Ma
vie est belle...
Je
ne sais si vous y avez prêté attention, mais la semaine dernière
je ne vous ai pas fait partager ma chronique hebdomadaire. Je
n'envisage pas que cela ait pu provoquer chez vous un malaise
profond, un vide abyssal, une perturbation endocrinienne. Mais
c'était tout de même la première fois que je manquais le
rendez-vous que je vous fixe toutes les semaines depuis... quatre
ans !
J'avais
pour cela une solide excuse. Je fêtais avec sa famille, ses amis,
les soixante ans de mon épouse et je ne regrette rien. Si ce n'est
peut-être qu'elle ait déjà 60 ans ! Non seulement on éprouve
dans ces cas-là une intense satisfaction d'avoir pu partager une si
longue vie commune (bientôt 40 !), mais le bonheur simple de figurer
au sein d'une famille et de proches toujours unis. Je veux dire sans
exception, ni restriction.
Preuve
sans doute que lorsqu'on ne se conduit pas trop mal, que l'on reste
en accord avec soi-même et que l'on va au bout de ses sentiments, de
ses affections et de ses amitiés, on ne risque finalement pas
grand chose...
Je
suis donc rentré du Tarn - où j'avais fait de ma vieille compagne
de route, une reine largement reconnue- toujours douloureusement, mais
avec un peu plus de confiance. Pas en moi. Mais dans les autres.
Je
dois avouer que cette fin mai et ce début juin, m'ont enfin permis
de reculer un brin sur mon pessimisme et ma misanthropie. Enfin bon,
chacun corrigera de lui-même, car il n'est tout de même pas avéré
que le rejet de l'insignifiance, de l'indifférence, de la vénalité
et de la médiocrité généralisée, que dis-je, mondialisée,
relève de la seule misanthropie...
Fin
mai, il y avait au Pradet sur le site du Comité de rugby où je
travaille, un grand rassemblement national de personnes précaires
venues de partout en France participer aux journées du sport
solidaire. Un truc imaginé il y a une dizaine d'années par la
fondation Abbé-Pierre et relayé ici dans le Var par les Amis de
Jéricho de l'Union Diaconale du Var. Pas réellement l'obédience du
Jaco, jamais rassasié lorsqu'il s'agit de bouffer du curé. Enfin
ça, c'est ce que doivent imaginer ceux qui classent les gens sans nuance, dans des
chapelles et les enferment dans d'irréversibles carcans.
Indépendamment
de ne pas croire en un Dieu, comme la quasi totalité des gens de
bonne foi, la religion -la mienne comme les autres- m'emmerde
lorsqu'elle se pique (et cela l'a hélas souvent piqué) de
prosélytisme et d'hypocrisie. Mais, outre le fait qu'il fait
généralement bon dans les églises par ces temps de canicule, que
je suis amoureux de celle de Nasbinals, que nous y savourons quelques
sublimes concerts baroques et que l'on y croise parfois des gens
charmants, je crois profondément qu'elle a son utilité.
Si
l'on exclut cette pruderie complètement faux-cul et franchement
nuisible lorsqu'elle s'en prend à la contraception, à l'avortement,
à la liberté des moeurs, elle véhicule d'autres valeurs qui
m'intéressent. Dès lors qu'elle fait appel à la solidarité, au
partage, à l'humilité, à la tolérance et à la fidélité (au
couple, mais aussi à sa famille, ses amis, ses engagements)... Mieux,
je la fais mienne. Et François devient non pas mon Pape, mais mon
pote. Mon camarade de lutte. Et j'en connais dans les églises, se
goinfrant d'hosties tous les dimanche à 10 h 30, qui y ont beaucoup
moins leur place...
J'ai
découvert les fameux « sans- dents » de l'autre abrutie
de Paris-Match. Ils existent en effet et en bien plus grand nombre
que ceux que l'abbé-Pierre a pu rassembler sous son auréole en ce
fameux rassemblement de la fin mai au Pradet. J'ai humé leurs odeurs
fortes, j'ai croisé leurs regards perdus, j'ai même serré mon sac
entre le coude et l'abdomen de peur qu'on me l'arrache. Mais je me
suis soudain senti tout petit, à côté de ces éducateurs dont le
quotidien est ainsi fait,
pour
des salaires dérisoires, d'écoute, de soutien, de partage et sans
doute parfois aussi d'usure et de découragement. J'y ai savouré les
vertus du sport. Celui qui éduque, qui fédère, qui apaise. Pas
celui qui triche, qui corrompt, qui rend con.
De
Jean-Marie Martinez le maître de cérémonie qui releva la gageure
de mettre un ballon ovale dans les mains d'un cassos déglingué de
Normandie, à Joëlle la jeune monitrice du Cannet en Roussillon qui
éponge toute la misère du monde, en passant par Suzanne, Wallid et
Jason rongés par l'alcool, la drogue et la disgrâce, je me suis
pris une belle leçon.
Pourtant
je ne figure pas parmi les premiers nécessiteux. Ce sont des
millions de nantis égocentrés, puants de suffisance, dans le baquet
de leurs 4X4 allemands ou de Roland-Garros, qui auraient dû être à
ma place...
Il y avait, collé sur l'arbre de la solidarité, cette
main où Thaza, une jeune paumée avait écrit : « Ma vie est
belle ! »
Mais
auraient-ils compris ? L'auraient-ils lu ? L'auraient-ils
seulement vu ?
Jaco
Le
vertige des Equilibres
Agnés Pyka et Blandine Leydier des Equilibres |
Tout
ça pour dire que nous étions -avec Marie- au concert privé donné
vendredi soir dans le somptueux décor d'une villa sublime de
simplicité sur les hauteurs toulonnaises. Il n'y était nullement
question du RCT -ni du SF d'ailleurs- mais ce n'était pas si mal...
quand même ! Nous y avons même croisé, l'ancien maire
François, c'est dire !
L'objet,
outre le plaisir musical à consommer sans modération, était de
venir en aide à ce remarquable ensemble musical dont la notoriété
ne cesse de croître, mais qui se relève pourtant à peine d'une
terrible escroquerie. Un agent (encore un esthète et un bienfaiteur
de l'humanité !) les engagea dans une longue et lointaine
Tournée, pour laquelle ils ne furent jamais payés...
Bref
ce fut un double ravissement que de sauter aux cordes de ce duo de
violon et alto : Agnés Pyka et Blandine Leydier du groupe Des
Equilibres. Il fallait certes avoir la capacité de suivre la
composition de Garciane Finzi et ses Moments interrompus, mais
on aurait voulu que la passacaille d'Haendel revue par
Halfvorsen ne s'interrompe jamais, pas plus évidemment que le KV
423 du jeune Mozart...
Tout
ça pour dire aussi que Des Equilibres, groupe Marseillais mais dont
Agnés et Blandine enseignent au conservatoire national de Toulon,
méritent notre soutien.
Elles
seront prochainement -avec leur ensemble- à la Criée à Marseille
puis cet été à La Garde. Dès que nous recevrons les infos, nous
les communiquerons avec enthousiasme.
http://www.desequilibres.fr/
http://www.desequilibres.fr/
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