dimanche 16 août 2015

Chronique d'humeur du 17 août



Je ne crois pas en Dieu. Je n'ai pas cette chance et le regrette. C'est toute la poésie ambiguë que je partage avec le grand Brassens. Je venais d'écrire « maître Brassens » mais me suis ravisé. Histoire de ne pas mettre en rogne le grand Ferré.
Brassens, ce type merveilleux qui m'aurait assuré qu'il n'a rien de plus grand que moi, à part peut-être la taille et s'en serait d'ailleurs... excusé !
De la religion, je n'ai presque retenu que les côtés sombres. Sinistres. Pêle-mêle et en totales contradictions : des inquisiteurs, des donneurs d'ordres et de leçons, des collabos, des pédophiles, des gens qui ne pensent qu'à leur pognon. Tous ceux qui vivent dans la foi la plus profonde mais n'en respectent aucun précepte. Ceux qui prêchent la tolérance mais vous tiennent à l'écart, vous excluent si vous n'êtes pas de leur délire. Ceux qui cultivent l'ignorance, condamnent l'humour, le bien être...
Puis, chemin faisant, il y eut Saint-Jacques, le bien prénommé. Et puis François, celui qui a fait péter la papauté. Mais avant eux, il y eut ma maman. Certes elle n'a pas pu m'entraîner dans ses chimères ; ces illusions qui vous changent le cours de la vie et vous entraîne dans une vision parallèle et biaisée du monde. Mais ce que je reconnais en elle, c'est qu'elle l'a fait sans malice, sans trop déroger non plus et qu'elle a toujours porté sur le monde, comme sur son proche environnement, un regard humain et bienveillant.
Le Pape, c'est encore autre chose. Un évêque probablement élu dans un grand malentendu et finalement bien plus résistant aux poisons que ses prédécesseurs prématurément rappelés à leur Père. Ce type est formidable. Il appelle à toutes les formes de respect. Il fait sincère. Je crois (enfin, je crois … c'est un miracle !!!) qu'il est sincère. Respect de la planète, respect de l'homosexualité, respect des différences, toutes les différences. Respect d'abord du genre humain. Relisez le discours de la Paz : "Les êtres humains ne doivent pas être au service de l'argent. Cette économie tue ! Cette économie détruit ! Elle détruit la Terre-Mère...
Quand l'avidité pour l'argent oriente tout le système socio-économique, cela ruine la société, condamne l'homme, le transforme en esclave."
Viens ici, François, que je t'embrasse...
Enfin donc le chemin de Saint-Jacques - sur lequel je n'ai pas encore effectué d'enquête de moralité - qui me conduit, non vers Dieu mais une forme de spiritualité que je veux bien partager avec quelques belles fesses de pèlerines dans leur petits shorts estivaux ! Mais non, je blague... Il faut quand même que je vous emmène vers ma reconversion en plusieurs étapes !
Mais si Dieu n'est jamais loin, s'il nous les brise avec ses différents visages -suivant qu'il sort de l'église, de la mosquée ou de la synagogue- ce qui compte sur ce chemin, c'est d'abord les émotions qu'il transporte. Par un foisonnement floral qui, six mois durant vous envoûte et vous stimule ; par un frémissement de naseaux des vaches d'un beige sombre et pur, qui parsèment le plateau ; par un défilement de ces pierres granitiques ou volcaniques hérissées de piquets qui ourlent délicatement l'espace lumineux ; par un frissonnement de gentiane voûtées par le marin ou la traverse ; par un étincellement de neige projetée par l'écir.
Qui s'étonnerait alors, que la partie qui sillonne l'Aubrac soit inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO ? Ce ne sont certes que 45 kilomètres, mais ce sont ceux qu'aucun des pèlerins ne peut oublier. C'est aussi en cela toute la richesse potentielle de Nasbinals. On l'emprunte par le GR 65, on s'y endort dans la plus parfaite sérénité et on le quitte à regret en se jurant d'y revenir séjourner...
Alors c'est ça la réalité du chemin. Qu'ils soient croyants ou qu'ils fassent semblant, qu'ils écument les églises ou les verres de bière au comptoir de Bastide, ces gens sont en paix avec leur âme et donc avec les autres. Ils ne roulent pas en audi (ils auraient sans doute honte des quatre zéros sur la calandre), mais avec une simple coquille accrochée au sac à dos. Certains sont épuisés, mais enchantés ; d'autres ont même l'air un peu « ravis »... Peu importe. Ils ne courent pas, n'insultent pas, ne toisent pas. Ils disent bonjour, au revoir, ils aiment tout le monde, ils n'emmerdent personne...
Je ne finirai pas sans préciser que si je vénère ce chemin à Nasbinals, ce n'est pas parce qu'il passe juste à côté de mon terrain. Ou peut-être un jour s'ajoutera une belle maison d'hôtes. Je ne partagerai jamais le commerce des avides. Je préférerai encore marcher à vide...
Sant Jaco


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