Bises ou pas bis ?
Vous pariez que je vais encore vous causer bagnole
et me gausser de Wolkswagen (je sais il faut un V, mais j’aime bien le W). Non,
je ne ferai même pas allusion aux tricheries teutonnes, persuadé que dans ce
monde ultra–libéral tout le monde
trafique et ment, intoxique et tue. Ben quoi, c’est pour la bonne cause ;
y a pas de honte à réussir et à gagner de l’argent ! Ceux qui contestent
ces évidences, sont des jaloux, des incapables. Des gauchistes, des
syndicalistes…
Non je n’ai pas envie d’évoquer cette histoire de
moteur allemand dont le fabricant a été pris le doigt dans le pot de benzène.
Et puis à quoi bon tirer sur une ambulance même si c’est une W, une « das
auto ». De toute façon ce n’est pas le fait qu’il y ait des bagnoles de
kulture germanique qui m’emmerde, c’est qu’il y ait des centaines de
milliers de snoc qui ne jurent que par le XV de France mais qui roulent pour l'étranger… Ah ! ils sont beaux dans leur golf, leur touareg ! J’en ai même surpris un dans un 4X4 amarok, une espèce de Panzer. Une vrai tête de con… non pas la bagnole, le type ! Et je ne
parle même pas du provocateur qui se balade en passat. Elle est si moche que même en France on n’en commet plus de
telles.
C’est d’une autre forme de tricherie dont
j’aimerais vous entretenir. La bise. Non pas le vent, car sinon je vous
parlerais aussi de brise et même de tourmente…
Quand j’étais gamin, je n’embrassais que maman et
éventuellement papa, les mémés… quelques cousines. Même mon oncle, que j’aimais
bien, m’adressait une poignée de main virile mais complice. C’est sur cette
ligne de paysan tarnais que je me positionnai par la suite. Adulte, je saluais d’une
bonne paluche mes proches, qu’il soit de la famille ou les amis d’un cercle
restreint.
Puis je suis arrivé dans le Var. Le fléau n’a pas
commencé de suite. Je ne me serais pas vu claquer la bise à Véran, Guilbert ou
Drigeard. Là, ce sont mes propres enfants qui embrassèrent d’abord leurs
copains. Non, pas quand ils marquaient (je ne les avais quand même pas mis au
foot !) mais lorsqu’ils arrivaient à l’entraînement, puis seconde couche
quand ils en repartaient. C’était tellement systématique que je me suis demandé
si le premier n’était pas un peu PD. C’était ma faute ! j’aurais jamais dû
les mettre au rugby… surtout pas à la Valette. *
Puis le second fit pareil. Et encore le
troisième ! Oh, là, me suis-je dis : « Y a un truc qui
cloche ». Ce n’était pas tant que nous souffrions d’homophobie, ni larvée,
ni galopante mais enfin, nous qui rêvions d’avoir plein de petits enfants…
Bref, on s’aperçut très vite que le fait d’embrasser n’avait rien à voir avec
les mœurs ni une quelconque déviance.
D’ailleurs, moi-même je me retrouvais en situation
de faire la bise à n’importe qui, n’importe quand et souvent à mon corps
défendant. Coincé entre deux portes, comme une vulgaire secrétaire, pris dans
les phares comme un lapin sans défense. C’est alors que je me surpris à
embrasser les uns et les autres, y compris parfois, ceux que je n’aurais pas
forcément salués quelques années plus tôt. Je me souviens de cet instant
surréaliste où, discutant avec un ancien président du RCT, un ancien grand
joueur l’étreignit comme du bon pain. Une fois celui-ci parti, l’autre me dit
tout de go : « Regarde-moi cet enc… »
Tout ça pour dire que dans ces bises, il n’y a souvent
rien de vrai. Je me suis mis à repenser à Al Capone, à la mafia -qui n’est pas
totalement absente des lieux-, au « bacio della morte » le terrible
baiser de la mort ou encore pour ceux qui préfèrent la version catholique, le
sacro-saint « baiser de Judas ».
Là, il m’est apparu urgent de vite ré-embrasser
ceux que j’aimais et à qui je
n’accordais, autant par pudeur que par habitude, qu’ une main serrée avec le
cœur. Car je me retrouvais dans la situation ubuesque consistant à laisser à
distance les miens et à étreindre des étrangers…
Peut-on mettre un terme à ces embrassades
généralisées qui ne hiérarchisent plus aucunement les sentiments. Faut-il à
jamais bisouiller tous ces gens que l’on croise fortuitement, que l’on connaît
à peine, qui nous indiffèrent, mais parfois aussi … nous dérangent ? Outre
ma si chère famille, mes beaux amis, je voudrais bien ne plus réserver ce geste
intime qu’aux jolies filles, aux bonnes mémés et, à la rigueur, aux dames en
général.
Je crains qu’il ne me faille un certain temps pour
sortir de ce jeu de dupe et cela n’ira pas sans quelques dégâts. Car si je
renonce à biser un certain nombre de gens qui me sont indifférents ou carrément
antipathiques, ceux- là me traiteront de prétentieux, de con ou d’autres noms
d’oiseaux dont je me moque éperdument. Mais quid de ceux avec qui je partage
cet acte intime et convaincu. Devrais-je risquer de les offenser en ne tendant
pas l’autre joue comme dans l’ancien testament ? On verra bien, je vais
les laisser me proposer leur main amie. Et si je la saisis avec un grand sourire et un profond
soulagement, ils sauront que je les aime.
Toutefois, vous m’autoriserez une légère entorse à
cette ligne de conduite. En effet, si c’est possible, je continuerai à
embrasser mon pote Eric Melville.
Ce n’est pas tant que j’éprouve une passion hors
du commun pour la couenne d’un vieux Springbok plein d’humanité. C’est plutôt
que lorsqu’il vous serre la main, le Sud’Af de la Garde vous la rend en piteux
état. Ce n’est pas alors une entorse, c’est une … fracture ouverte !
Je vous embrasse…
Jaco
* D’habitude je ne juge pas nécessaire d'ajouter un smiley pour bien spécifier que c’est du second degré. Sinon, il y en aurait partout. Mais là je préfère le préciser parce que sans quoi c’est pas sûr qu’ils comprennent !
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