Je
me suis senti bridé
ON
avait choisi le Mexique… C’est bien le Mexique ! Si on ne finit pas en garniture dans des
fajitas, on s’expose juste à quelques démangeaisons matinales uniques dans les
… anales.
Mais
la Chine franchement ! A moins d’être sévèrement puni…
Je
m’attendais au pire et je fus comblé. Parfois même, mon imagination fut prise
en défaut. Résumons-nous : quelques bonzes, pas mal de bronzes et du
Bouddha… Ah j’oubliais : des
immeubles de trente étages où les camarades, toujours égaux dans la misère sont
désormais stockés hors sol, afin de ne plus souiller une terre désormais en friche
où l’on a tout laissé en l’état un peu comme après le passage de l’ancêtre Attila
ou de Daech à Kobane.
Après,
dire que l’on s’ennuie lors d’une visite en Chine serait nettement exagéré. Les
nombreux contrôles de passeport par des
hordes de policiers courant après va-t’en voir qui ( ?) offrent une
distraction de choix. D’autant que ces gens
sont fort polis. J’entends par là qu’ils ne vous tapent pas. Car pour le
reste, jamais un sourire ou ne serait-ce que la plus infime expression ridant
leur peau lisse. A quoi bon ?
Mais
à aucun moment ce séjour n’aura atteint son paroxysme de dépaysement aussi bien qu’à table. Un raffinement de
tortures en tous genres ! Malade et à bout de force –je ne traversais
pourtant pas le désert de Gobi –je finis par me jeter sur un pot de miel,
trouvé en pharmacie qui allait peut-être me sauver du dépérissement annoncé.
C’était d’autant plus agaçant que nos charmants compagnons de voyage -nous étions cinq en tout et pour tout et
j’ai compris pourquoi ensuite…- ne cessaient de prétendre : « miam, que
c’est bon… » Quant à Marie, elle feignait d’acquiescer d’autant
qu’elle était nettement en cause dans notre présence ici… Bref même si
le prix du voyage ne valait pas la peine de s’en passer, je dois reconnaître
que le peuple chinois dépasse largement tout ce qu’on peut imaginer en faute de
goût culinaire. Et je ne suis plus étonné que le grand Timonier soit plus
célèbre pour le petit livre rouge que pour son livre de recettes.
Ne
me demandez pas ce que j’ai mangé. A part un vendredi où c’était ravioli et un
canard laqué négociable, j’ai préféré ne pas détailler. Il parait qu’il y avait
de la viande. Mais sans doute ne parle-t-on pas de la même chose. Vous me direz
que c’est bon pour ma ligne et que j’ai dû bien couler. Même pas ! Au
contraire, car à force de mélanger le riz blanc biquotidien, le pain de mie, le
chocolat et la bière, j’ai fini par
gonfler. Et je ne vous parle pas des cabinets où je commençais à avoir un peu
les yeux bridés à force de pousser…
Si
vous tenez absolument à ce que je vous concède que j’ai vu quelques belles
choses je vous le concéderai. A ceci près que beau n’est jamais le mot. Les
Bouddhas sont sacrés, les temples imposants, la Muraille impressionnante, la
place Tian An Men glaçante, la civilisation mystérieuse, les dynasties
complexes. Et qu’en Chine comme ailleurs rien n’est parfait. J’aimerais ajouter
que rien n’est pire, mais je n’ai pas suffisamment d’éléments qui tendent à le démontrer.
Ce
que je me demande c’est ce qu’a fait ce régime depuis Mao et son grand dessein
de progrès social et de modèle économique. Mc Do et KFC sont partout –ceci
étant il suffit d‘avoir mangé chinois pour comprendre pourquoi les jeunes
préfèrent aller chez eux !- les gratte-ciels dévorent l’horizon, les
palais de verre scintillent sous les enseignes « banque of China », les Porsche Cayenne pullulent par centaines,
au même titre que les autres grosses berlines allemandes.
La
Chine a réussi cette prouesse consistant
à maintenir plus d’un milliard de pauvres sans perspective et sans joie, sans
liberté aussi -des fois qu’ils s’en seraient servi-. Et laissant se dérouler
devant leurs yeux et leur parole bridés, un spectacle hallucinant conduit par
une caste de privilégiés insolents et de
tyrans méprisants.
Quand
ils s’éveilleront, ces anciens communistes trouveront sûrement aussi une Marine, dans les bras de
laquelle ils n’auront plus qu’à se jeter …
Quant
à moi j’ai pu vérifier avec certitude –ce qui est très rare- que je ne suis
décidément pas doué pour les voyages !
Jaco
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