Mais
où qui sont, les artistes ?
J'AVAIS bien entendu parler de Julien Doré. Mais pas encore chanter !
Avec
sans doute un peu de retard sur le commun des téléspectateurs, il
fait partie de ces rencontres que j'aurais tant aimé éviter. Et je
le dois encore à ce p... de Grand Journal qui est aux bobos parigos
rosés ce que le JT de TF1 est à la populace provinciale bleue
Marine.
Vous
me direz que c'est bien fait pour moi qui avait décrété, ici même
il y a bien longtemps : Canal Pu ! Surtout entre 19 et 20 h 15 avec
le fameux Dé Caunes qui, en vieillissant, porte de mieux en mieux
son nom.
C'est
que je voulais voir ensuite, le Petit journal de Barthés. Je ne dis
pas qu'il ne commence pas à avoir la grosse tête le Yann en
question, ni qu'ils ne sont pas en train de transformer le jeune
Martin en Tintin de BHV, mais il présente la seule émission encore
regardable du PAF. Lequel, en prenant le parti de se mettre au ras
des pâquerettes, c'est à dire en phase avec l'audimat, nous
précipite tout droit dans les bras musclés de l'héritière de la
Trinité/mer. Le Petit Journal est à la télé ce que le Canard
enchaîné est à la presse écrite. Des médias qui font le job et
que trop peu de gens suivent. Ce qui les rend aussi vulnérables
qu'un quelconque Charlie.
Bon
j'en étais où ? Ah ! Julien Doré !!! Putain c'est chaud...
Meilleur artiste de l'année, le type ! Déjà aux Victoires de la
musique (enfin la fausse, pas celle du Classique qui a fait sept fois
moins d'audimat que Top Chef et Joséphine Ange gardien), il n'y
aurait, à les entendre, que des artistes ! N'importe quel trou de
balle qui pétouille dans le micro est assermenté « artiste ».
Et le « mien » là, le Doré sur tronche, c'est même
l'artiste de l'année. Fwii... (c'est un coup de sifflet exclamatif,
mais j'ai du mal à le transcrire sur la feuille) surtout ne me
présentez pas les autres, ceux qui n'ont pas été « meilleur
artiste de l'année »...
Mais
c'est que si ce type-là, avec son chignon et sa bonne tête de
mignon qui a dû trouver son permis de chanter dans une pochette
surprise, c'est un artiste ! que sont les autres ? Mon plomblier
capable de déboucher une canalisation en moins d'un heure dans un
vide sanitaire haut de quarante centimètres. C'est quoi ? Mon
boucher qui en trois coups de couteau bien placés me sert une
osseline coupée au cordeau. C'est quoi ? Mon agent immobilier qui
en moins de six mois parvient à vendre mon restaurant à la moitié
de son prix. C'est quoi ? Le Bosniaque là, ou Kosovar (tout ça
c'est pareil) qui a eu la médaille d'or de menuiserie. C'est quoi ?
Et même mon ami Scott qui en quatre coups de Karsher à nettoyé
toute la rocaille autour de ma maison... Dites, c'est quoi ?
Bon,
certes leur heure viendra. Car lorsque Doré qui a déjà perdu sa
voix (car il a bien dû en avoir une le pauvre garçon !) aura un peu
blanchi ou pire perdu ses tifs ; lorsque les recettes de cuisine qui
tournent en boucle auront toutes été essayées à la maison et
impeccablement ratées, sans doute sera-t-on gratifiés, sur les
chaînes peoples, de quelques nouveaux standards originaux dans le
genre « SOS mon beau plombier », « Un pompier vite
fait », « Le Boucher vous en met un peu plus »,
« Mon voisin vient ramoner à la maison » et les placards
de la productrice TV aux idées courtes mais aux dents longues et aux
seins pointus, débordent de concept, de process and recording.
L'artiste
-comme ils disent- émet un son qui dit à peu prés cela : « Le
ciel se couche sur ta peau de louve, les oies sont rouges, la
mémoire est trouble, on a vu l'Espagne, la rive et les larmes,
l'amour a ses failles, et ses coeurs nomades »... On comprend
mieux dès lors pourquoi il débite sa poésie en anglais !
Surtout
ne nous en prenons pas à ce jeune homme qui avait tant envie de
réussir qu'il aurait tout aussi bien pu remporter les championnats
de Vendée en planche à voile. C'est le système qu'il faut
condamner, décapiter et refonder. Car on s'égare mes amis, on
s'égare. Des artistes il en reste. L'INA en regorge. De Brel à
Brassens en passant par Ferrat, Bécaud et Béart tous ces monstres défunts
pourraient enchanter nos soirées d'hiver et initier nos enfants au bon
goût. Sans l'avouer peut-être, ils découvriraient ce que sont :
une voix, des paroles, des mélodies...
On me
signale que Béart n'est pas mort. C'est une excellente nouvelle. Il
peut donc en faire encore du direct, comme Aznavour, Perret,
Lavilliers, Eddie, Trénet et quelques contemporains qui résistent
aux outrages du temps.
On me
signale aussi que Trénet est bien mort... Et là je m'inscris en
faux (ou en faucheuse...) Charles est éternel.
L'ennui
c'est que c'est plutôt le mauvais Charles qu'on tente d'exhumer.
Martel en tête aux élections partielles. Et peut-être
départementales. Il est temps que chacun d'entre nous, à commencer
par vous qui êtes encore avec moi à cette heure tardive, nous dressions
pour refuser l'affront national. Alors bien sûr que le front
républicain existe. Mais il exclut fatalement les snoc. Et c'est
pourquoi en transmettant ce blog, à vos amis, à vos proches vous
participerez au grand combat contre l'obscurantisme. D'où qu'il
vienne. Car je veux bien que l'on condamne l'islamisme. Il nous gâche
la vie ; parfois il l'ôte aux gens qu'on aime et qui placent leur
courage au service des hommes. Mais prenons garde que les premiers
bénéficiaires de cette radicalisation, ne soient pas ceux qui les
combattent le plus farouchement. Le plus connement. Car entre ces
ennemis de Charlie, il est hors de question d'accorder notre
préférence à l'un ou l'autre.
Bref,
Doré c'est la télé qui dort, c'est elle qui endort. Et si on ne
file pas tous sur la cinq ou sur Arte pour réveiller nos neurones,
on va le sentir passer. « Ça va nous faire mal » comme
l'a joliment déclamé le dernier avatar des Le Pen à Gilles
Leclerc.
Au
moins on est averti, avec la Maréchale se sera sans vaseline...
Jaco
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