dimanche 12 avril 2015



Il vous faut un beau chou de Milan. Mais avant de prendre la route vers le nord de l'Italie, vérifiez que vous n'en avez pas un qui a poussé subrepticement dans votre jardin. Sinon vous pouvez également tenter votre chance sur le marché le plus proche.Cela peut représenter un gain de temps et des économies substantielles.
Bon, pour ne rien vous cacher on sort un peu de la saison. La production abonde en hiver et la consistance légèrement... redondante de la recette, incite naturellement à une consommation hivernale. Mais vous disposez encore d'un bon mois (mai), sans quoi vous faites un copié-collé sur cette page et vous la rangez pour la fin de l'année...
C'est pas tout ça, si on fait que parler, les choux ne seront jamais prêts ce soir.
Effeuillez donc le : je t'aime, un peu, beaucoup, à la folie... A « pas du tout », arrêtez tout...
Je préconise, d'effiler avec un couteau, la côte un peu épaisse à la base de la feuille. Surtout pour les premières, les plus grosses et vertes.
Donc, vous aurez remarqué, on dépiaute le pauvre bougre. Je sais qu'en Auvergne et ailleurs, ils conservent la bestiole intégralement et dans une terrine, lui glisse de la farce entre les feuilles. D'autres creusent... Enfin chacun sa vie.
Vous aurez, ça me va bien, une petite vingtaine de feuilles, plus le cœur. Dans un gros faitout, vous les ébouillantez sans les laisser fondre. Commencez par le cœur coupé en quatre, puis une minute après les premières feuilles et enfin encore un minute vous rajoutez les plus jaunes et tendres. Encore une minute de cuisson et, avec une écumoire, délicatement vous posez cela dans un égouttoir quelconque.
On va les laisser refroidir. Et ça tombe bien, parce que je vous signale, vous n'avez pas commencé la farce, ni la sauce. Vous seriez pas un peu à la bourre des fois ? Allez hop, arrêtez de discuter …
Un cul de poule (bien propre quand même) ou une bassine, ou un
récipient. Prenez de la chair à saucisse de Conquet. Vous n'en avez pas ? Normal, je lui ai demandé de m'en fournir, mais c'est presque aussi dur à obtenir que de la cocaïne. Essayez de trouver de la saucisse de Toulouse mangeable. Bon au pays du RCT c'est compliqué. Non pas le mangeable, je parle de Toulouse !
Mettez-en un petit kilo. Vous enlevez le boyau et vous la fractionnez autant que possible. Moulinez grossièrement du pain rassis (s'il est déjà assis, pas la peine de le faire lever pour qu'il soit rassis...). En volume ça doit donner le double de pain par rapport à la saucisse. J'ai bien dit en volume. Ne m'y mettez pas deux kilos de pain. Sinon, je vous avertis, moi j'arrête tout, hein...
Ensuite huit œufs. Une bonne persillade avec pas mal d'ail, une pincée de sel raisonnable (la saucisse est salée) et du poivre raisonnable aussi (la saucisse est poivrée). Et remuez tout ça allègrement, jusqu'à ce que la pâte soit homogène. Oui, je sais ça colle et ça vous gêne. Qu'est ce que vous voulez que je vous dise, moi ? Vous n'avez qu'à faire un aïoli ! ( je déconne Marianne, le tien était superbe...)
Il ne vous reste plus qu'a vous laver les mains. Non, c'est pas la peine vous allez vous resalir dans deux minutes ! J'espère que vous avez prévu un plat assez vaste pour contenir tous ces adorables petits choux.
Ah, en passant allumez un peu le four, sur 180°. Sur un linge quelconque (mais propre aussi) allongez lascivement votre première feuille. Au creux de votre main faites une boule de 50 grs environ de farce. Roulez ensuite en rabattant les bords (c'est plus facile à faire qu'à expliquer, mais on va pas se prendre le chou.) L'opération s'achève lorsque vous n'avez plus de feuille ou de farce. Et si vous avez eu juste assez de l'une pour remplir les quatre quarts du cœur qui vous restent et que vous pouvez ficeler pour qu'ils ne se démolissent pas au four, c'est que vous avez l'instinct du cuisinier …
Une fois l'alignement parfait, mouillez avec un demi litre d'eau salée. Il m'arrive de rajouter de l'extrait de soja, mais c'est personnel (et j'en fais couler dans à peu près tout...) Glissez votre plat au four.
Tout va bien jusque là ? Tant mieux parce que c'est terminé. Ou presque.
Dans un wok (ou faitout) faites revenir à l'huile d'olive, trois oignons moyens que vous aurez pris le soin d'éplucher même si ça vous fait chialer. Faites les revenir -si jamais ils ont tendance à partir- avec quelques grains d'ail écrasés, puis faites fondre cinq à six tomates
moyennes coupées en petits dés. Ajoutez un bon peu de piment d'Espelette en poudre (attention ça pique) ou du poivre pour les traditionalistes, deux belles pincées de thym et du sel (modérément) si vous avez déjà assaisonné l'eau dans lequel vos paquets baignent à l'heure exacte où je vous parle.
D'ailleurs cela fait une demi-heure. Il est temps de recouvrir vos petits choux avec cette sauce. Faites en sorte qu'il y en ait assez, mais sans excès non plus. Il ne faut surtout pas que ce soit noyé, mais ce ne serait pas bien joué de les laisser trop au sec non plus...
Faites les cuire une heure en les recouvrant d'une feuille d'aluminium (toujours pour lutter contre la sécheresse). Puis une fois éteint, vous pouvez les laisser récupérer paisiblement dans le four.
Et ben quoi ? Qui c'est qui disait que c'était compliqué ? Les choux farcis comme Jaco, c'est de la rigolade...
Maintenant est-ce qu'ils seront bons ? Zat hisse ze couechtione (pour les non anglophones : telle est la question).
A bientôt pour une autre recette. N'hésitez pas à nous faire part de vos expériences.
Et si vous avez l'intestin grêle et orageux, avec le chou, attention au tonnerre...

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