dimanche 20 décembre 2015

Chronique d'HUMOUR * du 21 décembre 2015



        Que ma montagne est belle !       


Vous connaissez l’Aubrac, la Lozère, Nasbinals ? Je sais, vous connaissez !
Depuis le temps que je vous en raconte des belles histoires d’hommes, de passion, de territoire…
Et bien ça y est, je vous y emmène. A partir de janvier, je vais dédier un blog tout entier à ce pays et toutes les semaines je vous transporterai au grand air de ce plateau d’altitude où toutes les saisons donnent envie de vivre et méritent d’être vécues. Nous irons voir chez Bastide si la vie est belle. Et elle l’est…
J’ai aimé durant ces cinq dernières années alimenter ce rendez-vous hebdomadaire où, au gré des circonstances j’ai gagné des lecteurs, puis en ai perdu, puis retrouvé… ou pas !
Défendre une certaine idée de la société où la solidarité et l’humilité triompheraient des égoïsmes et de la fatuité ; louer l’égalité et le mélange des races ; ridiculiser ces religieux de tout bord –et barbe-, leur putain d’ordre moral, leur prophète et leur manif pour tous ;  plaider en faveur de la nature et pourfendre les aéroports ; honnir tous ces nantis qui trouvent que la France va mal mais roulent « allemand » comme des benêts dans des wolksvagen ou comme des petits voyous des quartiers nord en audi ou bmw ;  bannir ces sportifs narcissiques gonflés aux hormones, au pognon et leurs supporters idiots ;  vomir sur Mac Do, KFC mais aussi ceux qui y mangent ; gerber sur le FN en aspergeant ceux qui votent si mal … Traquer les snoc dans leur égo, les avions, leur bagnole made in germany, leur mesquinerie, leur vote, leur tour d’ivoire… cela m’a plu et si je ne touchais pas des millions de gens, je tenais tout de même cela pour utile.
Utile, peut-être, parce qu’en ces temps déphasés, corrompus, superficiels où l’on ignore de Jaurès jusqu’au nom et l’existence, il faut des gens pour rappeler ce que c’est que l’humanité. Qu’il n’y a pas que le dernier  iPhone, les pistes de Courchevel (déneigées quel pied !!!) et les plages de Maurice…
Utile, sans doute davantage pour moi, qui en me livrant à cet exercice hebdomadaire me suis sûrement dispensé de quelques mauvais ulcères.
Et le seul vrai risque en effet, à arrêter brutalement, de vider mon sac, c’est que cela me reste sur l’estomac.  C’est pourquoi, en cessant de m’indigner sur tout et parfois –je l’admets- n’importe quoi, je me promets, je vous promets, de revenir un jour reprendre ces chroniques là où je les arrête.
Que ce soit dans trois semaines ou dans deux ans, je crains d’en avoir largement la matière. Comme cette semaine où, après avoir apparemment défrisé un ami qui m’est cher, mais qui se sent nettement plus « chinois » que moi, je pourrais froisser des centaines de copains en raillant le gigantesque spectacle de Guignol, que nous ont offert cette semaine nos potos Corses.
Pour ce qui est de la mise en scène, de cet accent à la con savamment entretenu et qu’ont déjà les bébés lorsqu’ils chialent en naissant ; pour ce qui  est du racisme, de l’obscurantisme, de l’étroitesse d’esprit, du banditisme, ces snoc-là volent largement au-dessus de tout le monde. Ce qui nous sauve c’est qu’ils ne sont pas aussi nombreux que les Chinois.

Mais alors, l’intronisation de cette bande d’illuminés peu recommandables au Conseil Régional (qu’ils appellent conseil exécutif ou assemblée corse puisque bien sûr ils ne sont pas comme tout le monde) fut un modèle de  dégénérescence de l’espèce endémique. Incantations sulfureuses, jérémiades anti-parisiennes,  hymne Dio Salvi Régina (enfin un truc dans ce genre)… il ne manquait que les cagoules, les tirs au fusil et un portrait grandeur nature de leur idole, Yvan Colona, dans le parlement ajaccien, pour que la farce soit complète.
Vous me direz que tout ceci n’est qu’une parodie, une pitrerie même et que les défenseurs de l’assassin du préfet de la République Française relèvent plus de la psychiatrie que de la cour martiale. Certes, mais dans ce petit département, il s’est quand même trouvé un électeur sur quatre (53 000 sur 230 000 inscrits) pour faire croire à ces hurluberlus qu’ils étaient dans le vrai et qu’ils devenaient les maîtres d’une nation…
Alors voyez, oui je suis soulagé de mettre un terme à ses chroniques, car j’aurais peut-être fini par me fâcher -aussi- avec mes amis corses. Ils sont trop nombreux dans mon cercle, trop chers aussi, pour que je m'offre le luxe de m'en priver !
Et Dio sait que je l’aime… la Corse.  Presque autant que l’Aubrac. Où les gens sont quand même nettement moins snoc. Il faut dire que nous sommes aussi encore moins nombreux !
Pace salute et adiéoussiat
                                                                                                                         Jaco
* Je tiens à ma maison (même si elle à vendre) et même si elle ne domine pas le golfe de Sagone ou la baie de Porto Vecchio, je n'ai aucune envie qu'elle saute ! Je rappelle donc  à mes amis Corses qu'il s'agit d'une chronique d'humour et qu'il ne faut rien prendre au pied de la lettre. L'humour, c'est un truc qui consiste à rigoler et à dire les choses sans vraiment les penser. Rigoler, c'est quand vous cessez de faire la gueule et de tirer des coups de feu sur n'importe qui... Etc.



Le coup de 
sang de 
mes amis


Du sang dans le maquis par Gérard Estragon

C’est un peu la thématique de cette fin d’année. Car je reviens en Corse et dans la mafia avec le bouquin de Gérard Estragon : Du sang dans le maquis. Je suis un peu penaud car, honoré par une édition chez  l’Harmattan, mon ami aurait mérité que je sois un peu plus diligent puisque  sa sortie remonte à l’été. Pas tant que cela lui soit bien utile, mais plutôt que cela nous plaise de  le saluer bien bas.
Pour tout vous dire, j’ai profité de mon long voyage en Chine pour le lire… Si j’avais su, le temps paru si long que j’aurais emporté ses oeuvres complète et même la Pléiade !!!
Gérard Estragon est,  comme moi, issu de l’intérieur des terres (La Creuse). Mais la différence c’est que lui, il l'aime sa Méditerranée ! De Marseille, où il devint grand,  à Toulon, où il devint heureux. Et à la Corse où il devint navigateur. Alors les parfums de garrigue, les nuances de thym, il vous les restitue à la perfection, y compris lorsqu’ils sont assortis de l’âcre du sang.
J’aime ses romans, parce qu’ils sont empreints d’humanité, de fidélité, d’ironie, de subtilité, de légèreté. Il se prend tellement peu pour un « Goncourt » qu’il en mériterait le prix…
Il faut donc suivre cette romanesque épopée du milieu insulaire qui démarre du Mont des Oiseaux à Hyères (au hasard…) et enfle comme une voile au mistral, entre le bar du Gaz à Bastia et la résidence hôtelière de Porticcio. Il y a Toussaint et Dominique Marquioni. De redoutables voyous au destin pathétique. Le trac, la traque et le tic-tac de la trotteuse dont la marche inexorable n’épargnera personne. Dans le luxe, dans le maquis, dans la fuite, la déchéance, la mort…
J’ai cherché à savoir si Gérard aimait ces truands. Ou s’il composait seulement avec ses personnages, le temps d’une tranche de 230 pages. 
S’il ne les aime pas, ils l’ont bien inspiré. Grâce leur en soit rendue. Morts ou vifs.
Et voici une idée de cadeau. Tardive, mais efficace…

Le sang de Leca par Marc Archippe

On n’en sort décidément pas  car voici que surgit Marc Archippe et « Le Sang des Leca » 
-paru récemment aux éditions Sudarénes-. Originaire de Gascogne par son papa, il est Corse jusqu’au bout du cœur par sa maman. Et par sa grand-mère donc, racontée avec poésie et tendresse dans un univers rude et sans pitié.
Je n’ai lu que l’extrait proposé par Marco sur son site http://www.archippe.fr/, mais ça part très beau, très bien…
Pour le reste, avant que je ne le lise entièrement (sans attendre forcément mon prochain voyage !) je vous propose la note de l’auteur : 
« Depuis mon enfance, j'ai été confronté à l'histoire sentimentale et violente de ma famille corse. En 1952, Jacques Becker a utilisé le fait divers sanglant impliquant Dominique François, un des membres de la fratrie de mon arrière-grand-mère Giacenta, pour son film à grand succès "Casque d'Or" avec Simone Signoret, Serge Reggiani et Claude Dauphin. Pourtant, les autre frères et sœurs de celui-ci vécurent aussi des destins hors du commun. Vies de guerres de drames de larmes et de sang. Lorsque Giacenta est décédée, j'avais 28 ans, âge où il est rare de pouvoir discuter du passé avec un témoin vivant. J'avais un temps pensé à faire un roman m'inspirant de sa vie. Mais au fur et à mesure que j'avançais dans mes recherches, le roman n'était plus nécessaire! La réalité était romanesque par elle-même. Il s'agit donc désormais de ce que l'on appelle un "témoignage" rédigé comme un roman d'écriture créative et reprenant, depuis Alesiu, le père et Augustine, la mère, le chemin dans les pas de leurs quatre garçons et de leurs deux filles. Trois guerres, les assises par deux fois, trois meurtres, le bagne, des histoires d'amour, des enfants éparpillés depuis la Chine jusqu'à Cayenne... Le sang des Leca. »
Il n’est pas trop tard pour faire un petit cadeau littéraire à vos amis et les bouquins de nos deux amis se trouveront sans peine chez tous les bons libraires (Charlemagne, FNAC et, au pire, sur les sites de vente en ligne…)

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