lundi 12 octobre 2015

Chronique du 12 octobre 2015



     Ceux qui nous aiment... vraiment ! 

 


JE vois arriver le moment d’ouvrir ce blog, d’alimenter ma chronique avec une appréhension certaine. Habituellement je l’ouvre d’un trait de plume léger, désinvolte et éloigné des principaux tourments de la vie.

J’écris pour ceux qui ont envie de lire avec les mêmes yeux que ceux qui me servent à écrire. Pourtant je n’ignore pas que lorsque je montre quelque chose du doigt, il y a encore des imbéciles qui regardent le doigt plutôt que d’observer ce qu’il désigne. Je sais que parmi les clients de wolkswagen et d’audi, tous ne sont pas récupérables… Mais je m’en fous.

Ce matin je suis rentré de Graulhet pour retrouver mes enfants  à Cuers et j’ai eu à subir la loi des amis de mme Perrichon  qui ont pris le parti de rouler dix kilomètres heure en dessous de celle autorisée ; qui s’arrêtent aux carrefours en confondant une simple priorité avec un stop ; qui ne démarrent pas au feu vert ; qui attendent d’être à la borne de péage pour chercher la carte bleue et l’introduire enfin prudemment, puis qui rangent leur reçu et leur « visa » avant de redémarrer sans se presser ; qui ne connaissent sur l’autoroute que la voie du milieu quelle que soit leur vitesse, même si celle de droite est libre ; qui vous rongent les nerfs et abusent de votre temps sous prétexte qu’ils n’ont rien à faire ni d’eux même , ni encore moins de vous …Mais je m’en fous.

Cet après-midi je suis resté prostré devant la télé à regarder un  match de rugby avec des Français qui pratiquent un autre jeu que celui dans lequel je suis tombé tout petit et qui ne contenait pas de potion magique. C’est stérile, débile, sans foi, ni joie, ni jeu ; ce n’est plus mon rugby.   Mais je m’en fous.

C’est que durant quelques heures de plus, je me suis posé aux côtés de mes vieux parents. « Vieux » est quand même le mot, même si maman me le reprochait souvent. Parce que papa vient d’atteindre les 90 ans. Avec certes quelques perspectives de jouer les prolongations comme sa propre mère et sa cousine qui fut longtemps la doyenne du canton avec ses 104 printemps. Je le lui souhaite, bien sûr et je serai son premier supporter. S’il garde, comme Suzanne, cette forme, cette force, ce pétillement de l’œil et ce sourire à la vie.

Maman ne va pas fort et connaît, elle qui l’avait pourtant refusée, les affres de cette vieillesse naufragée et fatalement sans retour. Alors moi qui la connaît si bien, j’ai la certitude qu’elle en souffre. De cette douleur toute intérieure  que n’apaisera  jamais un antalgique.

Un antalgique, peut-être ! Mais Martine, Céline, Jean-Claude, Bernard… oui !

Qui sont-ils ces prénoms communs, quelconques et pourtant si familiers ? Ils sont ceux sans lesquels  je ne vivrais plus. Ceux qui, bénévolement parfois, pour une poignée d’euro tout au plus, se lèvent le matin et n’ont qu’une idée en tête ; rendre service. Ceux qui , sans qu’on le leur demande, sans  forcément qu’on en ait besoin, sont toujours là. Parce que leur gratification à eux se trouve… ben té pardi : dans la gratitude.

Aider pour aider. Aimer l’autre. Loin des chapelles et des intérêts, être là pour celui qui en a besoin. J’ai vu des voisins, des aides ménagères, bousculer leur emploi du temps, condamner leur dimanche, parce qu’il faut changer les draps, démonter un lit, tenir compagnie. Des infirmiers sacrifier aux tâches les plus ingrates sans se soucier de savoir si c’est à eux de le faire. Le faire simplement parce que c’est nécessaire.

C’est un lit sec, c’est du linge propre, c’est du temps passé ; ce sont des regards échangés, des baisers offerts, un bras tendu ;  c’est de la compassion, de la générosité, de l’humanité.

Durant cette semaine, sans même parler de ces patrons en parachutes de milliards, sans faire l’honneur de mon dégoût à ces pilotes  surpayés, j’avais surtout vu des types se préoccuper de leurs baraques, de leurs salaires, de leurs vacances. 

Et puis en quelques heures j’ai partagé le quotidien de ceux qui, plein de sollicitude, de bienveillance roulent avec de toutes petites bagnoles et habitent de bien modestes appartements. Parce que aider les autres,  alléger les souffrances, combattre la solitude et la douleur,  partager  charitablement les destins les plus sombres, ce n’est pas un plan de carrière. Ce n’est jamais salué, valorisé, surexposé. Jamais payé. Pour cela, il faut faire tout le contraire : du business, de la spéculation, des « affaires »…

Et là, je ne m’en fous pas !
Jaco

 Les 90 ans de pépé Michel. 90 ans d'épreuves, de courage, d'amour, de fidélité et d'espérance. 

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