Il vous faut un beau chou de Milan. Mais avant de
prendre la route vers le nord de l'Italie, vérifiez que vous n'en
avez pas un qui a poussé subrepticement dans votre jardin. Sinon
vous pouvez également tenter votre chance sur le marché le plus
proche.Cela peut représenter un gain de temps et des économies substantielles.
Bon, pour ne rien vous cacher on sort un
peu de la saison. La production abonde en hiver et la consistance
légèrement... redondante de la recette, incite naturellement à une consommation
hivernale. Mais vous disposez encore d'un bon mois (mai), sans quoi
vous faites un copié-collé sur cette page et vous la rangez pour la
fin de l'année...
Effeuillez donc le : je t'aime,
un peu, beaucoup, à la folie... A « pas du tout »,
arrêtez tout...
Je préconise, d'effiler avec un
couteau, la côte un peu épaisse à la base de la feuille. Surtout
pour les premières, les plus grosses et vertes.
Donc, vous aurez remarqué, on dépiaute
le pauvre bougre. Je sais qu'en Auvergne et ailleurs, ils conservent
la bestiole intégralement et dans une terrine, lui glisse de la
farce entre les feuilles. D'autres creusent... Enfin chacun sa vie.
Vous aurez, ça me va bien, une petite
vingtaine de feuilles, plus le cœur. Dans un gros faitout, vous les
ébouillantez sans les laisser fondre. Commencez par le cœur coupé
en quatre, puis une minute après les premières feuilles et enfin
encore un minute vous rajoutez les plus jaunes et tendres. Encore une
minute de cuisson et, avec une écumoire, délicatement vous posez
cela dans un égouttoir quelconque.
On va les laisser refroidir. Et ça
tombe bien, parce que je vous signale, vous n'avez pas commencé la
farce, ni la sauce. Vous seriez pas un peu à la bourre des fois ?
Allez hop, arrêtez de discuter …
Un cul de poule (bien propre quand
même) ou une bassine, ou un
récipient. Prenez de la chair à
saucisse de Conquet. Vous n'en avez pas ? Normal, je lui ai demandé
de m'en fournir, mais c'est presque aussi dur à obtenir que de la
cocaïne. Essayez de trouver de la saucisse de Toulouse mangeable.
Bon au pays du RCT c'est compliqué. Non pas le mangeable, je parle
de Toulouse !
Mettez-en un petit kilo. Vous enlevez
le boyau et vous la fractionnez autant que possible. Moulinez grossièrement du pain
rassis (s'il est déjà assis, pas la peine de le faire lever pour
qu'il soit rassis...). En volume ça doit donner le double de pain par
rapport à la saucisse. J'ai bien dit en volume. Ne m'y mettez pas
deux kilos de pain. Sinon, je vous avertis, moi j'arrête tout,
hein...
Ensuite huit œufs. Une bonne
persillade avec pas mal d'ail, une pincée de sel raisonnable (la
saucisse est salée) et du poivre raisonnable aussi (la saucisse est
poivrée). Et remuez tout ça allègrement, jusqu'à ce que la pâte
soit homogène. Oui, je sais ça colle et ça vous gêne. Qu'est ce
que vous voulez que je vous dise, moi ? Vous n'avez qu'à faire un
aïoli ! ( je déconne Marianne, le tien était superbe...)
Il ne vous reste plus qu'a vous laver
les mains. Non, c'est pas la peine vous allez vous resalir dans deux
minutes ! J'espère que vous avez prévu un plat assez vaste pour
contenir tous ces adorables petits choux.
Ah, en passant allumez un peu le four,
sur 180°. Sur un linge quelconque (mais propre aussi) allongez lascivement
votre première feuille. Au creux de votre main faites une boule de 50
grs environ de farce. Roulez ensuite en rabattant les bords (c'est
plus facile à faire qu'à expliquer, mais on va pas se prendre le
chou.) L'opération s'achève lorsque vous n'avez plus de feuille ou
de farce. Et si vous avez eu juste assez de l'une pour remplir les
quatre quarts du cœur qui vous restent et que vous pouvez ficeler pour
qu'ils ne se démolissent pas au four, c'est que vous avez l'instinct
du cuisinier …
Une fois l'alignement parfait, mouillez
avec un demi litre d'eau salée. Il m'arrive de rajouter de l'extrait
de soja, mais c'est personnel (et j'en fais couler dans à peu près
tout...) Glissez votre plat au four.
Tout va bien jusque là ? Tant mieux
parce que c'est terminé. Ou presque.
Dans un wok (ou faitout) faites revenir
à l'huile d'olive, trois oignons moyens que vous aurez pris le soin
d'éplucher même si ça vous fait chialer. Faites les revenir -si
jamais ils ont tendance à partir- avec quelques grains d'ail
écrasés, puis faites fondre cinq à six tomates
moyennes coupées
en petits dés. Ajoutez un bon peu de piment d'Espelette en poudre
(attention ça pique) ou du poivre pour les traditionalistes, deux
belles pincées de thym et du sel (modérément) si vous avez déjà
assaisonné l'eau dans lequel vos paquets baignent à l'heure exacte
où je vous parle.
D'ailleurs cela fait une demi-heure. Il
est temps de recouvrir vos petits choux avec cette sauce. Faites en
sorte qu'il y en ait assez, mais sans excès non plus. Il ne faut
surtout pas que ce soit noyé, mais ce ne serait pas bien joué de
les laisser trop au sec non plus...
Faites les cuire une heure en les
recouvrant d'une feuille d'aluminium (toujours pour lutter contre la
sécheresse). Puis une fois éteint, vous pouvez les laisser
récupérer paisiblement dans le four.
Et ben quoi ? Qui c'est qui disait que
c'était compliqué ? Les choux farcis comme Jaco, c'est de la
rigolade...
Maintenant est-ce qu'ils seront bons ?
Zat hisse ze couechtione (pour les non anglophones : telle est la
question).
A bientôt pour une autre recette.
N'hésitez pas à nous faire part de vos expériences.
Et si vous avez l'intestin grêle et
orageux, avec le chou, attention au tonnerre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire