L'humanité à sa médaille
Tous
les gens médaillés ne sont formidables et tous ceux qui ne le sont
pas ne sont pas des minables. Mais il arrive que ceux qui reçoivent
une distinction, telle que cette médaille d'or du ministère de la
jeunesse et des sports, la méritent amplement. Henri est de ceux-là.
C'est en tout cas l'avis que je partage. Et pas seulement qu'avec
moi...
En
bon « brasséniste », les médailles ne sont évidemment
pas ma référence. Elles ne sont pas plus crédibles pour déterminer
la qualité d'une personne, que le port d'une breiltling ou la
possession d'un 4X4 allemand. Ce serait même -la médaille, la
montre et la bagnole- une sérieuse alerte au sujet du récipiendaire.
Toutefois, je le reconnais, pour avoir tant écrit, tant donné à
mes « canards » je mériterais sans doute les palmes …
académiques. D'ailleurs ne rigolez pas, je me souviens qu'un
collègue (en général on met excellent devant, mais celui-ci était
fort moyen) m'avait proposé de mes les faire octroyer. C'était
quand même gentil mais je lui avais suggéré de bien s'en garder.
Henri,
dans son discours devant un parterre d'amis -je n'ai pas repéré
trop d'intrus parmi les 150 présents- usa de cette vieille métaphore
de la « médaille en chocolat ». Selon lui, ce sont
Marie, Papou, Danièle, Marion, Vincent et quelques proches qui l'ont
transformée en or. Peut-être, mais bien entouré, bien secouru dans
l'éducation et dans l'amour, un type dépourvu de tripes et de
conscience, demeure éternellement quelconque ou... quel con !
Je
ne prétends pas qu'une médaille ne vaut rien. Je dis qu'elle ne
veut rien dire. Il y a des types, des tas, des tonnes qui sont allés
sur la lune, qui ont inventé la machine pour aller sur la lune et
d'autres qui se sont faits les couilles en or en vendant des morceaux
de lune... Cela fait des gens qui ont réussi, tant mieux. Ça ne
fait pas pour autant des gens bien.
Je
suis pour les médailles, parce que Henri l'a eue. On n'est pas
complètement les mêmes, sous certains aspects on n'est pas du tout
foutu pareil. Dans la vie, que l'on a entamé chacun de son côté,
lui chez les voyous de la Loube, moi parmi les paysans tarnais, -lui
pour Toulon et moi pour Castres !- nous n'avons pas eu les mêmes
codes. Et pourtant je pense que nous avons eu de belles conduites.
Comme le chantait -encore- Jojo de Sète : « on n'a pas
pris le même chemin, mais on cherchait le même port. »
Et
je dis ça avec une humilité infinie -celle qui nous rapproche
encore- parce que je me sens tout petit, réellement, lorsque je
mesure ce que ce type (Mondino) a pu dispenser d'amour, de
réconfort ; le temps qu'il a passé -bien au-delà des 48
heures hebdomadaires réglementaires-, à prendre les gamins par les
sentiments en usant d'humour et d'amour pour toujours trouver la
faille et la solution. Même le sale gosse que l'on a envie de gifler
ou de laisser choir -et déchoir-, il allait le repomper au plus
profond des âmes enfouies et que l'on croyait parfois perdues.
Nous
avons tous connu un gamin de divorcés complètement paumé, un
enfant des quartiers totalement taré, un jeune en révolte
irraisonnée... Qu'avons nous fait ? Lui il se les est pelés.
Et je ne vous parle pas des cassos, des drogués de la première
heure, des malades et des blessés qu'il a récupéré sur le bord du
terrain. Qu'elle aurait été la vie de Guillaume, grand paralysé du
rugby, sans Henri ? Pas la même, soyons-en persuadé...
J'écrivais
sur le site du Comité Côte d'Azur dont il m'a confié
-provisoirement- les clés, que plus que des sports, c'est de la
jeunesse qu'il méritait l'honneur. Il fit bien quelques « boules »
entre Delangre, Bon Rencontre, Mayol et Félix-Rougier ; il
s'offrit de belles Tournées avec les Cigalons ; le « cono »
avec ses potos de la réserve valettoise et des merveilles avec les
cadets du RCV qu'il amena découvrir les Suédoises avant l'âge et
les Galloises pour s'en guérir... Il préside aussi le Comité de
rugby le plus entreprenant, créatif et prolifique de France au point
de susciter jalousie et agacement.
Mais
je le maintiens, si le sport et même le rugby -qui est sa vie, ses
jours, ses nuits- se seraient possiblement passés de lui, je
soutiens que les enfants, les ados particulièrement et les hommes
qu'ils sont devenus, n'auraient pas été les mêmes.
Je
sais qu'il y en a derrière moi qui se marrent et me suspecteraient
bien d'allégeance. Me suggérant peut-être qu'il ne fait rien pour rien et que derrière l'altruiste se planque un opportuniste. Je l'ai entendu, ça me désole, mais qu'importe ! Je suis fier d'être ami avec Henri
Mondino et d'avoir sa confiance. J'aurais pu évoquer ce qui nous
sépare, mais il sera bien plus rapide de rappeler ce qui nous uni :
passion, humanité, mémoire. Plus un joli grain de folie...
Avec
ça on n'a plus besoin de grand chose pour voyager.
Jaco
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