la première fois sans sa couche... Il avait des choses à marteler,
le type, contre la récession et la politique ultra-libérale qui a
conduit -aussi- les Espagnols à rêver de richesse, alors qu'ils
auraient pu se contenter de vivre. Et dix minutes après le passage
de la manif, un escadron d'agent municipaux (et non de je ne sais
quelle société privée capable de faire travailler ses employés),
s'activait à éliminer toute trace d'une colère somme toute
contenue à la pose hardie de quelques autocollants et l'abandon
subversif d'un mégot de cigarettes.
Mais
ne mégotons pas, ce pays est propre comme une péséta neuve. A tel
point que même le bon général Franco se réjouirait de telles
tempérances. J'ai peine à croire que notre cher Maréchal
éprouverait la même fierté à notre égard. Nous qui avons tant de
difficulté avec le travail et infâmons la famille en la laissant
dériver vers ces salauds d'homos qui veulent nous piquer nos enfants... Heureusement la patrie sera
sauvée par une moralisatrice qui s'est autoproclamée Frigide... et
qui le porte sur elle !
En
Espagne ils se sont indignés pour moins que ça ! Dignement...
Jaco
Chronique du 30 avril 2013
La fureur de vivre...
Bon,
je rentre pour écrire cette chronique. Je viens de m'en fumer une et
elle était bonne. Ceux qui me connaissent doivent s'étonner, car je
ne fume jamais le matin. Mais, exceptionnellement, nous sommes le
soir. Oui, parce que dimanche, à l'aube, je fais comme tous les
snoc. Je prends l'avion pour le week-end. Je pars à Madrid. C'est
pas moi, monsieur, je vous l'jure. C'est ma femme qui a des envies
d'Espagne. J'aurais pu lui offrir un seul billet, mais elle serait
foutue de trouver un Hidalgo -pas Michel, franchement vous l'avez vu
ces derniers temps ?-... Remarquez, ce pourrait-être la solution,
moi qui recherche la tranquillité ! Mais ce n'est pas là notre
affaire...
Et
puis l'Espagne, même si ça ne vaut pas la Grèce, c'est bien quand
même ! On y rencontre des tas de gens qui sont deux fois plus dans
la merde que nous. Vous avez vu ? Plus de six millions de chômeurs ! Finalement on a encore de la marge...
Fumer,
c'est quand même agréable. Et je me demande bien pourquoi nos
gouvernants s'obstinent à tellement vouloir nous en dissuader. On
serait de bien meilleure humeur si l'on n'était pas contraints à
cette abstinence quasi généralisée. Qui vient en corolaire à tant
d'autres frustrations. Car c'est toujours au même âge que l'on
cumule les interdits. Certes nous sommes encore libres de faire
l'amour, il ne nous manque plus que l'envie et surtout le partenaire
qui la suscite. Où alors il faudrait d'exceptionnels moyens. De
constitution ou de liquidité.
On
pourrait picoler aussi. Une clope, un vieux bas-armagnac, quoi de
mieux pour se rasséréner à défaut de se régénérer ? Mais là,
pareil, il y a les campagnes de pub : « Un verre ça va, trois
verres bonjours les dégâts. » Où alors : « Tu t'es vu
quand t'as bu ? » Et merde, tu jettes ton verre et tu finis
devant Kho Lanta à t'emmerder sur TF1 devant des snoc en short qui
bombent le torse en avalant un ver.
Je
ne
vous parle pas d'un repas gargantuesque à Aubrac sur Mer. S'il
n'y avait ces conos de toubibs qui vous observent avec un air
condescendant pour les meilleurs, avec un regard menaçant pour la
majorité, tout irait pour le mieux. Un plateau de charcuterie avec
son jambon et sa saucisse qui vous place déjà en position
d'attaque... cérébrale. Suivi d'une belle entrecôte bien grasse de
plus de 300 grs et d'une assiette de fromages surdosés en bactéries
(Néanmoins j'admets l'absence lacunaire de frites qui à elles seules
peuvent dévaster la planète).
Une crêpe au cointreau ou une croustade pour vous achever, le tout
arrosé d'un Flars de Marcillac et d'une eau de vie de prune pour
lever tous les doutes.
Et
après la gnole, la bagnole. Avec un gramme, qu'est-ce que tu
risques ? Qu'est-ce que tu risques ? De garder ta prune en travers
pour un sacré bout de temps. Parce que maintenant, avec seulement la
moitié, tu en as pour deux fois. Tu t'enfiles un pastis et au
deuxième verre de pinard, tu t'arrêtes net lorsque le rouquin
entame le dernier tiers. C'est qu'à défaut d'éthylotest
-finalement non obligatoire parce que le fabriquant exclusif était
un ami de Sarko mais pas de Hollande- il te faut te munir d'un
mètre-ruban pour mesurer ce que tu t'envoies dans le gosier. Qui
finit par être terriblement sec à moins de commettre l'imprudence
d'absorber de l'eau sur un tripous de Conquet ou un laguiole « grand
Aubrac ».
Je
ne suis décidément pas un grand stratège politique. Je croyais
vaguement avoir une idée de ce qu'était le social avant que tous
les gens de droite me crachent à la figure et que ceux de gauche
balaient mes dernières espérances jauressiennes (ce qui revient à
parler de l'ère jurassienne). Quand à l'économique, j'ai toujours
eu conscience d'appartenir à la catégorie des comiques incultes.
Mais quand même, il me semble que si j'avais le moindre pouvoir de
remettre notre système en marche, je replacerais toutes ces bonnes
choses au coeur de notre consommation compulsive.
Quand
on voit ce que rapporte les taxes colossales sur le tabac, l'alcool
et le pétrole, je donnerais illico pour consigne aux moralisateurs
de tous poils (les ligues de ceci et les fondations de cela) de
garder leur prêches et leur reproches pour leur seul usage privé.
Je
passe évidemment sur les courbes statistiques du moral des français
qui remonteraient en flèche, lorsqu'ils seraient interrogés, clope
au bec, après un beau gros cassoulet et une belle biture. Certains
seraient même foutus à cinquante berges de trouver leur femme
consommable et de leur filer une dernière cartouche. Les types
laisseraient dans leur cartouche -de cigarettes-, leur stock
d'alcools forts et leurs litrons d'essence consommés nerveusement à
deux heures du matin, le double, peut-être même le triple, dans les
caisses de l'état, que ce qu'ils versent tristement aujourd'hui,
rongés par la culpabilité et la concupiscence.
Je
ne sais pas compter au delà de 500 euros (c'est ce que je gagne par
jour, mais une seule fois par mois), pourtant il me semble que les
petits milliards de taxes ramassés chaque année par l'état
connaîtraient un engraissement exponentiel. Et à nous la belle vie
!
Enfin
pas trop longtemps quand même ! Car une telle relance de la
consommation de nos goldiches sans filtres, de nos gros rouquins et
de nos petites poires -le tout en appuyant gaiement sur le
champignon- aurait pour effet de relancer en grandes pompes...
funèbres, l'industrie de la menuiserie et de la marbrerie. Car
tout ce que j'énumère depuis que je me suis mis à composer la
chronique la plus importante -peut-être- du XXIe siècle, flatte et
concerne l'industrie française : Altadis, LVMH, Total, AFIF. Un
platane à quarante ans, un infarctus à cinquante, un cancer à
soixante, le SIDA à soixante dix...
Vous
imaginez le nombre d'emplois libérés ! Et pas n'importe lesquels,
puisque ce sont de joyeux drilles expérimentés, qui s'en iraient
rejoindre un monde définitivement égalitaire, en pleine santé -ou
presque- et, certainement, d'excellente humeur. Terminé le chômage
et vive l'ascenseur social.
Quant
aux retraites, je vous dis pas ! Avec tous ces gens heureux qui
casseraient leur pipe en même temps que leur verre ou leur auto, il
y aurait bien plus de cotisants que de bénéficiaires. On pourrait
même abaisser l'âge de départ à cinquante-cinq ans, vu que plus
grand monde n'y parviendrait...
Pareil
pour la sécu. Plus de remboursements de listes de médocs -et autres
placébos- délivrés à tour de bras par les toubibs et leurs amis
des -col- labos. Plus d'aide à la personne qui coûtent un oeil ni
de maisons de retraites où toute la collectivité est saignée à
blanc pour engraisser quelques notables...
Alors
vous êtes convaincus ? C'est tellement simple...
Pour
se sortir de la crise, il y a toujours autant de snoc qui prétendent
qu'il faudrait « une bonne guerre ». Moi je vous le dis,
il ne reste qu'une solution : prendre du plaisir à vivre... Il
faut juste avant se débarrasser des snoc. Oui, je sais, vaste programme...
Et
pour le reste, ma foi, vous mes amis lecteurs du blog qui supportez
mes blagues depuis plus de trois ans (et celles de mon beau B.O.
depuis bien moins longtemps heureusement !!!), vous n'êtes pas
obligés de prendre tout ça au sérieux. Même si l'ineptie peut
accidentellement vous conduire à la réflexion.
Jaco
Stéphanie...
versaire
Elle
est gonflée notre Stéph, elle vient tranquillement se faire servir
alors que nous sommes encore à la mine, en cuisine. Remarquez
samedi, elle était plutôt la bienvenue avec ses deux adorables
minots -Léona et Matéo- puisque la salle sonnait plutôt vide et
que nous étions donc tout heureux de nous occuper un peu. Et puis
on a pas tous les jours 27 ans. Ça n'arrive même qu'une fois dans
la vie. Alors nous étions ravis, avec Awa, de lui souhaiter un bel
anniversaire et tout le bonheur qu'elle mérite.
On
en a plein le Mc Do !
Ça
y est nous y sommes. On confirme, c'est la crise. A force d'entendre
sur toutes les ondes et sur tous les tons, que le déficit rongeait la
société et qu'il fallait accroître le chômage pour réduire la
dette, le Français moyen (et quand on, dit moyen, c'est par grande
indulgence) a placé tout son pognon dans les destinations
ensoleillées et à l'ombre, chez nos amis banquiers qui, du coup, ne
se sont jamais aussi bien portés.
Et
nous, à force de baisser la tête en se disant qu'on allait finir
par y arriver, ça y est nous y sommes passés... sous la barre des
cents. Et de l'indécent ! Moins de cent clients la semaine, c'est
aussi moins de quinze par jour. C'est surtout insupportable.
Intenable !
Certes,
nous avons réussi à rentrer dans Toulon sans bouchon. C'était une
consolation... mais un mauvais signe. Nous n'en avons quasiment pas
fait péter un de la semaine, de bouchon. Mon banquier (encore lui)
et mon comptable ne devraient pas tarder à m'appeler en me disant :
« Oh ! qu'est-ce que vous faisez ? » (les comptables ont
souvent des problèmes de syntaxe)
Qu'est-ce
qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait... ils en ont de drôles eux ! A
moins de tenir une restaurant qui ne fait pas à manger mais où les
jeun's aiment à se retrouver au Mourillon ou sur le pauvre port de
Toulon en train de s'esbaudir devant une carapace reptilienne, je ne
vois plus très bien ce qu'il reste à faire pour sauver les meubles
et sauvegarder la race Aubrac !
Une
fois le constat fait, on ne peut s'en prendre à personne sinon à
nous même. A moi-même, oserais-je, si je n'avais crainte de
sembler me vanter. La preuve est bien établie que, quatre ans de
commerce ne m'auront pas suffit pour devenir un professionnel de la
restauration.
Etre
pro, ce n'est pas accueillir le client bras ouverts et sourire
naturel ; ce n'est pas lui offrir les meilleurs produits de la
création en se réservant la plus infime marge ; ce n'est pas le
servir à sa convenance en se rendant disponible et lui offrir le
café -et même le « pousse » le soir-.
Etre
pro, ce n'est pas se démener pour le client, c'est au contraire, le
malmener. Se garder de tout égard et de toute prévenance. C'est lui
refiler n'importe quoi. C'est faire croire qu'il va bien s'en tirer
et lui enfoncer la note aussi loin que possible dans le trou de
balle...
En
rentrant trop tôt à la maison, vendredi soir, j'ai pu mesurer la
queue -basse- au « drive » du « Mac de mes deux »
à La Garde. Vingt voitures qui attendaient leur hamburger et leurs
frites à vingt-trois heures ! Avec à bord, la moitié d'obèses et
l'autre de dégénérés, certains cumulant le luxe des deux. Ah ça,
Monsieur Do, son banquier et son comptable ne sont pas prêts de
l'appeler pour lui demander « Oh, qu'est-ce que tu fous ? »
Foutre, lui, c'est son métier à M. Do. Un vrai pro.
Et
ça ne va pas s'arranger. Et on n'a pas fini d'enrager ! Parce que
figurez-vous que l'Europe fédérale -celle qui n'a de cesse de nous
tordre le kiki – a rejoint l'OMC, le truc censé régler la
circulation -... mais en aucun cas la morale- du commerce mondial,
pour autoriser derechef la libre circulation et l'exportation du
boeuf des Etats-Unis. Soit quelques centaines de milliers de tonnes,
dont nous n'aurions en théorie nullement besoin, vu que les bovins
en France on sait les produire, c'est même à ça qu'on nous
reconnaît !
Le
boeuf américain, vous savez, ce truc difforme que l'on identifie
uniquement grâce à ses cornes et qui a couté sa carrière au
cycliste Contador, lequel a eu le malheur d'en ingurgiter une seule
tranche et dont tous les contrôles anti-dopage ont fini par virer au
rouge ! Rendez-vous compte que ces bovins absorbent autant de
produits qu'un sportif de haut niveau, alors même qu'on ne leur
demande ni de pédaler, ni de sauter, ni d'ailleurs de pousser en
mêlée, même si en l'espèce, on peut leur reconnaître quelques
qualités... hormonales. Que leur demande-t-on d'autre qu'un peu de
tendreté, de saveur et de constance dans l'assiette ?
Avec
la réouverture de nos frontières à la viande nord-américaine, non
seulement nous nous empoisonnons à petit feu -ou bien plus vite-
mais nous allons finir par éradiquer tout ces conos de petits
producteurs qui se battent pour maintenir des élevage de qualité,
avec des normes draconiennes de soins et d'alimentation en sorte que
nous ne mangions que des produits, sains, naturels et paysans.
Tout un tas de concepts qui freinent inutilement la progression de l'agroalimentaire et de la pharmacopée ainsi que la prospérité des grands groupes multinationaux domicilié au Luxembourg ou aux Caïman, qui portent si explicitement leurs noms.
Tout un tas de concepts qui freinent inutilement la progression de l'agroalimentaire et de la pharmacopée ainsi que la prospérité des grands groupes multinationaux domicilié au Luxembourg ou aux Caïman, qui portent si explicitement leurs noms.
Grâce
aux experts de l'Europe, de l'OMC et de leurs chers lobbies qui les
engraissent aussi généreusement que leur boeuf, nous allons aussi
pouvoir -en foin- éradiquer tous ces écolos-rêveurs, tous ces
malfaisants qui, dans leurs coins perdus, s'ingénient à contrarier
l'ordre mondial avec leurs races Aubrac, Bazadaises, Salers et
autres Montbéliardes dont on se demande bien à quoi elles peuvent
bien servir, puisqu'elles ne rentrent pas entre deux tranches de
brioche décongelée ?
Violation de violon
Et
comme
rien ne nous est épargné, voici qu'un homme et son violon ont élu
domicile au Bottier d'Orsay de sinistre apparence. Je ne dis pas
violoniste car ce serait un outrage à notre amie Sylvie et à toute sa
corporation. Le pauvre bougre secoue son archer sur de tristes
cordes et ce n'est pas seulement faux, c'est lugubre. En fait, il ne
manquait plus que lui !
Mais
on ne baisse pas les bras, nous allons tenter de le convaincre d'aller
se produire place du théâtre, aux abords de l'opéra...
Chronique du 16 avril 2013
Bouchon
de grand millésime
J'ouvre
les
volets et il fait beau dis-donc ! Vous me direz que « la
météo » l'avait prévu. Ah ? Mais je ne la regarde pas, car
j'aime bien, encore, être surpris par la nature. Avec leurs
satellites et leurs radars, ils nous emmerdent à nous donner le
temps qu'il va faire dans deux mois. A tout bout de champ et sans
même qu'on le leur demande. Remarquez, moi je n'ai pas un matériel
aussi sophistiqué, mais c'est fiable aussi. Quand je vois les snoc
en débardeurs et ray-ban, prostrés, voire prosternés place du
Mûrier ou sur ce qu'il reste du quai Cronstadt, je me dis que l'été
va finir par arriver. Et que Toulon va encore briller de toute sa force
d' inertie. Car s'ils ne viennent pas trop travailler lorsque le temps
est incertain, parce qu'ils sont en dépression, ils ne se pointent
plus du tout au taf lorsque l'astre blond les envoûte dans ses
grands rayons. C'est curieux qu'ici on vote très confortablement -et
fièrement- à droite, parce que Martine, quand même, avec ses RTT,
elle nous a rajouté un bon mois de soleil gratos et sans même un
arrêt maladie...
Si
je devais prendre la mer ou planter des melons, j'aimerais certes
savoir quel temps on me promet la semaine prochaine, s'il vaut mieux
renforcer les voiles ou réparer le tracteur dans l'atelier. Mais là
en voiture, qu'est ce que je risque ? Ah si ! je suis a peu près
assuré d'y passer une demi-heure de plus et d'avoir, à midi, du mal
à faire cuire mes quiches. Parce que s'il pleut, c'est le bouchon
assuré. Ici la conduite reste un exercice très approximatif, mais
sous la pluie c'est à tâtons et la paille au cul qu'on se contracte
sur le volant. Enfin ce bouchon-là ne paraît pas constituer la
définition idoine. Parce que moi, passer une heure pour faire vingt
borne ça me fait c... Et c'est bien d'un bouchon dont j'aurais
besoin dans ces cas d'urgence (la bande étant toutefois interdite à
ce genre de soulagement pourtant largement légitime).
Ça
bloque vraiment partout. Du coeur du village, conçu pour abriter
quatre mille autochtones, mais où les élus, les collectivités et
leurs grands amis promoteurs ont trouvé très malin, sûrement très
enrichissant... humainement (!!!) d'en recevoir trois fois plus. Je
ne sais trop ce qu'Alphonse Allais a écrit d'autre, ni où il allait
en écrivant cela (au début du XXe si je ne m'égare) mais il fut
bougrement prophète en évoquant l'idée de construire les villes à
la campagne. Bravo, mec, c'est fait ! Avec tes seirennoc, on y
est... à la ville. Et rien n'est fait, évidemment, malgré
l'apport colossal de taxe d'habitation et d'impôts fonciers, pour
améliorer la fluidité de la circulation.
Il
fait quelques gouttes et même les kamikases (c'est ainsi que je
nomme les motards qui s'élancent au milieu d'une file
d'automobilistes dont la moitié ne sait pas conduire et l'autre
moitié téléphone) sont au volant. Nous sommes tous là et de plus
en plus. Nous, à Cuers, on est en queue de défilé, avec ceux de
Besse, Carnoules et Pierrefeu. On va rejoindre ceux de Sollies :
Pont, Toucas et Ville. Sans oublier Belgentier, Méounes et Saint
Maximin. Et là, à vingt bornes de Toulon, pof ! Terminé, arrêt,
on aurait même le temps de caguer, si l'on trouvait un feuille de
Var Mat coincée dans une friche... Et l'on repart rejoindre ceux de
la-la-la (Farlède, Garde, Valette). On se demande où il vont ? Pas
à Toulon tout de même, vu qu'à part place du Mûrier et quai
Kronstdat il n'y a rigoureusement personne d'autre que les
autochtones dans leurs tenues folkloriques et une vingtaine de
rugbymen anglais gavés de testostérone. Ou alors, il viennent
déjeuner à Aubrac/mer. Si c'est ça, j'ai intérêt à me
grouiller...
Bon
! Je tiens un début d'explication : on me souffle dans l'oreillette
que ce sont les parents qui emmènent leurs marmots à l'école ! Ah
bon y en a tant que ça ?
Trois
quart d'heure ! Voilà pour le tarif d'ami. Cela peut faire beaucoup
plus cher si deux couillons se sont gentiment défoncés le fion. Au
lieu de se ranger fissa sur la droite pour établir leur constat,
non, ils se plantent là sur la voie de gauche. Se prennent la tête
dans les mains. Catastrophe ! le pare-choc de leur belle auto
fabriquée en Roumanie (ou en Allemagne et là, c'est tant mieux pour
eux !!!) est cabossé. Il vont passer pour qui maintenant ? Pour des
pauvres ! Et que je te parlemente avec l'autre « oui mais vous
devez rester maître de votre véhicule... » et toi, derrière,
tu en reprends pour un quart d'heure. D'autant qu'en passant, les
autres vérifient scrupuleusement qu'il n'y ait pas un beau macchabée
à mater ou, au minimum, un peu de sang à raconter.
Et
puis le bouquet final. Pour faire rentrer des milliers de voitures
dans la ville, je ne sais quels ingénieurs et fonctionnaires, ont
décroché le pompon. De trois voies on passe à une seule. Un goulot
de grand millésime ! Et cachet de cire sur le bouchon, à la sortie
de l'autoroute on met un beau feu rouge. Celui-là, il sert certes à
faire passer trois voitures qui se baladent dans les rues agaçantes,
mais maintenant, j'ai compris. Il sert surtout à emmerder ceux qui
insistent encore pour entrer à Toulon, jusqu'à ce qu'ils en soient
dégoûtés. Quand, enfin tu te gares -en payant parce qu'ici rien ne
se donne-, tu as pollué l'atmosphère pendant une heure, ça t'as
coûté un bras d'essence et de bon matin, tu es nerveusement usé
comme si tu avais bossé toute la journée.
J'ouvre
les volets et c'est beau. L'herbe folle court dans le jardin et le
petit air matinal joue dans les pissenlits éclatants de jaune, les
barres de Cuers se dressent comme une muraille protégeant de tous les
tourments. Ça ne sent pas la pisse. Je ne vois pas l'alcolo matinal
me dégobiller quasiment sur les pieds, ni le « fatigué »
avec son chien qui lui désigne mon mur pour se soulager, ni les snoc
de voisins se garer sur ma terrasse. Je ne vois que des fleurs. Je
hume le printemps, je présume le bonheur.
Et
là-bas, Toulon se vide désespérément de son âme, de ses
tripes... En plein milieu de la place.
Jaco
PS – En raison des
vacances scolaires, la circulation sera fluide ce matin. Mais méfi,
dans quinze jours, nos boutonneux reprennent le chemin de
Dumont d'Urville.

Bonne nouvelle, le quai du port de Toulon est en train de s'effondrer en raison de l'érosion. Si les eaux persistent à monter, nous pourrions avoir la mer, place Lambert, d'ici quelques siècles. Et à nous la terrasse avec les types en débardeurs et en ray-ban !
Chronique du 9 avril 2013
Quelque chose en moi de franciscain ...
Je
sais que mon papa ne lira pas cette chronique car je l'ai, pour
quelques jours, sous la main et à la maison, loin de son ordinateur.
J'en profite alors pour signer, après deux pétitions favorables à
la moralisation de la vie publique, une chronique un peu plus engagée
qu'à l'accoutumée. Elle ne vise ni à blesser, ni même à
convaincre ou éveiller la moindre conscience -ce serait trop beau-,
mais à me soulager. Vous connaissez cette sensation. Oui, car même
pour les moins chanceux, se retrouver sur le « trône »
et se débarrasser de quelque encombrements intestinaux, constitue
une manière démocratique de bien-être. La métaphore est un peu
scabreuse -scatologique dira mon B.O, je sais- mais que voulez-vous
c'est la nature...
Je
profite du fait que mon papa ne lira pas la chronique, parce qu'il me
reproche de faire, ici, de la politique. Ce en quoi il n'a pas
forcément tort, puisque du coin de la rue au perchoir de
l'assemblée, en passant par le café du commerce et la réunion de
famille, on glose, on dégoise, on s'égosille et on déraille. Après
avoir débité autant de seirennoc que
de litres de pinard (ou de bière, car ceux-là sont les champions)
on vomit naturellement dans le massif de tulipes, comme on
vient de le faire sur Hollande.
Voilà
bien un constat qui me protège de toutes ces basses considérations
de comptoir ou d'urinoir, lorsque deux types se retrouvent face à
face et s'examinent tout en pissant chacun d'un côté de la
palissade. Et puis qu'importe, je tiens un restaurant, pas un bureau
de vote ! Et l'entrecôte label rouge d'Aubrac n'est pas plus à
gauche qu'une saucisse n'est fatalement de droite.
Ce n'est pas faire de la politique que défendre le pauvre contre la tyrannie des puissants, de plaider pour une répartition des richesses, non seulement à travers le quartier, la ville ou le pays, mais à l'échelle mondiale. Car voyez-vous, si Dieu avait pu imaginer qu'il y aurait tant d'injustices sur cette terre, il se serait abstenu de la créer. Ou bien alors il n'aurait pas cru en lui. Peut-être même, aurait-il poussé jusqu'à ne point vouloir exister.
Ce n'est pas faire de la politique que défendre le pauvre contre la tyrannie des puissants, de plaider pour une répartition des richesses, non seulement à travers le quartier, la ville ou le pays, mais à l'échelle mondiale. Car voyez-vous, si Dieu avait pu imaginer qu'il y aurait tant d'injustices sur cette terre, il se serait abstenu de la créer. Ou bien alors il n'aurait pas cru en lui. Peut-être même, aurait-il poussé jusqu'à ne point vouloir exister.
J'y
crois à tel point, cet-an-ci, que nous avons un pape qui semble
sincèrement partager mes convictions. Qu'il ne me remercie pas,
c'est tout naturel. Se rapprocher des pauvres ce n'est pas forcément
renoncer à tout confort, pas même à tout argent. C'est savoir se
contenter de manger -à Aubrac sur mer au moins une fois par semaine-
et respirer. Et puisque François a fait un grand pas vers moi,
tenez, je vais envisager de faire un pas vers lui. En me faisant,
franciscain, qui sait ? Mais alors, si vous permettez, ce sera plutôt
à Nasbinals que sur la place Lambert ! Cela me coûte d'autant moins
qu'il a l'air sympa le pontife. Il a pas une tête de pédophile.
Sans doute a-t-il dû faire un malheur, dans sa jeunesse et les
couvents, parmi les bergères argentines...
Je
fais d'autant moins de politique que, pour me référer aux deux
grands antagonistes du siècle dernier, je prends mes références
des deux côtés de l'échiquier. « Je n'ai jamais cessé de
considérer l'argent comme mon premier ennemi et celui de la France »
déclamait le Grand Charles ; « L'argent
qui corrompt,
l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui ruine et
l'argent qui pourrit... »
surenchérissait le Père François. Ces
propos me conviennent autant que ceux du Saint-Père François, même
s'ils entretiennent cette position de grand écart, qui fait de moi
un un anarcho-gaulliste d'extrême gauche et bientôt... papiste !!!
Mais
ce qui me dégoûte ce n'est pas tant le pognon en lui même. C'est
tous ceux qui se lèvent le matin dans le seul but d'en ramasser.
Ceux qui n'ont de répit que lorsqu'ils sont assurés d'en avoir plus
que leur voisin. Ceux qui se lamentent -dans leur 4X4 en direction de
l'aéroport pour le « soleil » ou de retour de leur
station préférée - que l'état leur prenne tout pour aider ces
snoc de pauvres, ces salauds d'assistés. Ce qui me dérange c'est
l'indécence, l'arrogance, la suffisance du possédant.
Et
s'il y a tant de gens à droite dans notre pays, ce n'est pas
qu'il y ait tant de fric que ça, c'est qu'ils admirent ceux qui en
ont et rêvent de les imiter. Nous sommes mesquins, avides, cupides,
ladres, veules et narcissiques... pour ne garder que le meilleur.
Alors pas étonnant que l'autre, là, qui proclamait qu'on était
riche à 4000 euros en ait fait fuir plus d'un ! Et pourtant je ne
sais pas si vous avez essayé de dépenser ça tous les mois, mais ça
doit demander une sacrée organisation. Lorsque, par extraordinaire,
j'en dispose de la moitié, je ne sais quoi en faire ! C'est
d'ailleurs pour cela que les « bons » mois, nous avons
laissé nos employés gagner plus que nous !
Mais
là, sans rire il faut tout arrêter. Le « caca huzac »
est affolant. Non pas parce qu'il salit la gauche. Si ce type avait
été de gauche, il me semble que je m'en serais aperçu. Après
Kouchner et avant Valls, il est l'archétype de celui qui peut
basculer de l'autre côté et à tout instant.
Il
nous faut une autre République. La sixième pourquoi pas ? Même
s'il me semble qu'on gagnerait du temps à enclencher directement la
septième. Nous résoudrons la crise économique en mettant toute nos
richesses dans un pot commun et en la répartissant équitablement.
Il est impératif que nous cessions de nous gaver de blé tandis que
l'on crève dans la corne de l'Afrique ; que le Qatar arrête
d'investir dans des crampons en diamants et des tours d'ivoire alors
que la misère gagne alentour et pas seulement les éléphants.
De
la résolution à la révolution, il y a un pas que nous n'avons
jamais franchi depuis plus de deux siècles. Nous pouvons
tranquillement la mener en cessant illico de consommer de la merde en
barquette ; de regarder de la merde et du sport à la télévision ;
et en sortant dans la rue en évitant -toutefois- de marcher dedans !
Jaco
Les
bacchanales jusqu'à l'Aubrac

Le
samedi à midi, ce sont les confréries de l'Aiéi d'Aix et des
Gueules enfarinées de Vins qui découvraient notre table avec la même
bonne humeur.
Eric
et Stéphane en première ligne

Alex
et l'Aviron sans pression
Visite
éclair de notre ami Alex. Sous sa belle casquette il affiche un air
détendu. Il est vrai qu'en tant que préparateur physique de
l'Aviron Bayonnais il appréhende la suite avec sérénité : dans un
mois, il est en vacances !
Voici
le dernier avis trouvé sur le site de forum gastronomique. Il est
tellement sympa -et probablement juste- que nous ne résistons pas au
plaisir de vous le faire partager. Merci "Emma".
"Pour fuir les restos surfaits, aux plats industriels revendus à prix indécents, je vous encourage à découvrir un accueil vraiment sympathique, chaleureux, celui de Jacques et son épouse qui sont des gens authentiques et vous servent une cuisine saine et de terroir. Cet endroit est un lieu qui mérite le nom de restaurant : les plats y sont cuisinés sur place, et avec amour.
Amateurs de bonne charcuterie, d'Aligot (le meilleur de PACA à mon avis ), de vraie viande de boeuf sélectionnée, de crêpes maison, mais aussi de cassoulet, de potée, ou de grillades salades de saison, vous trouverez toujours quelque chose pour vous satisfaire.
L'Aubrac sur mer est un endroit où vous êtes le bienvenu, un invité, et pas simplement un porte-monnaie !
Entre amis, en famille, on s'y sent bien, en toutes saisons.
Sortez des sentiers battus, à tester !!"
Chronique du 2 avril 2013
Bacchus
veille sur nous
Et
voilà mes potos, mais conos ( mes connotes, car j'en compte
heureusement aussi parmi mes intimes) et même les autres, c'est le
printemps. D'ailleurs ça s'est vu à Paris avec un premier cortège
massif dans la manif. D'un genre certes moins habituel où les
tailleurs Chanel s'étaient substitués aux traditionnels bleus de
chauffe. La principale leçon à retenir étant -comme le mentionna
dans son touit mon ami Lilian- que le foulard Hermès protège
moins du gaz lacrymogène que du ridicule.
Mais
le printemps, c'est heureusement autre chose qu'un défilé de
vieilles peaux effarouchées du XVIe (siècle ou arrondissement,
c'est au choix à moins que vous n'optiez pour les deux). Il y a
aussi Vénus, Uranus (horribilis c'est à craindre) et Bacchus.
Celui-là, c'est mon préféré. D'autant qu'il vient tendre sa toile
Place d'Armes. Et que l'on puisse célébrer le Dieu de la bonne
bouffe et du meilleur pinard à Toulon, c'est déjà un miracle et
je pèse mes mets... ha non pardon, je pèse mes mots !
Tellement
que nous n'avons pas hésité, il y a trois ans, à adhérer sans
réflexion à cette noble institution qui a fêté -autre miracle-
ses vingt ans de bouteille. Et il n'y a pas de ride sur l'étiquette,
pas le moindre dépôt au fond de ce vieux rouge qui attache.
Nous
suivîmes, non parce que c'est notre ami Yves qui nous le proposa,
pas même parce que son créateur, Laurent, est l'adjoint de la ville
au commerce dont nous dépendons. Nous le fîmes car un salon qui
célèbre le produit et ceux qui le défendent, colle parfaitement à
notre propre démarche. Chaloupée, cahotante parfois, proche du
chaos éventuellement, mais fière et déterminée. De plus nous
avons relevé immédiatement ce paradoxe à la fois stupéfiant et
admirable qui veut que le promoteur du salon n'ait pas un énorme
appétit et soit, paraît-il même, un piètre buveur. En sorte que
nous partageons avec Laurent, une manière d'altruisme, puisque nous
qui aimons manger et boire, proposons aux toulonnais des choses
exceptionnelles qui ne les intéressent en rien.
Ce
salon Bacchus, nous vous le conseillons avec la plus énergique des
convictions. La plupart des grands crus de Provence y sont, le cochon
Corse y est honoré, de même que le petit chèvre des Maures. Mais à
notre vif regret nos fournisseurs ne feront pas le déplacement.
Peut-être parce, Place Lambert, ils savent que deux vieux fous
s'arcboutent sur leurs certitudes et tiennent le pavé presque aussi
haut que la pelle à aligot.
Alors
si Bacchus vous inspire avec sa grande barbe de feuilles de vigne et
sa grappe toujours ferme malgré le poids des siècles et la
succession de bitures qui n'ont altéré ni son métabolisme biliaire
ni sa bonne foi, ne perdez pas la main. Lorsque le louable et opalin
barnum aura plié bagage, vous pourrez retrouver notre salon
permanent. Que Bacchus ne renierait pas et privilégierait sûrement
s'il n'était tenu à un certain devoir de réserve.
Où
peut-on trouver une viande savoureuse marquée au label rouge, et non
à la piquouse d'antibiotiques et gavée de tourteaux indigestes (et
pas que les pinces !) ? Où est-on sûr de retrouver la sapidité
ancestrale d'une charcuterie artisanale quasiment sacrifiée sur
l'autel de la cochonnerie à deux (trous de) balles et des
directives européennes ? Où, filerez-vous pour partager
l'onctuosité caressante d'une cassolette d'aligot, en joignant un
bras d'honneur à la dictature de la frite ? Où dégusterez-vous un
vrai foie gras de canard élevé au grand air aveyronnais et
confectionné dans les ateliers de Laguiole où l'on forge aussi
d'excellent bocaux ? Où découvrirez-vous ce nectar charpenté,
exhalant à la fois la terre et le verre, la folie douce et le grain
de raison ? Où fondrez-vous au même titre que son glaçon, à la
suave amertume d'une gentiane naturelle et salvatrice ? Où vous
laisserez vous emporter dans l'imaginaire par la puissance et
l'élégance d'une eau de vie de reine-claude ou de cette vieille
bonne poire de Williams ? Où vous proposera t-on à la place d'une
banale Kronenbourg, un bière blonde de l'Aveyron à l'équilibre
subtil du houblon et des levures. Et des limonades aromatisées en
lieu et place de tous ces sodas frelatés et même un Colt Cola, rien
que pour roter dans les oreilles du malfaisant Mickey ?
Où
? Vous n'avez pas deviné ? Bon d'accord, c'était vachement dur ! Eh
bien chez nous bande de nigauds. Et Aubrac sur mer, ce n'est pas
trois jours en avril. C'est toute l'année. Sauf entre mi-juillet et
mi-août où nous nous inclinons devant les pros de la restauration.
Il faut bien que les touristes découvrent les spécialités locales
et ingurgitent leur comptant de moules...
Jaco
Plagia
sur mer
Incidemment
mes parents qui nous rendent visite de notre lointain Tarn natal, se
sont arrêtés dans un restaurant de Lattes (tout prés de Montpellier) qui s'est tranquillement appelé
« De l'Aubrac à la mer ». N'imaginez pas que nous ayons
ouvert une chaîne. On n'en est pas là. Surtout lorsqu'on voit comment
marche le premier ! Il s'agit d'un plagia pur et simple qui ne semble
leur avoir posé aucun problème, puisqu'ils n'ont même pas jugé
utile de nous en informer. Bah ! tant qu'il ne font pas la salade
Aubrac et l'assiette aubracienne...
De
tout coeur avec Jacky
Vendredi
à midi nous devions recevoir, comme tous les derniers du mois, les
anciens du RCT. Mais ce fut annulé car leur leader, Jacky, a été
hospitalisé quelques jours auparavant. Un problème cardiaque qui
nécessitera un pontage. Ça se passera mercredi à Marseille et nous
serons de tout coeur avec toi. Mais on ne se fait aucun souci, car en
bon « Catalan burro » on sait que tu ne lâcheras pas
l'affaire.
Le
premier champagne d'Awa
Notre
nouvelle, jeune et belle serveuse de fin de semaine a bien des
qualités, mais comme vous l'aurez peut-être observé, elle est
encore hésitante lorsqu'il s'agit d'ouvrir une bouteille. Elle a
comme dirait un peu la pression surtout lorsque c'est du... champagne
! Vendredi soir elle a donc ouvert la première, avec succès. Il
faut dire qu'elle avait un public voué à sa cause. Et merci pour
votre indulgence à son égard, votre gentillesse qui n'a d'égal que
la sienne.
Chronique du 26 mars 2013Facteur de gentillesse
L'autre
jour, peu avant midi je surprends mon facteur en train de placer son
téléphone au-dessus d'une lettre. Enfin, je supposais que c'était
un téléphone. Un truc plat, large, pas commode, qui sert à tout
sauf à téléphoner et sans lequel désormais tu passes pour l'idiot
du quartier. Et quand tu vois combien d'idiots en sont équipés, tu
te dis que tu dois l'être bougrement. Mais ce n'est pas d'idiot dont
je voulais parler, mais de Didier. « Oh, qu'est ce que tu
fais cono, tu prends ton courrier en photo maintenant ? »
Vous
jugerez ma façon de m'adresser au représentant de la distribution
publique et officielle, bien cavalière. Mais n'étant pas à cheval
sur les principes (merci de bien faire la relation entre l'attitude
cavalière et le fait de n'être point à cheval) je ne compte pas ma
familiarité lorsqu'elle m'est inspirée, non directement par le
coeur, mais par l'expérience relationnelle. Cela fait trois ans que
celui-ci me pose le courrier, là où je veux et quand je veux. Ce
n'est pas qu'il soit à ma botte, c'est qu'il se fait une certaine
idée -archaïque certes- du service public et des rapports humains.
«Et
non, me dit-il avec cette mine radieuse et un délicieux accent de
supporter toulonnais (il fallait bien que nous ayons quelques
divergences !) je scanne. » « Qué tu scannes
? » m'escanais-je avec une fausse imitation de notre bon
vieux César, qui siège toujours, cartes en mains et merde de pigeon
sur le chapeau, à deux pas de la place Lambert. « Ouais, à
la place du bordereau à remplir, il nous faut maintenant passer le
code barre qui est sur la lettre recommandée et ça part directement
sur le réseau... »
J'aime
la poste. Enfin, suis-je sur le point d'en parler à l'imparfait -à
l'empaffé même- tant elle semble prendre le virage de la
merdonité... Je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit, mon seul
concours jamais réussi (avec celui de poésie à Réalmont) fut
celui de préposé. Oh ! il suffisait de savoir dans quel quart de la
lettre on posait le timbre et que Florac était la sous-préfecture
de la Lozère, mais quand même ! je l'ai eu... Finalement, j'ai
déserté et me suis réfugié dans un autre métier où il me fut
donné de trier pas mal de lettres aussi et de croiser au moins
autant de snoc. J'ai longtemps regretté ce choix. L'autre m'aurait
amené à sillonner la France en 4L jaune, à croiser l'hermine, à
écraser le lièvre au petit matin et à confectionner un magnifique
civet dans l'après-midi, vu que côté horaire, c'est quand même
pas le goulag. J'aurais préféré blaguer avec le fermier entre deux
bouses de vaches, que poser des milliers de questions inutiles à des
bourrins. Enfin c'est fait...
Didier,
lui, non seulement il a un téléphone de m... dans les mains, mais
il gravite dans le centre ville le plus sordide de l'hémisphère
nord. D'autres seraient dépités, feraient la gueule en permanence
(d'ailleurs sa remplaçante ne s'en prive pas), mais lui, rayonne, il
illumine que dis-je, il irradie... Mais d'où sort-il tous ses
béquerels. Pas de la Rade quand même ! Certes il est assidu au
stade Mayol, mais je ne pense pas qu'il se dope non plus ! Il fait
même du vélo et pas qu'un peu. L'été ses vacances à lui, c'est
pas Istambul, Mahé ou Phuket (comme tous ceux qui filent à
l'étranger, en geignant dans leur 4x4 Toyota, qu'on leur a tout
pris). Non lui c'est l'Isoard, le Galibier et le Cucheron, les grands
cols alpins où l'on engrange les cellules et où l'on aère les
neurones.
Et voilà pourquoi même sans son vélo, ce type là se sent bien dans
sa peau. Et qu'il se fait une meilleure idée des rapports humains
que le petit bonhomme qui voyage au bout du monde, mais ne supporte
pas son voisin étranger...
Rapports humains. Chaque fois que je prononce cette formule à mes yeux basique, j'ai l'impression de dérailler dans un environnement où, me semble-t-il, les gens n'ont plus qu'un rapport... au fric. Moi, mon truc, c'est la gentillesse. Oh ! pas celle dont usent tant les renards qui n'en possèdent pas un atome au fond d'eux-mêmes, mais qui en étalent comme un pot de miel, pour grimper dans la société ! J'aime, nous aimons avec mon pote facteur, les vrais gentils. Et ne voyez pas là la moindre référence à la magistrature bordelaise, même si sur le coup, elle nous fait bien plaisir.
Rapports humains. Chaque fois que je prononce cette formule à mes yeux basique, j'ai l'impression de dérailler dans un environnement où, me semble-t-il, les gens n'ont plus qu'un rapport... au fric. Moi, mon truc, c'est la gentillesse. Oh ! pas celle dont usent tant les renards qui n'en possèdent pas un atome au fond d'eux-mêmes, mais qui en étalent comme un pot de miel, pour grimper dans la société ! J'aime, nous aimons avec mon pote facteur, les vrais gentils. Et ne voyez pas là la moindre référence à la magistrature bordelaise, même si sur le coup, elle nous fait bien plaisir.
C'est
donc encore et toujours avec le sourire, qu'il m'expliqua que 65 000
agents de la poste allaient être équipés de ces téléphones
scanneurs grâce auxquels on allait supprimer tant de paperasserie.
Et d'emplois inutiles ! Comme sur les autoroutes, les supermachés et
les usines... Où les patrons et actionnaires réalisent toujours
plus de profit, tandis que l'on s'étonne que le seul Pôle en pleine
expansion soit celui de l'emploi perdu. Car vous imaginez bien que
la commande des 65000 merdiers n'a pas été passée en France où
l'on ne fabrique plus rien (en attendant de ne plus rien cultiver ni
élever non plus), non c'est un gentil Coréen qui fait ça beaucoup
mieux que nous.
En
somme Didier, c'est mon Tati à moi (oui parce qu'il est trop jeune
pour être mon tonton). Ma bulle d'oxygène, ma soupape de
décompression, mon bol de rire (avec ou sans baguettes). Et
lorsqu'il disparaît, rue de la Glacière, je l'imagine sur sa
bécane brinquebalante, trop grande pour lui, son allure chancelante,
sa caquette bleue enfoncée, sifflant sans trop savoir tout en
bourrant sa pipe, slalomant entre deux pigeons, recevant parfois
quelques pierres de garnements dans les rayons. Il tournerait sa
sacoche autour de son buste en disant : hélicoptère...Et on
s'évaderait de Toulon par les toits, comme deux forcenés en mal
d'humanité …
Jaco
Je
me suis fait...Bayonnais !

En habemus ras la calottum
Vous
l'imaginez bien, je ne vais pas ajouter au flot de propos
pontifiants, aux déchaînements de la vox populi, aux déferlements
médiaticum, ma chronique d'un papam annoncé. Rabâché, ressassé,
radoté, pépié et j'en oublie sans doute. Ras la calotte... de
cheval.
Car,
j'ai tenté de savoir ce mercredi soir-là ce qui se passait dans le
monde. Enfin je veux dire ce qui se passait de sérieux. Mais des
chaînes -ré- publiques aux pullulants maillons privés, de ITV à
LCI, en passant par LCP et BFM (si ces abréviations à trois
lettres ne vous suffisent pas à comprendre qu'ils nous prennent pour
des snoc...), pas moyen d'émerger de cette fumée blanche, dont on
nous expliquera, une fois dissipée la ferveur romaine, qu'elle est
nocive pour nos poumons. Je crains qu'elle le soit aussi pour notre
esprit sain.
Tenez,
ce soir-là j'aurais supporté, à l'extrême rigueur -hivernale- les
pertinents propos de Valérie Pécresse s'insurgeant contre ces flans
de socialos incapables d'empêcher de neiger et surtout pas foutus de
nettoyer les routes, afin que le bon peuple puisse continuer à
brûler dans la froidure et des conditions extrêmes, des centaines
de barils et achever les derniers petits oiseaux à grands pots
d'oxyde de carbone. Et puis, pourquoi les départements, les régions
n'investissent-elles pas dans des engins de déneigement qui leur
servirait une fois tous les dix ans ? Ah ! Vivement le retour de nos
droitillons préférés pour une belle et saine gestion. Ce soir-là,
tout me manqua, même les attentats en Syrie, les frasques de
bibendum aux pays des ex-soviets, les commémos du massacre de Mérah,
du rhum, des filles et d'la bière, non de Dieu...
Non,
là, c'était le pape, le pape, le pape. C'est quand même inouï
comme on peut-être submergé de considérations et d'états d'âme
au sujet d'un état dont la superficie est à peine plus vaste que la
place Lambert. Et dont la principale occupation consiste à colporter
à travers la ville et le monde (et dans ses recoins les plus
vulnérables) une parole légèrement datée et attribuée à un type
que personne n'a jamais rencontré et a qui, pas un journaliste de
TF1 n'a posé de question, ni un seul opposant du Front de Gauche n'a
porté la contradiction.
Après,
il ne faut pas leur jeté la -sainte- pierre non plus, aux papes.
Comprenez qu'ils aient du mal avec la pilule, l'avortement et la
PMA, eux qui ne se réfèrent jamais qu'à des textes en latin et
d'un temps où l'on venait juste de découvrir le feu, la roue et la
crucifix.
Je
ne vais pas en rajouter sur le pape -disais-je plus haut-, pas plus
que je ne veux « bouffer du curé », d'ailleurs sans
valeurs gustatives particulières. Tout ne serait d'ailleurs pas
mauvais dans la nomination du « che » -le che n'est pas
étymologiquement lié à la révolution, mais à la nationalité
argentine- puisque celui-ci ne descendrait pas de Saint-Pierre, mais
de Saint-François. Lequel professait (peut-être !) dès le XIIIe
siècle : « Soyons réalistes, exigeons l'impossible... »
Ce
disciple octroiera au Vatican une position assise, si j'ose cette
figure à la fois rhétorique et facile. Quoiqu'on n'ait jamais
entendu jusque-là, y compris en grégorien : « Debout les
damnés de la terre... » Un franciscain et un jésuite pour le
même prix, ce sont les soldes au Vatican ! C'est aussi la promesse
d'un joli faux-cul. Exercice dans lequel il s'est d'ailleurs
-paraît-il- surpassé dans son fief de Buenos-Aires, lorsqu'il
tournait son regard éploré vers le ciel, tandis que le très dévot
général Videla enlevait 500 enfants, mutilait leurs mères et
massacrait des milliers d'opposants. Sans doute le brave homme,
n'oubliait-il pas -en contrepartie-... les deniers du culte !
Ce
qui importe, c'est ce que François va offrir à l'humanité
désormais. Lui qui prêche une vie éternelle et sans doute
meilleure ailleurs -ça ressemble à un programme électoral- va-t-il
maintenant s'intéresser suivant sa profession de foi aux pauvres et
aux nécessiteux ? Chez nous, c'est le deuxième François à jurer
qu'il va se ranger du côté des pauvres. Mais il suffit que deux
patrons menacent d'aller parquer leur Ferrari à Berne et poser leur
jet privé au Luxembourg, pour qu'aussitôt, notre téméraire
tribun de la Bastille, se remette dans la droite ligne de ses
prédécesseurs.
Toutefois
les moyens du François de Rome, ne sont en rien comparables avec
ceux de l'intérimaire de l'Elysée. Ses bourses sont pleines à Choi
1e. D'ailleurs le lendemain toutes les places du monde de Hong-Kong à
Wall Street ont salué son arrivée. Et un pape qui fait remonter les
bourses, ça n'a pas de prix pour un vieux curé. Saint-François à
la tête de plusieurs centaines de milliards d'écus va donc pouvoir
sans tarder redistribuer cette manne céleste à tous les miséreux
de la planète. Dans les favellas, les town-chips, les taudis et
les banlieues de la grande couronne, on va faire péter le champagne.
Va y avoir des effusions de joie, des prières monstres, des miracles
retentissants et des apparitions de vierges à tous les coins de
grottes.
Et
dans cinq ans, ce François-là sera réélu au Saint-Siège à une
écrasante majorité...
Jaco
P.S.
Au fait, j'étais parti pour vous parler du nouvel ordre mondial du
commerce. Comme escroquerie, c'est pas mal non plus. Mais priorité
au direct... du gauche.
Pages
jaunes et... payantes
Vous
nous demandez parfois pour quelle raison vous ne nous trouvez pas
dans les pages jaunes sur internet ! Et bien c'est très simple, la
parution est payante !
C'est à dire que lorsque vous irez sur les pages jaunes, ce n'est plus un renseignement que vous trouverez, mais de la pub.
Oui, oui, vous avez bien lu, ce service emblématique de la poste n'est plus qu'un outil à ramasser du fric. Un de plus ! Et ce n'est pas donné, croyez-moi ! Lorsque nous avons été démarchés (deux fois), la personne a lourdement, très lourdement insisté. Et lorsque j'ai argumenté mon refus, elle m'a raccroché au nez. Sympa non ? Et dire qu'il y en a qui applaudissent à la fin du service public !
Chronique du 12 mars 2013C'est à dire que lorsque vous irez sur les pages jaunes, ce n'est plus un renseignement que vous trouverez, mais de la pub.
Oui, oui, vous avez bien lu, ce service emblématique de la poste n'est plus qu'un outil à ramasser du fric. Un de plus ! Et ce n'est pas donné, croyez-moi ! Lorsque nous avons été démarchés (deux fois), la personne a lourdement, très lourdement insisté. Et lorsque j'ai argumenté mon refus, elle m'a raccroché au nez. Sympa non ? Et dire qu'il y en a qui applaudissent à la fin du service public !
Les sennoc, ça existe aussi !
Cette
semaine, jeudi je crois, nous avons eu droit à notre petite journée
de la femme. Coincée entre celles des grands-mères (et merde pour
les grands-pères ! ) et des poètes. Comme tant de femmes et
d'hommes, ce vieux combat ranimé par des suffragettes devenues de
vieilles peaux aigries, me fait doucement marrer. Car on sait bien
qu'elles mènent le monde, nos femelles et par le bout du... nez,
encore (tiens me voilà poli à présent !) Je n'évoque même pas
Héra, Aphrodite ou Pénélope, pas même Cléopâtre, Catherine de
Russie ou Margaret Thatcher. Prenez la reine Christine du Fonds
monétaire international, et bien elle dirige le monde de la finance,
autant dire le monde tout court. Avec en plus ce petit côté
dominatrice -tout en cuir- qui ne me déplaît pas, même si l'on
doit toujours se méfier de ce FMI, devenu le refuge de la
perversité.
Il
y a un ministre des Droits de la Femme (la belle petite Najat) mais
pas d'équivalence pour les droits de l'homme. Et pourtant là encore
il y a de quoi faire. Mais ailleurs, c'est entendu. Parce que la
réalité, c'est que les pays de l'ancien empire communiste -par
exemple- où l'on commence à s'apercevoir que s'il ne faisait pas
toujours bon vivre dans l'égalité, il n'y faisait pas non plus
forcément plus mauvais que sous le joug des doctrines néo et ultra
libérales... Là, les femmes ne sont effectivement pas traitées
convenablement, tout simplement par manque criard d'humanité. Et partout
où la religion domine, c'est pareil, les droits humains s'inclinent.
« La
femme est l'avenir de l'homme » chantait le sublime Ferrat, oui
mais l'immenssissime Brel lui répliquait : « et d'entre elles
les connes, ne ressemblent qu'aux connes. » Des « sennoc »
maître Jacques, des « sennoc », parce qu'ici, monsieur,
on reste correct !
Non,
mais sans situer ce débat vieux comme le monde sur le mode agressif,
alors que nos unions génèrent tant de douceur (avant que l'on
finisse pas s'emmerder à cent sous l'heure), il faut bien admettre
qu'il est connoté d'une certaine mauvaise foi et teinté de
jalousie. En poussant le bouchon pas très loin de l'autre côté de
la rive (ce matin c'est l'ouverture de la pêche et je ne suis
toujours pas sur les bords du Bès en train de me les geler une canne
à la main) j'en viendrais à croire qu'elles rêveraient d'avoir,
elles aussi, une paire de couilles. Ça se voit qu'elles ne les porte
pas tous les jours ! Parce que quand ça vous démange, ça, en plein
discours à la tribune de l'ONU, sur un court de tennis devant 25
millions de téléspectateurs ou sur un fil entre deux gratte-ciels
(celle là je m'en serais voulu de passer à côté !) eh bien, c'est
un véritable supplice...
Mesdames,
au lieu de nous les casser, z'avez qu'à vous en prendre au créateur
qui a distribué la testostérone aux uns et la conversation aux
autres.
Car votre combat ne peut plus se situer que sur le
terrain de notre immense supériorité physique. Pour le reste cela
fait longtemps que vous dominez la situation. Pas de la tête et des
épaules donc, mais plus subtilement de cette manière d'autorité,
de perfidie innée -ou organisée-, de cette férocité en somme, qui
vous conduit toujours à vos fins, tout en trouvant le moyen de
stigmatiser le mâle et de l'aliéner pour mieux l'anéantir .
Mais,
rigolez tant qu'il est temps. Votre pouvoir demeure vacillant. Il
suffirait qu'un mouvement de fond nous pousse, nous les hommes, à
suivre une cure de bromure (ou de gentiane) pour que votre formidable
pouvoir s'effondre immédiatement. Car comme disait le pouet-pouet,
la femme est assise sur son capital.
Pour
le travail c'est pareil, on vous le laisse, le travail. D'ailleurs
contrairement à ce que j'entends encore à mon grand dam -ma pauvre
dame- vous êtes largement mieux payées que les hommes. Je ne parle
pas de la promotion canapé, dont le phénomène est sur le point de
s'inverser (c'est nous qui passerons à la casserole sitôt que l'on
sera à votre convenance). Entre ce que vous épuisez de temps au
téléphone ; à la reconstruction de vos petites rides qui finissent
en ridicules par le poids abyssal de vos responsabilités ; aux
confrontations d'idées puisées dans les mines d'informations que
sont Voici et Gala... Et je ne parle pas des petits retards dus à
votre extrême prudence au volant (doux euphémisme qui sous-tend
une mollesse organique) ni des « problèmes de femmes »,
des rendez-vous chez les gynécos, des accouchements à
répétition... Bref si l'on fait le ratio, on est dans les choux,
question salaire. Et puis, moi, avant de me mettre réellement au
travail il y a quatre ans, j'ai fait semblant à côté d'expertes
qui faisaient ça beaucoup mieux que moi. Dans l'art de se donner de
l'importance, de brasser du vent et de placer la peau de banane sous
les pieds de collègues gênants, elles étaient passées maîtres.
J'en connaissais deux ou trois, qui rayaient tellement le parquet
qu'elles auraient pu s'attirer les foudres du menuisier. Et regardez
maintenant, elles ont pris quasiment tous les postes de
responsabilité dans nos journaux. Il faut dire que les mecs qui les
détenaient avant, n'en avaient pas non plus. Comme ça on est quitte
!!!
A
les voir évoluer, les féministes -il y en a encore- me donnent même
l'impression de mâchonner de vieilles haines, telles que d'être
encore obligées d'accoucher. Ça prend du temps, ça empêche de
surveiller ce qui se passe au boulot et cerise sur le marmot, ça
fait un mal de chien. Or,se donner du mal, c'est pas dans leur
philosophie ! Et après il manquerait plus que ça qu'elles se le
gardent. Oh ! les mecs, vous les prenez pour qui, les gonzesses ?
Elles sont pas à votre service. Si vous le voulez le minot, puisque
vous êtes pas foutus de les faire (c'est vrai que lorsqu'on sait ce
qu'une pépite de calcaire peut provoquer de douleurs frénétiques,
on imagine mal un poupon de trois kilos franchir le canal de
l'urètre) vous avez qu'à vous le garder. Ou, au pire, on le refile à
n'importe qui dès que possible... Car le supporter la nuit c'est
déjà sacrificiel, alors se le fader toute la sainte journée alors
que le travail est si valorisant, merci !
J'en
déduis alors que mes ancêtres, ma mère et ma femme (pour ne pas
les dénoncer), qui ont veillé sur leurs enfants toute la vie, afin
de leur inculquer quelques valeurs affectives et éducatives, étaient
de sacrées sennoc. Et je n'ose même pas évoquer le repassage, le
ménage et la cuisine qu'elles se tartinaient toutes par idéal et
parfois jusqu'à la passion. Je n'en parle pas car nous pourrions
bien finir devant un tribunal international. D'autant
que celles-là ne pratiquaient pas la torture suprême mais subtile,
consistant à vous entraîner des heures durant, de boutiques en
boutiques, en rêvant de trouver ce qu'elles ne seront jamais...
Je n'avais jamais autant pris
conscience qu'aujourd'hui, de ce que l'homme a pu bafouer les
droits de son égale. Mais je suis sûr au moins qu'il y en est un qu'elles ne revendiqueront jamais, c'est le droit de la fermer.
Misogynie mise à part, bien entendu !
Jaco
Chronique du 5 mars 2013
Canal P(L)u(s)
Je
ne sais pas de quoi ça vient, mais je ne supporte plus Canal.
Peut-être par cupidité, quoique ça m'étonnerait. Toutefois 60
euros avec les options, ça commence à faire chérot, même pour le
plaisir de tirer dessus à boulets rouges. Ou alors n'ai-je plus l'âge
? Cela fait bien longtemps que mon vieux père -enfin pas tant que
ça, (va !) vu que maintenant un centenaire échafaude autant de
projets, qu'un cinquantenaire du siècle dernier !- ne comprend plus
un traitre mot de ce qui se raconte au Grand Journal. L'aurais-je
donc déjà rejoint le paternel, dans cette espèce de rejet
atrabilaire de tous ceux qui se pâment, se congratulent, se montent
du col et se dandinent sur son siège design ? Et serais-je abscons
au point de ne rien comprendre à la météo de leur pinup à claque,
laquelle m'oblige, cette grande dindasse, à me replier sur Evelyne
Dhéliat que j'aimais déjà beaucoup (la météo était le seul
« porno » à l'époque), lorsque j'étais ado dans les
années soixante ?
Non,
ce n'est pas tant une question de génération. Regardez le
présentateur, Denise ou zozo ou les deux à la fois. Il a quasiment
l'âge de mon papa. Bon, si vous les mettez côte à côte, vous
voyez bien qu'il y en a un qui a un peu plus morflé. Le travail
peut-être ? Et bien le Michel en question, il est toujours aux
manettes. Avec son air ravi et son brushing frais brillant, il a
même toujours l'air assis dessus -sur la manette-. Même que ça à
l'air de lui faire du bien. Surtout lorsqu'il frétille en recevant
des méga stars (suivant la terminologie maison) genre Eva Longoria,
Madonna, Roger Moore ou Will Smith. Car évidemment pour ce grand
illuminé de la télé, tout ce qui brille vient fatalement des
States. Ou des stades lorsqu'il sert la soupe tel une gentille
soubrette à ses maîtres à penser : Beckham ou Ibrakinovic. Lui qui
avait une Rolex bien avant ses cinquante ans et dont le cœur bat très
fort côté bling-bling, c'est effectivement sur les étoiles qu'il a
fondé son univers. Celui des bobos qui, vu d'ici me font
irrépressiblement penser à de gros beaufs.
La
question, la seule est de savoir si c'est lui qui vit dans une autre
stratosphère et si les stratèges de Canal ont fondu les plombs, ou
si nous sommes effectivement d'indécrottables ploucs, doublés de
vieux snoc. Mais après le gingle, les news, les blagues d'Omar ou
Fred (c'était à vomir pareil) et les lives de Likke li, Take That,
Youssoufa, Booba, Rihanna, Foals, Mark Ronson et j'en oublie par
charrettes entières, je me précipite à la fenêtre pour retrouver
de l'air, vite de l'air et je me dis qu'on est pas si mal... à la
campagne.
A
Canal, ça pue vraiment et c'est pas de la bouse de vache, hélas.
C'est de Paris, du caniveau et des catacombes. Je ne veux même pas
m'attarder sur toutes ces merveilleuses séries, dont vous pouvez
traverser les saisons (1,2,3 et jusqu'à plus soif) et les épisodes
(1,2,3 et jusqu'à plus faim) : The big C, Body of proof, Borgia,
Braquo, Cold Case, Damage, Desparete -of course !- Dexter, Engrenage,
The Event, Flashpoint, Game of Thrones... Et j'arrête là,
sinon je vais gerber et je vous assure que je n'en étais qu'au point
G de ces myriades de séries qui déclenchent des orgasmes dans les
couloirs de leur siège (ici les moulineurs !)
Et
je n'évoque même pas le sport. Celui qui vu par le bout de leur
lorgnette carnavalesque représente la finalité, l'extase absolue ,
l'aboutissement du monde et un nouvel orgasme, un !
Là
alors si t'en veut du foot, des fous et des j'en-foutres, des
consternés du bulbe, t'as qu'à te servir. Ils sont tous chauds,
mais quand je dis chauds, c'est chauds. Bon, là j'arrête parce que,
tout à l'heure, je parlais de mon papa et que je crains que cet
infâme sport demeure pour lui un lien aussi fort avec les
cryptomanes que ce qu'il m'en détache. Alors du coup, je daube, je
condamne, je m'alarme, je m'effondre, je me désespère, je me
morfonds, je me catastrophe, je me cataclysme... mais je respecte.
Ce
qui est bon aussi, ce sont les spécialistes. Ils sont pas beaux eux
! Avec cette sorte de cacochyme tellement énorme qu'ils ont créé
les méga-plasmas rien que pour que le type puisse rentrer dans l'écran et cet
espèce de blondinet qui compte aussi peu de cervelle que ce qu'il
déborde de bagout. Tous ces types, parfois fort âgés et souvent
fort dépassés qui refont le match avec cet air pincé, ce langage
affecté comme si le sujet était un tant soit peu sérieux, alors
même qu'ils déversent, incontinents, des flots de propos
suffisants, mais inconsistants et d'une insondable vacuité...
Oui
mais au fait, pourquoi me suis-je donc un jour abonné à Canal, déjà
? Ah oui ! parce que plus jeune et vigoureux, je trouvais plus
commode de me faire un porno à minuit dans mon salon que de raser
les murs pour me faufiler dans une salle obscure d'un vieux cinoche
« dard et des seins ». Bon, comme le dit le vieil adage,
quand tu en as vu un, tu les as tous vus. Quoi qu'une piqûre de
rappel, vaut parfois mieux qu'un comprimé de viagra. Mais avec
internet, mon vieux tu as tout ce que tu veux, de suite et pour moins
cher...
Toutefois
je ne suis pas faux-cul. Et j'admets volontiers que si Denise, Zozo
ou la starlette de jour de rugby présentaient les spécialistes du
foutre-ball ou de la rugueuse bite, je me surprendrais peut-être à
plus d'assiduité. Sur le plateau quelques pornographes patentés,
avec des invités prestigieux (des stars du X, des anciens du FMI, du
Vatican, voire même de la Maison blanche et pourquoi pas de
l'Élysée...) . Imaginez les échanges:
- Oui mais si tu veux la mettre au fond, il faut être motivé.
- Cela dépend de qui tu as en face
- Exact et de la préparation mentale aussi, mais y en a qui y arrivent plusieurs fois sur leur seule qualité physique.
- A partir d'un corner, avoue qu'il faut de sacrées qualités
- D'accord, mais même dans l'axe profond tu en as qui se manquent.
- Ça dépend aussi comment tu rentres. Il faut toujours attaquer en mêlée le premier.
- Et avec une demie molle pénétrante tu peux faire du dégât !
- C'est vrai, mais c'est quand même bien mieux si tu montes à plusieurs, un en bas, un en haut et un autre qui prend à revers. T'as compris le coup, en principe tu vas toujours à dame...Tourne-vire, anal + ce serait pas le pire. Même si, forcément, ça pue aussi !
Jaco
Chronique du 26 février 2013
Les « snoc » font du ski
Je
vérifie par la fenêtre de mon ordinateur. Apparemment il n'y en a
plus un seul. Pareil par celle de mon bureau, aucun à l'horizon sur
la poudreuse des pentes de Cuers. C'est bon, on va pouvoir s'en payer
une tranche sans qu'ils se reconnaissent, ils sont tous au ski.
Vous
avez compris, il s'agit des cons. Pas des conos, catégorie par
laquelle je désigne nombre de mes amis, mais les vrais, les durs,
les tatoués même que ce serait pas la peine qu'ils le soient
-tatoués- tant ils le portent sur eux. Mais voyez-vous, nous les
désignerons désormais sous le vocable imaginaire de noc (snoc
au pluriel), histoire de les prendre à revers. C'est pas tant le
procès que je crains, s'il me venait par mégarde à traiter Tapie.
Quoi que franchement, celui-là a largement dépassé ce stade et
c'est plutôt les 40% qui se disent prêts à voter pour lui qui
mériteraient d'être ainsi rebaptisés. Quoi qu'il existe déjà un
parfait synonyme : marseillais. N'en parlons plus...
Non,
si je déclare solennellement renoncer définitivement à l'usage du
mot con, c'est pour ne plus m'exposer aux foudres rubicondes de mon
B.O, redresseur de bons mots de son état, qui me tord souvent à
raison dans de fameux (et fumeux) corrigés rouges que je vous offre
au demeurant et généreusement en pâture (aux côtés d'un troupeau
de race Aubrac). Ils doivent être bien rares les jeunes nocs
à savoir que ce mot, pour le moins atrocement vulgaire, désigne
dans ses origines latines le sexe féminin : cunnus, disaient-ils.
Tout un programme !
Tout
cela bien que légèrement trivial pour un dimanche matin à l'heure
de l'office – je dirai trois pater et deux avé – me fait
irrépressiblement penser à deux amis qui n'ont hélas pas l'immense
privilège de me connaître. Le premier c'est Pierrot de
Castelsarrasin, un brave type, chanteur par surcroit comme on n'en
fait plus et qui, à ce propos, vocalise celui d'Alice : « Si
je me réfère, A mon dictionnaire, Il est temps de faire La
définition, De ce mot espiègle, Qui échappe à la règle, Plus
noble qu´un aigle, Dans sa condition. Ce mot vous le dites, Censeurs
hypocrites, Etablissez vite, Son vrai sens profond. Car si on
l´ausculte, Au lieu d´une insulte, On peut faire un culte, Du joli
mot con... » C'est finement ourlé comme des lèvres de
jeune mariée...
Mais
dans le génie syntaxique, l'art de transformer la guitare en jouet
intime, que peut-il se faire de mieux que l'affreux Geogeo de Sète,
le prince des poètes, le salaud qui a rendu à mes yeux toute autre
parole, tout autre timbre et tout autre accord à jamais obsolète ?
« C'est la grande pitié de la langue française, C'est son
talon d'Achille et c'est son déshonneur, De n'offrir que des mots
entachés de bassesse, A cette incomparable instrument de bonheur...
Honte à celui-là qui par dépit par gageure, Dota de même terme en
son fiel venimeux, Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure,
Celui-là c'est probable en était un fameux. »
Qu'ajouter
après çà qui puisse encore avoir un sens, sans même escompter de
puissance. Mais bon je me suis embarqué, je persiste. Ils ont donc
bourré leur 4X4 de sacs, de planches, de bâtons, de draps, de
victuailles et autre nocneries, rajouté tout ce qui dépassait
sur la galerie et après avoir chauffé le moteur 10 minutes sans se
soucier des voisins, enfourné les deux gosses endormis dans la
bagnole. Il est cinq heures du matin, si tout va bien à midi on sera
en piste.
Mais
ça ne va jamais bien car çà commence à coincer à Sisteron (pour
les moutons qui vont aux stations du sud) ou à Orange (pour les
classieux qui optent pour les Savoie). De toute façon ça coince
toujours à Orange... moi qui croyais que c'était un laxatif ! Donc
ils tourneront, ce soir tard et dans l'obscurité, les clés de leur
location au douzième étage d'une tour qui a sabordé la montagne.
Et ce sont les mêmes qui se plaignent tous les matins de perdre leur
temps dans les bouchons entre La Farlède et Toulon ! Heureusement
les gosses ont été sages, le petit ayant avalé quatre DVD et
l'aîné n'aura quitté sa console de jeu des yeux que pour avaler
un hamburger arrosé d'un coca zéro, vu que sa maman commence à
s'inquiéter : « 70 kg pour 1,20 m n'est-ce pas un peu trop, docteur
? » Et lorsqu'ils débarquent dans l'appartement « La
Marmotte » en claquant les portes et en braillant sauvagement,
les chers petits snoc, n'ont aucune idée de ce qu'il peut
bien exister dans la nature entre le Faron et Pra-Loup ou entre le
Cap Brun et Tignes vu qu'ils n'ont jamais levé le nez de leurs
écrans.
Le
lendemain, il ne fait pas moins de quinze. Mais en dessous de zéro !
Bon, ça passe parce qu'avec des combinaisons et autres fringues à
haute texture calorifique sur le dos (plusieurs centaines d'euro
quand même) ils ne chopperont la grippe que la semaine prochaine
(contrairement au pauvre bougre mal fagoté qui l'attrape
instantanément). Ce sont les mêmes, là, avec les pieds ballants
qui se congèlent le cul une semaine durant sur des télésièges et
qui ne sortent jamais le soir à Toulon parce qu'il pèle trop : « Ce
n'est pas le même froid osent même les champions du monde »
souvent du sexe dont je vous entretenais un peu plus haut. Le
contraire de noc pour les deux qui suivent encore le propos !
A
midi, nouvelle orgie de burger-frites au refuge 2000 : « les
Isards ». 15 euros c'est comme à l'Aubrac dis-donc, mais c'est
nettement plus beau ici. Le soir on se retrouve avec les amis de
l'année dernière -et où l'on trouvera, tant qu'à faire, ceux de
l'année prochaine- en bas de « La Marmotte », au resto
de « l'Edelweiss ». 30 euros la vilaine fondue et les
deux verres d'apremont. Ça ressemble à l'aligot dis-donc ! Oui mais
là, t'as que ça à bouffer ! Et ce sont les mêmes qui trouvent que
chez nous, c'est trop cher !
Bref,
tout s'est bien passé. Bon on s'est un peu disputé avec tout le
monde : dans la foire d'empoigne et d'attente aux remontées ; dans
la descente où l'un va trop vite et l'autre tombe devant toi ; avec
les gosses qui ne veulent pas se lever, puis qui ne veulent plus
rentrer ; avec la femme qui n'était jamais prête à sept heures du
mat pour ouvrir la piste des « Airelles » toute fraîche
; avec le mari qui n'a pas arrêté de brancher la voisine dans sa
moulure fluorescente hyper-discrète. Pour à peine plus de trois
mille euros (enfin 4500) ils se sont éclatés. C'est au moins ça
que « l'autre flan » ne nous prendra pas déclamèrent-ils
fièrement !
Et
pendant ce temps, il neigeait sur Toulon …
Jaco
Chronique du 19 février 2013
Chronique du 12 février 2013
Chronique du 5 février 2013
Dégâts cholestéraux
Je ne sais quel matin, mais c'était un matin où tous les cons s'agglutinent entre Cuers et Toulon (on se demandent bien ce qu'ils foutent à Cuers, mais encore plus ce qu'ils vont faire à Toulon, vu qu'il ne s'y passe jamais rien et qu'on n'y voit quasiment personne), j'écoutais France Culture. Oui je sais pour les uns ça fait prétentieux, pour les autres l'existence même de cette radio est à l'instant même, une révélation. Ça fait certes prétentieux, mais s'il y avait plus de monde à l'écoute de Meyer et Voinchet dès potron-minet et beaucoup moins à celle des animateurs de foire de RMC et des débiles de la bande FM, on serait nettement moins dans la merde. Mais c'est un voeu aussi pieux que lorsque je rêve du jour où les Toulonnais prendront le soin de manger, plutôt que d'aller s'intoxiquer en terrasse et au soleil. Et là, y a du monde. Beaucoup plus qu'à l'écoute de « Culture ».
Chronique du 29 janvier 2013
A chœurs vaillants...
Ces chiens qui sont les maîtres
Chronique du 15 janvier 2013
Ma
prose était un peu aride ce dimanche matin. Sans doute désabusée.
Je n'ai croisé, sur la route,
dans un service municipal et dans mon
quartier, que des gens agressifs, idiots, sans autre intérêt, que
le seul qu'ils défendent : le leur ! Mal lunés, mal baisés pour les
meilleurs, mal intentionnés pour les autres ! Encore un beau sujet de
chronique, mais trop frais pour l'exploiter sans danger... C'est
alors que je me suis souvenu que lorsque j'étais gamin, je ne savais
plus m'exprimer, les jours désabusés, qu'en vers et en couplets.
Je rimais parfois comme mes … pieds. Cela pouvait virer à la cata... strophe. Mais au bout du poème qui marquait mon chemin, je n'allais pas beaucoup plus mal. Parfois même, je me sentais bien mieux. Alors, même si, depuis que je connais Hugo et Lorenzini, je me suis promis de ne plus employer le chausse-pieds pour écrire ; même si je sais que beaucoup d'entre-vous sont rétifs, voire allergiques, aux poèmes, je vous offre ces quelques rimes, riches de sentiments et de … sincérité. Je voudrais les adresser à messieurs Arnault, Depardieu et société. Pensez à eux, qui n'auront jamais la chance de les lire... Hélas !
Tiens
cette semaine, je vous emmène sur une île. Oléron. Ben oui, on
avait pensé à Bali, mais au dernier moment on s'est dit qu'il y
aurait sans doute trop de ballots -il s'agit de l'équivalent en
paréo du cono continental-. Et puisque nous avons la chance d'avoir
des îles, pourquoi aller faire travailler celles d'Asie. Si on
bronze là-bas on en revient jaune … Sans compter qu'à force de
partir en vacances en Asie, de regarder la télé venue d'Asie, de
conduire des bagnoles venues d'Asie. De téléphoner, de courir, de
laver, de repasser, d'offrir et de rêver Asie, on va finir, en
France, par devenir économiquement... bridés ! Faites ce que vous
voulez avec votre conscience ! Et je dis ça pour ceux qui, par
extraordinaire en aurait reçu une en héritage -conscience- et ne
l'aurait pas oubliée malencontreusement sur une plage Thaïlandaise
un matin de tsunami.
Et
voici ce qui va me contraindre à mettre un terme à cette confection
amoureuse, quasi-religieuse, faute de consommateurs. Si nous sommes
encore là, il vous faudra, dans les années futures, commander une
semaine à l'avance ces mets exceptionnels.
On
nous roulerait pas un peu dans la farine ?
Vous
aurez bien noté que je ne me suis pas précipité pour persifler sur
la colline où des millions de béotiens s'enfoncent les doigts au
fond de la gorge pour tenter de vomir leurs lasagnes ou leurs
moussakas. D'abord parce que ce n'est pas mauvais en soi, le cheval
(d'où l'expression que même un jeune utilisateur d'Iphone est
susceptible de connaître). Bon, il ne s'agit pas là d'un percheron
promenant sa dégaine débonnaire dans l'herbe grasse d'une prairie
normande ou d'un pottok sifflant une paille entre les dents sur les
pentes de la Rhune... On parlera plutôt d'une vilaine carne,
agonisant dans un wagon racheté aux enchères à Buchenwald
directement après-guerre et croupissant au soleil. Mais il faut que
le ravioli ait du goût non d'un chien !
Non,
réellement, me fendre la poire en imaginant ces millions de gens qui croient malin de s'empiffrer des cannellonis congelés sous
prétexte qu'à Aubrac/mer c'est trop cher et qui ne s'alimentent
plus qu'avec de la merde (j'ai choisi ce qu'il y avait de moins
mauvais !)... très peu pour moi. Il faut quand même être au-dessus
de ça ; car à glousser sans mérite, on jubile sans gloire.
Et
puis quand je pense aux larmes des frangins rugbymen de
Castelnaudary, tellement honnêtes ceux-là, qui avaient si bien mené
leurs affaires qu'ils vendirent leurs boites (de conserve) pour le
franc symbolique, quand je pense aux terribles sanglots de l'aînée
de la fratrie devant les caméras « on a sali notrrrrre nom ! »
il faudrait décidément avoir un coeurrrr de pierrrrrrrre pour
oser se marrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrer.
Il
manque quand même quelques morts. Une canine de canasson en travers
de la gorge, ça doit pourtant pas être commode à digérer. Ou
alors une palette de viande oubliée sur un quai dans la brume de
Craiova par l'importateur hollandais (mais la présidence devrait
publier un communiqué affirmant que ses partisans n'y sont pour
rien...) et replacée incognito dans sa chambre froide, au petit
matin, par un intermédiaire luxembourgeois et immédiatement
conditionnée par un industriel suédois... ça mériterait bien une belle intoxication létale, non ? Vous ne vous en tirerez pas toute la vie avec une bonne colique et quelques tâches
sur la descente de lit (rapport à la dissanterie). Ouais pas
terrible, mais des fois, ça suffit à faire plaisir !!!
Qu'est-ce
que j'écrivais déjà ??? Oui, c'est pas bien de se gausser des
monstruosités produites par ces multinationales, parce qu'elles ne
sont, après tout, que les filles naturelles de notre société et de
votre vénalité. Si l'étalon de l'humanité avait été le sexe
plutôt que cette saleté de fric, vous verriez qu'on se ferait quand
même beaucoup mieux baiser. Là, c'est à sec et sans l'ombre d'une
caresse sur la tête, ni d'un sentiment.
Beaucoup
moins médiatisé -car nos journaux ne traitent que d'une info
embarrassante à la fois et encore si c'est l'autre qui a commencé-
le retour triomphal des farines animales dans l'alimentation de nos
poissons d'élevage. Cela mérite, je crois, une standing ovation !
Allez levez vous bande de fainéants ! Quoi ? Le fait que vos chères
dorades puissent à nouveau se faire les dents sur des os de vache et
que les bars se remettent sous pression en grignotant des oreilles
de cochon, cela ne vous fait rien ? Quelle ingratitude ! Vous ne
vous rendez pas compte que l'industrie agro-alimentaire vous offre
ainsi une chance insigne de vous gaver de protéines tout en
profitant du phosphore. L'excellence sera à votre portée avec la
tonicité du poulet, la puissance du boeuf et l'intelligence du
merlan.
Je
ne sais pas avec quelle narine, ni quelle farine ils aspirent, les
têtes d'oeuf de Bruxelles ou de Paris pour pondre un tel projet,
mais nous devons admettre qu'ils n'ont pas inventé la boite de
pandore. Ils se contentent de la rouvrir.
Il
y quarante et quelques années -ciel c'est si vieux que ça !- il
était fréquent qu'à la cantine de l'école Victor-Hugo à
Graulhet, on nous serve du poulet qui avait atrocement goût à
poisson. Mais pour manger une aile, c'était bien commode, car la
chair se détachait super bien de l'arête... Désormais c'est le
poisson qui a pris le pouvoir, puisque c'est lui qui va bouffer du
poulet. Et lorsque vous irez acheter une sole, il vous suffira de
demander à votre poissonnier de vous la plumer.
Bon
et on va les laisser faire longtemps comme ça ? Ceux qui nous
empoisonnent pour se gaver de pognon et ceux qui consomment, fascinés
par le modèle économique et la commodité des barquettes sous vide
?
J'ai
envie de leur gueuler : vous voyez pas que vous être gros et laids (pas de rapport avec Graulhet, cono...), vous
comprenez pas que ça vient de ce que vous bouffez et surtout de ce
que vous ne savez plus manger ? Trop cher ? Alors j'ai pour vous la
solution : roulez dans une petite voiture française ; arrêtez
d'aller au bout du monde pour prendre un rayon de soleil, quatre
(mille) photos et emmerder vos voisins avec le récit de vos voyages
; revendez votre congélateur et foutez-moi votre putain de portable
à tout faire à la poubelle. Vous allez rapidement vous apercevoir
qu'il vous reste des sous pour vous alimenter correctement. Vous
pourrez même économiser et sauver le système bancaire...
Et
vous n'aurez même plus à faire le régime pour vous dandiner dans
un falzar de chez Armani ou Gucci (qui vous coûte la peau du cul)
puisque vous serez bien dans votre peau !
Jaco
Chronique du 12 février 2013
Saint Paul Emploi, payez pour eux
Bon ça y est, ça va vous étonner : je suis en colère, en rage, en rogne, en fureur, en furie, en pétard, en courroux … coucou. Non, non, pas après vous, pas après ceux qui restent entre midi-et-deux sous leur abri nucléaire, la queue basse, en rongeant trois fois rien entre deux tranches de pain et qui ne s'aventurent pas davantage dans les rues de Toulon le samedi soir, des fois que le thermomètre descendrait en dessous de dix degrés, qu'il tomberait deux gouttes ou que, malencontreusement, ils croiseraient un arabe... Ils préfèrent compter leurs euros puis s'asseoir dessus en espérant que Mélenchon ne les retrouvera pas... Ils ont raison, on n'est jamais trop prudent. Et si la peur n'exclut pas le danger, elle... rassure ! Bon je sais, même si ce n'est pas le café déflore, c'est un peu trop fort pour vous mes amis. Mais après tout, il n'y a pas que des Toulonnais qui me lisent !!!
Non,
je suis courroucé parce que je continue à croire encore en la
conscience humaine, en la solidarité des générations, à la
fraternisation des classes. Lorsqu'au printemps 2009, avant de me
jeter à la figure cet inaccessible défi d'Aubrac sur mer, je
m'étais imposé un stage chez un pote restaurateur du port d'Hyères,
j'avais évidemment découvert un mode de fonctionnement, un monde
pour tout dire, qui ne serait jamais le mien. Cette brasserie avalait
des clients au quotidien, comme moi je parviendrais difficilement à
en absorber dans le mois ! Pourtant Jean-Luc m'avait immédiatement
proposé le bon diagnostic : « Si tu peux l'éviter, ne prend
jamais de personnel ! »
Je
n'irai pas jusqu'à dire que j'avais été choqué par cette
déclaration d'amour à l'égard du salariat hôtelier, mais elle
m'était apparue pour le moins excessive et définitive. Bref, même
avec la recette du jour de l'établissement hyèrois, il m'a fallu
embaucher au mois. A tour de bras. Un serveur. Et même un deuxième,
lorsque le premier qui s'est lassé de travailler au bout de deux ans
(quel exploit !) nous a subitement lâché.
Alors
le second, c'est un spécimen. Pas fait pour le travail. En
restauration s'entend. Et c'est une litote... Gentil. Très gentil.
Très, très gentil... ce qui augure généralement mal de la suite,
mais qui est le critère de dupe dans lequel on se laisse encore et
toujours piéger. Cela fait trente ans que j'avance ce spartiate
aphorisme : « Gentil n'a qu'un oeil » sans jamais être
fichu de le prendre en compte. Lorsque je parle de lui, ce n'est pas
un nom que je mets sur son portrait anonyme, mais un profil (celui
des adeptes de face de bouc) que je dessine et qui résume hélas une
tendance forte, voire une majorité galopante (encore que la plupart
ait plutôt une démarche cacochyme).
Bref
il ne travaillait pas pour gagner sa vie, mais pour préparer son
futur voyage d'un an renouvelable, à travers le monde. Il applique
la théorie épicurienne qui consisterait à profiter de la vie, de
tout et du reste tant qu'on est fringuant puis, le cas échéant,
de travailler ensuite quand on est vieux, croulant et impotent.
Remarquez, même à vingt ans ils ne manifestent guère plus
d'entrain et d'efficacité que les susnommés.
Et
s'ils travaillent un peu, ces néo-baroudeurs qui vont observer le
monde plutôt que de le bâtir, ce n'est pas tant pour payer leur
voyage que pour profiter du chômage. Suivez-moi bien, au bout de six
mois de travail vous avez droit à des indemnités, il suffit alors
de vous faire licencier pour continuer à être payé ! En baladant
c'est tellement mieux. Mais en pensant aux cons qui ne voyageront
jamais et qui bossent pour vous, là, c'est à la limite du jouissif.
Et quand je pense qu'il y a un ministre de la réindustrialisation !
Tu veux ouvrir des usines toi ? Mais avec qui pour les faire tourner
? Quelques retraités peut-être... Ou alors relancer une bonne politique d'immigration
! Pas con, non ?
Bref,
nous, on a pas voulu de licenciement à l'amiable. Alors il nous a
planté. Un week-end à 100 couverts, nous, pauvres quinquagénaires
avec nos os qui dégénèrent. Parce qu'un abandon de poste n'est
nullement une démission. C'est minable, sans morale, mais ce n'est
qu'une faute grave qui donne directement accès aux indemnités.
Maintenant vous le savez, si vous en avez marre de votre boulot, vous
ne vous levez plus le matin et Pôle emploi le remplacera. Et
rendez-vous compte que c'est un vieux gaucho erratique qui vous
tient de tels propos. Si ça continue je vais finir au Médef. Si,
si, j'ai droit ! même avec un salarié je peux être élu au Médef.
Je me vois monter à la tribune et entamer par un vibrant :
« Camaaarrraaaaades ! »
Bon
je sais, je délire ! Ça y est, c'est la fièvre qui me gagne....
Mais c'est trop facile -mon Jaco- de considérer ces générations de
jeunes comme celles des branleurs. Mais qui c'est qui les a faits ?
Hein , vous là qui baissez la tête. Qui c'est ? Encore que si
beaucoup auraient dû se retirer, ce n'est pas le pire de les avoir
faits. Le pire, je vais vous le dire, c'est de les avoir éduqués
de la sorte ! Remarquez ils ont été élevés, puisqu'on leur a
donné le goût du jeu, du gain, du voyage, du bling-bling... En
résumé ; on leur a appris l'opportunisme, la vénalité, la
duperie, la superficialité. Va t-en voir de qui ils tiennent tout ça
?
Mais hélas, la conscience, l'humilité et la loyauté ne sont pas innés. Loin de là, apparemment...
Mais hélas, la conscience, l'humilité et la loyauté ne sont pas innés. Loin de là, apparemment...
Jaco
P.S.
Facile aussi de s'en prendre à Pôle Emploi. Je dois à la vérité
de dire que
c'est grâce à lui que vous avez pu découvrir l'Aubrac
à Toulon. Car durant trois ans, ce sont mes indemnités de chômage
qui m'ont permis de vivre lorsque, malgré mes cinquante heures de
travail hebdomadaire, je perdais de l'argent en travaillant comme un
con. Et je parle même pas de ma con...jointe qui bosse gratis et
avec le sourire !
C'est peut-être pourquoi, on peut encore trouver une quelconque utilité morale à ce modèle social tellement décrié par les uns et pillé par les autres.
C'est peut-être pourquoi, on peut encore trouver une quelconque utilité morale à ce modèle social tellement décrié par les uns et pillé par les autres.
Elles voulaient voir la mer
Il
était facilement quatorze heures trente lorsque deux braves dames à
l'accent fort étranger entrèrent, sûres d'elles, pour déjeuner. Nous
les accompagnâmes en salle puisque de toute façon elles ne nous
avaient pas laissé le choix. C'est alors que je les vis ressortir
aussitôt comme si elles étaient tombé sur un putois dormant
paisiblement sur la banquette. Mais non, me dit Marie, elles
voulaient voir la mer ! Sans doute parce que, présomptueusement,
nous nous sommes appelés Aubrac sur mer. Mais celle-ci n'est pas prête
de monter jusqu'à nous, même si nous faisons tout pour réchauffer
la planète. En attendant on fait avec la mère (de trois enfants) et
l'amer... de toutes les batailles.
Chronique du 5 février 2013
Dégâts cholestéraux
Je ne sais quel matin, mais c'était un matin où tous les cons s'agglutinent entre Cuers et Toulon (on se demandent bien ce qu'ils foutent à Cuers, mais encore plus ce qu'ils vont faire à Toulon, vu qu'il ne s'y passe jamais rien et qu'on n'y voit quasiment personne), j'écoutais France Culture. Oui je sais pour les uns ça fait prétentieux, pour les autres l'existence même de cette radio est à l'instant même, une révélation. Ça fait certes prétentieux, mais s'il y avait plus de monde à l'écoute de Meyer et Voinchet dès potron-minet et beaucoup moins à celle des animateurs de foire de RMC et des débiles de la bande FM, on serait nettement moins dans la merde. Mais c'est un voeu aussi pieux que lorsque je rêve du jour où les Toulonnais prendront le soin de manger, plutôt que d'aller s'intoxiquer en terrasse et au soleil. Et là, y a du monde. Beaucoup plus qu'à l'écoute de « Culture ».
Bon,
mais c'est pas pour vous dire que je n'ai pas des moules-frites dans
les esgourdes que je vous ai convoqués ce matin, ni pour piquer ma
petite crise (enfin elle est plutôt costaude, la salope...), non
c'est pour vous annoncer que ça y est, vous pouvez officiellement
revenir manger à Aubrac sur mer, sans risquer la paralysie faciale,
la thrombose, pas même un tout petit infarctus minable. Tout ce que
vous aurez à redouter, c'est la facture.
J'entendais
donc le professeur Even (pas celui qui a pondu la loi nous
interdisant de boire, de fumer, de manger et de mourir avant 103
ans), non l'autre, Philippe, le bon, celui qui a décidé avec
Bernard Debré (qui est bien le même que celui qui se dispute
l'héritage gaulliste avec son frangin Jean-Louis, mais là n'est pas
la question Simone) de mettre un bon coup de pied dans les étagères
de nos armoires à pharmacie... Il s'agissait donc -ce fameux matin
dont j'ai oublié le nom, peut-être était-ce mercredi- pour
Philippe Even, de dénoncer non seulement l'efficacité relative des
statines (qui ne sont pourtant pas d'origines soviétiques) , cette molécule censée réduire votre cholestérol tout en
amincissant remarquablement les finances publiques, celle de la sécu
au premier chef, mais aussi de relativiser les effets du cholestérol
sur les accidents cardio-vasculaires. D'après-lui, la relation entre les
deux est quasiment nulle. Ce qui expliquerait pourquoi le Gers,
où se concentre la plus grosse proportion de mangeurs de cassoulet,
de confit et de foie gras, est aussi l'endroit où l'on vit le plus
vieux...
Mais
ce que j'ai aimé dans le discours du prof, ce n'est pas tant sa
grande perplexité quant à l'efficacité de l'un de ces nombreux
médicaments que vous prenez sans doute avec votre croissant, mais sa
charge, que dis-je sa croisade contre toutes les idées reçues qui
font que les consommateurs s'empiffrent de pastilles de toutes les
couleurs et que les grands laboratoires mondialisés se gavent
avec leur crest...or, tah...or, zoc...or, élis...or et j'en oublie
enc...or. Les statines sont plus vendues dans le monde que tous les
médicaments anticancéreux, c'est quand même vous dire qu'il y a
intérêt à diaboliser toujours plus le cholestérol. A promouvoir
davantage les petites pilules magiques plutôt que l'ail de Lautrec,
l'échalote de Busnes et un petit verre d'eau de vie comme le
sirotaient nos grands-mères, la bouteille bien rangée, sous le
meuble de la télé, derrière une pile impeccable de serviettes et
de torchons.
En
réalité, je ne vais rien vous apprendre, même si vous préférez
le gros gourdin sur Monte Carlo au fin Meyer sur France Q, ce ne sont
nullement les présidents qui gouvernent ( pas plus l'ancien sur ses
gonzesses, que le nouveau sur son pédalo), pas même les états. Ce
sont les lobbys internationaux, les maîtres du monde de la finance,
de l'armement, de la religion -cela va sans dire- et... du
médicament. Les lobbies, comme dirait Coluche s'il était encore là,
cherchez pas, c'est un truc, comment vous expliquer, c'est un truc...
vous y êtes pas. Allez circulez, y a rien à voir. N'y rien avoir
d'ailleurs. Enfoirés !
Mais
j'en veux tout de même terriblement à mes amis Conquet. Le trust de
Laguiole, le champion du pâté pur porc et du steak d'Aubrac. Ils
sont tellement forts dans l'Aveyron que je ne comprends pas comment
ils n'ont pas imposé depuis des lustres, le lobby de l'entrecôte.
Au lieu d'une croix verte, on aurait comme enseigne, une tête de veau
ou un pied de cochon. Ils scintilleraient dans la nuit, on nous
verrait de loin. Et qui sait ? On serait peut-être riches...
Jaco
Je
profite de cette chronique légère comme un comprimé effervescent,
pour remercier, que dis-je congratuler, tous ceux qui sont venus
vendredi et samedi (une centaine quand même !) et qui ont ouvert
eux-mêmes leur bouteille de vin. Nous n'étions que deux pauvres vieux pour
servir (puisque le seul payé dans cette boite pour le faire nous a
encore fait défaut), mais heureusement il n'y avait à table que des
amis compréhensifs.
Chronique du 29 janvier 2013
A chœurs vaillants...
J'aurais
tellement aimé savoir chanter. M'asseoir avec cinq collègues autour
d'une nappe à carreau et, entre deux tranches de saucisson et
l'inévitable canon (à quatre voix), entonner les airs fameux de la
révélation et forcer sur la note des chœurs de la révolution
(Bella Ciao, Coupo Santo, Se Canto, etc...). Cet été, dans l'une de
ces enclaves espagnoles du pays basque où flotte toujours, sous la
chape de plomb, un petit air canaille de trafics interlopes, nous
déjeunions, avec nos amis Dany et Alex, dans une auberge comme on
n'en fait plus que dans les coins les plus reculés des Pyrénées
(et de l'Aubrac). C'est un ténor, me semble-t-il qui lança la
première note, puis ses trois compagnons le rejoignirent dans une
orgie d'octaves, de fines voix de tête, de coffres profonds et de
trémolos. C'est alors que vibre instantanément la corde sensible
d'une assistance qui, sans perdre l'assiette -pour laquelle elle est
venue- de vue, commence à tendre l'oreille. Car, voyez-vous, il y a
des sens qui se complètent à merveille. Le goût et l'ouïe en
proposent le succulent exemple. Je ne pense pas là au déferlement
de conneries que peuvent déverser, sur la table, ceux qui
monopolisent la parole au dîner, mettant en danger l'avis d'autrui !
Ces types qui ne s'interdisent jamais de jeter leur grain de sel sur
l'immonde : les PD, les arabes et les assistés sociaux... Ça leur
semble tellement essentiel qu'ils poursuivent toujours, quand ils ne
l'amplifient pas, tout en continuant à s'empiffrer. Ah ! que j'aime
ces gens qui parlent la bouche pleine ! Quelle élégance... Avec
ceux-là, c'est pas pareil, l'entrecôte prend un mauvais goût de
hyène et tu n'as plus qu'une envie, c'est de sortir pour dégueuler
(tiens ! ça faisait longtemps !)
Non,
la musique et en l'occurrence la voix (qui est jusqu'à preuve du
contraire le plus naturel des instruments à corde), ajoute encore à
la sapidité du plat sans doute parce qu'il restitue plus fortement,
la perception de toutes les émotions. Et là encore, faudrait-il
parvenir un jour, à mieux cerner ce mot, tant sous le vocable, on
englobe et l'on mélange la victoire d'un marin français dans un
tour du globe à la voile où il n'y a que des Français ; la
libération d'une Française partie courir le gueux mexicain à ses
risques et périls et ces petites notes qui virevoltent dans un soir
léger où l'on partage un exceptionnel bout de viande, entre amis,
au bout du monde.
Ces
deux heures passées à deux tablées du groupe basque, m'avaient
rapproché sensiblement de l'éternité. De celle que l'on apporte
avec soi, avec pour seule crainte de l'égarer. L'emporter dans l'au-delà et pourquoi pas,
un peu avant ?
Occi
cant est arrivé. Vendredi soir. Un peu tard. Sans plus. Après
le match. Rien à déclarer. Entrez. Je connaissais un peu Christian.
Une sorte de résistant d'un autre temps. Barbe en bataille, œil
pénétrant, les idées fortes. Géologue, sans doute un brin écolo. Tombé
amoureux de l'Aveyron et de l'Aubrac. Pardi. Fan d'aligot aussi, dont
il m'a écrit, en plein été, une sorte d'ode que les plus vigilants
ont probablement mémorisé. Aligot... go, go, go ! Comme une
évidence, que nous sommes a peu prés deux à partager dans la
région, entre Ollioules et Cuers.
Il
avait tenté de venir avec le reste de la troupe, pareil, un soir
d'après-match. Nous n'avions pas pu les prendre, vu qu'il n'y a que
les jours de match qu'on travaille. Un peu. On été blindés comme
disent les jeunes et je savais que je passais à côté de quelque
chose. Ils ne m'ont pas snobé pour autant et comme ils ont eu raison
!
Autant
les Basques sont solides sur leurs bases (le cul et le bide), autant
les Provençaux s'étirent sur leurs quilles et peuvent grancilhar
par grand mistral. Mais une fois
assis, ce sont les mêmes : consistants...
Là,
ils attaquèrent, pied au plancher. C'est à dire au comptoir. Une
gentiane. Un chant d'Aveyron. Mais pas un seul bourré. Trop robustes
pour ça. Trop dignes surtout. Puis toute la soirée, -jusqu'à fort
tard, me faisait d'ailleurs remarquer Marie-, les notes coulèrent
faciles, courant d'une table à l'autre, parmi nos convives et amis
interloqués...
Quelle
puise dans les graves ou se perche dans les aigus, elle est toujours,
cette voix-là, celle de la fraternité. Vendredi soir à Mayol,
pour singer le pilou-pilou de Marcel - qui doit souffrir du dos à
force de se retourner dans sa tombe- il y avait Garcia et Young, la
fine fleur de l'élégance intellectuelle, le nec plus ultra de la
délicatesse. Mais pas Occi Cant. Normal, Christian et ses amis
avaient choisi la vaste tribune d'Aubrac sur mer pour s'en donner à
chœur joie. A la fin, ce sont eux qui réglèrent l'addition, mais
c'est moi qui avait le sentiment de leur devoir quelque chose...
Jaco
13
à table
Il
y avait à cette table -où ils étaient 13 et je confirme que ça
porte bonheur- les six chanteurs du groupe Occi Cant : Christian,
Jean-Pierre, Christophe, Jean-Marc, Jacques et l'autre Christian. Ils
étaient accompagnés de Loulette, Christine, Carine, Marianne,
Nadine d'Anna et de son copain.
Lo
Pastor de l'Aveïron
J'ai
demandé à Christian de me faire un petit récapitulatif du tour de
chants et polyphonies improvisés ce vendredi soir : « Copo
santo bien sûr, Se canto, sans le couplet du "pibol",
Hegoak, pour nos "amis" du BO ; corses, occitans, italiens,
dont l'indémodable et internationalissime "Bella ciao"
.
Mais
ils entamèrent, comme un hommage au lieu sacré, par un vieux chant
aveyronnais (post-médiéval ?) dont j'espérais le titre : « Aqueù de
l'Aveïron ? Me lo ramenti pas bèn.
Mais
c'est vraisemblablement "lo pastor" incontournable, qui
va se promener en bas du champs, avec Joanetta, même qu'ils oublient
que la nuit elle tombe, ce qui fait que la Joanetta elle est
inquiète vu que sa moman ne manquera pas de lui demander ce qu'elle
a foutu si tard et qu'elle lui répondra que sans un brave pastre qui
passait par là, le loup l'aurait (vraisemblablement) mangée... Sale
bête ! J'en oublie, c'est sûr, mais c'est pas grave.
Et
c'est déjà tellement essentiel !
« Aligot ...! go...! go...! » selon Christian
Nous avons reçu ce
cri de ralliement de notre ami Christian, tellement provençal et
pourtant passionné d'Aveyron comme nous. Et quand il ne chante pas
-avec le groupe Occi'cant- le Coupo Santo sur la pelouse de Mayol, il
chante le terroir, la gastronomie, l'amitié. Voici sa carte postale
à lui que l'on aurait pu rebaptiser Coupo d'aligot :
Cri
de raliement bien connu des adictes de la pommade rouergate.
Moi,
c'est pas compliqué : en 5 jours (trop courts) passés aux confins
tarno-aveyronnais, du 1 au 5/08, je m'en suis enfilé, goulument,
résolument, avidement, incontestablement, incontournablement,
volontairement, passionnément -m'avez compris- :
aligot/saucisses le 1 au soir à Sauveterre de Rouergue,
aligot/jarret de porc le 2 au soir à Monesties , itou entrecôte,
si... si... même lieu le 3 au soir, à midi avec une andouillette
-woueï !, le 4 à Najac, -Et le 5 ? RELACHE.
Ceci
étant proclamé, revendiqué, affirmé, que dis-je ?, bu et approuvé
avec des Gaillac blancs, éventuellement "perlés",
je suis déjà z'en manque.
Tu
vois, nous on a l'ailhet, p... ça me plait, mais après, c'est bien
connu, faut faire un pénéqué et surtout pas aller carigner,
que la belle elle va pas le supporter. Tandis que l'aligot, ça
glisse, ça onctue, ça satine, ça adoucit, ç'est
moelleux, paisible, compréhensif, tolérant.
Une
fois digéré tu peux t'y recoller, ça prête pas à conséquence.
Que
du bonheur.
Bon,
Saints Nasbinals, Chély, Urcize et Enimie que votre aligot soit
sanctifié et, si ce n'est déjà fait, inscrit au patrimoine
de l'humanité. »
Crestian;
lo geolog occicantesque.
Chronique du 22 janvier 2013Ces chiens qui sont les maîtres
Souvent
la pluie forme un rideau impénétrable que nos clients ne veulent
franchir, préférant laisser mourir leurs papilles d'ennui que
d'ouvrir leur parapluie et d'obéir à leur légitime appétit.
Pourtant, si elle ne me le rend pas toujours, j'aime la pluie. Mais
ce n'est pas totalement inintéressé. Certes elle ne fait pas avancer ma
cuisine, mais elle me nettoie le pas de porte. Ainsi avec ce qu'il
tombe aujourd'hui, je sais que ce n'est pas moi qui tomberai à la
renverse en ouvrant les volets, mardi matin.
Ce
n'est pas la pluie qui empêchera les chiens du quartier de venir se
soulager à côté du restaurant (et même parfois devant) sur les
murs et panneaux de bois. Mais ça le nettoiera... Ça pisse un
chien, vous savez ! Je ne sais pas si ça boit autant que ça aboie,
mais qu'est-ce que ça pisse ! Et il y en a dans le coin, des canidés
! En quantité. Parfois entre midi et deux, sans parler du soir entre
chien et loup, il en passe et
il en pisse en pagaille. Et je finis par me demander s'il n'y en a
pas plus que d'êtres humains ou assimilés.
Remarquez
il ne s'agit pas de hardes sauvages à le recherche de quelques
proies ou au pis aller de sacs poubelles, non, le plus souvent si
vous remontez la laisse, vous trouvez un maître. Enfin un homme. Un
type. Un pauvre type. Parfois même, il se promène avec la laisse
sur l'épaule, si bien que l'on se demande si ce n'est pas plutôt le
chien qui le fait sortir.
Et
lorsqu'il s'agit du comportement de l'individu et de son compagnon,
on ne sait pas lequel a éduqué l'autre. Car c'est quand même du
bas de ses quatre pattes que la bête décide de sortir et de traîner
dehors, sous la flotte ou par grand vent, le maître devenu esclave.
Enfin question éducation, c'est pas ça ! On n'est pas plutôt dans la
rue que l'on file à cent mètres pour inaugurer le premier bas de
mur. Et je peux vous dire qu'Aubrac sur mer, place Lambert et rue de
la Glacière, fait l'unanimité. Putain on a une cote ! D'enfer. Du
teckel au beauceron, mon vieux, tous semblent vraiment contents de
notre support. Et puis comme ils n'ont pas tous la même taille,
c'est mieux. Ils recouvrent toute la surface. Sans compter que,
comme pour les grands vins qui marient plusieurs cépages, là nous
avons des fragrances avariées qui nous mettent les narines en émoi.Durant
six mois, si vous réservez à l'avance, on peut vous garder une
place privilégiée, où l'odeur âcre et puissante remontant de la
pierre, se marie impeccablement avec tous nos plats.
Puis,
après quelques belles giclées sur nos volets, ils baptisent aussi
les sacs poubelles.
Comme
ça, non content de ramasser les ordures que leurs propriétaires
n'ont pas mis dans les containers, les éboueurs se couvriront les
gants de cette urine tellement recherchée. Et maintenant, fini de
rire. On va caguer. Mais là on délaisse les murs. On dépose le
colis en colimaçon au beau milieu de la voie. C'est tellement plus
marrant. Je n'ai pas encore surpris un collet ou un berger belge,
planqué derrière un panneau en attendant qu'un couillon marche
dedans pour bien se marrer, mais ça ne devrait plus tarder. Donc,
voilà c'est livré tout chaud. En 24 secondes chrono. Et c'est le
moment exact où le propriétaire du clébard n'a absolument rien vu,
puisqu'il tournait la tête du mauvais côté. Sans quoi, vous
comprenez bien, il l'aurait ramassée. Sa merde. Pour dire vrai, il y en a
qui se baissent pour enlever les traces de l'immonde pâté. J'en ai
même vu une, courir avec son petit sac noir après les crottes de
son chien constipé, puis une fois bien au fond, jeter le merdier
emballé, un peu plus loin dans la rue. Superbe geste citoyen !
Et
puis des fois on n'y peut rien. Il a la diarrhée le pauvre toutou !
On va quand même pas nettoyer à la paille... Allez, c'est l'heure
de rentrer ; ça fait au moins cinq minutes que l'animal est en
liberté. Faut pas abuser. On est pas si mal dans un 30 m2 au
cinquième étage avec un labrador. Et puis ce soir on
recommencera... D'accord, mais alors avant, on repasse
place Lambert, envoyer une dernière giclée aux pieds de
Larrue...
Un
jour, tandis qu'un barjot total, faisait pisser son barzoï à
l'angle du restaurant, j'explosai : « Il ne veut pas le faire
sur mes tables tant qu'il y est ? » Le type, antipathique à
mourir, me répliqua que la rue était à tout le monde. Je mis fin à
la conversation en lui expliquant que s'il se soulageait devant chez
lui, ça me serait bien égal, mais qu'ici, la rue était un peu plus
à moi qu'à lui... Ma foi, il a dû mal le prendre, car depuis il
semble que sa bestiole ne connaisse plus que notre terrasse pour
satisfaire des besoins, pour le coup, surnaturels.
Bref,
vous l'avez compris on y est jusqu'au cou. La prochaine fois, je vous
expliquerai comment les hommes se soulagent, entre le passage Lambert
et le parc à motos de la place. On se demande bien pourquoi leurs
chiens ne les éduquent pas mieux...
Jaco
Chronique du 15 janvier 2013
Tant
qu'il y a du bois pour se chauffer

Je rimais parfois comme mes … pieds. Cela pouvait virer à la cata... strophe. Mais au bout du poème qui marquait mon chemin, je n'allais pas beaucoup plus mal. Parfois même, je me sentais bien mieux. Alors, même si, depuis que je connais Hugo et Lorenzini, je me suis promis de ne plus employer le chausse-pieds pour écrire ; même si je sais que beaucoup d'entre-vous sont rétifs, voire allergiques, aux poèmes, je vous offre ces quelques rimes, riches de sentiments et de … sincérité. Je voudrais les adresser à messieurs Arnault, Depardieu et société. Pensez à eux, qui n'auront jamais la chance de les lire... Hélas !
Tant
qu'il y a de l'eau pour s'abreuver,
Des
âmes pures pour vous sauver,
Des
coeurs sensibles à palpiter,
Un
lit douillet où s'encanailler,
Des
amoureux pour procréer.
Le
premier sourire d'un bébé
Des
mains d'enfants à serrer,
Du
désespoir pour espérer
Et
de l'air pur à respirer,
Le
pain frais du boulanger,
La
voix du sage à méditer ...
Tant
que l'oiseau viendra poser,
Les
ailes de sa liberté,
Une
hirondelle un soir d'été...
Un
pauvre type à soulager,
Un
regard droit pour te fixer,
L'oreille
amie pour écouter
Une
rivière où se baigner,
Un
endroit calme, se ressourcer,
Et
des vaches bien élevées.
Un
beau « resto » où déjeuner ;
Une
étoile pour te guider
Et
même un accent étranger !
Tant
qu'il y a du bois pour se chauffer,
Un
matin calme illuminé,
D'un grand rayon ensoleillé.
D'un grand rayon ensoleillé.
Des
chemins pour se balader,
Une
histoire à raconter,
Une
vie à recommencer,
Un
vieux copain à retrouver,
Un
voisin à qui parler,
Une
confidence à échanger,
Un
verre de vin à s'envoyer,
Un
lendemain à espérer,
Un
peu d'amour et d'amitié...
Tant
qu'il y aura de riches exilés
Mais
une parole libérée,
Juste
le droit de s'insurger,
Le
courage de s'indigner,
La
force de ne rien accepter.
Le
seul plaisir d'échanger :
Pour
s'enrichir : aimer !
Des
hommes prêts à s'engager,
Le
refus de l'avidité,
Une
simple idée d'humanité,
Et
le refus de l'aliéner...
Nous
vivrons en société,
Non
pour seulement profiter,
Mais
par fierté de partager.
Chronique du 8 janvier 2013
Je
n'irai plus au restaurant

Question
bronzage Oléron, c'est tranquille. C'est tranquille question tout.
En fait, ce devait être l'inventaire annuel, car il n'y avait, sur
la plus grande île française de l'océan, pas âme qui vive. C'est
tellement et incroyablement vrai que nous n'avons trouvé personne pour
nous nourrir, entre la Cotinière et le phare de Chassiron. Si l'on
m'avait dit qu'un jour je sauterais un déjeuner et que je
m'assiérais sur mon fondamental ballon de rouge... Ça m'aurait fait
mal, là où vous pensez !
Enfin,
des fois, il vaut mieux savoir renoncer au déjeuner. Nous l'allions
vérifier sans tarder. Car le lendemain, après avoir quitté, avec
un soulagement indéfinissable, la lande océane, nous butâmes (non
ce n'est pas du gaz ! ) sur Royan, petite ville bien dans ses
charentaises et calée tranquillement sur l'estuaire de la Gironde.
Après avoir jeté quelques regards concupiscents sur les queues
frétillantes d'énormes langoustines ; après avoir regretté que
Toulon n'aie jamais été foutu (entre autres insuffisances) de
renouer avec ces halles qui suscitent si bien l'émulation des
commerçants et la célébration de leurs produits, il nous fallait
satisfaire un besoin pressant : manger !
Par
principe je ne vais jamais au restaurant. On y mange généralement
plus mal qu'à la maison et payer 20 euros pour voir mon poisson frit
se transformer en : « Ballotin d'églefin juste tourné sur
son écume d'huître, ses jeunes pousses au jus et sa purée de
panais », ça fait toujours cher de la feuille de salade et de
la réthorique.
Mais
que voulez-vous on était loin de la maison. Alors nous sommes entrés
au Neptune. C'était sur le front de mer et un resto qui se réfère
au Dieu des océans et des poissons, ne peut-être foncièrement
mauvais. Encore que mes liens avec la mythologie soient un tantinet
distendus depuis que l'on a tenté, dès ma plus tendre enfance, de
me faire ingurgiter une indigeste litanie de grecs et de romains,
tous affublés de noms à coucher dehors : Parède, Salacia, Cybèle,
Amphitrite et je vous la fais courte...
Nous
sommes donc entrés sous cette immense véranda avec vue sur
l'Atlantique qui hélas, s'était retiré pour l'après-midi.
Peut-être aussi pour inventaire ! Décidément c'est une manie. On
s'était dit qu'avec deux petits plateaux de fruits de mer, on ne
risquait rien. D'autant que s'il s'était retiré, l'océan
demeurait à portée de canne à pêche.
Avec
les fruits de mer, c'est simple. Soit, ils sortent de l'eau de mer et
c'est un pur régal, soit ils sortent de la chambre froide et c'est
la loterie, soit ils sortent du congélo et c'est très mauvais pour
les dents.
Je
vous rassure, rien ne venait de l'Océan ! Ou alors si, de l'Indien.
Tiens de Bali peut-être ! Mais depuis fort longtemps. L'antiquité
sûrement. D'ailleurs, pour un antiquaire , Neptune, ça le fait
aussi, non ? Bref face à moi, une vieille cliente (la soixantaine
quoi) me faisait de grands signes, portant une huitre à la bouche et
la recrachant, m'adressant des grimaces et des clins d'oeil dans le
dos de son pauvre mari et de ma Marie. J'ai cru que j'avais alors à
faire à une salope en vison, et en visions lubriques ; l'une de ces
femmes de peu qui assouvissent leurs fantasmes en vous renversant-là,
sur une table, sur la mayonnaise, les pinces de crabes vous
grignotant le dos... Je compris ma méprise, lorsqu'après
l'installation d'un porte-plateau rouillé, des poubelles de table
roses en plastique et des pots de mayonnaise translucide et de
vinaigre blanc, arrivèrent les bestioles prostrées dans leur
matelas de glace. Pas une ne la ramenait, sinon peut-être les quatre
langoustines de la taille de crevettes grises, mais qui trônaient
sur la cime, les deux pinces plantées dans la queue pour un sublime
exercice de contorsionniste. Sorties libres du congélateur, les
libertines fêtaient ainsi leur retour à l'oxygène. Ce n'étaient
pas le cas des huîtres qui ne couraient plus depuis fort longtemps
et qui avaient tout perdu sauf l'haleine fétide. Les bulots avaient
carrément le mal de mer, situation inconfortable dans laquelle je
n'allais par tarder à les rejoindre.
Il
me fallut alors me lever, m'excuser auprès de cette dame que j'avais
si mal jugé alors qu'elle avait tenté de me sauver la vie au risque
de perdre la sienne, payer mon dû en félicitant chaleureusement la
patronne pour l'ensemble de ses prestations. Une fois dehors, je me
suis collé une grande baffe. Histoire de vérifier que je n'avais
pas perdu encore la sensibilité des mâchoires et m'infliger une
légitime correction, pour être rentré dans un restaurant par
hasard, tout en sachant que seul le bouche à oreilles peut vous
sauver la vie !
C'est
lâche de vouloir se suicider si jeune et d'entraîner dans le néant,
un être qui vous faisait peut-être encore confiance.
Jaco
La
fin des haricots !
Offrir
aux Toulonnais et environnants, un choix de viandes exceptionnelles
et quelques plats exotiques venus des plus lointaines traditions de
la cuisine française et en l'occurrence du sud-ouest, tel était
l'objet de l'ouverture d'Aubrac sur mer, il y aura quatre ans en
septembre. S'il s'agissait bien sûr d'en vivre et d'y prendre un
plaisir certain, cette initiative avait un fondement altruiste et
passionnel.
Avec
un certain recul, je dois confesser ma profonde déception. Je
voudrais d'ailleurs présenter toutes mes excuses au fondateur du
cassoulet, l'un des bienfaiteurs de l'humanité. Car malgré tous les
soins que j'y mets, la qualité indéniable des produits qui le
composent, je n'ai pas su le défendre...
Pas
foutu de vendre quinze cassoulets à une population forte tout de
même (ne serait-ce que pour le grand Toulon) de cinq cent mille
bouches et autant d'estomacs.
Sans
doute est-ce là l'oeuvre des publicitaires et autres lobbyistes de
la malbouffe qui ont réussi à faire passer le cassoulet pour un
poison violent, un piège pour obèse.
Et
voilà comment je me vois contraint d'ingurgiter des tonnes de
cassoulet... Tout en faisant remarquer aux inconditionnels de la
ligne dure et des contours impeccables, que je ne pèse pas plus de
73 kilos et que mon ventre, même passé la cinquantaine, n'a rien
de difforme.
Ce
qui vaut pour le cassoulet, vaut également pour la merveilleuse
potée aubracienne, servie en alternance les vendredis et samedis
d'hiver et qui finit pareillement... à la poubelle !

Lorsque
j'évoquais, fin 2012, l'apocalypse de la presse, mon ami Patrick
m'avait répondu : « Pourvu que ce ne soit pas la fin des
haricots ! »
Je
crains que cela n'arrive bien vite...
Courage...
Toujours
là, à guetter les faux culs bien pensants, j'ai choisi de présenter
des voeux originaux et donc pas forcément consensuels -encore que si
on décortique ce dernier mot, bien des cons le soient-. A condition,
bien entendu, de s'entendre sur le bon usage du con en question !
On
peut me contester bien des choses, mais rarement de ne pas mettre
mes sentiments en parfaite adéquation avec ma conduite. Par exemple,
lorsque je vois le projet de taxation à 75 % des revenus excédant
le million d'euros annuel retoqué par les vieux chnoques du Conseil
constitutionnel, je ne m'insurge plus, mes pauvres, je pleure. Mais
ce qui m'accable, m'effondre, me mine et me la coupe, ce n'est pas
que les dizaines de types qui gagnent 7 000 SMIC par mois s'étonnent
que l'on propose de répartir ce qui dépasse, pour rétablir les
comptes publics, non ce qui m'indigne, me martyrise, me rase et
m'égorge, c'est qu'il y ait des députés, des citoyens et
probablement quelques pauvres parmi eux, qui se félicitent de ce
rejet, arguant du vieil argument de la mesure confiscatoire. Celle-là de connerie...
Ah
! si seulement l'ensemble de la classe politique portait le débat
sur le bien-fondé du partage des richesses, de la limitation de
l'échelle des salaires de 1 à 5 par exemple et sur le retour du
sport à la gratuité et au parfait amateurisme, on supprimerait d'un
coup d'un seul, les gros cons parvenus, les requins de la finance, le
dopage et peut-être même (mais ne rêvons pas !) les sportifs...
Certes
on ne passerait pas à côté des escrocs qui prolifèreraient car le
partage ne sied qu'à ceux qui en jouissent et les fuyards ne se
compteraient plus par dizaines en Belgique ou en Suisse, mais par
milliers ! Mais, croyez-moi, nos amis et voisins francophones
seraient vite saturés par cette invasion de « beaufs »
portant tous la même Rolex, les mêmes Ray-bans, le cul dans le même
4X4...
Et
comme je tiens à vous, je me suis donc amusé à vous offrir
d'autres voeux que la sempiternelle « santé » dont je me
demande qui ne pourrait ne pas vous la souhaiter. J'exclus donc
l'argent et la prospérité, pour vous présenter tous mes voeux de
courage. Et ce n'est pas un cadeau ! J'ai épluché ce mot, je l'ai
trituré sans le torturer. En anagrammes, en cryptonymes, en
acrostiches, en verlan et même en contrepèterie.
On
y trouve d'abord cou. Il manque le p, quand il s'agit de ceux
que l'on reçoit émanant de lâches ou d'insignifiants. Souvent des
deux, l'un ne supportant pas de sévir sans l'autre. Le cou que l'on
vous veut tordre pour vous la faire fermer.
Sans
le p, mais en rajoutant le r, cela nous fait cour, comme celle
qui se tient à proximité du roi et jamais en courroux mais tout en
courbettes. Il y a cage, celle où l'on aimerait vous enfermer
pour mieux vous isoler, éventuellement même, vous étouffer.
On
trouve aussi facilement courge. Celle pour laquelle vous
finissez par avoir la certitude d'être pris, lorsque bravant les
conventions et les escroqueries, vous travaillez à perdre haleine au
nom de l'éthique et du tact. Mais qu'au final personne ne veut
prêter attention à vos efforts, à votre intégrité.
Il
y a garou, non comme le chanteur qui déshonore la voix du
Québec à force de dissonances et d'insignifiances, mais comme le
loup qui vous dévore au petit matin, après avoir pourtant combattu
toute une nuit lunaire.
On
peut même, si l'on parle anglais -mais ne suis-je pas la dernière
personne habilitée à le faire ? trouver : care ! Qui signifie
dans la langue de Jack l'éventreur, soin. « Take care »,
se préoccuper de sa santé (nous y revoilà !), afin d'éviter que
les malfaisants finissent par vous la ronger -la santé- pour
finalement vous l'ôter.
Et
bien entendu, il y a rage. Comme celle qui nous anime, lorsque
l'on s'aperçoit au terme d'un combat déloyal que l'on est tout nu,
impuissant, ridicule, recyclé, dépassé, anéanti, inexistant...
Car
si le courage manque singulièrement de pratiquants en ce vil monde,
il génère sans cesse et en nombre exponentiel, des nécessiteux.
Les
plus délurés avec les mots, m'objecteront sans doute qu'avec argent
aussi, on peu constituer : rage et même pousser jusqu'à
l'art (de plumer son prochain sans doute). Je rétorquerai
alors qu'avec argent, on peut faire beaucoup mieux : rang
-dans lequel on entre trop docilement-, gare – au retour de
bâton si tu baisses sans cesse la tête- , rat -dégout- et
tare -pour tous ceux qui préfèreront toujours compter que
partager-...
Jaco
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire